| Nicolas II a été le 160e pape. Il s'appelait Gérard, né au château de Chevron-en-Bourgogne (Isère). Il était évêque de Florence, lorsqu'il fut élu (28 décembre 1058) à Sienne dans des circonstances qui ont été mentionnées à l'article Benoît X; il fut intronisé le 31 janvier 1059 et mourut le 19 ou le 21 juillet 1061. Les décrets du concile de Latran. L'événement le plus important de ce pontificat fut la réunion au Latran (4 avril 1059) d'un concile, auquel assistèrent, dit-on, 113 évêques. On y fit deux décrets et treize canons. Le Premier décret. Le premier décret porte en substance que, pour prévenir les désordres qui se sont produits dans de précédentes élections, dès qu'un pape sera mort, les cardinaux-évêques traiteront ensemble et les premiers de l'élection ; qu'ils appelleront ensuite les cardinaux-clercs, et qu'enfin le reste du clergé et le peuple seront admis à donner leur assentiment : « On choisira le pape, ajoute le décret, dans le sein de l'Eglise de Rome, s'il s'y trouve un sujet capable, sinon dans une mitre Eglise, sauf l'honneur et la considération dus à notre cher fils Henri, qui est maintenant roi, et qui sera, s'il plaît à Dieu, empereur, comme nous les lui avons déjà reconnus. On rendra le même honneur à ses successeurs à qui le saint-siège aura personnellement (?) accordé le même droit. Si une élection digne et sans reproche ne peut se faire dans Rome, que les cardinaux-évêques avec des hommes religieux, même s'ils sont peu, élisent le pape, dans le lieu qu'ils jugeront convenable; et si l'élu ne peut être intronisé à Rome, qu'il ne gouverne pas moins, dès aussitôt, comme pape, la sainte Eglise romaine. » Il résulte de la procédure instituée par ce décret, que l'oeuvre des cardinaux-évêques précède et domine celle des cardinaux-clercs : ils sont les promoteurs de l'élection; les autres doivent les suivre. La part du reste du clergé, de la noblesse et du peuple est réduite à un assentiment, dont le refus est dépouvu de toute sanction. Quant à l'intervention de l'empereur, elle est limitée à une sorte de formalité honorifique, dont le privilège est conféré, non à la couronne, nais à la personne de Henri IV et éventuellement à ses successeurs. Le texte dont il vient d'être donné des extraits est compris dans le Decretum Gratiani, dist. XXIII, cap. 1). Il avait été précédemment relaté par Yves de Chartres, Hugues de Fleury et Hugues de Flavigny. Un autre texte a été publié, en 1837, par Pertz (Monumenta Germaniae historica. Leges) d'après un manuscrit du Vatican; en 1869, par Jaffé (Regesta pontificum romanorum) d'après un codex d'Udalrich. Il était connu auparavant par la Chronique de la Farfa, couvent gibelin de Rome. Ce texte, qu'on a appelé impérial, modifie le nom des cardinaux-évêques, et il associe au premier acte de l'élection le roi des Romains, qui prend ainsi rang parmi les promoteurs. Le Second décret. Le Second décret permet à ceux qui ont été ordonnés gratuitement par des simoniaques de demeurer dans les ordres qu'ils ont reçus; mais il déclare que c'est par indulgence, parce que le grand nombre de ceux qui ont été ainsi ordonnés ne permet pas d'appliquer à leur égard la rigueur des canons. Les autres événements du pontificat. En la même année, Nicolas II passa dans la Pouille. Il y releva les Normands des excommunications qu'ils avaient encourues, à cause des domaines qu'ils avaient enlevés au Saint-siège, et il traita avec eux. Richard, l'un de leurs chefs, fut confirmé dans la principauté de Capoue; Robert Guiscard, autre chef, fut pareillement confirmé dans les duchés de la Pouille et de la Calabre, dont il était aussi en possession, et dans ses prétentions sur la Sicile. Il promit au pape une redevance annuelle, lui rendit hommage comme vassal, et s'engagea spécialement à défendre l'autorité de celui qui serait élu par les cardinaux. Les Normands commencèrent aussitôt à délivrer Rome des seigneurs qui tenaient des forteresses aux environs, et qui tyrannisaient la ville depuis longtemps. En 1060, Arsène, cardinal-prêtre, envoyé en France comme légat du pape, assembla à Vienne (janvier) et à Tours (mars) des conciles, pour la répression de la simonie et du concubinage clérical. Les décisions de ces deux conciles sont conçues dans les mêmes termes, apportés de Rome. (E.-H. Vollet). | |