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L'histoire de l'Amérique
Amérique autochtone
Amérique précolombienne
Les Indiens d'Amérique du Nord
Les Indiens du Sud-Ouest
    Pueblos, Apaches et navajos
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Les Indiens de Mésoamérique
Olmèques, Mayas, Toltèques
Zapotèques, Aztèques
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Les Indiens d'Amérique du Sud
Les cultures andines
    Nazca, Tiwanaku, Incas
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Amérique du Nord
Canada
États-Unis
Mexique

Groenland
St-Pierre et Miquelon*
Bermudes

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Amérique centrale
Guatemala
Salvador
Nicaragua
Costa Rica
Honduras
Belize
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Antilles
Cuba
Haïti
Les flibustiers
Guadeloupe
Martinique

[Pour les autres îles , cf. géographie des Antilles*]

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Amérique du Sud
La bordure nord
Colombie
Panama
Canal de Panama
Venezuela

Guyane française
Guyana
Suriname

Le Brésil

Les Andes centrales
Équateur
Pérou
Bolivie

Le Cône sud
Uruguay
Paraguay
Chili
Argentine

Malouines*

L'Amérique précolombienne

Les premiers habitants de l'Amérique sont arrivés via la Béringie, une terre autrefois émergée (à l'emplacement de l'actuel détroit de Béring) reliant la Sibérie à l'Alaska, il y a environ 15 000 à 20 000 ans, pendant la dernière période glaciaire.  Ces premiers groupes, appelés Paléoindiens, étaient des chasseurs-cueilleurs nomades. Au fil du temps, ils se sont dispersés à travers le continent. Parmi les premiers sites archéologiques, on trouve celui de Monte Verde au Chili, qui date d'environ 14.500 ans, montrant une occupation humaine précoce dans le sud du continent. Cette dispersion a donné naissance à une grande diversité linguistique, culturelle et sociale.

Les premières cultures amérindiennes reposaient sur la chasse de gros gibier, comme les mammouths et les bisons, ainsi que sur la cueillette de plantes sauvages. La culture Clovis, célèbre pour ses pointes de projectile en pierre, est un exemple précoce (env. 9500 - 8000 av. J.-C.) de ce mode de vie. Environ vers 3000 av. J.-C., certaines populations d'Amérique centrale et des Andes ont commencé à pratiquer l'agriculture. Des plantes comme le maïs, le haricot et le manioc ont été domestiquées, conduisant au développement de sociétés plus sédentaires et à la première sédentarisation.

En Mésoamérique (qui comprend le Mexique actuel et l'Amérique centrale), des civilisations avancées ont émergé, dont les Olmèques, les Mayas, les Aztèques et les Toltèques. Ces sociétés ont développé des systèmes d'écriture, des calendriers précis, des mathématiques avancées et des pratiques religieuses complexes impliquant des sacrifices humains. Dans la région andine, en Amérique du Sud, les civilisations comme les Chavín, les Mochicas, les Nazcas et les Incas ont également atteint un haut niveau de développement. D'autres populations, comme les tribus des Grandes Plaines en Amérique du Nord, vivaient de manière plus nomade. Les peuples des Andes développaient des systèmes d'agriculture en terrasses, tandis que ceux des forêts tropicales utilisaient des méthodes de culture itinérantes.

Les systèmes de croyances variaient également, avec de nombreuses cultures pratiquant des formes de polythéisme, souvent centrées sur le culte de la nature et des ancêtres. Les rites et les cérémonies, parfois incluant des sacrifices humains, jouaient un rôle central dans la vie religieuse.

À mesure que les groupes humains se sédentarisent, ils développent l'agriculture dans des zones fertiles. En Mésoamérique (région englobant le Mexique actuel et l'Amérique centrale) et dans les Andes, les populations commencent à domestiquer des plantes comme le maïs, le manioc, la pomme de terre, le quinoa, et à élever des animaux tels que les camélidés (lamas, alpagas). Cette transition vers l'agriculture a permis l'émergence de premières sociétés plus organisées et a posé les bases des grandes civilisations ultérieures.

Amérique du Nord.
En Amérique du Nord, plusieurs cultures ont émergé avant l'arrivée des Européens, parmi lesquelles :

Les Anasazis.
Dans le sud-ouest de ce qui est aujourd'hui les États-Unis, les Anasazis (env. 200 av. JC - 1300 ap. JC), prédécesseurs de certains des actuels Pueblos, ont construit des villes en pierre et en adobe dans des falaises et des plaines désertiques, avec des systèmes d'irrigation sophistiqués.

