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Aperçu | Des factoreries à la colonisation | Les dynasties vietnamiennes |
L'influence
chinoise.
Toute la région orientale de la Péninsule indochinoise qui constitue aujourd'hui le Vietnam a été peuplée dès le Néolithique par des populations d'origine indonésienne et malaise, ancêtres des populations montagnardes moï; à l'âge de bronze, sont arrivées du Nord des populations chinoises qui se sont fondues avec celles qui étaient déjà sur place pour constituer le peuple viêt, dont on connaît l'existence d'un premier royaume, le Van lang, dès le IIIe millénaire (?) ou dès le début du millénaire suivant, dans la région du Fleuve Rouge, sous la dynastie des Hung (ou dynastie Hông hàngthi). Le nom de Viêt est, lui-même, d'origine chinoise. Il dérive du mot Yue, qui signifie Etranger. Le nom de Viêt-nam (ou plutôt, à l'origine, de Nam-viêt) donné à l'antique royaume qui se forme dans la vallée du Song-Koï (Fleuve rouge), signifiant [Pays des] Etrangers du Sud. Mais l'influence qu'a eue la Chine sur ce pays va bien au-delà de son nom. Elle a été particulièrement importante pendant les périodes au cours desquelles celui-ci a été réduit en province chinoise. La première remonte à la dynastie des Han antérieurs et a duré entre 111 av. J.-C. et 39 ap. J.-C. C'est de cette époque que date la division du Vietnam en trois ky (provinces) : le Tonkin (Tong-king), au Nord, l'Annam au centre, la Cochinchine au Sud (les Européens étendront longtemps le nom de Cochinchine à l'Annam, la Cochinchine étant appelée Basse-Cochinchine ou Cochinchine française, à l'époque coloniale). Une deuxième occupation chinoise a lieu entre 42 et 186 de notre ère, sous les Han orientaux. Les Chinois établissent une nouvelle administration, introduisent les cinq livres canoniques et les quatre livres classiques de Confucius et de ses disciples. Le Confucianisme, ainsi apporté par les administrateurs chinois et les lettrés (mandarins), se superpose à la religion traditionnelle vietnamienne, qui s'organise autour d'un culte des ancêtres (le Bouddhisme, introduit un peu plus tard, touchera plutôt les couches populaires, mais connaîtra le même effet de superposition avec l'ancienne religion). On construit des écoles dans lesquelles on enseigne les caractères chinois. La littérature chinoise est également introduite dans l'Annam. Le pays passera encore sous domination chinoise de 226 à 540, pendant une période de trois cent quatorze années; puis une, quatrième fois, pendant trois cent trente-six ans, de 603 à 939. Et, enfin, la Chine des Ming s'emparera une dernière fois de l'Annam en 1407, et cette occupation durera une vingtaine d'années. Occupation brève d'un Etat qui a déjà, depuis le Xe siècle, une structure solide, mais qui laissera aussi son empreinte. Les Chinois imposèrent aux vaincus un grand nombre de leurs coutumes : le tatouage, en usage dans l'Annam, fut défendu; les femmes furent obligées de porter des vêtements courts à manches larges et les hommes de porter les cheveux longs. (On n'ignore pas que l'usage de se raser le haut de la tête et de réunir les cheveux en une longue tresse qui tombe dans le dos ne date, chez les Chinois, que de la conquête mongole au milieu du XVIIe siècle). Tout au long de ces périodes, les différentes dynasties chinoises ont accordé aux princes annamites, pendant plusieurs siècles, une investiture qui n'a d'ailleurs jamais eu un effet pratique sérieux, car elle n'impliquait pas de concessions mutuelles, d'alliance offensive ou défensive, mais simplement la remise d'un sceau au chef de la dynastie, - sceau dont le souverain de l'Annam ne faisait usage que dans sa correspondance avec le Fils du Ciel, - l'envoi d'ambassades, et le paiement d'un tribut de médiocre importance. Cette investiture et ce tribut laissaient subsister entièrement la souveraineté de l'Annam. Le Vietnam du Xe s. au XIXe siècle. Ngô, Dinh,
Lê, Ly, Tran : les dynasties fondatrices.
Les Lê postérieurs;
l'apogée du Vietnam.
