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Le
genre Boeuf (Bos) comprend actuellement plusieurs espèces,
le nom étant plus spécialement appliqué au Boeuf proprement
dit (Bos taurus), dans lequel on distingue deux sous-espèces : le
Boeuf domestique (B. t. taurus) et le Zébu (B. t. indicus). On en
ajoute parfois une troisième, le Sanga (B. t. africanus), qui rassemble
plusieurs variétés de Boeufs à longues cornes, que
l'on rencontren en Afrique de l'Est, mais qui pourraient être aussi
des hybrides de Zébus et de Boeufs sans bosse.
Le Bison indien,
Gaur ou Gayal, correspond à l'espèce Bos frontalis et habite
l'Inde centrale et orientale; le Yak, à l'espèce
Bos grunniens (ou Bos mutus), qui vit au Tibet;
le Tembadau ou Banteng, au Bos javanicus, qui se rencontre en Indonésie.
C'est de ces Boeufs
indiens que descendent la plupart des Boeufs orientaux, parmi lesquels
les Zébus à bosse tiennent une si large place; de l'Asie,
ceux-ci ont été annexés et acclimatés en Afrique.
Cette contrée ne possède pas de Boeufs sauvages; les fameux
boeufs du cap Lopez sont des animaux domestiques importés et devenus
marrons comme certains Boeufs de l'Amérique
venus d'Europe.
-
Zébus
(Bos taurus indicus).
Parmi les espèces
disparues, on mentionnera le Bos planifrons, ou Boeuf à front plat,
et le Bos primigenius (ou Bos taurus primigenius) ou Aurochs. Une autre
espèce, le Bos sauveli ou Kouprey, semble avoir disparu récemment.
En Amérique,
il n'y a pas de boeufs indigènes. En Europe, vivait autrefois un
grand Boeuf sauvage, c'était l'Aurochs ou Urus (Bos primigenius)
: son histoire a été confondue sans cesse avec celle du Bison
(Bonassus europaeus), dont quelques rares individus existent encore en
Europe centrale et orientale. Un passage interpolé dans un ouvrage
du XVIe siècle, écrit par
Herberstein, a multiplié les erreurs. L'Aurochs disparu au début
du XVIIe siècle. Les races domestiques
en paraissent dérivées sont les grands boeufs anglais Chillingham
ou des Highlands (Bos scoticus), et certaines races, comme le bétail
de Dux (Tyrol), qui présentent aussi des rapports avec le Bison.
-
Boeufs
Chillingham (Bos scoticus).
Le nom de Boeuf domestique
(Bos taurus) est une rubrique purement abstractive, sous laquelle on réunit
toutes les races modifiées sans cesse par les éleveurs et
dont les ascendants doivent étre recherchés autant chez l'Urus
d'Europe que chez les Boeufs de l'Inde et chez les espèces fossiles
pléistocènes, parmi lesquelles la vache des tourbières
ou des palafittes (Bos frontosus). Les Bos brachyceros, frontosus, longifrons,
sont des formes pléistocènes,
l'Urus serait à peine plus récent; de plus anciennes se tiennent
dans le Néogène (Tertiaire récent)
de l'Inde etc. La facilité avec laquelle l'Humain a pu, de longue
date, domestiquer ces grands ruminants vivant toujours en troupeaux, explique
l'ancienneté des Boeufs domestiques.
Les races bovines en
Europe
Les races bovines (Bos
taurus), extrêmement nombreuses, ont été classées
de diverses façons; la plus grande confusion règne encore
sous ce rapport : chaque pays producteur de bovidés peut avoir,
en effet, sa race particulière, lorsque, généralement,
il n'élève qu'un type plus ou moins amélioré
d'une race bien caractérisée par ses caractères zootechniques,
type auquel on pourrait tout eu plus appliquer le qualificatif de variété
et qui ne possède, le plus souvent, aucune caractéristique
scientifique spéciale et nettement prononcée. Les paragraphes
qui suivent visent à donner une vision simplifiée du sujet,
limitée au continent européen.
Race asiatique
(B. T. Asiaticus).
