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Les Wisigoths |
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Les
Wisigoths ( = Goths de l'Ouest) étaient un peuple
d'origine germanique, composé d'une partie des Goths
venus des bords de la mer Baltique.
Ils furent le premier des grands peuples barbares
qui s'établirent sur le territoire de l'Empire
romain.
Ils occupèrent d'abord les régions boisées des Carpates, subordonnés, mais par un lien assez lâche, aux Ostrogoths; puis, sous la poussée des Huns, ils franchirent le Danube et rejoignirent d'autres Wisigoths qui, quelques années auparavant, après des guerres heureuses contre les Romains, avec leur chef Fritigern, avaient franchi le Danube et contraint l'empereur Valens à les prendre à sa solde. Ils obtinrent, au nombre d'un million, d'être établis en Mésie (376). Toutefois, victimes des exactions des commissaires impériaux, ils ne tardèrent pas à se soulever, ravagèrent la Thrace; l'empereur Valens, qui tenta de les arrêter, fut vaincu et tué à la bataille d'Andrinople (378). Théodose le Grand réussit à les arrêter et finit par les prendre à son service. Dès lors et pendant quinze ans, les Barbares restèrent fidèles à l'empereur; ils l'aidèrent en 394 à triompher d'un prétendant à l'empire, et quand Théodose mourut (18 janvier 395), ils pleurèrent « l'ami des Goths ». Théodose laissait deux fils : Arcadius, alors âgé de dix-huit ans, et Honorius, âgé de onze. Il avait décidé que tous deux seraient empereurs et régneraient, l'aîné en Orient, le cadet en Occident, le premier d'après les conseils du préfet du prétoire, Rufin, le second sous la tutelle du meilleur général de l'Empire, Flavius Stilicon, fils d'un Vandale au service de l'empire, qu'il chargea de veiller également sur Arcadius. Il espérait de cette façon rendre le gouvernement plus facile, sans briser l'unité romaine ; mais la jalousie des deux frères et la haine des deux ministres rouvrirent aussitôt l'ère des discordes civiles et des invasions barbares. En effet, lorsque les Wisigoths mercenaires virent sur le trône byzantin un jeune homme incapable dirigé par un ministre que son fanatisme, ses cruautés, son luxe inouï, rendaient odieux, ils redevinrent insolents. Un de leurs chefs, Alaric, de la famille royale des Baltes (Balthes), âgé d'environ vingt-cinq ans, réclama un important commandement militaire; on le lui refusa. Alors il envahit la Macédoine et la Thessalie, franchit les Thermopyles sans combat, entra dans Athènes qui acheta fort cher sa retraite, pilla le temple d'Eleusis, força l'entrée de l'isthme et détruisit Corinthe. Arcadius crut être fort habile en lui donnant le gouvernement de l'Illyricum, province qu'Honorius revendiquait pour l'empire d'Occident (396). Placé sur
les confins des deux empires, Alaric attendit que la fortune lui indiquât
s'il fallait prendre la route de Byzance
ou celle de Rome. L'éloignement de Stilicon
en Rhétie le décida pour l'Italie.
Une victoire remportée près d'Aquilée
lui en ouvrit les portes; sa cavalerie légère alla semer
l'épouvante dans Rome même. Stilicon revint en toute hâte,
le bloqua dans Vérone et l'obligea
de capituler; mais il le ménagea en le prenant, avec tous ses guerriers,
à la solde de l'empire d'Occident (403).