La formation territoriale du Vietnam. En rouge, l'antique royaume Van Long. En marron, le Daï-Viêt (empire d'Annam) et son expansion (marron clair) au détriment du Champa (XVIIe siècle). Le premier Chua mourut en 1545 et Trinh Kiem qui avait épousé sa fille usurpa le titre. La puissance des Chua augmenta d'année en année et atteignit son apogée sous Gialong (1673). Ils devinrent même assez forts, pour que l'un des Bua, Vinh Thanh, fils adoptif de Du tông, fils et successeur de Hi-tông (1705-1729) fût mis à mort par ordre du Chua (1732) à cause de sa mauvaise conduite. C'est sous le règne du vingt-sixième roi de la dynastie des Lê, Lê Hién-tông (Lê Duy-duo, 1740-1786) et sous le gouvernement de Duê-tông (Dinh-vu'o'ng, ou Huê-vu'o'ng-Nguyên Phu'o'c-thuân ou Duê-tong hieu-dinh-hoang-dè, 1765-1778), qu'éclata la terrible révolte dite des Tay sô'n, du nom des montagnes où s'étaient réfugiés les premiers rebelles. La faiblesse des
Nguyên et l'impopularité de leur gouvernement facilitèrent
une révolte qui, après avoir failli anéantir les destinées
de cette dynastie, fut la cause principale de l'établissement de
l'unité de l'empire d'Annam. Une famille tonkinoise du Nghé-an,
prisonnière de guerre, était établie depuis le règne
de Lê Thûn-tong, à Qui-nho'n. L'un de ses membres, Nguyen
Yan-nhac, employé des douanes à Van-dôn, puisa dans
sa caisse pour payer ses dettes de jeu, puis, craignant d'être découvert,
il s'enfuit dans les montagnes Tay so'n, y organisa une bande, grâce
à laquelle, après quelques succès contre les douaniers,
il s'empara de Qui-nho'n par stratagème. Le souverain du Tonkin
profita des troubles pour s'emparer de Huê
(1774) et le Chua de la Cochinchine (Annam), Duê-tông, se réfugia
en Basse-Cochinchine
où, fait prisonnier avec son fils, il fut mis à mort par
les Tay so'n. Cependant le rebelle Nhac, placé entre les Tonkinois
d'une part et les troupes de Dué-tong d'une autre, était
passé aux premiers en qualité de général, puis
il s'était proclamé roi (1777).
Les Nguyên.
Gia
Long.
Min
Bahn et Thieu Tri.
Tu-Duc.
Libre de ce côté, Tu-Duc put tourner ses armes contre Lê-Phung, prétendant de la famille des Lê, en faveur duquel le Tonkin s'était soulevé. La fin du règne
de Tu-Duc fut troublée, au Tonkin,
par de graves désordres. Des bandes chinoises, composées
d'anciens partisans des Taï-Pings, vaincus par les mandarins mandchous,
se réfugièrent, en 1865, dans les montagnes septentrionales
du Tonkin, sous le commandement d'un certain Ouâ-Tsong. Elles furent
bientôt grossies par l'adjonction de malfaiteurs annamites qui, profitant
de l'effroi produit par l'invasion, se donnèrent, eux aussi, pour
des rebelles chinois. Tu-Duc fit appel au vice-roi des deux Kouang. Une
armée de Chinois s'abattit alors sur le Tonkin : loin de combattre
les pillards, elle fit cause commune avec eux, et Tu-Duc dut prier le vice-roi
de rappeler les périlleux auxiliaires qu'il lui avait envoyés.
Mais, peu de temps après, revenant à sa première idée
et trouvant sans doute avantageuse à sa dynastie la ruine des Tonkinois,
il demanda une seconde fois des secours à la Chine.
Les rebelles, devant cette nouvelle intervention du gouvernerent
chinois, ne purent s'entendre sur les mesures à prendre pour y résister,
et ils se scindèrent en deux groupes, les Pavillons-Noirset
les Pavillons-Jaunes.
Les Pavillons-Jaunes devinrent plus tard les auxiliaires des Français au Tonkin. Mais les Pavillons-Noirs, plus nombreux, bien armés, furent de redoutables adversaires quand la France entreprit la conquête Tonkin (1873). La
guerre du Tonkin.