La race asiatique
est connue en Europe surtout sous les noms de grande race grise et de race
des steppes; son berceau se trouve dans l'extrémité orientale
de l'Asie, probablement dans le voisinage de la
mer de Chine; de là elle s'est étendue vers le nord jusqu'en
Mongolie, puis, avec les grandes migrations
des Asiatiques vers l'Occident, sur les bords de la mer
Caspienne, dans les steppes de la Russie
méridionale, dans le bassin du Danube,
dans l'Asie centrale et dans le Sud-Est de la France
où ou la retrouve encore très pure, particulièrement
dans le delta du Rhône; elle a été
introduire en Egypte avant la IVe
dynastie, les monuments de celle époque en montrent de nombreuses
figures.
Taille élevée,
garrot très prononcé (garrot de buffle)
et ligne dorsale oblique jusqu'à l'extrémité du train
postérieur qui est faible et beaucoup plus baissé que le
train antérieur. Pelage généralement
gris souris sale, mais variant du gris clair au noir; muqueuses, bout des
cornes et ongles noirs. Cornes très longues,
atteignant souvent chez les Boeufs plus de 1 m, d'envergure, s'élevant
en forme de lyre ou s'étendant obliquement en spirales, plus ou
moins allongées et à pointes très aiguës Cette
race vit, le plus ordinairement, à I'état demi-sauvage
et en grands troupeaux, dans les steppes où elle est exposée
aux alternatives de disette et d'abondance et aux intempéries; elle
se montre très rustique et de tempérament très robuste;
on l'utilise ou on l'a tutlisée dans quelques régions (Cambodge,
Inde, Caucase, Romagnes,
etc.) pour sa force motrice, et beaucoup plus, dans toute l'étendue
de son aire géographique, pour la production de la viande.
Les variétés
sont très nombreuses; on peut citer parmi celles qui intéressent
spécialement l'Europe :
Russie.
Variété
russe proprement dite, de petite taille (Estland, Liefland, Courlande,
Pologne); variétés de l'Ukraine,
de Podolie et du Sud (Podolie, Kiev, Tchernikov, Kharkov, Kousk, Pultava,
Woronej, etc) de grande taille, de nuance foncée, peu laitières,
mais s'engraissant facilement et recherchées à cet effet
pour l'exportation dans les provinces danubiennes; variétés
des Kirghiz et des Kalmouks et variété du Caucase (Astrakhan,
Orenbourg, Stavropol. etc.), de taille moyenne, très rustique, et
vivant toute l'année dans les steppes; variété de
Lituanie et de Biélorussie
(Grodno, Minsk, Vilnius), petite, bien conformée et un peu laitière.
Autriche
et régions danubiennes.
Variété
hongroise et transylvanienne, hautes sur jambes, à pelage grossier,
gris blanchâtre, et variété moldave ou podolienne,
plus trapue et de couleur plus foncée; animaux très bons
pour la traction, mais s'engraissant difficilement et ne donnant, même
à un âge peu avancé, qu'une viande dure, maigre et
peu savoureuse.
Italie.
Variété
bellunaise (Vénétie, entre Bellune et Trévise) et
variété romagnole (Italie centrale
et littoral de l'Adriatique), l'une et
l'autre relativement améliorées, plus trapues et d'un plus
fort poids que la plupart des autres variétés italiennes;
ossature puissante et cornes très développées.
France.
La variété
dite de la Camargue est la plus connue dans le Sud-Est de la France; taille
petite ne dépassant guère 1,33 m au garrot, cou mince et
allongé; poitrine, troupe et cuisses minces; ventre volumineux;
cornes relativement longues, dirigées en haut et un peu en dehors;
pelage ordinairement noir. Caractère sauvage et très énergique.
Les sujets vivent en pleine liberté, en troupeaux.
Race auvergnate
(B. T. Arvernensis).
