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On
a réuni sous le nom général de Celtes des populations de parlant
des langues indo-européennes,
qui, à diverses époques de l'Antiquité,
se sont successivement répandues sur toute l'Europe,
et dont la langue s'est conservée dans différents dialectes, aujourd'hui
encore en usage dans certains cantons de la Bretagne,
dans les montagnes d'Ecosse,
en Irlande,
dans le pays de Galles
et, jusqu'à une époque très récente, dans l'île de Man
(Les
langues celtiques). Ces langues sont aujourd'hui les derniers vestiges
de « cette brillante population celtique qui a sillonné l'Ouest de l'ancien
monde, en tous sens, de ses colonies guerrières ». Partout ailleurs les
Celtes, à la suite des conquêtes grecques
et romaines
et des invasions germaniques
ou autres, ont été peu à peu absorbés par d'autres peuples, on se sont
fusionnés avec eux pour former des peuples nouveaux.
Si l'on suit les auteurs anciens, la grande famille des Celtes peut se diviser en 9 nations principales : 1° Gaulois;C'est vers 1800 av. J.-C, que l'on rencontre les plus anciennes traces des Celtes (ou Protoceltes) au Sud de l'Allemagne et, au cours des siècles suivants, dans toute l'Europe centrale; des migrations ont également lieu vers les îles Britanniques. Vers 1500, le centre et le sud-ouest de la Gaule sont eux aussi peuplés de Protoceltes. Cette grande vague d'expansion correspond à la période dite des champs d'urnes (en référence à l'exitence de nécropoles (pas nécessairement celtiques), signalant la pratique de l'incinération, peut-être répandue initialement par les Ibères.Bituriges, Arvernes, Eduens, Ambarres, Carnutes, Aulerques (dont Cénomans), Salluviens, Boïens, Lingons, Senons, Ségusiaves, Lemovices, Parisii, Séquanes, Pictones, Vénètes;2° Celtibères;et Ibéro-Aquitains : Convènes, Garumni, Consorani;3° Bretons ; A partir du XIIIe siècle avant notre ère, les Celtes atteignent l'Espagne où ils se heurtèrent à un autre peuple, les Ibères, avec lesquels ils se mélangèrent pour former les Celtibères. C'est à peu près à cette époque aussi que les Celtes, d'abord nomades, commencent à se sédentariser. A partir du VIIIe siècle, c'est-à -dire pendant le premier âge du fer, apparaît en Allemagne du Sud et en Bohème une première civilisation proprement celtique, la civilisation halstattienne. Un siècle plus tard, l'intallation de colonies grecques le long des côtes occidentales de la Méditerranée (fondation, vers 600, de Marseille par les Phocéens, par exemple), met les Celtes en contact avec le monde Méditerranéen; des échanges se développent également avec les Etrusques. Au Ve siècle (deuxième âge du fer), on assiste à un renouveau de la civilisation celtique, avec la grande civilisation de La Tène(du nom d'un site archéologique près du lac de Neuchâtel), qui s'étend sur une grande partie de l'Europe centrale. Au IVe siècle, des populations celtiques (Gaulois) entament une nouvelle expansion, sous la conduite de deux chefs : Bellovèse et Sigovèse. Le premier occupa la partie de l'Italie septentrionale (vallée du Pô) qui reçut des Romains le nom de Gaule Cisalpine, avec des Gaulois Bituriges, Arvernes, Eduens, Ambarres, Carnutes et Aulerques; et, à cette invasion, en succédèrent bientôt d'autres de Gaulois Cénomans, Salluviens, Boïens, Lingons et Sénonais. Ces derniers, ou seuls, ou avec d'autres Gaulois Cisalpins, pénétrèrent dans l'Italie jusqu'à Rome, dont ils s'emparèrent, en 390 av. J.-C. Les Gaulois (pour l'usage fait des mots et Gaulois et Celte, voyez plus bas) qui suivirent Sigovèse au delà du Rhin étaient les Volces Tectosages. Des fertiles environs de la forêt Hercynienne, où ils stationnèrent d'abord, ils s'avancèrent dans l'Illyrieet dans la Pannonie. Après y avoir été rejoints par d'autres Gaulois, qui venaient de franchir le Rhin, environ trois siècles av. J. C., ils s'acheminèrent vers la Macédoine, que les uns ravagèrent, tandis que les autres, conduits par Brennus, fondirent sur la Grèce, où ils espéraient piller le temple de Delphes. Mais, Brennus avant succombé dans cette expédition, en 278, une partie des Gaulois qui