Couronne votive du roi wisigoth Receswinth. (VIIe s., musée archéologique de Madrid). La victoire de Stilicon fut célébrée à Rome avec la plus grande pompe. Honorius, consul pour la sixième fois, daigna se montrer au peuple de la capitale (404). Des jeux splendides furent donnés. Tandis que le poète païen Claudien, chantre officiel de Stilicon, applaudissait à ce spectacle, le poète chrétien Prudence protesta contre les combats de gladiateurs et porta le coup de grâce à cette cruelle institution qui disparut. Le héros de ces fêtes, Stilicon, était alors à l'apogée de sa puissance il avait épousé Sérène, nièce et fille adoptive de Théodose; sa fille aînée, Marie, fut la femme d'Honorius; ses succès militaires le faisaient considérer comme le pilier de l'État. C'était en outre un esprit cultivé et ami des lettres; ce fils de Vandale affectait même une admiration enthousiaste pour les antiques héros de la Rome républicaine. Sa grandeur lui fit de nombreux ennemis; le plus à craindre était l'empereur, qui le subissait, mais ne l'aimait pas et s'effaçait à regret devant son génie. Apprenant que de nombreux Barbares s'approchaient de l'Italie, Honorius abandonna la ville éternelle et se réfugia derrière les marais et les murailles de Ravenne, qui fut désormais la vraie capitale de l'Occident. La nouvelle émigration
armée qui soulevait de si lâches terreurs avait été
sans doute causée par les progrès des Huns
dans la vallée du Danube. Elle comprenait une multitude confuse
d'hommes, de femmes, d'enfants. Quatre cent mille d'entre eux, conduits
par Radagaise, Goth
de naissance et païen farouche, pénétrèrent sans
peine en Italie; Radagaise avait juré de sacrifier à ses
dieux tout le sang romain. Enveloppé par Stilicon au-dessus de Florence,
près de Fiesole, il capitula, fut jeté en prison et décapité
peu après. Ce qui survivait de ses partisans posa les armes et fut
vendu à vil prix (405).
Aussi quand, après la mort d'Arcadius (1er mai 408), un enfant de sept ans, Théodose II, monta sur le trône d'Orient, Stilicon pensa-t-il pouvoir aller jouer à Constantinople un rôle plus facile. Pour cela il fit alliance avec Alaric : en lui promettant 4000 livres pesant d'or et la préfecture d'lllyrie, il s'assura au moins de sa neutralité. « Ce n'est pas là une paix », s'écria Lampadius devant le Sénat, « c'est un pacte pour la servitude-». Honorius, circonvenu par les ennemis de Stilicon, autorisa un complot contre la vie de son beau-père, du sauveur de Rome. Stilicon, attiré à Ravenne, fut déclaré traître et brigand public, puis massacré (23 août 408). Son fils subit peu après le même sort. Honorius décréta que tout emploi civil ou militaire serait désormais confié seulement à des chrétiens et à des Romains. C'étaient les représailles de l'Empire sur la Barbarie; la Barbarie fut vengée par Alaric. Alaric, en effet, réclama d'abord l'exécution du traité conclu avec Stilicon et, comme on refusa, il alla bloquer Rome. Des envoyés du Sénat essayèrent de l'intimider : « La population », dirent-ils, « est nombreuse et décidée à se défendre. » - « Tant mieux-», répliqua le Barbare, « plus le foin est dru, plus on le coupe aisément. »Il fallut en passer par ses conditions : la ville promit de lui livrer 3000 livres d'or, 30,000 livres d'argent, 4000 tuniques de soie, 3000 toisons teintes de pourpre, 3000 livres d'épices. Pour payer, le Sénat fit fondre les statues des temples; on n'épargna pas même celle du Courage militaire! Le premier versement opéré, Alaric se retira en Etrurie. L'empereur, qui n'avait rien fait pour prévenir cette capitulation, refusa de la ratifier. Alaric revint alors vers Rome, qui cette fois résista vaillamment et ne fut prise que par trahison (24 août 410.) Pendant trois jours elle fut livrée au pillage ; la soeur d'Honorius, la