L'aire géographique
de la race auvergnate est très peu étendue et ne comprend
guère que les départements du Cantal
et du Puy-de-Dôme. C'est une race
de grande taille (1,40 m à 1,50 m chez le mâle), à
squelette volumineux; dos droit et long; coupe
allongée et large, saillante à la base de la quelle; poitrine
profonde et ample, membres courts et épais; peau épaisse
et formant au cou un fort fanon; pelage
généralement rouge vif assez foncé; les sujets tachetés
de blanc sont rares; poils abondants et frisant naturellement; cornes noires
à la pointe, fortes, arquées et relevées en avant.
Race exploitée pour le lait dont la production est cependant peu
élevée et la qualité médiocre, pour la force
motrice, autrefois, pour laquelle elle montrait une aptitude très
marquée et, enfin, pour la production de la viande; elle a offert,
sous ce dernier rapport, un exemple très remarquable des résultats
qui peuvent être obtenus dans l'amélioration du bétail
par voie de sélection rationnelle. On distingue deux variétés.
Variété
du Cantal dite communément de Salers.
Les meilleurs sujets
se trouvent dans l'arrondissement de Mauriac. Ils sont gardés à
l'étable pendant la période d'hivernage, de la fin de septembre
jusqu'au milieu ou à la fin de mai, les vaches font leur veau quelques
semaines avant le départ pour la montagne; les troupeaux se composent
ordinairement de 40 vaches, de 20 laiterons ou veaux de lait, de 20 bourrets
ou veaux de l'année précédente et d'un jeune taureau
pris toujours dans la famille. Les laiterons sont logés dans le
local dans lequel se travaille le lait pour la fabrication du fromage,
et ils tètent la nourrice deux fois par jour, matin et soir, mais
assez maigre, ruent; les autres individus paissent sur la montagne, en
parcs pendant la nuit, et en liberté pendant le jour. Les bourrets
se vendent à partir du mois d'août; les taurillons sont émasculés
aussitôt après la descente. On les engraisse ensuite dans
les herbages du Poitou et de Maine-et-Loire,
et, pour la plupart, ils terminent leur vie, dans leur cinquième
ou sixième année, aux abattoirs; leur viande est ferme et
de bonne qualité, le rendement varie entre 55 et 65% du poids vif.
Les vaches laitières et mères réformées sont
engraissées au pâturage, sur la montagne même.
Variété
du Puy-de-Dôme, ou variété ferrandaise (Limagne).
Surtout répandue
dans le Nord de la région des puys; moins estimée que la
précédente et présentant plus de variations dans le
pelage, qui est ordinairement rouge et blanc, et quelquefois, notamment
autour de Mont-Dore, noir et blanc (pelage pie). L'élevage se pratique
de la même façon que dans le Cantal.
Race écossaise
(B. T. Caledoniensis ou race de West-Highland).
La race écossaise
est répandue surtout dans la région des Highlands (hautes
terres) de l'Ouest de l'Ecosse, ou se trouvent
des pâturages abondants; aire géographique peu étendue.
Les deux principales variétés dites West-hiygland et de Kiloë,
ont été sensiblement améliorées pendant le
XVIIIe siècle, principalement aux
environs d'lnverary, par l'un des ducs d'Argyle. Taille petite (max., 1,25
m au garrot), tête forte, à cornes longues et aiguës,
corps allongé et sanglé, cuisses minces; pelage rouge foncé
ou brun; poils frisés et longs; muqueuses et pointes des cornes
noires ou grisâtres. Race rustique, s'engraissant facilement, donnant
une chair excellente et un lait peu abondant, mais
très riche en beurre.
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Boeuf
kyloe (boeuf des Highlands).
Race Ibérique
(B. T. Ibericus).
Le berceau de la
race ibérique se trouve certainement en un point du centre hispanique,
région qui comprend, pour les zoologistes, toute la Péninsule
ibérique et le Maghreb, dont la faune
et la flore se rattachent beaucoup plus à celles du bassin méditerranéen
de l'Europe qu'à celles de l'Afrique. La race occupe actuellement
tout le pays des anciens Ibères
: d'une part, toute l'Afrique septentrionale
jusqu'à la Tunisie, et, d'autre part,
l'Italie, les îles de Sardaigne, de Corse,
de Sicile et des Baléares,
la Péninsule hispanique, et toute la bordure septentrionale des
Pyrénées.