On suivit, après sa mort, une politique d'abandon. Le lieutenant de vaisseau Philastre signa, le 5 janvier 1874, un traité par lequel la France, tout en obtenant l'ouverture du fleuve Rouge au commerce, reconnaissait la souveraineté de l'Annam sur le Tonkin et s'engageait à évacuer le delta. La France promettait son appui au roi d'Annam Tu-Duc, mais sans établir de protectorat formel. Tu-Duc se rapprocha de la Chine, et des hordes de Pavillons-Noirs, soutenus en réalité par elle, envahirent le Tonkin. Le gouverneur de la Cochinchine, Le Myre de Vilers, envoya à Hanoï le commandant Rivière, qui, le 26 avril 1882, enleva pour la seconde fois la citadelle de Hanoï. Mais les Pavillons-Noirs opérèrent un retour offensif et, au cours d'une reconnaissance, Rivière tomba dans une embuscade et fut tué le 19 mai 1883. Des crédits
furent alors votés et le général Bouët fut nommé
au commandement d'un corps expéditionnaire. Haï Phong,
Hanoï
et Nam-Dinh furent dégagés. Après l'arrivée
de Harmand, commissaire général civil, on décida une
expédition sur Huê,
qui fut vigoureusement menée par l'amiral Courbet (août 1883).
La cour de Huê sollicita un armistice et, par le traité du
25 août, elle reconnut le protectorat de la France
sur l'Annam et le Tonkin.
Sur la foi du traité de Tien-Tsin, le général Millot envoya des troupes occuper Lang-Son, mais elles se heurtèrent à Bac-Lé contre des réguliers chinois. La guerre fut reprise. L'amiral Courbet pénétra hardiment dans la rivière Min et détruisit l'arsenal de Fou-Tchéou le 24 août, puis il fit le blocus de Formose (Taiwan). Le 13 janvier 1885, il coula plusieurs navires chinois et, du 25 au 31 mars, il s'empara de l'archipel des Pescadores. En même temps, au Tonkin, où commandait le général Brière de l'Isle, la prise des positions de Kep et de Chu (octobre 1884) arrêta l'armée du Kouang-Si; elle fut rejetée au delà de la frontière après une série de combats qui, commencée le 3 février 1885, se termina le 13 par la prise de Lang-Son. L'armée du Yun-Nan avait été arrêtée par l'héroïque résistance de Tuyen-Quan, défendue par le commandant Dominé; le général Brière de l'Isle vint débloquer la place le 3 mars. Cependant, après un retour offensif de l'armée du Kouang-Si, le général de Négrier dut se replier devant des forces considérables; blessé, il passa le commandement au colonel Herbinger, qui ordonna la retraite et l'évacuation de Lang-Son. L'ennemi, redoutant un piège, ne poursuivit pas la colonne française, et une partie des positions abandonnées put être bientôt reprise. Les préliminaires de paix, signés le 4 avril, arrêtèrent les opérations militaires. Le 9 juin 1885, la paix avec la Chine fut signée à Tien-Tsin; le traité consacrait aussi la reconnaissance du protectorat de la France sur l'empire d'Annam. L'époque coloniale Le Vietnam dans
l'Union indochinoise.
Pendant plusieurs mois, la plus vive effervescence régna dans le Binh-Dinh, le Phuyen, le Kouang-Binh. Quand, au commencement de 1886, le gouvernement français se décida à rappeler le général de Courcy et nomma Paul Bert au poste de résident général, l'Annam entier était encore en proie à l'anarchie et à l'insurrection. Paul Bert succomba à Hanoï, le 11 novembre 1886. La politique qu'il avait inaugurée consistait à rendre confiance à la cour de Huê et à la partie paisible de la population par l'application loyale des conventions passées entre la France et l'Annam, à respecter les moeurs et l'organisation annamites, à éviter les expéditions militaires et le cortège de vexations, de réquisitions et de corvées qui les accompagnait trop souvent. Ce programme, tracé par Paul Bert, fut, avec des à-coups et des périodes plus répressives, celui de Bihourt, Constans, Richaud, Piquet, de Lanessan, Rousseau, Paul Doumer, qui, après 1887, se succédèrent à la tête, soit de la résidence générale, soit du gouvernement général de l'Indochine. Le roi Dong-Khanh, mort subitement au commencement de 1889, fut remplacé par un jeune prince de la famille de Tu-Duc, Bun-Lan, proclamé le 31 janvier de cette même année, sous le nom de Than-Thaï. Établis dans les deltas et le long de la côte orientale, les Français cherchèrent à pénétrer à l'intérieur du pays de façon à toucher le Mékong sur tout son cours. La question du protectorat