marchaient avec lui s'enfuit dans la Thrace, où elle s'empara de Byzance, et l'autre passa en Asie où elle fonda un État qui fut appelé Galatie, c. à d. pays des Galates, nom que les Grecs donnaient aux Gaulois. César, dans ses Commentaires, dit que les Gaulois s'appelaient Celtes dans leur langue, et Gaulois dans celle des Romains, et il ajoute que les habitants des trois parties entre lesquelles il divise la Gaule, la Belgique, l'Aquitaine et la Celtique, parlaient des langues différentes. La langue celtique s'était vraisemblablement altérée, chez les Belges, par le voisinage des Germains, et les Aquitains parlaient la langue de la péninsule ibérique, doit ils étaient originaires. La civilisation de
la Tène s'effaça sous la poussée des Romains
vers la fin du IIe
siècle av. J.-C. A cette époque, le
pays des Gaulois était partagé en petits États, indépendants les uns
des autres, et gouvernés chacun par un roi, mais s'alliant entre eux pour
résister à leurs ennemis. Leur courage guerrier était redouté des Romains,
qui ne parvinrent à les vaincre que parce qu'ils étaient en possession
de la supériorité des armes. Ce fut César qui
fit la conquête de leur pays de l'an 58
à l'an 52 av. J.-C.
Il échoua dans sa tentative de conquête des îles Britanniques, mais
celle-ci eut finalement lieu à partir de 43
av. notre ère pour se terminer en 85 ap.
J.-C. Seules les Celtes d'Irlande
conservèrent dès lors leur culture.
La forme Keltai qu'on ne trouve ni avant ni après Strabon correspond à la forme Celtae de César. Ces trois noms n'ont pas fait en même temps leur apparition dans l'histoire. Pendant longtemps on ne connaissait que le terme de Celtes, en usage depuis l'an 500 environ av. notre ère. On le trouve pour la première fois dans un texte d'Hécatée de Milet, cité par Etienne de Byzance (fragm. 21 et 22, Müller-Didot, Fragm. hist. grec., I, 2). Il est également employé dans les écrits d'un auteur inconnu, qui ont servi de source aux ora maritima d'Avienus. A cette époque primitive le mot Keltoi, substitué à celui d'Hyperboréens, avait un sens vague et indéterminé. C'était un nom générique sous lequel se cachaient un nombre considérable de nations très diverses, à peine connues, occupant les régions occidentales et septentrionales de l'Europe. Le terme Galatai, encore inconnu à Aristote, mort en 322, est appliqué dès le IIIe siècle av. J.-C. aux peuples celtiques qui firent irruption en Grèce et pillèrent en 279 le temple de Delphes. Il est employé pour la première fois par Timée, dont les histoires se terminent en l'an 264 av. J.-C. (fragm. 37 Müller-Didot, Fragm. hist. grec., I, 200). Un siècle plus tard seulement la forme Galli fait son apparition dans les Origines de Caton (Herm. Peter, Histor. roman. reliquiae 1,61). Désormais la confusion commence : les auteurs grecs et latins se servent des trois noms de la manière la plus arbitraire tantôt ils les considèrent comme synonymes et les emploient indistinctement et tour à tour pour désigner l'ensemble des nations celtiques; tantôt ils semblent faire une distinction entre les Celtes et les Galates. C'est ainsi que Timée, Polybe et Strabon paraissent donner au mot Celtes un sens général tellement vaste qu'il comprend à la fois les Celtes et les Germains, pour réserver le mot Galates à un groupe ethnographique nettement délimité, et s'appliquant aux populations géographiquement déterminées, cantonnées dans l'Italie septentrionale, sur les rives du Danube et en Asie Mineure; mais ces mêmes auteurs emploient, dans d'autres passages, le terme Galatai comme synonyme de Keltoi. Dans d'autres écrits, on trouve les deux noms associés, comme devant se compléter l'un l'autre. D'autres écrivains enfin considèrent le terme Keltoi comme un nom générique; Plutarque dit : « Galatai, tiu keltikou genous » (Vie de Camille, XV). La confusion était déjà bien grande quand, vers l'an 50 av. J.