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Sylvestre ler
ou Saint Silvestre est le trente-quatrième pape,
élu le 31 janvier 314, mort le 31 décembre 335. Né
à Rome, il était prêtre
de l'église de cette ville à l'époque de son élection.
L'histoire de l'Eglise relate des événements
de la plus haute importance accomplis sous ce pontificat ; mais elle ne
nous a apporté aucun document authentique attestant que Sylvestre
y a pris une part active, ni surtout une part proportionnée à
l'autorité que les papes prétendirent exercer et exercèrent
plus tard.
En la première année de son
épiscopat, Constantin convoqua
à Arles un grand concile,
pour statuer sur l'appel des donatistes contre
les décisions d'un concile tenu à Rome l'année précédente
(313), et qui avait été présidé par le pape
Miltiade. Sylvestre fut représenté à ce concile par
deux prêtres : Claudianus et Vitus, et par deux diacres : Eugénius
et Cyriacius. On ne sait pas exactement par qui l'assemblée fut
présidée; il est vraisemblable que ce fut par Marinus, évêque
d'Arles; il est certain que ce ne fut pas par Sylvestre, ni par ses représentants.
D'une lettre de Constantin adressée à Chrestus, évêque
de Syracuse, et reproduite par Eusèbe
(Hist. eccl., X, 5), il résulte que l'empereur ne songeait
nullement à l'office de Sylvestre, pour la direction du concile
ni pour le règlement de cette affaire. D'ailleurs, le fait que le
concile d'Arles était convoqué pour réviser la sentence
rendue par un concile qu'un évêque de Rome avait présidé,
semble bien indiquer qu'on n'attribuait alors au Siège de Rome aucune
prérogative d'autorité en ces matières. Constantin
s'est toujours et très scrupuleusement appliqué à
confier à des ecclésiastiques le règlement des affaires
ecclésiastiques. Mais il convoquait de sa seule autorité
les assemblées, qui devaient en connaître, et il n'agit jamais
comme se considérant obligé de se concerter, pour ces mesures,
avec les évêques de Rome, ni de leur donner préséance.
Convoqué au concile oecuménique
de Nicée (325), Sylvestre s'excusa d'y
assister, à cause de son âge, et il s'y fit représenter
par deux prêtres, Vitus et Vincentius (Eusèbe, Vita Constantini,
III, 7). Aucun document contemporain n'indique qu'ils aient présidé
l'assemblée en son nom, ni que cette présidence ait , été
tenue par Hozius, évêque de Cordoue,
comme représentant de l'évêque de Rome; ni que l'empereur
se soit concerté avec l'évêque de Rome, pour la convocation
du concile. Ces allégations n'ont commencé à se produire
sérieusement qu'à la fin du Ve
siècle, et même pour la convocation des conciles seulement
en l'an 680; et on recourut à des interpolations et à des
faux, pour les préparer et les justifier.
Il n'est pas étonnant que les auteurs
de ces documents imaginés ou remaniés aient multiplié
l'attribution de ces fictions à l'époque décisive
représentée par le pontificat de Sylvestre et le règne
de Constantin. Dans cette catégorie doivent être classés
les actes de trois conciles, qu'on prétend avoir été
tenus à Rome : le premier en 315, sur la demande d'Hélène,
mère de Constantin, pour une controverse avec les Juifs
; le second en 324, dans lequel Arius aurait été
condamné, avant le concile de Nicée; le troisième
en 327, dans lequel les récents canons du concile de Nicée
auraient été confirmés, en présence de Constantin,
qui certainement ne pouvait se trouver à Rome à cette époque.
La plus caractéristique et la plus
lucrative de ces fables concerne le baptême de Constantin par Sylvestre,
et la célèbre donation faite au Siège apostolique.
En voici la substance, dégagée des différences produites
par le développement des diverses versions :
Avant sa conversion, Constantin
avait ordonné contre les chrétiens une violente persécution,
à laquelle le pape Sylvestre n'échappa qu'en se retirant
au mont Soracte (Syraptim). L'empereur fut puni par le Seigneur, qui le
frappa de lèpre. Il consulta les devins, les médecins et
les prêtres du Capitole. On lui conseilla des bains de sang d'enfants.
En conséquence, un grand nombre d'enfants furent assemblés
et destinés à la mort, pour fournir ce remède. Mais
leurs cris et ceux de leurs mères émurent Constantin, qui
fut pris de remords et se désista de son dessein. Pendant une nuit,
il eut une vision, en laquelle saint Pierre et
saint Paul lui apparurent, et lui dirent de s'adresser
à Sylvestre, qui lui indiquerait une piscine où il serait
guéri. Il fit appeler le pape, fut par lui instruit dans la foi,
baptisé et guéri. Il manifesta sa reconnaissance, non seulement
en détruisant les temples païens, en élevant et en dotant
de nombreuses églises, mais en faisant au pape et à ses successeurs
une donation leur attribuant la souveraineté sur Rome, la plus grande
partie de l'Italie et d'autres provinces, parce qu'il n'était pas
convenable que le monarque de toute l'Eglise fût soumis à
aucune autorité temporelle.
Les dernières conséquences de
cette légende furent déduites dans les Fausses décrétales,
sous le titre de Donation de Constantin; mais on la trouve, en la
forme originelle, dans les Acta sancti Sylvestri, mentionnés
et approuvés comme authentiques dans le décret attribué
à Gélase, De libris recipiendis et non recipiendis
(492-496). C'est de ces actes, fort apocryphes, que la plupart des bréviaires
ont tiré les leçons de la fête de saint Sylvestre.
Il est établi par les témoignages
les plus précis de l'histoire : 1° qu'avant l'épiscopat
de Sylvestre, Constantin s'était montré le protecteur des
chrétiens; 2° qu'il ne demanda le baptême que pendant
la maladie dont il mourut, et que ce baptême lui fut administré
par Eusèbe de Nicomédie. (E.-H Vollet). |
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