des pays laotiens entraîna un conflit franco-siamois. En 1893, une escadre française se présenta devant Bangkok; la paix, rapidement signée (traité du 1er octobre 1893 ), fut complétée en 1903 par une convention franco-siamoise. Les provinces de Battambang et de Siem-Reap firent retour au Cambodge, qui se trouva reconstitué et remis en possession des magnifiques monuments d'Angkor. Le passage du royaume de Louang-Prabang sous le protectorat français permettait à la France d'enserrer au nord comme au sud le plateau du Laos. Depuis 1896, les Français et les Anglais, après avoir fixé les frontières de la Haute-Birmanie et des possessions françaises, avaient décidé que toute la partie méridionale du Siam serait placée sous l'influence anglaise, et la rive droite du Mékong, sous l'influence française, la France et l'Angleterre s'engageant à respecter le seul bassin de la Ménam. Cependant, par un traité signé en 1925, la France renonça aux servitudes qui grevaient à son profit le territoire du Laos siamois, et décida d'accepter la création d'une commission mixte (franco-siamoise) du Mékong. L'Union indochinoise formait alors une sorte d'État dirigé par un gouverneur général français et composé de pays (Tonkin, Annam, Laos, Cambodge, Cochinchine) administrés selon des régimes différents. L'Indochine est alors considérée comme une colonie d'exploitation, et non de peuplement, contrairement, par exemple, à l'Algérie. Le Vietnam comptait seulement 30 000 Européens, principalement des militaires, des fonctionnaires et les administrateurs des grandes plantations. Des efforts sont fait, en partie grâce à la Banque d'Indochine, pour développer les infrastructures afin de rentabiliser le pays. Un chemin de fer allant au Yun-nan (Hanoï, Lao-Kay, Yun-nan fou), confèrait au commerce franco-annamite dans cette riche province une situation privilégiée. Des routes furent construites, de grands travaux sont lancés en vue d'améliorer la production minière (houillères du Tonkin) et surtout agricole (rizières en Cochinchine, plantations d'hévéas sur les terres rouges). Exploitation
et résistance.
Cette politique n'a pas empêché la résistance de s'amplifier. La nouvelle classe éduquée à la française devient d'ailleurs la plus à même de constater les injustices et prend le relais de la guérilla qui existait depuis le début de la conquête, ainsi que de l'opposition des mandarins. De nouvelles revendications voient le jour dès le lendemain de la Première Guerre mondiale. Des réformes sont demandées, aussitôt oubliées par le pouvoir colonial. Divers groupes clandestins fomentant la révolte contre l'occupant voient alors le jour, et parmi eux un parti communiste fondé en 1925 par Nguyên Ai Quoc, que lon connaîtra bientôt sous le nom de Hô Chi Minh. L'effervescence monte dans les années 1930-1931; les incidents et les émeutes sont vigoureusement réprimés par l'armée, mais la France est contrainte à envisager quelques concessions, en soutenant le gouvernement du nouvel empereur Bao-Daï (1913-1997), monté sur le trône en 1932, et les réformes prônées par le mandarin catholique Ngô Dinh Diem. En 1940, après que la France eût été défaite par l'Allemagne, les troupes japonaises viennent occuper l'Indochine, laissant en place le représentant de Vichy, l'amiral Decoux. La résistance vietnamienne aux occupants s'amplifie, en même temps que s'organisent des mouvement nationalistes. Certains de ces derniers serviront peu à peu de point d'appui aux Japonais, qui, en 1945, finissent par renverser l'autorité française (9 mars ) et faire proclamer une indépendance de façade à l'empereur Bao Daï et au roi du Cambodge. Parallèlement, d'autres mouvements nationalistes et de résistance de toutes tendances ont commencé à se regrouper dès septembre 1941, à l'initiative de Hô Chi Minh, pour former le Viêt-minh ou Ligue pour l'indépendance du Vietnam. Organisation, dans laquelle le parti communiste jouera rapidement le premier rôle. Dès la défaite du Japon et l'abdication de Bao Daï, le Viêt-minh proclamera, le 29 août 1945, la République démocratique du Vietnam, comprenant les trois ky (Tonkin, Annam et Cochinchine), avec comme capitale Hanoï, et à sa tête un gouvernement provisoire dirigé par Hô Chi Minh. Vers l'indépendance.
La
Guerre d'Indochine.