Les Mound Builders.
Dans le Midwest et le Sud des États-Unis, les populations comme les Hopewell et les Mississipiens  (env. 1000 av. JC. - 1500 ap. JC)  ont construit de grands monticules de terre  (mounds) servant à des fins religieuses, cérémonielles et sociales, comme à Cahokia.

Les Iroquois.
Dans le nord-est, une confédération de tribus appelée la Ligue des Iroquois a développé une structure politique avancée avec un système de gouvernance démocratique.

Les Inuits et les populations de l'Arctique.
Les Inuits et d'autres populations des régions arctiques ont développé des techniques de survie extrêmes pour faire face au froid polaire, parmi lesquelles la construction d'igloos et la chasse aux mammifères marins.

Amérique centrale et Mésoamérique.
L'Amérique centrale et la Mésoamérique ont aussi vu l'émergence de plusieurs grandes civilisations :

Les Olmèques.
Considérés comme la première grande civilisation de la Mésoamérique, Les Olmèques (env. 1500 - 400 av. JC)  ont influencé de nombreuses cultures ultérieures avec leur art, leur architecture et leurs systèmes de croyances. Ils se sont développés le long de la côte du golfe du Mexique et sont célèbres pour leurs sculptures monumentales de têtes en pierre.

Les Mayas.
Les Mayas (env. 2000 av. JC. - 1500 ap. JC) , impantés au Sud du Mexique actuel au Guatemala, au Belize et au Honduras,, se sont distingués pour leur écriture hiéroglyphique, leurs avancées en astronomie et en mathématiques, ainsi que par leurs cités-états indépendantes comme Tikal et Palenque

Les Zapotèques.
Située dans l'actuel Oaxaca, la civilisation zapotèque (env. 700 av. JC. - 1521 ap. JC) a laissé des traces architecturales majeures comme le site de Monte Albán et a développé un système d'écriture.

Teotihuacán.
Située dans la vallée de Mexico, la ville de Teotihuacan (env. 100 av. JC. - 650 ap. JC)était un centre cosmopolite et un carrefour commercial. Elle était connue pour ses pyramides imposantes, notamment la Pyramide du Soleil et de la Lune.

Les Aztèques.
Fondant leur empire (env. 1345 - 1521 ap. J.-C.) à Tenochtitlán (aujourd'hui Mexico), les Aztèques ont construit une société hautement militarisée et religieuse avec des sacrifices humains rituels. Leur vaste empire était basé sur le tribut et la conquête. Leur organisation sociale et leurs innovations en ingénierie (notamment les chinampas, jardins flottants pour l'agriculture) étaient impressionnantes.

Amérique du Sud.
C'est dans la région andine que se sont constituées les principales cultures d'Amérique du Sud. Parmi les plus notables, on mentionnera :

La culture Caral.
Située dans la vallée de Supe au Pérou, Caral  (env. 3000 av. JC) est l'une des plus anciennes civilisations des Amériques, avec une organisation urbaine et des structures en pierre monumentales.

La culture Chavín.
Centrée dans les Andes péruviennes, la culture Chavín (env. 900 - 200 av. JC) a influencé l'iconographie et la religion de nombreuses cultures andines ultérieures. Son centre, Chavín de Huántar, présente des sculptures et des structures complexes.

La culture Nazca.
La culture Nazca  (env. 200 av. J.-C. - 600 ap. JC) , dans le sud du Pérou actuel, est connue pour ses géoglyphes géants (les lignes de Nazca) et ses techniques d'irrigation souterraine.

La culture Mochica.
Les Moches ou Mochicas (env. 100 - 700 ap. JC), au nord du Pérou, ont créé des oeuvres d'art remarquables en céramique, des tombes royales somptueuses et des pyramides en adobe comme la Huaca de la Luna.

Les cultures Tiwanaku et Huari.
Située autour du lac Titicaca, la culture de Tiwanaku (env. 500 - 1000 ap. JC) a eu une influence majeure dans la région andine. La culture Huari (Wari), dans les hauts plateaux du Pérou, a introduit des systèmes d'irrigation et des techniques de terrasses agricoles.

