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La
dynastie des Abbassides, la plus célèbre et la plus
importante de toutes celles qui régnèrent au Moyen
âge sur les Musulmans, a pris son nom d'Al-Abbâs ou Abbâs
, oncle de Mahomet. Ses représentants
ont régné sur le califat d'Orient de 750 à 1258. Ils
ont succédé aux Omeyyades
et ont été renversés par les Turco-mongols
de Houlagou.
Aboul-Abbas.
Aboul
Abbas, premier des califes abbassides, mourut
jeune en 754, après moins de quatre ans de règne.
Abou
Djafar al-Manzor.
Son frère,
Abou
Djafar, dit Al Mansour ou al-Manzor ( = le Victorieux), dut lutter
contre un rival chez son oncle, Abdallah, qu'il vainquit cependant. Il
acquit son surnom par ses victoires en Arménie,
en Cilicie et en Cappadoce.
Il perdit cependant l'Espagne,
ainsi que l'Afrique. En 764, il fonda la ville de Bagdad
sur le Tigre,
et y transféra le siège du califat (768). Il mourut en pèlerinage
à La Mecque, laissant d'immenses trésors (775).
Mohammed-Mahdi.
Le fils et
successeur d'al-Manzor, un homme d'un caractère noble, se nommait
Mohammed al-Mahdi. Il dut lutter contre les habitants turbulents du Khorasan
sous le prétendu prophète Hakem, et mourut en 785.
Hâdî.
Al-Hâdî
(Al-Hâdî Mûsâ ibn al-Mahdî), petit-fils Mohammed-Mahdi,
a rencontré la même opposition du parti Alî que sous
Husseïn. La mère de al- Hâdî était une femme
forte et ambitieuse, qui voulait gouverner son fils, et avec lui l'État,
ce qui amena celui-ci à essayer de l'empoisonner, mais elle le fit
étouffer avant qu'il pût atteindre son but.
Hâroûn
ar-Raschid
Al-Hâdî
a été suivi, non pas par son fils, mais par son frère
Hâroûn
(786) qui était surnommé
Ar-Rashid ( = le Droit) en
raison de sa justice, et est célèbre pour la promotion des
arts et des sciences. Il conclut une trêve (une véritable
paix ne pourra jamais être conclue avec les Chrétiens) avec
l'impératrice byzantine Irène (788),
qui consentit à lui payer tribut et eut des relations avec l'empire
de Charlemagne. Yahya, membre de la maison
d'Alî, lui contesta la possession du trône, mais s'est ensuite
soumis. Hâroûn, cependant, a terni sa réputation par
le meurtre de Yahya, et plus encore par le meurtre de sa soeur, et son favori,
le Barmécide Giafar, et par l'expulsion et la persécution
de toute la famille des Barmécides,
dont les services à l'État et lui-même avaient été
d'une très grande valeur.
Hâroûn
a divisé l'empire entre ses trois fils. Amyn (al-Amin), calife unique,
devait régner sur l'Irak, l'Arabie, la Syrie, l'Egypte et le reste
de l'Afrique; sous lui Al-Mamoun devait gouverner la Perse, le Turkestan,
le Khorassan et tout l'Orient; Motassem, enfin, devait gouverner l'Asie
Mineure, l'Arménie et tous les pays de la mer Noire. Les jeunes
frères devaient succéder à Amyn dans le califat. Au
Khorassan, que traversait Hâroûn, pour réprimer une
rébellion qui avait éclaté à Samarcande,
il fut arrêté par la mort, dont il disait avoir été
averti par des rêves extraordinaires (809).
Amyn.
Amyn
(al-Amin), le fidèle (son vrai nom était Mahomet), ne méritait
pas ce nom. Infidèle à ses obligations de souverain et asservi
à toutes sortes de sensualités, il laissa l'exercice de ses
fonctions à son vizir, Fadhel. Le vizir, par haine d'Al-Mamoun,
persuada le calife de nommer son fils son successeur, et de priver Motassem
de sa portion de territoire. Une guerre éclata entre les frères.
Le général d'Al-Mamoun, Thaher, battit les armées
du calife, prit Bagdad et fit mettre à
mort Amyn (813). Al-Mamoun fut reconnu calife
Al-Mamoun.
