| Le règne de Philippe Il avait encore quelque grandeur (L'Espagne pendant la Renaissance); celui de Philippe III (1598-1621) ne nous montre que des entreprises insignifiantes. Le roi est dominé par le duc de Lerme; ses armées en Flandre sont battues, et il lui faut signer la trêve de La Haye avec les rebelles (1609) ses flottes sont défaites par celles de l'Angleterre, et n'obtiennent que de maigres succès contre quelques corsaires; son intervention dans les affaires de la succession de Mantoue (1611-1617), dans la guerre de Trente Ans (1620) est peu efficace. Deux faits seulement ont quelque importance : à l'intérieur, l'expulsion des Morisques (1609-1610), qui prive l'Espagne de 300 000 ou peut-être de 1 million de ses habitants les plus laborieux ; au dehors, l'union des familles régnantes de France et d'Espagne par le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche et d'Isabelle de France avec le prince des Asturies. Celui-ci, roi sous le nom de Philippe IV, était plus occupé d'écrire des comédies que de son devoir de roi; il laissa tout le pouvoir au comte-duc d'Olivarès, et son long règne (1621-1665) n'est marqué que par les derniers efforts de l'armée espagnole pour soutenir son vieux renom de bravoure. La guerre est partout en Europe, en Valteline, dans les Pays-Bas, en Allemagne; des généraux comme Spinola, Picolomini, le comte de Fuentes, don Juan d'Autriche et même le Français Condé, soutiennent l'honneur des armes espagnoles, mais ne relèvent pas la situation politique de ce pays. La Catalogne (1640-1656), la Sicile (1646-1647), Naples (1648), se soulèvent à l'instigation de la politique française et ne peuvent qu'avec peine être soumises; le Portugal fait de même en 1640, et commence une longue lutte qui doit se terminer par sa séparation d'avec l'Espagne. En apprenant la défaite de ses armées par les Portugais à Villaviciosa, en 1665, Philippe IV fut, dit-on, frappé à mort. Le faible successeur de Philippe IV, Charles II, n'avait que quatre ans; sa mère, chargée de la régence, femme médiocre, se laissa gouverner par le jésuiteNithard, et des intrigues de palais, des expédients pour avoir l'argent nécessaire à l'État sont tout ce qui marque à l'intérieur ce règne sans éclat. Louis XIV profite de la circonstance pour dépouiller l'Espagne de ses plus belles provinces extérieures; il lui enlève une partie de la Flandre par la guerre dite du Droit de dévolution, puis la Franche-Comté, dans la guerre dite de Hollande; il lui restitua toutefois, par le traité de Ryswick, la Catalogne qu'il avait occupée. Il attendait mieux; il attendait pour un prince de sa famille la couronne même d'Espagne. En effet, le faible Charles II, arrivé à sa majorité, comme on l'a dit, avait abandonné l'autorité au jésuite Nithard, puis, devant le mécontentement général en 1677, à don Juan d'Autriche, puis en 1679 à Eguia, et enfin au duc de Medina Celi. De ses deux mariages, il n'avait pas eu d'enfant; sa santé faible faisait dès 1696 prévoir sa mort prochaine, et les familles d'Autriche et de France se préparaient à recueillir son héritage. Il y eut, du vivant même du roi, des manoeuvres ouvertes dans ce but, et la France, l'Autriche, la Bavière, qui par des alliances de famille avaient des droits, avaient chacune leurs partisans. Charles II voulut disposer lui même de son trône ; mais un testament qu'il avait fait en faveur du prince de Bavière devint caduc par la mort du bénéficiaire (1699), il défit lui-même un second, et enfin dans ses derniers jours il en fit un troisième en faveur de Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV (L'Espagne au XVIIIe siècle). (G. Pawlowski). | |