L'Empire inca.
Les Incas (env. 1438 - 1533 ap. JC) ont créé, s'étendant de la Colombie au Chili, le plus grand empire des Amériques. Leurs infrastructures, comprenant le réseau de routes Qhapaq Ñan, l'agriculture en terrasses et les constructions en pierre à Cuzco et Machu Picchu, montrent une maîtrise unique de l'architecture et de l'administration.

Histoire de l'Amérique depuis l'arrivée des Européens

L'Amérique du Nord et l'Amérique centrale.
L'histoire de l'Amérique du Nord n'a pas d'unité avant le milieu du XVIIIe siècle. Les différents essais de colonisation au Canada, à la Nouvelle-Angleterre et dans les Antilles, rentrent, à proprement parler, dans l'histoire des régions où ils ont été tentés. Chaque peuple y apporte son génie propre et se préserve le plus possible du contact de ses voisins. Après la guerre de Sept Ans et la perte du Canada (1763), l'Angleterre est un instant maîtresse de toute la côte de l'Atlantique; mais la guerre d'indépendance des États-Unis rompt de nouveau l'unité. Depuis cette époque, l'influence prépondérante de l'Union n'a fait que s'accroître et c'est dans l'histoire des Etats-Unis qu'il faut chercher le lien des questions internationales intéressant l'Amérique du Nord. Nous renvoyons donc le lecteur pour les détails aux articles Canada, Antilles, Mexique, etc., pour l'ensemble à aux pages consécrées à l'histoire des Etats-Unis, nous bornant ici à donner les indications essentielles. 

Dès la fin du XVIe siècle, nous trouvons dans l'Amérique du Nord des établissements espagnols, anglais et français. Les Espagnols occupent le pourtour et les îles du golfe du Mexique, les Anglais quelques points de la côte de l'Atlantique, les Français l'estuaire du Saint-Laurent. Au XVIIe siècle ces deux derniers peuples étendent leurs possessions ; ils prennent pied aux Antilles, ou la moitié d'Haïti et la Jamaïque sont enlevées aux Espagnols; en même temps les Anglais s'étendent sur la côte de l'Atlantique et jusqu'au pied des Alleghanies, et les Français pénètrent dans le bassin du Mississippi
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Conquistadores.
Conquistadores espagnols.
Gouache de Graham Coton (début du XXe s.).

Toutefois, les possessions de la zone tropicale sont encore considérées comme les plus importantes, le centre de gravité est toujours dans le golfe du Mexique. Au XVIIIe siècle, les Danois réoccupent le Groenland, les Français sont éliminés du Canada. A la fin du XVIIIe siècle et dans les premières années du XIXe, se produit le fait capital de l'émancipation; il y a désormais des nations américaines, les Etats-Unis, le Mexique, les républiques de l'Amérique centrale et d'Haïti. Les querelles de la plus puissante, celle des Etats-Unis, avec l'Angleterre et le Mexique, ses agrandissements à leurs dépens, les expéditions françaises à Saint-Domingue et au Mexique sont les faits principaux de l'histoire politique de l'Amérique du Nord entre l'émancipation et le début du XXe siècle.

L'Amérique du Nord depuis 1900.
Au cours du XXe siècle, le Canada a connu des transformations économiques majeures, passant d'une économie largement agricole à une économie industrialisée, avec des développements importants dans les secteurs de l'énergie, de l'automobile et des ressources naturelles. Le paysl a joué un rôle important lors des deux guerres mondiales, contribuant significativement aux efforts alliés et gagnant une reconnaissance internationale pour ses contributions militaires. Par le Statut de Westminster en 1931 et l'adoption de sa propre constitution en 1982, il a aussi progressivement acquis une plus grande autonomie vis-à-vis du Royaume-Uni au cours du XXe siècle. Les questions relatives aux droits des peuples autochtones ont été au centre des débats politiques et sociaux, avec des efforts croissants pour réconcilier les relations et reconnaître les droits ancestraux.

La Grande Dépression, au cours des années 1930 a eu des conséquences dévastatrices sur l'économie des Etats-Unis, conduisant à des réformes importantes (le New Deal) sous la présidence de Franklin D. Roosevelt.  Les États-Unis sont intervenus dans les deux guerres mondiales et ont émergé comme une superpuissance mondiale après 1945, jouant un rôle dominant dans la politique internationale et la Guerre froide. Ils ont aussi ont été le théâtre de luttes importantes pour les droits civiques des Afro-Américains, culminant avec l'adoption de lois clés telles que le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965. Tout au long du siècle et jusqu'à nos jours, les États-Unis n'ont cessé d'être à l'avant-garde de l'innovation technologique, avec des développements majeurs dans les domaines de l'informatique, des télécommunications, de l'aérospatiale et de l'internet, contribuant à leur économie et à leur influence mondiale.

