| Saint Félix III ou Félix II, pour les historiens qui classent Félix Il parmi les antipapes est le 50e, pape, élu le 2 mars 483, mort le 24 février 492. Fête le 25 février. Il était fils d'un prêtre romain, nommé aussi Félix. Son élection est remarquable, à cause d'un incident qui doit être noté en l'histoire de la papauté. Prétendant que Simplicius, le pape défunt, l'avait conjuré, avant de mourir, de ne pas permettre que l'élection de son successeur eût lieu sans son consentement, et ce afin de prévenir des troubles et d'extirper des abus préjudiciables à l'Eglise, Odoacre, alors maître de l'Italie, fit intervenir dans l'élection le préfet Basile, et obtint de l'assemblée une décision interdisant au pape qui serait élu et aux papes futurs d'aliéner les propriétés de l'Eglise, et prononçant l'anathème contre les aliénateurs et les acquéreurs de ces propriétés. Le premier schisme qui rompit la communion entre le siège de Rome et les patriarchats de l'Orient commença sous ce pontificat. Il dura trente-cinq ans et fut déterminé, en partie, par les dissensions théologiques excitées par la question des deux natures, en partie et peut-être surtout, par les prétentions de Félix à une juridiction souveraine sur toutes les églises. Après la mort de Timothée SoIofacialus, patriarche orthodoxe d'Alexandrie, l'empereur Zénon et Acace, patriarche de Constantinople, consentirent à reconnaître la réélection de Pierre Mongus, patriarche monophysite, précédemment déposé, mais qui s'était rallié à l'Hénoticon de Zénon, formule de foi conciliatrice, édictée par cet empereur, pour mettre fin aux divisions produites par les définitions dogmatiques du concile oecuménique de Chalcédoine. Jean Talaias, élu par le parti orthodoxe, pour remplacer Timothée, fut expulsé et se retira à Rome; il y obtint la protection de Simplicius, alors pape, qui écrivit en sa faveur des lettres pressantes à Zénon et à Acace. Dans un concile tenu à Rome, Félix, continuant ce que son prédécesseur avait commencé, excommunia P. Mongus et condamna l'Hénoticon. En adressant ces décisions à Constantinople, Félix y joignit deux messages : par l'un, il sommait Acace de comparaître devant un synode qui se tiendrait à Rome et d'y répondre tant à l'accusation d'avoir dédaigné les injonctions de Simplicius, qu'aux griefs allégués contre lui par J. Talaias. Dans l'autre, il se plaignait à Zénon de l'usurpation de P. Mongus, réclamait réparation et accusait Acace. En même temps il encourageait les intrigues et les accusations des moines de Constantinople contre leur patriarche. L'empereur et le patriarche répondirent que J. Talaias avait été justement déposé pour parjure, puisqu'il avait accepté le siège d'Alexandrie, après avoir juré de le refuser. Quant à P. Mongus, il avait prouvé son orthodoxie en signant les articles de Nicée, lesquels étaient le fondement des décisions du concile de Chalcédoine; d'ailleurs, il acceptait même les canons de ce dernier concile. Déjà Acace, d'accord avec Zénon, avait rétabli secrètement le nom de P. Mongus sur les diptyques de l'Eglise de Constantinople. Désormais ce nom fut lu publiquement au service divin. Félix convoqua à Rome un concile auquel assistèrent soixante-six évêques italiens. Ce concile renouvela l'excommunication de P. Mongus et prononça contre Acace lui-même une sentence irrévocable de déposition et d'excommunication. Parmi les faits relevés comme motivant cette condamnation se trouvent des actes que Acace avait accomplis très légitimement, en vertu de la suprématie que le concile de Chalcédoine avait attribuée au siège de Constantinople sur les églises d'Orient, et tout spécialement les diocèses de Pont, d'Asie et de Thrace. Mais les évêques de Rome, tout en se prévalant, contre leurs adversaires, des canons dogmatiques de ce concile, en réprouvaient les canons disciplinaires qui leur portaient ombrage. Au fond, le grief principal était le dédain avec lequel Acace avait accueilli la citation qui lui avait été adressée de comparaître à Rome, pour y répondre aux accusations portées contre lui. Le concile de Nicée, souvent invoqué par les papes pour justifier leurs prétentions, ne leur a reconnu aucune juridiction de ce genre. Ici et dans leur conflit avec les églises d'Afrique, ils ont confondu le concile oecuménique de Nicée avec le concile de Sardique, que les Orientaux n'ont jamais reconnu. Et même, quelque favorables que les dispositions de ce dernier concile paraissent pour le siège de Rome, elles ne concernent que la procédure d'appel et n'impliquent nullement un droit de citation directe. La sentence parvint à Acace, au moment où il s'apprêtait à officier dans l'église : il célébra le service sans s'émouvoir. Quand il eut fini, il ordonna, d'une voix calme et claire, d'effacer des diptyques de l'Eglise le nom de Félix, évêque de Rome (1er août 484). L'empereur et la grande majorité des évêques d'Orient prirent parti pour Acace. Dès lors et pendant trente-cinq ans, les patriarchats d'Alexandrie, d'Antioche, de Jérusalem, comme celui de Constantinople rompirent toute communion avec l'église de Rome. Félix s'efforça de soulever les moines de Constantinople et de Bithynie contre Acace; mais celui-ci resta paisiblement en possession de son siège jusqu'à sa mort (489). Les dispositions conciliantes de ses successeurs furent rendues inutiles par les exigences de Félix. Ils offrirent de rayer des diptyques le nom de P. Mongus, mais Félix persistant à réclamer aussi la radiation d'Acace, le schisme continua. Il reste de ce pape seize lettres. Gratien lui attribue un décret relatif aux causes ecclésiastiques. (E.-H. V.). | |