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Bénédiction,
acte de bénir, de souhaiter quelque chose d'heureux, soit par signes,
soit par paroles. De longue date, dns la culture judéo-chrétienne,
le père, surtout au lit de mort, a donné sa bénédiction
à ses enfants, comme le vieillard aux personnes plus jeunes que
lui. Les patriarches des Hébreux
bénissaient leur famille avant de mourir; cette bénédiction
était comme un acte testamentaire, qui donnait à l'un des
fils le titre de chef de la famille. On voit dans la Bible
que Jacob usurpa ce privilège sur son frère
aîné Esaü. Depuis Moïse,
le droit de bénir fut réservé aux ministres du culte,
avec des formules consacrées : c'est pour ce motif que, de nos jours
encore, la bénédiction ne peut être donnée dans
les synagogues que par des hommes regardés
comme descendants d'Aaron. Les Hébreux attachaient encore au mot
bénédiction le sens d'abondance, que le langage trivial lui
a même conservé, et celui de bienfait de Dieu
: la pluie, la rosée, l'eau des sources, la fécondité
des femmes et des animaux, la fertilité de la terre, la santé,
le succès des entreprises, etc., étaient des bénédictions.
Quand Jésus
voulut faire le miracle de la multiplication
des pains, il les bénit; quand il institua l'Eucharistie,
il bénit le pain qui allait devenir son corps; il bénit encore
le pain qu'il donna, le jour de sa résurrection, aux disciples d'Emmaüs.
Dans l'Église
catholique, le droit de bénir est réservé au prêtre.
Il y a des bénédictions sur les personnes, données
avec le signe de la croix, comme à la fin de la messe ou d'un sermon,
ou avec un objet consacré (crucifix,
ciboire, saint sacrement); et des bénédictions
sur les choses (eau, sel, pain, vin, huile, cierges,
rameaux, cendres, vases, ornements et linges
d'église, cloches, autels,
ciboires, fonts baptismaux, églises
et chapelles, cimetières, anneau
de mariage, lit nuptial, maisons, navires, chemins de fer, armes, drapeaux,
fruits de la terre, etc.).
La bénédiction de l'eau est
faite par le célébrant, soit à l'angle de l'autel
du côté de l'épître, soit au milieu du choeur
devant un pupitre particulier, tous les dimanches, avant la procession
qui précède la grand-messe : on ne la fait pas les jours
de fêtes, à moins qu'elles
ne tombent un dimanche. La bénédiction
d'animaux et d'objets inanimés se fait
par l'aspersion; il faut en excepter le pain, le vin et l'eau du saint
sacrifice, l'encens,
le cierge pascal, l'eau bénite et le sel qu'on y répand.
Il est contraire aux canons que les simples prêtres donnent en chantant
la bénédiction à la fin des messes
hautes; les évêques seuls peuvent donner cette bénédiction
solennelle.
Le pape et les
évêques donnent la bénédiction sur leur passage
en faisant de la main droite le signe de la croix; seuls ils peuvent bénir
en particulier et hors des églises. Le jour de Pâques
à l'église Saint-Pierre
du Vatican, le jour de l'Ascension
à Saint-Jean-de-Latran,
et le jour de l'Assomption à Sainte-Marie-Majeure,
le pape donne solennellement sa bénédiction urbi et orbi,
à la ville de Rome et au monde entier.
On nomme bénédiction apostolique le salut que donne le pape
au commencement de toutes ses bulles.
Dans l'Église latine, la bénédiction
de l'évêque se donne en étendant trois doigts de la
main, en mémoire de la Trinité,
et en fermant les autres doigts. Chez les Grecs,
l'évêque et le prêtre posent le pouce sur le doigt annulaire,
et courbent l'index sur le médius, de manière à figurer
le X et le P, premières lettres grecques de Christos.
On appelle encore Bénédiction
l'ordination des abbés et des abbesses. L'imposition des mains s'y
fait sans invocation du Saint-Esprit.
Dans les églises
protestantes, l'office religieux se termine par la bénédiction
dont Moïse a prescrit les paroles, et, en certains pays, elle est
accompagnée du signe de la croix. Les pasteurs protestants prononcent
encore des bénédictions en imposant les mains, pour le baptême
des enfants, la confirmation des catéchumènes,
la consécration des pasteurs, le mariage, etc. Ils bénissent
les personnes et jamais les choses. (B.). |
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