La révolution mexicaine (1910-1920) a entraîné des changements politiques et sociaux importants au Mexique. Elle a débouché en particulier sur une réforme agraire, mais aussi sur la consolidation du pouvoir politique par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a tenu les rênes du pays jusqu'en 2000. Le Mexique a connu une industrialisation rapide et une urbanisation croissante, transformant son économie agraire en une économie plus diversifiée, avec un secteur manufacturier en expansion.  Les relations entre le Mexique et les États-Unis ont souvent été marquées par des tensions et des coopérations, en particulier autour des questions migratoires, du commerce et de la sécurité frontalière.

L'Amérique centrale et les Antilles depuis 1900.
Plusieurs pays d'Amérique centrale ont été le théâtre de conflits internes et de guerres civiles tout au long du XXe siècle, notamment au Guatemala, au Salvador et au Nicaragua, souvent liés à des inégalités sociales et politiques profondes. Dans les années 1980 et 1990, plusieurs pays ont conclu des accords de paix qui ont mis fin aux conflits armés internes, ouvrant la voie à des processus de reconstruction post-conflit et à des réformes politiques. L'émigration vers les États-Unis et d'autres pays voisins a été une caractéristique importante de l'histoire récente de l'Amérique centrale, influençant à la fois les économies locales et les dynamiques sociales dans la région.

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses îles des Antilles ont obtenu leur indépendance des puissances coloniales européennes, comme Haïti, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, la Barbade, etc. La révolution cubaine dirigée par Fidel Castro a renversé le régime dictatorial de Fulgencio Batista, a marqué le début d'un régime communiste à Cuba, un événement qui a eu des répercussions majeures sur la politique régionale et les relations internationales, en particulier avec les États-Unis.

Comme aux États-Unis, plusieurs îles des Antilles ont connu des mouvements pour les droits civils et l'émancipation politique, luttant contre l'injustice sociale et la discrimination raciale. La promotion et la préservation des cultures créoles et autochtones ont également été des préoccupations constantes, avec des efforts pour protéger le patrimoine culturel tout en s'adaptant aux influences globales modernes.

Le tourisme est devenu un secteur économique clé dans de nombreuses îles, apportant à la fois des avantages économiques et des défis environnementaux et sociaux. Par ailleurs, les Antilles ont souvent été touchées par des ouragans dévastateurs et d'autres catastrophes naturelles, ce qui souligne la vulnérabilité de ces  îles face aux changements climatiques et aux événements météorologiques extrêmes.

L'Amérique du Sud.
Aussitôt après les premiers voyages de découverte, qui suivirent celui de Christophe Colomb en 1492, l'Amérique devint la proie des Conquistadores. Cortès s'empara du Mexique en faisant tomber l'empire Aztèque; Pizarro prit le Pérou et les régions avoisinantes en détruisant l'empire des Incas

Le temps des vices-rois. 
Après les decouvertes et les conquêtes, le Mexique et l'Amérique du Sud furent organisée par les rois d'Espagne en vice-royautés et en capitaineries générales. Les premières années de l'occupation et de Ia conquête offrent un spectacle atroce. Non seulement les Espagnols se ruent sur les Indiens et les exterminent avec des raffinements de cruauté; mais ils se déchirent les un; les autres. La politique des rois d'Espagne s'attache surtout à les mettre aux prises de manière à garder la souveraineté. On ne saurait atténuer l'horreur que fait éprouver la lecture des récits contemporains. La civilisation européenne fut implantée dans les nouvelles possessions espagnoles avec une barbarie inouïe et l'esclavage imposé aux Indiens et aux Noirs qu'on importa d'Afrique pour le travail des mines. Il est impossible d'évaluer, même approximativement, à combien de millions d'êtres humains l'établissement et la conservation du pouvoir espagnol sur l'Amérique du Sud ont coûté la vie. Car non seulement il faudrait pouvoir énumérer les multitudes d'Indiens que les Espagnols ont immolés par ambition, par cupidité, par fanatisme ou simplement pour le plaisir de tuer; il faudrait y ajouter la foule immense de ceux qui ont péri de misère au fond des mines, mais encore il faudrait savoir combien de Noirs ont été égorgés par les marchands d'esclaves de l'Afrique pour fournir de leur denrée humaine les marchés de Caracas ou de Lima. Le contre-coup sanglant des abominations de la conquête s'est fait sentir jusque dans des régions absolument inconnues des Espagnols et des Portugais; et loin de servir à la cause de la civilisation qu'ils revendiquaient, il semble, au premier abord, que les découvertes des Espagnols n'aient fait qu'exaspérer la barbarie du nouveau et du vieux monde.

