|
Théodore,
évêque de Mopsueste, en Cilicie,
appelé ordinairement Théodore de Mopsueste, parfois Théodore
d'Antioche, né à Antioche vers 350,
mort en 428, un peu avant le commencement de la grande querelle théologique
entre Cyrille et Nestorius.
L'Eglise de Syrie lui donna le titre glorieux d'interprète. En effet,
il fut le représentant éminent de la méthode exégétique désignée
sous le nom d'École d'Antioche. Le nom de son père est inconnu ; mais
on sait qu'il était riche et qu'il occupait une haute position à Antioche.
En sa jeunesse, Théodore fut l'ami et le compagnon d'études de Jean,
surnommé plus tard Chrysostome; ils suivaient
ensemble les leçons du célèbre rhéteur Libanius, et ils paraissent
s'être livrés aux plaisirs profanes que la ville d'Antioche offrait aux
jeunes gens. Jean fut converti par Basile, et
il convertit Théodore. Ils se retirèrent dans l'école monastique où
Diodore de Tarse enseignait et à laquelle Basile
était déjà attaché.
Théodore se donna à l'étude et aux pratiques
ascétiques, avec la ferveur d'un prosélyte
récent; mais il n'était pas encore âgé de vingt ans, et il ne put soutenir
longtemps la règle qu'il s'était imposée. Il s'était résigné difficilement
au célibat; séduit par la beauté d'une jeune fille, nommée Hermione,
il résolut de l'épouser, et provisoirement retourna à son ancien genre
de vie. Les prières et les larmes de ses amis l'éloignèrent de cette
route et l'empêchèrent de violer son voeu. Néanmoins, il garda une sympathie
profonde pour ceux qui préféraient au célibat l'état de mariage. Il
resta en étroites relations d'études avec Diodore,
jusqu'à ce que celui-ci eût été promu au siège de Tarse (378). Il
fut ordonné prêtre de l'Église
d'Antioche en 383; il était alors âgé
de trente-trois ans. Quelques années après, il se retira à Tarse, auprès
de Diodore; et il y demeura jusqu'à ce qu'il fût lui-même appelé au
siège de Mopsueste (392). Son long épiscopat ne paraît pas avoir été
marqué par aucun incident extraordinaire. En 394, convoqué à un concile
de Constantinople, il prêcha devant
Théodose le Grand, qui l'admira comme le plus
grand des théologiens. Théodose le Jeune le tint en pareille estime.
Même dans les milieux où sa méthode et ses tendances devaient susciter
plus tard les plus ardents adversaires, l'orthodoxie de Théodore ne fut
l'objet d'aucune suspicion formelle, pendant sa vie.
Après sa mort, cette vénération alla
croissant dans les Églises de Syrie. Théodoret
le considérait comme le docteur de l'Église universelle; Ibas
d'Edesse écrivait à Maris une lettre restée
célèbre, remplie des louanges de Théodore; Jean
Chrysostome professait pour lui une admiration illimitée. Cependant
du côté de l'Occident, Marius Mercator, dès 431, dénonçait Théodore
de Mopsueste comme l'auteur de l'hérésie pélagienne (Pélage).
En effet, il avait pris parti contre Augustin,
dans un de ses traités. Par la suite, Marius Mercator étendit l'accusation,
en prétendant que Théodore était la précurseur du nestorianisme. Toutefois,
le concile d'Ephèse, qui avait condamné
Nestorius nominativement, n'avait pas mentionné
Théodore, quoique sa décision contînt une réprobation implicite de
la doctrine de Théodore. Les Nestoriens se retranchèrent donc derrière
les écrits de Théodore et les firent grandement circuler. Dès lors,
les adversaires dirigèrent contre eux d'incessantes attaques. Parmi les
plus ardents, Hésychius, évêque de Jérusalem,
Rabulas d'Edesse, Cyrille d'Alexandrie.
Au VIe siècle, cette longue entreprise
de haine aboutit à la condamnation des Trois-Chapitres, cent vingt-cinq
années après la mort de Théodore. (E.-H. Vollet).
|
En
bibliothèque - Théodore de Mopsueste
fut un auteur prodigieusement fécond. Facundus dit que ses oeuvres sont
innombrables, et il cite une lettre de Jean d'Antioche
prétendant que le seul nombre de ses écrits polémiques dépasse 10 000.