Plus noble dans
ses penchants qu'Amin, al-Mamoun (nommé
Almanon
par les Occidentaux) chérissait les arts et les sciences,
mais, comme son frère, il laissa le gouvernement et les armées
à ses ministres. Ses mesures pour assurer le califat au Alides (
= descendants d'Alî), pour plaire à Riza, sa favorite, poussa
les puissants Abbassides à l'insurrection. Ils déclarèrent
qu'al-Mamoun avait perdu le trône et proclamèrent Ibrahim
calife, mais ils se sont soumirent à nouveau, après la mort
de Riza, lorsque le calife modifia ses dispositions. Al-Mamoun mourut en
833. A l'égard des nombreuses sectes religieuses
dans lesquelles les Musulmans étaient alors divisés, al-Mamoun
avait agit avec tolérance.
Al-Mamoun mena une
guerre contre Constantinople. Il envoya un exilé grec nommé
Thomas avec une armée contre l'empereur byzantin, Michel
II le Bègue. Thomas dépeupla l'Asie Mineure et assiégea
Constantinople ; mais une tempête a détruit sa flotte (823).
Une seconde attaque contre la ville impériale fut repoussée
avec l'aide des Bulgares. Thomas fut fait prisonnier et exécuté.
Ajoutons que pendant le gouvernement d'al-Mamoun (vers 830), les Arabes
africains conquirent la Sicile et la Sardaigne,
où ils se sont maintenus environ 200 ans, jusqu'à ce que
cette dernière île leur soit arrachée par les Pisans
en 1016-1017, et la Sicile par les Normands
entre 1061 et 1090.
Motassem.
Motassem (Al-Mu`tasim),
d'abord nommé Billah ( = par la grâce de Dieu), le troisième
fils de Hâroûn, bâtit une nouvelle ville, Sâmarrâ,
à 110 km au Nord de Bagdad, et y transféra sa résidence.
Dans ses guerres contre les l'Empire byzantin
et les Perses rebelles, utilisé d'abord des soldats turks.
De chagrin à la mort de son médecin privé, Motassem
devint fou et mourut en 842.
Vathek-Billah
Vathek Billah, fils
du précédent était membre de la secte motazilite.
Il s'est efforcé de promouvoir l'avancement des sciences. il mourut
d'une affection nerveuse (847).
Motawakkel.
Les gardes du corps
turks (mamelouks) des califes commencèrent à cette époque
à influer sur le choix de celui qui serait porté à
la tête du califat. Ainsi, un concours pour la succession, entre
le frère de Vatek-Billah, Motawakkel et son fils Mothadi, les fit
choisir le premier, qui était aussi le moins digne du poste. Sous
Motawakkel, il devint aussi de plus en plus courant de faire toutes les
guerres au moyen de mercenaires turks. Motawakkel manifesta une haine aveugle
envers les Alides et manifestait en outre une propension à la cruauté.
Il fut tué par ses gardes du corps turks à l'instigation
de son propre fils Motansser
(861).
Mostanser.
Montasser, fut ensuite
appelé au trône par ces mêmes gardes, tandis que ses
frères étaient contraint à renoncer à toute
prétention à la succession. Motansser mourut peu après
d'une fièvre (862).
Mostain-Billah.
Les Turks élirent
ensuite alors Mostain-Billah, petit-fils du calife Motassem. Deux
Alides entrèrent en concurrence avec lui pour le califat. L'un d'eux,
à Koûfa, fut vaincu et mis à
mort ; mais l'autre fonda un empire indépendant dans le Tabaristan,
qui subsista un demi-siècle. La discorde des soldats turks accéléra
le démembrement de l'empire.
Motazz.
En 866, un parti
éleva au trône Motazz, second
fils de Motawakkel, et força Mostain à abdiquer. Motazz-Billah
trouva bientôt le moyen de se débarrasser de lui ainsi que
de son propre frère Muwiad. Il médita alors l'enlèvement
des soldats turks; mais avant qu'il ait trouvé le courage d'exécuter
ses projets, ils se rebellèrent à cause de leurs arriérés
de solde, et le forcèrent à démissionner du gouvernement.
Il mourut peu de temps après (869).
Motadi-Billah,
869
Les gardes turks
conférèrent le califat à Motadi-Billah, fils du calife
Vathek, mais déposèrent cet excellent prince 11 mois après,
car il tenta d'améliorer leur discipline militaire.
Motammed-Billah,
870
Sous le troisième
fils de Motawakkel, Motammed Billah, que les gardes Turks appelèrent
ensuite au califat, Muaffek son frère réussit, par sa prudence
et son courage, à en vaincre la dangereuse prépondérance.
