.
-

Les Hohenzollern

La famille des Hohenzollern a été rattachée par les généalogistes aux Colonna de Rome, aux Colalti lombards (ce qui n'est pas sérieux), aux Burchard de Souabe (ce qui ne s'appuie sur rien). Elle paraît au XIe siècle. Burchard et Wezel de Zolorin, tués en 1061, sont les premiers personnages authentiques. Adelbert, fils de Wezel, porte le titre de Zollern-Haigerloch; il ne laissa qu'une fille. Burchard II, fils de Burchard, parent de Frédéric de Hohenstaufen, est le vrai fondateur de la maison. Il eut quatre fils : Burchard, qui fonda la lignée des comtes de Hohenberg, bientôt hostile aux Hohenzollern (éteinte en 1486); Egino, Frédéric et Godefroi. C'est le troisième fils, Frédéric, qui hérita du château de Hohenzollern; il mourut vers 1115; ses fils Frédéric Il (mort en 1139) et Berthold s'associèrent à la fortune des Hohenstaufen. Frédéric III (mort en 1201) suivit la même politique; son mariage avec Sophie de Raab, fille du burgrave Conrad II, lui valut le burgraviat de Nuremberg (1191). Ses fils Frédéric IV et Conrad III, par le partage de 1227, donnèrent naissance le premier à la ligne de Souabe, le second à celle de Franconie; les destinées de ces deux lignées furent singulièrement inégales.

Le premier des Hohenzollern de Souabe fut Frédéric IV le Lion (1201-1251). Ses petits-fils Frédéric le Chevalier (mort en 1298) et Frédéric de Merkenberg (mort en 1302) procédèrent en 1288 à un nouveau partage, et le second fonda la ligne de Schalksburg (éteinte en 1408). Les petits-fils de Frédéric le Chevalier subdivisèrent la ligne de Hohenzollern : Frédéric le Vieux Schwarzgraf (1333-1379) abandonna à son frère Frédéric de Strasbourg (1344-1367) une partie de ses terres. La branche de Schwarzgraf s'éteignit dès 1412, mais l'autre se divisa de nouveau dès 1401 entre Frédéric Oettinger (1401-1443) et Eitelfriedrich (1401-1439) qui devinrent ennemis mortels; c'étaient deux brigands; l'aîné s'attira l'hostilité des villes et du Württemberg, qui rasèrent le château des Hohenzollern; Oettinger, longtemps emprisonné, mourut en Terre sainte (Les Croisades) et le fils d'Eitelfriedrich réunit tout le comté de Hohenzollern. Ce Jost-Niklaus se rapprocha des Hohenzollern de Brandebourg, avec le concours desquels il rebâtit le château familial (1454). Quand il mourut (1488), ses fils conclurent un accord, aux termes duquel, en cas d'extinction de leur descendance, l'héritage passerait à leurs cousins de Brandebourg. Eitelfriedrich Il reçut le titre de juge impérial qui demeura héréditaire dans sa maison, et promulgua la coutume locale. Son petit-fils Charles Ier (1558-1576) reçut de Charles-Quint les comtés de Sigmaringen et Vehringen. A sa mort, ses fils Eitelfriedrich IV (1576-1605) et Charles II se partagèrent la succession: le premier fut la souche de la ligne de Hohenzollern-Hechingen, le second de la ligne de Hohenzollern-Sigmaringen.

Les princes de la première, restés catholiques, tyrannisèrent effroyablement leurs sujets, surtout par la législation forestière et de chasse; en deux siècles (1588-1796), il y eut quinze insurrections de paysans. Jean-Georges (1605-1623) fut promu prince d'Empire par Ferdinand II (1623); tour à tour envahie par les Wurttembergeois, et les Bavarois, la principauté fut occupée par l'Autriche de 1650 à 1661. Frédéric-Guillaume (1671-1735) conclut avec la maison de Brandebourg un nouveau pacte d'héritage auquel accéda la ligne de Sigmarigen (1695). 

Hermann-Frédéric-Otton (1798-1810) fit partie de la Confédération du Rhin, abolit le servage, réorganisa les impôts. En 1848, la population arracha au prince Frédéric (1838-1850) une constitution instituant une Chambre de quinze membres; cette Chambre se querella avec le prince et les Prussiens occupèrent le pays. Frédéric signa alors le 7 décembre 1849 un traité aux termes duquel il cédait sa principauté à la Prusse en échange d'une rente viagère de 10 000 thalers. Il mourut le 3 septembre 1869 et avec lui s'éteignit la ligne de Hohenzollern-Hechingen. 