Le Vietnam depuis 1954 La conférence de Genève avait prévu une partition provisoire du pays. La partie du Vietnam située au Nord du 17e parallèle passait immédiatement sous le contrôle du Viet-minh et adoptait Hanoï pour capitale. La partie au Sud de cette ligne, avec Saïgon pour capitale, restait sous le contrôle de la France jusqu'à la tenue d'élections générales, prévues au plus tard en mai 1956 et qui devaient déboucher sur la réunification du pays. L'Inde, la Pologne et le Canada avaient même mandatés pour s'assurer de l'application de la convention, mais ce programme n'allait pas se dérouler comme prévu. Le Nord et le
Sud.
La
République démocratique du Vietnam.
Les réformes économiques, sociale et culturelles, esquissées pendant la guerre prennent de l'ampleur, grâce au soutien de la Chine et de l'Union soviétique. On s'attache à combattre l'analphabétisme, en même temps que les biens de production sont collectivisés. Une réforme agraire a lieu, qui place notamment sous le contrôle de fermes d'État les plantations de produits agricoles industriels, tels que le caoutchouc, le thé, le café et le tabac; et de façon générale une grande partie du secteur agricole relève de fermes collectives ou se trouve « communautarisé » (ce qui peut être vu comme un retour au structures traditionnelles du monde rural dans le pays); devant la famine qui menace (le Nord est surpeuplé et les rizières sont surtout au Sud), de nouvelles méthodes de riziculture sont expérimentées. Un début d'industrialisation, qui peut s'appuyer sur de notables richesses minières, est également amorcé selon les principes de l'économie socialiste : industries, banques, transports et organes d'information sont nationalisés. La
République du Vietnam.
Cependant la principale différence tient à l'instabilité politique du Sud. Au moment des accords de Genève, le Vietnam, malgré l'abdication de Bao Daï était encore sur le papier un empire. En pratique, un nouveau régime, s'était mis en place dans la région de Saïgon, sous la conduite Ngô Dinh Diem, l'ancien promoteur d'une tentative de parlementarisation du régime impérial. Le 26 octobre, la République du Vietnam, qui se définit comme anti-communiste et nationaliste, est officiellement proclamée. Le pays reste entre les mains de Diem et de son proche entourage, dont le pouvoir autoritaire peut compter sur le soutien, à l'intérieur, des catholiques et, à l'extérieur, des États-Unis (aide financière et militaire). Diem s'emploie à éliminer méthodiquement toutes les oppositions, à commencer par les sectes Cao Dai, Hoa Hao et Binh Xuyen. En 1963,Ngô Dinh Diem est assassiné. Un gouvernement , dirigé par le bouddhiste Nguyên Ngoc Tho est alors mis en place. Mais, dès janvier 1964, il est renversé par les militaires, qui désignent pour président le général Nguyên Van Thieu (vice-président le général Nguyên Cao Ky) et pour premier ministre Tran Van Huong. Bien que divisés entre neutralistes (Thich Tri Quang) et anticommunistes pro-américains (Thich Tam Chau), les bouddhistes deviennent dès lors une composante importante de la résistance au régime militaire, comme le montrent les violentes manifestations des mois suivants, et qui sont écrasées dans le sang. L'autre composante importante de l'opposition est constituée par le Front national de libération (F.N.L.), un mouvement armé fondé en décembre 1960, avec le soutien du Nord-Vietnam, et issu du comité de Saïgon-Cholon pour la paix, qui avait été fondé en 1954 par Nguyên Huu Tho, et ne revendiquait, au départ, que l'application des accords de Genèveet l'organisation d'élections. Le F.N.L, plus connu sous le nom de Viêt-cong, bénéficiant des abus du régime, de son inefficacité en matière économique, de la corruption qui règne parmi les dirigeants, et aussi d'une propagande active, a su vite se rallier une partie de la population des campagnes. Cette montée en force d'une guérilla communiste inquiète autant la junte au pouvoir que les Américains qui envoie sur place, dès 1961, un premier corps expéditionnaire. C'est le début d'une escalade, initiée sous la présidence d'Eisenhower, poursuivie par Kennedy, puis par Johnson, et qui aboutira en 1965 au déclenchement d'une guerre ouverte. La
Guerre du Vietnam.
