| Acclamation, cri par lequel une réunion de personnes témoigne son approbation ou son enthousiasme. On vote une loi, on élit un candidat, on accueille une personne par acclamation. Les Anciens distinguaient l'acclamation, qui se traduit par la voix, et l'applaudissement, que donnent les mains : celui-ci n'était que pour les personnes présentes, celle-là pouvait être poussée en l'honneur d'un absent; les femmes prenaient part à la première, mais non au second. A Sparte, l'acclamation plus ou moins énergique du peuple, à la vue de chaque candidat, était le mode de nomination aux magistratures. L'acclamation que poussèrent les Grecs en l'honneur de Flamininus, quand il proclama leur liberté aux jeux Isthmiques, fut si véhémente, au dire de Plutarque, que des oiseaux qui passaient tombèrent frappés de mort. Chez les Romains, c'était par acclamation que l'armée victorieuse saluait son chef du nom d'Imperator, comme Villars fut acclamé maréchal de France par ses soldats sur le champ de bataille de Friedlingen. A la cérémonie du triomphe, les troupes et le peuple répétaient souvent l'acclamation : lo triomphe! Au temps de l'Empire romain, une acclamation était faite à chaque nouvel empereur par le sénat; mais, outre les acclamations favorables (laudationes, bona vota), il y eut encore des acclamations de reproches et d'injures (convicia), par exemple, à la mort de Domitien et de Commode. Dans les jeux publics et les théâtres, les magistrats, les empereurs, les personnages de distinction, étaient accueillis par des acclamations, plusieurs fois répétées, telles que Feliciter, Longiorem vitam, Annos felices! Les acteurs mêmes, et ceux qui remportaient les prix dans les jeux du Cirque, recevaient les honneurs de l'acclamation. Des acclamations (laeta omina) faisaient partie des cérémonies du mariage. L'acclamation s'est perpétuée après la chute de l'ancienne Rome. On la trouve à l'élection des rois Francs, lorsque leurs compagnons d'armes les élevaient sur le pavois. Luitprand raconte que, dans une procession, on acclamait l'empereur Nicéphore en criant : Nombreuses années! Quand Charlemagne reçut à Rome la couronne impériale, les assistants l'acclamèrent : Vie et victoire à Charles! L'acclamation exista pendant quelques siècles dans l'Église comme mode d'élection. Saint Grégoire de Nazianze et saint Jean-Chrysostome furent souvent interrompus dans leurs sermons par les acclamations des fidèles. On en poussait aussi à la fin des conciles. L'acclamation est encore un chant d'actions de grâces, de triomphe nu de deuil, adressé aux fidèles par la voix d'un chantre ou d'un diacre, et répété par tout le peuple. Telle est aujourd'hui la litanie Christus vincit, chantée dans quelques diocèses quand l'évêque officie pontificalement, et qu'on appelle laudes episcopi (louanges de l'évêque). Le Hosanna des Hébreux, les vivat et les hourrah modernes, les cris de Vive le roi, Vive la liberté, sont des termes d'acclamation. (B.). | |