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Narbonne
Narbonne, Narbo ou Narbo Martius, dite aussi Julia Paterna, Colonia Decumanorum, est une ville de France, dans le département de l'Aude. Elle se , sur la Robine de Narbonne, dérivation de l'Aude (qui communique à la mer Méditerranée par l'étang de Sigean), à 58 kilomètres à l'Est de Carcassonne. Ville natale de Varron

Histoire.
Avant la conquête romaine, Narbo était la capitale des Volces Tectosages; elle semble devoir son nom aux Phéniciens qui en auraient fondé le port. Après la conquête romaine de la partie de la Gaule celtique comprise entre les Alpes, les Cévennes, les Pyrénées et la Méditerranée (118 av. J.-C.), les Romains y établirent une colonie romaine (Julia Paterna, Colonia Decumanorum) et un peu plus tard, sous le nom de Narbo Martius, elle devint la métropole de la nouvelle province romaine qui en tira son nom. Ce fut la principale place d'armes des Romains en Gaule jusqu'au temps d'Auguste

Sous la domination romaine la ville devint rapidement un centre industriel et commercial considérable dont les nombreux vestiges antiques subsistant encore attestent la splendeur. Narbonne était alors une ville maritime, mais le golfe au fond duquel elle se trouvait tendait sans cesse à s'ensabler; pour y remédier, les Romains dérivèrent un bras de l'Aude qui, jusqu'au XIVe siècle, suffit à maintenir le port ouvert. Auguste tint à Narbonne une assemblée générale des provinces des Gaules

Le christianisme y fut prêché par Sergius Paulus dont la légende a fait un filleul et un disciple direct de l'apôtre saint Paul, mais qui en réalité a dû vivre seulement au IIIe siècle. 

En 413, Narbonne fut prise une première fois par les Wisigoths et retomba bientôt au pouvoir des Romains, mais en 462 les Wisigoths s'en rendirent maîtres de nouveau et la conservèrent plus de deux siècles. Les rois y établirent leur résidence et, après la bataille de Vouillé, Narbonne fut la capitale de leurs Etats. Les Sarrasins la leur enlevèrent en 719; attaqués par les Francs, ils résistèrent longtemps; Pépin le Bref cependant réussit en 759 à s'emparer définitivement de la place. 

Sous les Carolingiens, Narbonne devint la capitale du marquisat de Gothie; puis, lors de la formation de la féodalité, elle se trouva divisée en trois parties : la cité sous la domination de l'archevêque ; les bourgs gouvernés par des vicomtes, d'abord lieutenants du marquis de Gothie et qui devinrent plus tard seigneurs héréditaires; enfin la Villeneuve qui fut le quartier des Juifs; ils y élevèrent des synagogues, y ouvrirent des écoles fameuses dont le maître le plus illustre fut au XIIe siècle le rabbin Moïse Khimkhi, et s'y maintinrent jusqu'au début du XIVe siècle, époque où ils furent chassés par les ordonnances de Philippe le Bel

La prospérité commerciale de Narbonne se maintint jusqu'à l'époque de la guerre des Albigeois; elle entretonait des relations suivies avec le Levant et avec les républiques de l'Italie. Bien qu'elle ait échappé aux fureurs des croisés, sa décadence commença cependant à cette époque. Le légat Arnaud-Amaury, élu archevêque en 1212, voulut réunir la vicomté à la seigneurie de la cité et prit le titre de vicomte de Narbonne, qui lui fut disputé par Simon de Montfort qui en reçut l'investiture de Philippe-Auguste en 1216, en même temps que de celui de comte de Toulouse

Après la mort de Simon de Montfort, la ville fit retour à ses vicomtes, mais ne retrouva plus sa prospérité antérieure; le départ des Juifs, puis, en 1320, la rupture d'une digue qui fit reprendre son cours au bras de l'Aude dérivé par les Romains, activèrent la décadence. Le port ne tarda pas à s'ensabler, et Narbonne, cessant d'être une ville maritime, vit dépérir son commerce et son industrie. 

La ville passa au XVe siècle dans la maison des comtes de Foix. Gaston, comte de Foix, l'échangea avec Louis XII en 1507 contre le duché de Nemours, et resta ensuite réunie à la couronne.. En 1642, Louis XIII et Richelieu, qui se trouvaient à Narbonne durant le siège de Perpignan, y firent arrêter Cinq-Mars au moment où il se disposait à quitter la ville.

