| Jean X est le 196e, pape. Il a été élu fin avril 914, et est mort en mai 928. Il avait été prêtre à Ravenne, évêque de Bologne, puis archevêque de Ravenne, ce qui rendait son élection contraire aux lois canoniques alors établies. C'est pourquoi Baronius lui-même l'appelle pseudopape. Un Catalogue des papes, dressé au monastère du Mont-Cassin, peu de temps après son pontificat, l'accuse d'avoir été intrus (invasor) et attribue la mort qu'il subit à un juste jugement de Dieu. Il devait sa nomination à la faction qui dominait à Rome depuis 903. Cette faction, composée du parti du duc de Spolète et des Romains qui s'y étaient ralliés, fut longtemps dirigée par des femmes, dont l'histoire, écrite d'après les témoignages de leurs ennemis, vante la beauté et l'habileté, mais condamne sévèrement les moeurs. Pendant près d'un demi-siècle, le siège apostolique a été occupé par leurs amants, leurs fils ou leurs petits-fils. D'où le nom de Pornocratie donné à cette période de l'histoire de l'Eglise romaine, laquelle est inséparable de l'histoire de ces femmes. Théodora était la femme de Théophilacte, que les documents anciens désignent sous le titre de consul romain. Il est vraisemblable que dès 903 elle occupait le château Saint-Ange; quoi qu'il en soit, elle tenait Rome et la gouvernait d'une main de fer. Luitprand dit : Theodora, scortum impudens, Romanae civitatis non inviriliter monarchiam obtinebat. Après la mort de son mari, elle devint la maîtresse d'Albéric, marquis de Toscane; mais on raconte qu'elle était passionnément éprise du prêtre qui devint le pape Jean X, et que c'est à elle qu'il dut l'évêché de Bologne, puis l'archevêché de Ravenne et enfin la papauté. Elle eut deux filles: Marozia (Maria Mariuccia) et Théodora, qu'on surnomma la Jeune, pour la distinguer de sa mère. Marozia, qu'on dit avoir été la maîtresse du pape Sergius III, épousa un seigneur romain, Albéric, consul, patrice et marquis de Camerino et de Spolète. Elle en eut deux fils. L'aîné fut le pape Jean XI; Albéric, le second, exerça de 932 à 954, comme sénateur et patrice, le pouvoir temporel à Rome, ne laissant aux papes que la direction des affaires spirituelles. Au commencement de son pontificat, Jean X avait agi de concert avec Albéric pour combattre les Sarrasins, et, avec l'aide des Grecs et de quelques princes italiens, ils avaient remporté ensemble une victoire décisive près du Garigliano (916). Albéric mourut en 924, et Marozia épousa Gui, marquis de Toscane. Il se prit de haine contre Pierre, frère du pape, qu'il soupçonnait de travailler à former à Rome un parti d'opposition; il s'empara du palais de Latran, fit tuer Pierre, sous les yeux du pape, et enfermer celui-ci dans une prison, où on le laissa mourir de faim (juin 998). Le Catalogue des papes mentionné plus haut porte qu'il fut étranglé : Juste laqueo confectus. Léon VI (928-929) et Etienne VII (929-931) lui succédèrent; puis Jean XI, fils de Marozia et d'Albéric. (V.). | |