Début 1968, le Viêt-cong, secondé par des troupes infiltrées venues du Nord, lance une grande opération contre les villes du Sud, connue sous le nom d'offensive du Têt (du nom du nouvel an vietnamien). Elle échoue militairement, mais c'est un succès politique, qui rend de plus en plus intenable la position des États-Unis. Le massacre de My Lai, perpétré par les troupes américaines et où 500 civils sont tués, fait partie des événements qui, avec la conscription et le nombre croissant de victimes américaines, font monter le mouvement pacifiste en Amérique. Les États-Unis acceptent finalement des négociations, qui se tiennent à Paris en mai 1968. Elles seront poursuivies sous l'administration du président Nixon, et après la mort d'Hô Chi min, en 1969, qui, envisage une « vietnamisation-» du conflit : ce qui signifie, à la fois un désengagement militaire américain et un renforcement de l'aide des États-Unis à l'armée sud-vietnamienne, qui passera bientôt à 1 million d'hommes. En 1970, Henry Kissinger, alors conseiller américain à la sécurité nationale, et Lê Duc Tho, le représentant du Vietnam du Nord, se rencontrent à Paris pour engager de nouveaux pourparlers. Ils aboutissent, en janvier 1973, a des accords suivis d'une trêve. Les troupes américaines quittent le Vietnam dès le mois de mars suivant. Mais la guerre reprend bientôt entre Nord et le Sud. En 1975, les troupes nord-vietnamiennes lancent une grande offensive qui leur donne le contrôle de tout le Vietnam du Sud, dont le président Duong Van Minh signe la reddition. La Guerre du Vietnam se termine avec un bilan effroyable. Deux à trois millions de morts, autant de blessés; près de trois millions d'hectares de forêts détruites par l'usage de défoliants (« agent orange ») largués par les avions américains, et plus de bombes lâchées par ces mêmes avions que pendant toute la Seconde Guerre mondiale en Europe. Et on estime qu'à ce jour (2007) environ cinquante mille personnes ont été tuées depuis la guerre par des mines antipersonnel disposées lors du conflit, ou par des munitions qui n'avaient pas explosé à l'époque. La reconstruction.
En décembre 1978, le Vietnam, qui dans les dissensions qui opposent alors la Chine et l'URSS s'est rangé dans le camp de cette dernière, envahit le Cambodge, où le régime des Khmers rouges de Pol Pot, en place depuis 1975, est soutenu par la Chine. Le renversement des Khmers rouges suscite une réplique de Pékin qui, en février 1979, lance ses troupes sur la frontière nord du Vietnam. L'affaire n'ira pas plus loin, mais ce nouveau conflit ajouté à une gestion économique catastrophique, débouche sur une grave crise alimentaire en 1979-1980. La dépendance économique et militaire du pays envers l'Union soviétique devient ainsi de plus en plus grande. Quand les évolutions, qui s'amorcent à Moscou, à partir de 1986 (Perestroïka = restructuration), conduisent au tarissement progressif de son aide, les autorités vietnamiennes - malgré les résistances de la vieille garde communiste - ne peuvent qu'envisager une évolution de leurs structures économiques, en même temps qu'un assouplissement de leurs relations avec les pays occidentaux. Sous l'autorité de Nguyên Van Linh, nouveau leader du parti communiste qui reste tout-puissant, une politique dans une certaine mesure parallèle à celle qui est engagée en URSS et qui prend ici le nom de Doi Moi (= rénovation). Un maillage serré de milliers d'entreprises d'État persistera, mais on décollectivise l'essentiel de l'agriculture et restaure les anciennes exploitations familiales, on ouvre l'économie aux capitaux étrangers (en provenance du Japon, de Taiwan et de la Corée du Sud principalement). Le Cambodge a été évacué en septembre 1989 et les relations avec la Chine rétablies en 1991. La constitution adoptée en 1992 consacre cette évolution en instituant une certaine liberté économique tout en réaffirmant le rôle directeur du Parti communiste. Ainsi, c'est à un modèle politique et économique « à la chinoise » que l'on songe désormais. Toutes proportions gardées les résultats seront similaires (la croissance annuelle du PIB en 2006 a été de 7,8%). Les États-Unis lèvent leur embargo en 1994 et des relations diplomatiques sont rétablies l'année suivante. Le président américain Bill Clinton visite même le pays en 2000. Une normalisation complète des relations entre les États-Unis et le Vietnam (accords commerciaux (2001), ouverture de liaisons aériennes régulières (2004), financement d'études sur les effets de l'utilisation de l'agent orange (2007), etc.) a eu lieu dans les années suivantes. En janvier 2007, le Vietnam, après douze ans de négociations, est devenu membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). (H. Cordier).
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