| Grégoire XII (Angelo Conrario ou Corario ou Coraro) a été le 210e' pape. Elu le 30 mars 1406, il est mort le 14 octobre 1417. II était né à Venise en 1325. Lorsqu'il fut élu, il était cardinal-prêtre, du titre de Saint-Marc, et un des quinze cardinaux du parti italien, réunis en conclave pour donner un successeur à Innocent VII; ils signèrent un écrit par lequel chacun d'eux s'engageait, dans le cas où il serait élu, à se démettre, si le pape d'Avignon, Benoît XIII, se démettait. Celui-ci avait autrefois pris un engagement analogue, mais il avait toujours su trouver des prétextes pour l'éluder. Grégoire fit de même. Les deux papes rivaux convinrent de se réunir en conférence, à Savone (Etats de Gênes), le 25 septembre 1407. Benoît s'y rendit, mais Grégoire n'alla pas plus loin que Lucques. Honteux de ce manque de foi et mécontents d'une promotion nouvelle faite sans leur consentement, les anciens cardinaux de l'obédience de Grégoire se séparèrent de lui. En même temps, la France se sépara de Benoît. Un édit royal du 12 janvier 1408 lui laissa quatre mois pour consentir à l'extinction du schisme, par voie de cession. Aussitôt Benoît excommunia ses adversaires. Sur quoi, le roi décréta la neutralité; l'université de Paris déclara Benoît schismatique et hérétique; un concile national, tenu au Louvre (14 août) arrêta le mode d'administration de l'Eglise de France pendant la neutralité. Benoît s'enfuit à Perpignan, qui appartenait alors au roi d'Aragon, son dernier protecteur. Les cardinaux des deux obédiences se réunirent à Livourne et convoquèrent un concile général à Pise pour le 25 mars 1409. Ce concile cita les deux papes à comparaître; l'un et l'autre déclinèrent sa juridiction. Le 5 juin, ils furent condamnés et déposés comme schismatiques opiniâtres et hérétiques, scandalisant l'Eglise et incorrigibles. Défense fut faite à tous les fidèles, sous peine d'excommunication, de leur obéir, de leur donner aide ou conseil, de les recevoir ou favoriser. Le 15 juin, Alexandre V fut élu pour occuper le siège romain, que le concile avait déclaré vacant. Grégoire, continuant la résistance, réunit à Cividale (Frioul) un concile auquel il donna le titre d'oecuménique, mais où très peu de prélats vinrent. L'élection d'Alexandre V y fut déclarée impie et sacrilège. Puis, craignant d'être arrêté par les Vénitiens, en exécution de la sentence de Pise, il se réfugia à Gaète, sous la protection de Ladislas, roi de Naples. En 1412, Ladislas, ayant reconnu comme pape légitime Jean XXIII, successeur d'Alexandre V, Grégoire fit obligé de quitter Gaète; il se retira auprès de Charles Malatesta, seigneur de Rimini, suivi seulement de trois cardinaux. Finalement, ce vieillard déposa la tiare devant le concile de Constance; mais il le fit dans des conditions qui nous semblent attester l'élévation de ses sentiments sur la dignité des papes et sur la valeur de son droit à occuper le siège apostolique. Convaincu de la légitimité de sa propre élection, il ne pouvait considérer Jean XXIII que comme un intrus, incapable de convoquer et indigne de présider un concile; gardien de la tradition ou des prétentions de Rome, il ne pouvait admettre qu'un concile fût assemblé autrement que par un pape ou au moins avec son assentiment. Il parla et agit en conséquence, tout en offrant son abdication comme moyen d'éteindre le schisme. Par une bulle, qui fut notifiée au concile de Constance, il donna procuration à Charles Malatesta d'offrir sa renonciation et d'adhérer au concile, à condition que Jean XXIII n'y présiderait pas et n'y serait pas même présent. Dans la XlVe session (5 juillet 1415), qui fut présidée par l'empereur en personne, le cardinal de Raguse, de l'obédience de Grégoire, commis à cet effet par Charles Malatesta, déclara par écrit que, pour procurer la paix de l'Eglise, Grégoire convoquait à nouveau le concile ou, selon d'autres, qu'il l'approuvait, non comme convoqué par Jean XXIII, mais comme assemblé par l'empereur, et qu'il le confirmait. Le concile admit la convocation, l'autorisation, l'approbation et la confirmation faites au nom de celui qui s'appelait Grégoire XII, autant que l'affaire pouvait le regarder. Ensuite, le seigneur de Rimini, représentant de Grégoire, s'assit sur un trône fort élevé, comme s'il avait été le pape lui-même, et lut l'acte de renonciation qui fut reçu et approuvé par le concile. Dans la XVIIe session, Grégoire fut nommé premier des cardinaux et légat perpétuel de la marche d'Ancône. Quand ces décisions lui eurent été communiquées, il assembla ses cardinaux, en consistoire, à Rimini, et abandonna en leur présence la tiare et les autres insignes de la dignité pontificale. Deux lettres et deux bulles de ce pape, dans l'Italia sacra d'Ughelli (t. II, IV, V, VIII) ; une lettre dans la Collection des conciles de Labbe (t. XI). (E.-H. Vollet). | |