Si toutefois on surmonte les impressions pénibles que causent tant d'actions infâmes et qu'on se place au point de vue historique, on remarquera que la couronne d'Espagne n'est pas aussi coupable que le répètent à l'envi les historiens qui reproduisent plus ou moins les théories et les jugements de l'Ecossais Robertson. L'Espagne, il est vrai, a traité les Indiens avec une dureté abominable, mais enfin le traitement imposé à ces malheureux n'était pas la proscription systématique dont nous trouvons tant d'exempies à des époques plus rapprochées de nous dans l'histoire des colonies anglaises. Il s'en faut d'ailleurs que le système politique appliqué aux colonies ait été créé de toutes pièces et qu'il ne se soit pas modifié, comme on le croit généralement, dans le cours d'environ trois siècles. Au contraire, nous constatons que pendant tout le XVIe siècle, Charles-Quint et Philippe Il ont, à plusieurs reprises, changé leur politique à l'égard des colonies sans se départir toutefois d'un principe général qui était la subordination complète du nouveau monde au point de vue politique et économique. Mais les subdivisions de cet immense empire furent remaniées à plusieurs reprises, les codes furent l'objet de plusieurs révisions, et de nombreuses tentatives furent faites pour établir l'ordre dans ce lointain chaos de peuples, de pays et de ressources. Malheureusement la plupart des écrivains n'ont pas tenu compte de ces bonnes volontés affaiblies par la distance; ils ont préféré rechercher le côté épisodique et anecdotique et, dans une matière trop riche à la vérité, recueillir les récits de nature à dramatiser l'histoire. 

On peut répartir en trois grandes subdivisions la période des vice-rois. La première correspond à peu près au XVIe siècle. C'est le moment de l'installation nation et du développement de la puissance espagnole. Philippe II réussit même à mettre la main sur le Brésil et à empêcher les Français de prendre pied dans l'Amérique du Sud. 

L'administration supérieure de cet immense empire a pour organe suprême le grand conseil des Indes siégeant à Madrid. Il correspond directement avec les gouverneurs et capitaines généraux. Le roi est représenté officiellement par le vice-roi résidant à Lima et auquel sont subordonnés tous les gouverneurs. Caracas ne devint le siège d'une vice-royauté qu'en 1718 et Buenos Aires en 1776. Une audience royale, composée de magistrats envoyés par la métropole, juge en dernier ressort les causes civiles et criminelles. A la tête de chaque province un corrégidor nommé par le roi d'Espagne est assisté d'un conseil de magistrature ou cabildo, composé de plusieurs membres perpétuels (regidores), d'un procureur, d'un alcade provincial, d'un justicier en chef et de deux alcades ou consuls.

L'organisation religieuse était calquée à peu près sur l'organisation administrative. Lima, la capitale, était le siège d'un tribunal du saint-office qui avait des ramifications dans les principales villes de l'Amérique du Sud. L'Eglise est enrichie par des dîmes prélevées sur tous les produits du sol. Le haut clergé est plus riche peut-être qu'en Europe, les ordres religieux pullulent et c'est parmi eux que la couronne choisit le plus souvent les hauts dignitaires le bas clergé est plongé dans l'ignorance et se recrute parmi les pires éléments de la colonisation. Enfin, des majorats se constituent au profit des favoris de la royauté.

