| Grégoire IX (Ugolino de Conti), 183e' pape, élu le 19 mars 1227, mort le 22 août 1241. Il avait plus de quatre-vingts ans lorsqu'il fut élu. Né à Anagni, de la famille des comtes de Segni, il était proche parent d'Innocent III, qui le fit son chapelain, puis cardinal et évêque d'Ostie, et dont il s'efforça de continuer la politique. Après avoir pris possession du siège pontifical, avec une pompe plus que impériale, il engagea la lutte contre Frédéric Il. Quand Grégoire mourut, il n'avait pas cédé un seul instant; mais Frédéric paraissait être vainqueur. En France, le pape avait vainement sollicité l'assistance de saint Louis contre l'empereur; quand il lui offrit la couronne pour son frère, Robert d'Artois, le roi la refusa; et tous les barons réprouvèrent l'audace du pape, estimant « que s'il parvenait à vaincre l'empereur avec leur aide, il foulerait aux pieds tous les princes du monde ». En 1235, une ordonnance de saint Louis statua que ses vassaux et ceux des seigneurs ne seraient point tenus de répondre aux ecclésiastiques ni à d'autres, aux tribunaux ecclésiastiques (en matière civile); que si le juge ecclésiastique les excommuniait pour ce sujet, il serait contraint, par saisie de son temporel, de lever l'excommunication. Cette ordonnance ajoutait que les prélats, les autres ecclésiastiques et leurs vassaux seraient obligés, en toutes causes civiles, de tenir le jugement du roi et des seigneurs. Grégoire protesta, au nom de la double puissance qu'il prétendait appartenir à l'Eglise, avertissant le roi que son acte encourait excommunication. Le roi maintint son ordonnance. En Angleterre, il obtint de Henri III une levée de décimes pour soutenir la guerre contre Frédéric; le clergé les paya, mais les seigneurs les refusèrent. Ses tentatives pour imposer l'union à l'Eglise grecque n'aboutirent à aucun résultat solide, quoique Constantinople fût alors au pouvoir des Latins. En 1238, le patriarche grec d'Antioche, soutenu par Germain, patriarche grec de Constantinople, excommunia le pape et toute l'Eglise romaine; il affirmait que son Eglise était au-dessus de celle de Rome pour l'antiquité et la dignité, saint Pierre ayant établi son siège à Antioche avant de l'établir à Rome S.ous ce pontificat eurent lieu les canonisations de sainte Elisabeth de Hongrie, de saint Dominique, de saint François d'Assise, dont Grégoire avait été l'ami personnel, et de saint Antoine de Padoue. En 1231, Grégoire autorisa la lecture des écrits d'Aristote, après retranchement des passages suspects. (E.-H. Vollet). | |