Conciles de Narbonne. 
Les grandes Collections et la Gallia christiana indiquent trente conciles tenus dans cette ville : quelques-uns d'authenticité douteuse, beaucoup concernant seulement des faits qui n'avaient d'importance que pour les contemporains. Nous ne mentionnerons que ceux qui présentent quelque intérêt pour l'histoire générale de l'Église. — 589. Concile convoqué par Récared, roi des Wisigoths : huit évêques, quinze canons. I. Défense aux clercs de porter des habits de pourpre, ces habits marquant la vanité du siècle, plutôt que la dignité ecclésiastique. VIII. Défense aux juifs de chanter à l'enterrement de leurs morts. XI. Défense aux évêques d'ordonner un prêtre ou un diacre ne sachant pas lire. XIV. Excommunication et amende contre ceux qui reçoivent des devins dans leurs maisons. Après avoir été fustigés, les devins seront vendus comme esclaves. XV. Défense de chômer le jeudi, parce que ce jour était consacré à Jupiter. — 1227. Vingt canons. I. Les biens de ceux qui demeureront dans l'excommunication plus d'un an seront mis sous séquestre. II, III, IV, contre les juifs : Ils devront porter sur la poitrine une figure représentant une roue. Le VIIe ordonne d'écrire le nom de ceux qui se confessent. Toute personne âgée de quatorze ans, qui n'ira pas à confesse chaque année, sera privée de l'entrée de l'église pendant sa vie et de sépulture ecclésiastique après sa mort. XIV. Les évêques établiront dans toutes les paroisses des témoins synodaux pour s'enquérir de l'hérésie et en faire leur rapport. Fleury considère cette ordonnance comme établissant l'inquisition. XV. Les seigneurs et gouverneurs, barons et juges chasseront les hérétiques. XVI. Les hérétiques et ceux qui sont suspects d'hérésie seront privés de toute charge et office public. — 1235 (?). Concile où se réunirent les archevêques de Narbonne, d'Arles et d'Aix et leurs suffragants. Ils y firent un règlement en vingt-neuf articles, adressé aux inquisiteurs de leurs provinces et édictant des mesures très rigoureuses contre les hérétiques et leurs fauteurs. — 1551. Pour protester centre les doctrines des réformateurs, on condamna comme hérétiques tous ceux qui s'écarteraient de l'enseignement. de l'Eglise; puis on publia soixante-quatre canons pour la réforme des moeurs. Ces canons devaient être soumis au jugement de la cour de Rome. — 1609. Règlements sur la discipline et la réforme des moeurs; ils furent approuvés par la Congrégation des Cardinaux le
27 nov. 1611.

Monuments.
Antiquité. 
Des nombreux monuments antiques qui ont existé à Narbonne il ne subsiste plus aujourd'hui que des débris. Le cardinal Briçonnet, en élevant au commencement du XVIe siècle les fortifications de la cité, y avait fait encastrer un nombre considérable de pierres sculptées ou écrites provenant de ces anciens monuments. Les remparts ont été démolis en 1872 et les matériaux antiques ont été recueillis dans l'église de Lamourguier. D'autres inscriptions, et en particulier celle de l'autel de Rome et d'Auguste, érigé sur le forum de Narbonne en l'an 11 ap. J.-C., sont conservées au musée d'archéologie établi en 1833 dans l'ancien palais archiépiscopal.

Moyen âge.
La cathédrale de Narbonne, aujourd'hui église paroissiale de Saint-Just (mon. hist.), est un vaste édifice gothique commencé en 1272 et dont le choeur était seul construit au milieu du XVe siècle; deux tours carrées massives furent élevées dans la seconde moitié du XVe siècle des deux côtés du choeur, flanquant les murs qui devaient limiter les bras du transept, mais celui-ci demeura inachevé. Au début du XVIIIe siècle, l'archevêque de la Berchère fit commencer une nef de style gothique, mais dont les assises seules furent construites. Telle qu'elle est réduite au choeur seul, l'église est longue de 55 m et haute, sous voûte, de 40; elle est entourée de chapelles de diverses époques, et percée de fenêtres relativement étroites. L'extérieur de l'édifice présente un aspect très particulier par suite de la disposition en vue de la défense de son armature de piliers et d'arcs-boutants : les piliers butants élevés en forme de tourelle sont reliés par des arcades crénelées destinées à former chemin de ronde qui se rattachent aux tours du chevet et au palais fortifié des archevêques. Saint-Just a conservé plusieurs mausolées de ses archevêques, dont le plus remarquable est celui du cardinal Briçonnet; elle conserve en outre de belles pièces de mobilier religieux, une tapisserie, quelques statues, quelques toiles intéressantes, un riche trésor où se trouvent notamment quelques très anciens manuscrits. A côté de la sacristie se trouve une salle capitulaire du XVe siècle; le cloître (mon. hist.) du XVe siècle sépare la cathédrale de l'ancien palais archiépiscopal, forteresse dont quelques parties remontent à l'époque romane, une tour notamment et une chapelle doivent dater de la fin du XIe siècle; une autre tour date de la fin du XIIIe siècle; les deux tours principales ont été construites l'une en 1318, l'autre en 1374; les bâtiments d'habitation avaient été reconstruits ou du moins profondément remaniés au XVIIe et au XVIIe siècle; dans une salle du XVe siècle est un curieux lavabo de la dernière époque gothique. Le palais archiépiscopal contient le musée d'art et d'archéologie.

L'église Saint-Paul-Serge est une construction de diverses époques : une nef romane du XIIe siècle, remaniée et restaurée au XIIIe et au XVe, un choeur gothique commencé en 1229; deux tours, dont l'une inachevée, flanquent la nef; leurs soubassements sont romans; le couronnement de la tour de gauche est du XVIIe siècle. Comme la cathédrale, l'église Saint-Paul-Serge était fortifiée. 

L'église Saint-Sébastien est un édifice gothique du XVe siècle. 

L'église de Lamourguier, qui dépendait d'une abbaye bénédictine fondée au XIe siècle, est un édifice romano-gothique; elle est aujourd'hui désaffectée. Les anciens bâtiments de l'abbaye appartiennent aux XIIIe, XIVe et XVIIIe siècles.

Epoque moderne.
Le seul monument moderne de Narbonne qui mérite d'être signalé est l'hôtel de ville, construit par Viollet-le-Duc en style gothique du XIIIe siècle et qui s'élève entre les deux tours principales de l'ancien palais archiépiscopal. (GE).

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Dictionnaire Villes et monuments
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