La seconde subdivision s'étend de la mort de Philippe Il à la paix d'Utrecht (1698-1713). C'est une époque de paix et de prospérité relatives. L'Espagne ferme avec un soin jaloux aux autres nations européennes les portes de ses colonies. Elle s'applique à maintenir son autorité et à tirer des Indes les tributs dont elle a besoin pour soutenir en Europe les guerres incessantes contre la France. Les Indiens sont traités avec plus de douceur, le régime municipal s'établit hors des grandes villes; le monopole est fortement organisé. Porto-Bello est le seul port ouvert aux commerçants espagnols qui ont licence d'armer pour le Pérou. Leurs flottes se réunissent à la Havane avec celles qui viennent de la Veracruz, seul port de la Nouvelle-Espagne. Des règles minutieuses et une bonne foi absolue donnent à ce commerce une dignité que ne connaît plus la concurrence effrénée de notre temps.

 Â« Jamais on n'ouvre aucune balle de marchandises, et jamais on n'examine aucune caisse d'argent, dit un historien. On reçoit les uns et les autres, sur la déclaration verbale des personnes à qui ces effets appartiennent et on ne trouve qu'un seul exemple de fraude pendant tout le temps que ce commerce s'est fait avec cette noble confiance. Tout l'argent monnayé, parti du Pérou à Porto-Bello en 1654, se trouva altéré et mêlé d'une cinquième partie de mauvais métal. Les négociants espagnols, avec leur intégrité ordinaire, supportèrent la perte entière et indemnisèrent les étrangers qui les employaient. On découvrit la fraude et le trésorier des finances du Pérou, qui en était l'auteur, fut brûlé publiquement. » 
Mais ces richesses énormes que l'Espagne tirait de ses colonies tentèrent les nations étrangères. La contrebande s'organise et devient une des plaies de l'Amérique du Sud par la rigueur dont les gouverneurs usent pour les réprimer et dont sont victimes les navigateurs étrangers quels qu'ils soient. Colbert s'empare de la Guyane et le Brésil retourne au Portugal, la décadence s'annonce. 

Elle se précipite pendant le XVIIIe siècle. A la paix d'Utrecht l'Espagne est obligée d'accorder à l'Angleterre le monopole de la traite des esclaves, et, un peu plus tard, un vaisseau de permission qui se transforme en dock inépuisable de marchandises sans cesse renouvelée. En vain, pour faciliter la surveillance, le gouvernement royal relâche la centralisation excessive dont il s'était fait une règle jusque-là: il ne peut entraver la marche des deux causes de ruine du gouvernement colonial : le péril extérieur et le péril intérieur. Le péril extérieur a été exagéré par les historiens. Si vive que fût la jalousie de la Grande-Bretagne, si éclatantes qu'aient été ses pirateries, le mal fait aux colonies espagnoles par les attaques des Anglais s'est borné à peu de chose. La perte de quelques galions comptait à peine eu présence des richesses minérales de l'Amérique du Sud, et quelques bombardements, comme celui de Porto-Bello, par Vernon, n'atteignaient pas dans ses oeuvres vives la monarchie d'outre-mer. Le péril intérieur était plus grave. Il semble qu'au XVIIIe siècle la royauté espagnole ait abdiqué: les maximes de Charles-Quint et de Philippe Il sont abandonnées. Les Bourbons laissent le clergé empiéter sur la couronne. Les jésuites créent un état théocratique sur les bords du Paraguay et la guerre que le gouvernement métropolitain est obligé de leur faire ébranle profondément le système colonial lui-même en sapant un de ses principes. Le succès de la guerre d'indépendance des colonies anglaises eut aussi une influence énorme sur le sort de l'Amérique du Sud. Enfin, le renversement des Bourbons par Napoléon, l'anarchie qui suivit, l'étroite obstination des Cortès à imposer aux possessions d'outre-mer un joug plus dur que celui dont elles ne voulaient pas pour la métropole, amenèrent une révolution où disparut l'empire colonial.