-C., Diodore de Sicile, sous prétexte de tirer la question au clair, a fini par tout embrouiller. Aussi faut-il se méfier du témoignage de cet auteur que Mommsen appelait le plus misérable des écrivains (der elendeste der Scribenten) et dont les écrits fourmillent d'inexactitudes et de contradictions. Diodore, dans un passage connu (V, 32), prétend que le nom de Celtes s'applique exclusivement aux peuplades établies au-dessus de Marseille entre les Alpes et les Pyrénées, tandis que celles qui habitent le long de l'Océan et de la forêt Hercynienne jusqu'à la Scythie se nomment Galates. D'après cet auteur, la Germanie ne serait qu'une continuation de la Gaule, et pour lui, comme pour Cicéron et Salluste, les Germains ne seraient que des Galli transrhenani. (Müllenhoff, Deutsche Alterthumskunde, Berlin, 1887, 177-189.) ll faut s'en rapporter plutôt à César, le contemporain de Diodore, qui a connu de plus près les nations en question et qui, le premier, a fait une distinction entre les Celtes et les Germains, dont le nom avec le sens ethnographique moderne avait été prononcé à Rome, pour la première fois, en 73 av. J.-C. à l'occasion de la guerre servile. A son époque, les deux nations étaient séparées par le Rhin. Pour lui, tous les peuples en deçà de ce fleuve, même ceux qui n'étaient pas celtes, étaient des Galli, et les Galli étaient les mêmes que les Celtae; il dit : ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur (De Bello gall. I, 4). Il n'y a aucun motif pour soupçonner le grand historien de la Gaule de n'avoir pas été de bonne foi en écrivant cette phrase. Il est difficile d'admettre avec Lemière que c'était de parti pris et par politique que César s'attacha à faire oublier le nom des Celtes, nation odieuse aux Romains, pour lui substituer celui de Gaulois. (P.-L. Lemière, Etude sur les Celtes et les Gaulois, Saint-Brieuc, 1873). Cependant, même après César, la lumière n'était pas encore faite; dans une certaine mesure il a même contribué à augmenter la confusion; car, d'une part, il étendit le nom de Galli à toutes les nations établies entre les Pyrénées et le Rhin, et de l'autre, par le fait qu'il distingue entre les Gaulois et les Germains et qu'il assigne à ces derniers les contrées transrhénanes, on a fini par oublier qu'il existait, à cette époque encore, des populations celtiques ailleurs que dans la Gaule proprement dite.
On s'est demandé : les termes Celtes, Galates, Gaulois sont-ils réellement synonymes et désignent-ils historiquement un seul et même peuple? ou bien sommes-nous en présence de deux peuples distincts, et dans ce cas les mots Celtae et Galli sont-ils des noms ethniques successivement appliqués à des populations distinctes occupant à peu près les mêmes contrées? Cette question, soulevée déjà à l'époque de César, a été vivement controversée au XIXe siècle : Amédée Thierry, Henri Martin et Alexandre Bertrand, pour ne citer que les noms les plus célèbres, se sont prononcés pour la dualité ethnique des Celtes. Leur thèse semble avoir été confirmée par d'autres travaux. Cependant, en face de ces hypothèses il ne faut pas oublier que les textes classiques ne nous autorisent pas à faire une distinction entre les Celtes d'une part et les Galates ou Gaulois d'autre part. Avec César il faut se résigner à considérer ces deux dénominations comme des termes synonymes. Une distinction n'est possible qu'au point de vue chronologique : les mêmes peuples ont porté à différentes époques des noms différents. On peut appeler Celtes, les peuples indo-européens qui, vers le VIIe siècle avant notre ère, ont franchi le Rhin pour inonder successivement la France, l'Espagne et la Grande Bretagne; on peut appeler Gaulois, les Celtes qui, vers le IVe siècle av. J.-C., ont envahi l'Italie septentrionale, et réserver le terme de Galates aux populations celtiques qui, au commencement du IIIe siècle, ont fait irruption en Grèce, se sont établies dans la vallée du Danube et ont pénétré jusqu'en Asie Mineure. D'après l'usage le plus généralement admis, le mot Celtes est un nom générique, s'appliquant à toutes les fractions citées; sous le nom de Gaulois on comprend de préférence les populations des Gaules cisalpine et transalpine et sous celui de Galates on entend surtout ces hordes celtiques qui ont fondé un petit Etat en Asie Mineure.
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