belle Galla Placidia, tomba entre les mains du vainqueur. Les historiens postérieurs ont peint des couleurs les plus sombres les ruines faites à Rome dans ces tristes journées. Ils ont été jusqu'à prêter au roi victorieux leurs propres terreurs. Frappé d'une crainte superstitieuse, Alaric, dit-on, s'enfuit soudain de la ville détruite; en réalité il courait à d'autres aventures : la Campanie, la Lucanie furent ravagées. A Reggio, il prépara une flotte considérable pour aller conquérir la Sicile et sans doute aussi l'Afrique, les deux greniers de Rome; cette flotte fut brisée par la tempête dans le détroit de Messine. Alaric mourut peu après dans une petite villa de Lucanie, à Consentia (Cosenza); la maladie et le chagrin l'avaient terrassé. Ses guerriers l'ensevelirent avec ses armes et un riche trésor dans le Busento détourné de son lit; le travail terminé, les esclaves qui avaient creusé le tombeau furent égorgés, puis le ruisseau fut rendu à son cours naturel. Ainsi mourut à la fleur de l'âge le premier des grands chefs barbares qui ébranlèrent l'empire romain, le « ravisseur de Rome ». Les contemporains,
étonnés de ces tragiques événements, en demandèrent
à leurs docteurs l'explication. L'illustre évêque de
Bône, Saint Augustin,
à d'autres moments mieux inspiré, la donna : Alaric n'était
entré à Rome que pour faire la guerre aux idoles; c'était
l'instrument avec lequel Dieu châtiait les païens; quant aux
chrétiens qui avaient souffert, c'est Dieu qui l'avait ainsi voulu!
Statue d'Ataulf, place d'Orient à Madrid (par Felipe Castro, vers 1750). Alaric mort, son beau-frère Ataulf (Ataulphe) fut élu roi. C'était un homme brave, habile et prudent. Il s'empressa d'évacuer l'Italie méridionale et passa en Gaule. Là il épousa sa prisonnière Galla Placidia, soeur d'Honorius, et donna la pourpre à une ancienne créature d'Alaric, nommée Attale. C'est au nom de cet empereur de théâtre qu'il entreprit de reprendre l'Espagne aux Suèves, aux Alains et aux Vandales qui l'avaient envahie en 406. Il s'empara de Barcelone, et fit, pendant trois ans, une guerre acharnée aux Vandales, puis tomba sous le poignard d'un assassin (415). Sa mort changea tout : Wallia, qui lui succéda (416) après un court et sanglant interrègne, traita avec Honorius. Il lui livra le malheureux Attale, mit en liberté Placidia, qui épousa un général d'Honorius, Constance, attaqua les Alains dont il eut facilement raison, pénétra jusqu'en Bétique; puis tout à coup, en 418, il repassa les Pyrénées et alla s'établir dans la seconde Aquitaine, « la perle de la Gaule » que les Romains lui cédèrent. Ce territoire, qui s'étendait de Toulouse à Poitiers et à l'Océan Atlantique, et qui forma le royaume de Toulouse que les Wisigoths terminèrent leurs migrations (418). Dès lors, les Wisigoths restèrent fidèles alliés de l'Empire romain : leur roi Théodoric combattit à côté d'Aétius dans la bataille des Champs Catalauniques (451). En 507, Clovis détruisit, après la bataille de Vouillé, le royaume wisigothique de Toulouse. En 531,
le roi franc, Childebert, conquit la Septimanie.
Toutefois, les Wisigoths gardèrent longtemps l'Espagne,
dont la conquête, commencée par Ataulphe
(Artaulf), avait été poursuivie par Vallia (Walia), Théodoric
Ier (mort en 451),
Théodoric II (mort en 466)
et Euric (Eurik Ier)
(466-484).Ce
dernier, après avoir fini de soumette l'Espagne, étendit
sa domination en Gaule jusqu'à la Loire
et transmit à son fils Alaric Il un vaste
empire sur les deux versants des Pyrénées avec Toulouse pour
capitale. Le gouvernement de ces rois fut d'ailleurs généralement
doux et habile. Pour gagner les Romains, Alaric II fit rédiger en
506 un
abrégé (Breviarium), des lois recueillies par ordre
de l'empereur Théodose Il.
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