Un catalogue de ses ouvrages traduits en syriaque a été donné par Ebedjésu,
métropolitain nestorien de Soba, en 1318 (Assemani,
Bibl. Orient., III, 4). L'ensemble de ces traductions formait 41 tomes.
Malheureusement, la plupart des écrits originaux sont perdus. Voici ce
qui en reste : Commentaires sur les douze petits prophètes (Rome,
1832; Berlin, 1834); Commentaire sur l'Epître aux Romains (Rome,
1840); traduction latine des Commentaires sur les Épîtres aux Galates,
aux Éphésiens, à Philémon, faussement attribués à Hilaire de
Poitiers (Paris, 1852); Fragments des Commentaires sur le Nouveau Testament
(Zurich, 1847); Liturgie Theodori interpretis (Paris, 1746); des
fragments du traité De Incarnatione et de quelques autres écrits
cités dans les actes des conciles relatifs à la condamnation des Trois
Chapitres. |
|
|
Plusieurs autres
personnages historiques ont porté le nom de Théodore; on mentionnera
:
Théodore de Césarée,
dit Ascidas, d'abord moine à Jérusalem, vint vers 536 à Constantinople,
où il s'acquit les bonnes grâces de Justinien
et de l'impératrice Théodora, qui le fit archevêque
de Césarée, eut une part essentielle à la condamnation des Trois-Chapitres,
présenta le résumé de la doctrine de Théodore de Mopsueste, d'Ibas
d'Edesse, de Théodoret de Cyr, et fut l'âme
des intrigues et des mesures violentes relatives à ce débat théologique,
mais vit son crédit baisser après la mort de l'impératrice, et finit
par être privé de son siée et excommunié par le concile tenu à Conslantinople
en 563.
Théodore de Pharan, ainsi nommé
de la ville de Pharan en Arabie dont il était
évêque, vécut sous Héraclius. Il passe
pour l'auteur du Monothélisme.
Théodore, lecteur de l'église
de Constantinople au VIe s., composa une
Histoire en 2 livres, qui s'étend de la 20e
année de Constantin au règne de Julien.
Elle a été imprimée en grec par Robert Estienne, Paris, 1544; en grec
et latin, Genève, 1612; avec les notes de Valois, Paris, 1673; et en partie
traduite en français par Cousin.
Théodore Studite (S.) , né Ã
Constantinople en 753, fut moine,
puis abbé (795) du monastère de Saccudion, près de Constantinople, fut
persécuté par Constantin V pour avoir refusé de communiquer avec lui
depuis son divorce, se réfugia lors de l'invasion des Barbares, au couvent
de Stude (dans Constantinople même), qui ne comptait alors que douze religieux
et qui, sous sa conduite, en réunit au delà de mille; fut banni par Nicépbore
pour s'être opposé aux Iconoclastes, Mais réintégré sous Michel I;
trouva un nouveau persécuteur dans l'iconoclaste Léon V, qui le fit emprisonner
et flageller, et fut une dernière fois rendu à la liberté par Michel
Il (820). Il mourut six ans après, laissant plusieurs ouvrages.
Théodore Prodrome, moine grec du
XIIe s., est auteur du roman de Rhodanrhe
et Dosiclès d'un dialogue de l'Amitié exilée de la
Galéomachie, tragédie burlesque et de plusieurs autres ouvrages.
On a souvent publié l'Amitié exilée; Rhodanthe a été
éditée par Gaulmin, avec une traduction latine, Paris, 1625, et traduit
en français par Godard de Beauchamps. On
trouve dans les Notices des Mss. un autre de ses écrits . Amarantus
ou les Amours d'un vieillard, dialogue satirique.
Théodore, pape de 642 à 649, était
Grec de naissance. Il montra de la vigueur contre le Monothélisme. - Il
y eut encore un autre pape du nom de Théodore; Romain de naissance, fut
élu en 898, mais mourut après un pontificat de 20 jours.
|
|