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Le pape Grégoire XIII

Grégoire XIII (Ugo Buoncompagno), 233e' pape, élu le 13 mai 1572, mort le 10 avril 1585. Il était né à Bologne en 1502; il y étudia, puis y enseigna le droit; à l'âge de vingt-huit ans, il était docteur. C'est à cette première partie de sa vie qu'on rapporte la naissance d'un fils naturel qu'il eut d'une femme restée inconnue. En 1538, il fut appelé à Rome par Paul Ill, sous lequel il fut successivement juge du Capitole, abréviateur et vice-chancelier de la Campagna. Paul IV l'associa comme dataire au cardinal Caraffa. Pie V le créa cardinal-prêtre du titre de Saint-Sixte et l'envoya au concile de Trente. Grégoire dut son élection à l'influence du cardinal de Granvelle, alors vice-roi de Naples, et il se trouva ainsi inféodé à la politique de Philippe II, laquelle concordait d'ailleurs avec la haine très naturelle des papes contre le protestantisme. Trois mois et demi après son avènement eut lieu le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). On le célébra à Rome par des réjouissances publiques, des fêtes religieuses et des médailles. Grégoire envoya le cardinal Orsini auprès de Charles IX pour l'engager à persévérer dans la voie où il était entré; il commanda trois fresques à Vasari, pour illustrer le souvenir de cette journée qui donnait tant de joie à la chrétienté : Giorno laetissimo per la cristianita. 

Plus tard, il approuva formellement le traité de la Ligue, conseillant aux ligueurs de se proposer pour but suprême la destruction de l'hérésie; afin de les affranchir de tout scrupule relativement à l'opposition du roi, il accorda une indulgence plénière à tous ceux qui aideraient les princes catholiques dans cette entreprise si sainte (15 février 1585), et il les soutint non seulement par son autorité, ses bénédictions et ses indulgences, mais par des subsides en argent. En 1579, il avait envoyé un étendard béni aux Irlandais révoltés; en 1584, il accorda une lettre contenant indulgence plénière et rémission des péchés à William Parr qui préparait alors un complot contre la vie d'Elisabeth; finalement il pressa Philippe Il d'attaquer cette reine. En 1577, il envoya le P. Possevin en Suède pour y faire triompher la foi catholique et empêcher le roi Jean III de mettre sa flotte à la disposition du duc d'Orange; afin de seconder cette mission, l'impératrice d'Allemagne, veuve de Maximilien II, avait donné à ce jésuite le titre d'ambassadeur extraordinaire de l'Empire. Le 16 mai 1578, le roi, cédant aux instances de Catherine Jagellon, sa femme, et vraisemblablement à sa propre inclination, abjura secrètement l'hérésie; mais pour ramener ses sujets au catholicisme, il demandait diverses concessions sur la discipline et sur le culte : célébration de la messe en langue vulgaire, communion sous les deux espèces, mariage des prêtres, suppression de l'invocation des saints, des prières pour les morts et de l'eau bénite; conservation par les laïques des biens de l'Eglise dont il s'était emparé. Grégoire n'ayant concédé que le dernier point, le roi revint au luthéranisme. Les entreprises contre les Turcs n'eurent pas plus de succès.

Les vues de ce pape assuraient sa protection aux jésuites; plusieurs de ses bulles attestent sa haute estime pour ces habiles et entreprenants auxiliaires; il favorisa de tout son pouvoir l'extension de leur ordre et de leurs collèges et érigea en université leur collège de Pont-à-Mousson (28 juillet 1580). Lui-même fonda des collèges à Rome, pour les Anglais, les Allemands, les Juifs néophytes, les Grecs, les Maronites; à Lorette, pour les Sclavons; à Vienne, à Prague, à Olmutz, à Vilna, à Clausembourg en Lituanie et même au Japon. Une ambassade de ce pays réjouit les derniers jours sa vie, en venant lui annoncer (20 mars 1585) les conquêtes, fort éphémères, que les jésuites s'imaginaient y avoir faites. 

Tant d'entreprises, jointes à de grandes dépenses pour les arts, les édifices et le népotisme, épuisèrent le trésor pontifical; afin de remédier à cette détresse, Grégoire décréta la reprise des fiefs et des droits du Saint-siège (1er juin 1580). Les possesseurs se révoltèrent; il en résulta des troubles où la répression, d'un côté, et la résistance, de l'autre, se produisirent avec une égale férocité; puis l'anarchie et un état de brigandage qu'il fut impossible de réduire. 

1573, institution de la fête du Rosaire; 1575, jubilé qui attira à Rome plus de trois cent mille pèlerins; confirmation de la congrégation de l'Oratoire à Rome; 1579, rétablissement et réorganisation de l'ordre de Saint-Basile en Occident; 1584, institution de la fête de sainte Anne. il s'est principalement rendu célèbre par la réforme du calendrier Julien et l'établissement du Calendrier grégorien. (EHV).

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