Motammed transféra le siège du califat de Samarra à
Bagdad en l'an 873, où il demeura ensuite. La même année,
en raison d'une révolution dans le gouvernement indépendant
du Khorasan, la dynastie des Tahirides (Les
dynasties musulmanes, § Tahirides et Saffarides) cèda la
place à celle des Saffarides, qui finiront par étendre leur
domination sur le Tabaristan et le Segestan. Le gouverneur de l'Égypte
et de la Syrie, Achmet Ben Touloun, se rendit également indépendant
(877) et fur la tige des Toulounides.
Le courageux Muaffek anéantit, en effet, l'empire des Zinghians,
à Koûfa et Bassorah, 10 ans après sa formation (881);
mais il ne put sauver le califat de la ruine à laquelle il courait
inéluctablement.
Motaded-Billah.
Motammed mourut
peu après lui (892), et fut remplacé par le fils de Muaffek,
Motaded Billah. Celui-ci lutta sans succès avec une nouvelle secte
qui avait surgi en Irak - les Carmathes (899)
- contre dont son fils, Moktaphi-Billah (902), eut plus de chance. Il eut
encore plus de succès dans une guerre contre les Toulounides, car
il réduisit à nouveau l'Égypte et la Syrie en 905.
Moctader-Billah.
Moctader-Billah,
le frère de Motaded-Billah, lui succéda à l'âge
de 13 ans (908). Pendant son règne, des rébellions et des
querelles sanglantes au sujet de la souveraineté perturbèrent
le gouvernement de l'empire. Moctader-Billah fut plusieurs fois déposé
et réintégré, et finalement assassiné (931).
Pendant
le règne de Moktader-Billah, Abu Mohammed Obeidallah se leva en
Afrique. Se faisant passer pour descendant de Fâtima,
fille du Prophète, renversa la dynastie sunnite des Aghlabides à
Tunis,
et fonda celle, chiite, des Fatimides (910).
Non content de régner indépendamment du calife, ce parti,
en tant que descendant du Prophète, s'affirma comme le seul calife
légitime (ci-dessous).
Peu de temps après,
la dynastie des Bouides en Perse s'émancipa également (925
). Le Khorassan restait indépendant. Le seul changement était
que les Samanides y avaient pris la place des Saffarides. Dans une partie
de l'Arabie, les Carmathes hérétiques régnaient; en
Mésopotamie, les Hamadamites. En Egypte, qui venait d'être
récupérée, Akschid, de gouverneur, fut appelé
à être souverain. De lui sont descendus les Akschidites.
Kaher.
Kaher-Billah, le
troisième fils de Motaded, dont le règne fut marqué
par la cruauté, finit lui aussi assassiné, mais seulement
après que les soldats turks lui aient déjà enlevé
le pouvoir et exilé (634).
Rhadi,
Ar-Radi, 934.
Rhadi-Billah, frère
et successeur du précédent perdit rapidement le pouvoir réel,
au profit d'un de ses ministres, Ibn Râ'iq, qui reçut le titre
la dignité d'émir al-omra (= émir des émir),
qui, à partir de lui, aurait la prééminance sur celle
de calife. La charge d'émir des émirs fut arrachée
à Ibn Râ'iq par Bajkam (Abou al-Husseiïn Bajkam al-Mâkânî),
un officier de la garde turque du calife, qui devint dès lors le
vrai maître du califat (940). Bajkam étendit le pouvoir de
la fonction à un degré tel qu'il ne laissa au calife que
le nom de son empire temporel, et s'attribua même le droit de déterminer
la succession au trône. Ibn Râ'iq fut indemnisé en recevant
Koûfa, Bassorah et l'Irak Arabi en
tant que gouvernement indépendant.
Motaki
Le calife suivant,
Motaki Billah (al-Muttaqi), fils de Moctader-Billah, s'efforça de
recouvrer son indépendance par l'assassinat de Jakun; mais il fut
bientôt contraint par les soldats turks de nommer émir un
autre de leurs compatriotes, nommé Tozun et qui rendit cette charge
héréditaire. Ce
n'est plus le calife mais l'émir qui régnera désormais
à Bagdad, et encore n'était-ce que sur un petit territoire
seulement. Dans chaque province éloignée, il y avait des
princes indépendants.
La
fin des Abbassides.
Les derniers califes
abbassides furent : Mostalefi, Mothi, Thaï, Kader-Billah; Kaiem-Biamrillah,
Moctadi-Biamrillah, Mostadher, Mostarched, Rasched, Moctafi, Mostandjed,
Mosthadi, Nasser, Daher, Mostanser, et Mostasem, contemporain du roi de
France Louis IX, et dont le règne, entre
1243 et 1258, mit un terme au califat d'Orient. Chercher à préciser
davantage ce catalogue serait superflu, car ils n'eurent aucun pouvoir. |
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