L'âge des révolutions. 
C'est le Mexique qui a donné le signal de la révolte heureuse aux colonies espagnoles d'Amérique, mais il existait très peu de rapports entre la Nouvelle-Espagne et les Etats situés au Sud de l'isthme de Panama et il semble que les tentatives faites avant Bolivar pour émanciper les populations américaines ont en des causes locales. Tels ont été les soulèvements de 1781 dans le Socorro (Bogota) et de 1797 à Bogota même. La tentative faite par Miranda en 1806 pour soulever Caracas n'eut pas de succès. En 1809, une junte indépendante se réunit à Quito; elle fut dissoute par les vice-rois du Pérou et de la Nouvelle-Grenade; mais les Cortès ayant refusé d'accorder aux Américains l'égalité politique et la liberté commerciale, un congrès se réunit à Caracas et proclama, le 5 juillet 1811, l'indépendance des provinces de Venezuela et de Caracas. Une lutte éclate alors dans laquelle les Espagnols , d'abord victorieux, sont finalement chassés de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela, poursuivis dans le Pérou et écrasés par la jonction des insurgés du Nord et de ceux de Rio et de la Plata. Des débris de l'ancienne Amérique espagnole surgissent des Républiques qui, tantôt s'unissent en confédérations trop étendues pour pouvoir subsister, tantôt, au contraire, s'émiettent en fractions trop faibles pour constituer un Etat. 
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José de San Martin.
José de San Martin (1778-1850), libertador de l'Argentine, du Pérou et du Chili.
Statue du square Montsouris, à Paris. © Photo :Serge Jodra, 2011.

C'est ainsi que la Colombieet le Venezuela, unies par les actes du 20 novembre 1818 et du 15 février 1819, ont admis Quito en 1823 dans leur fédération, puis ont rompu le pacte fédéral en 1831. Dans les Etats de la Plata, on a vu la Plata, le haut Pérou (Bolivie), l'Uruguay et le Paraguay former une seule confédération, puis le pacte rompu, et Buenos Aires se constituer en une sorte de port franc indépendant de tout le reste. En 1860, Buenos Aires est rentré dans la confédération Argentine : et quelques années plus tard, le Paraguay a été attaqué et systématiquement dévasté par la coalition de ses trois voisins, le Brésil, l'Uruguay et la Plata. Dans cette succession de révolutions le Brésil n'a pas été épargné. Les idées sécessionnistes avaient déjà poussé de fortes racines dans le sol quand le ici Jean VI fut contraint de venir s'y réfugier. Après l'expulsion des Français de la péninsule ibérique et le retour à Lisbonne de la maison royale, le Brésil refusa de descendre au rang de colonie. Don Pedro se laissa forcer la main pour devenir empereur du Brésil, en 1822. Depuis cette époque, qui coïncide à peu près avec l'indépendance des colonies espagnoles, le Brésil a une existence indépendante. C'est alors le seul des Etats de l'Amérique du Sud qui ait encore légalement des esclaves. L'abolition complète ne date que de 1880. (Louis Bougier).

L'époque contemporaine
À partir des années 1960 et particulièrement dans les années 1970 et 1980, plusieurs pays d'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili, Uruguay et d'autres) ont été gouvernés par des dictatures militaires, qui ont imposé des politiques répressives, menant à des violations massives des droits humains, et ont pu bénéficier de la bienveillance des Etats-Unis.

Comme dans d'autres régions du monde, l'Amérique du Sud a été le théâtre de mouvements sociaux importants, y compris les luttes pour les droits des travailleurs, des peuples autochtones et des groupes marginalisés. Ces mouvements ont également été confrontés à la répression étatique.

Plus récemment, plusieurs pays sud-américains ont vu l'émergence de dirigeants politiques de gauche et de mouvements populistes, tels que celui de Hugo Chávez au Venezuela et d'Evo Morales en Bolivie, qui ont cherché à remettre en question les structures économiques et politiques traditionnelles.

Plusieurs pays d'Amérique du Sud ont été confrontés à des crises économiques graves, notamment dans les années 1980 et 1990, conduisant à l'adoption de politiques d'ajustement structurel dictées par les institutions financières internationales, avec des impacts sociaux profonds. Parallèlement l'Amérique du Sud a engagé un effort croissant vers l'intégration régionale à travers des organisations telles que le Mercosur (Marché commun du Sud) et l'UNASUR (Union des nations sud-américaines), visant à promouvoir la coopération économique, politique et sociale entre les pays membres.

L'Amérique du Sud possède d'importantes ressources naturelles, notamment pétrole, gaz, minerais et forêts tropicales. L'exploitation de ces ressources a souvent été au centre de conflits sociaux et environnementaux, soulignant les défis liés au développement durable.



Pierre Chaunu, Histoire de l'Amérique latine, PUF (QSJ?), 2009. - Des conquistadores à une indépendance matinée de colonisation yankee, c'est toute l'histoire de l'Amérique latine qui est résumée brillament en 128 pages.  (couv.).

Marc Saint-Upéry, Le rêve de Bolivar : le défi des gauches sud-américaines, Editions de la Découverte, 2007.

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