Des Hohenzollern-Sigmaringen, princes à partir de 1633, se détacha la branche néerlandaise des comtes de Bergh (1712-1781). Charles donna en 1833 une constitution à ses sujets; il en résulta des conflits qui se terminèrent par son abdication au profit de son fils Charles-Antoine (1848). Celui-ci signa le traité du 7 décembre 1849, abandonnant à la Prusse ses possessions. Son fils aîné Léopold, né le 22 septembre 1835, se vit offrir en 1870 la couronne d'Espagne, ce qui fut cause de la guerre franco-allemande; le second, Charles, né le 20 avril 1839, devint prince (1866), puis roi de Roumanie; la fille aînée, Stéphanie (1837-1859), fut reine du Portugal; la seconde, Marie, née en 1845, a épousé en 1867 le comte de Flandre.

Les Hohenzollern de la branche cadette ou franconienne éclipsèrent leurs aînés. Ils s'attachèrent tour à tour aux trois grandes familles qui se succédèrent à la tête du Saint-Empire. Leur fortune commencée comme clients des Hohenstaufen, ils l'achevèrent comme clients des Habsbourg. Conrad III (1201-1261) s'attacha à l'empereur Frédéric II qu'il abandonna toutefois un moment. Son fils, Frédéric III (1261-1297), après l'extinction des Hohenstaufen, prit pour protecteur Rodolphe de Habsbourg, auquel il rendit de signalés services. Son mariage avec Elisabeth, soeur du dernier duc de Méran (1248), lui valut le margraviat de Bayreuth. Frédéric IV (1297-1332) contribua à faire prévaloir Louis de Bavière sur ses rivaux. Son fils, Jean Il (1332-1257) se réconcilia avec Charles IV victorieux. Le fils de Jean II, Frédéric V (1358-1397), en fut récompensé par la dignité d'Empire, et il reçut eu fief la principauté d'Anspach (1362) qu'en 1334 son grand-père avait achetée. Ainsi les Hohenzollern se constituent en Franconie une principauté territoriale assez considérable autour de Nuremberg dont ils étaient burgraves. Frédéric V abdiqua un an avant sa mort (1398) et partagea ses possessions entre ses fils Jean III (burgraviat de Nuremberg et margraviat de Bayreuth) et Frédéric VI (margraviat d'Anspach). L'aîné mourut sans héritiers en 1420; le second fut l'auteur de la grandeur historique de la maison de Hohenzollern par l'acquisition du margraviat de Brandebourg. Toutefois il s'en détacha des branches secondaires apanagées sur les principautés. Tandis que l'aîné gardait le Brandebourg, les fils cadets de Frédéric VI (Ier en Brandebourg), reçurent : Jean (1440-1471), Bayreuth, et Albert-Achille (1440-1486), Anspach; ce dernier hérita de Bayreuth (1464) et du Brandebourg (1470). 

A sa mort, nouveau partage, duquel datent les lignes des Hohenzollern de Brandebourg et des Hohenzollern de Franconie (1485-1603). Jean-Cicéron eut le Brandebourg; Frédéric VII (1486-1536) et Sigismond gouvernèrent ensemble les principautés franconiennes; la mort du second les laissa à Frédéric, dont les fils Casimir et Georges le Pieux procédèrent à une division; Albert-Alcibiade, fils de Casimir, hérita de Bayreuth (Culmbach), que sa mort (1557) fit passer à Georges-Frédéric, margrave d'Anspach, réunissant de nouveau les principautés franconiennes. A la mort de Georges-Frédéric (1603), elles revinrent à la ligne de Brandebourg. Mais de celle-ci se détacha une seconde ligne de Franconie, fondée par les fils cadets de l'électeur Jean-Georges. Conformément au pacte de Gera (1598) le second fils, Joachim-Ernest, reçut Anspach, le troisième, Christian, reçut Bayreuth. Les margraves de Bayreuth, dont le plus fameux fut Frédéric (1735-1763) s'éteignirent en 1769.

 Leur héritage passa à ceux d'Ansbach, parmi lesquels nous citerons, après Joachim-Ernest (1603-1625), ses fils Frédéric (1625-1634) et Albert (1634-1667), puis Jean-Frédéric (1667-1686), Christian-Albert (1686-1692), Georges-Frédéric (1692-1703), le sauvage Guillaume-Frédéric (1703-1723), Charles-Guillaume-Frédéric (1723-1757), fondateur de l'université d'Erlangen et beau-frère de Frédéric le Grand; enfin Christian-Frédéric, jouet de sa maîtresse lady Craven, qui, en 1791, céda au roi de Prusse, en échange d'une rente viagère, ses principautés d'Anspach et Bayreuth; il mourut sans enfants en Angleterre le 5 janvier 1806. Ainsi finit la ligne des Hohenzollern de Franconie.

Pour être complet, mentionnons la branche de Hohenzollern-Brandebourg de Schwedt (1688-1788) fondée par Philippe-Guillaume, fils aîné du second mariage du Grand Electeur; il reçut un petit apanage ayant pour centre la ville de Schwedt sur l'Oder, non loin de Potsdam. Cette branche cadette s'éteignit en la personne de Henri-Frédéric, dernier fils de Philippe-Guillaume. (A.-M. B.).

.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2006. - Reproduction interdite.