La race ibérique
est de moyenne taille (moy., 1,25 m à 1,30 m), descendant jusqu'au-dessous
de 1 m. Tête et membres
petits, courts et fins; col court et très épais avec un fanon
très développé; corps allongé et souvent fléchi
sur le dos, poitrine large, garrot épais, train postérieur
serré, croupe courte, pointue, l'attache de la queue étant
très haute et fortement saillante. Le pelage dominant est le fauve,
mais toutes les nuances du jaune très dégradé au brun
se présentent. Muqueuses, ongles et cornes ordinairement d'un gris
ardoisé; les muqueuses ont, dans certaines variétés,
une teinte dégradée jusqu'au rosé, les cornes étant
alors d'un blanc jaunâtre à leur base. Race énergique,
donnant des sujets sobres et courageux, ayant une grande aptitude pour
le travail, mais peu laitiers et peu productifs en viande; par contre,
cette dernière est de très bon goût lorsque l'engraissement
a été bien conduit. Les variétés relativement
peu nombreuses, étant donnée l'étendue de l'aire géographique
de la race, diffèrent peu entre elles. Nous pouvons citer spécialement
:
Variétes
pyrénéennes (basquaise et béarnaise).
Ces variétés
occupent l'ancien royaume de Navarre (vallées d'Ossau, d'Aspe, d'Argelès,
etc.); elles donnent des sujets hauts, forts, très agiles et remarquablement
travailleurs, présentant toutes les nuances du fauve tirant parfois
sur le brun ; les veaux sont élevés à la mamelle dans
les vallées, puis an pâturage ; plus tard ils vont travailler
dans les plaines de l'E, et du bassin de la Garonne
où on les engraisse ; la nourriture an pâturage en montagne
est à peu près seule connue.
Variété
landaise.
Les animaux de cette
variété, élevés dans les touyas annexés
à chaque métairie où ils ne trouvent qu'une herbe
rare et dure, restent de petite taille (max.1,30 m au garrot); ils ont
le corps relativement court, mais leur conformation est souvent régulière
et facile à améliorer par la sélection et par l'adoption
d'un régime alimentaire convenable; ils sont très rustiques,
vifs et énergiques et d'une résistance remarquable au travail;
les boeufs ont une allure très légère; l'engraissement
est facile, la production laitière est très faible.
Variété
carolaise.
On la rencontre
dans les Pyrénées-Orientales
et en Ariège; elle ne diffère
guère de la précédente que par sa provenance (plateau
de la Cerdagne), par la réduction de sa taille, par la nuance de
son pelage qui est d'un fauve gris tout particulier (blaireau), tandis
que sa nuance varie du brun au gris blanc dans la variété
landaise, et, enfin, par l'aptitude laitière qui est un peu plus
développée.
Race Jurassique
(B.T. Jurassicus).
Sanson place le
berceau de cette race sur le plateau de la Bresse, à l'extrémité
Sud du Jura; de cette région elle s'est étendue
peu à peu, en descendant vers les vallées, à l'Est,
à l'Ouest et vers le Nord, puis en remontant les contreforts des
Alpes dont elle a disputé l'occupation à
la race des Alpes; des restes de ces deux types naturels ont été
trouvés mélangés dans les habitations lacustres de
la Suisse. La race jurassique occupe maintenant,
en Suisse, les cantons de Neuchâtel, Fribourg et Berne; en France,
toute l'ancienne Franche-Comté, une partie de la Bourgogne, de la
Champagne, du Bourbonnais, du Berry et le Nivernais; en Allemagne, la Haute
et la Basse-Alsace, l'Allemagne (les basses
terres du Bade-Wurttemrg, Palatinat bavarois, dans la vallée du
Neckar, la Saxe). De nombreuses importations ont été faites
en Autriche, en Moravie, en Bohème; en Silésie, et probablement
aussi en Italie, mais la race ne s'y est pas maintenue à l'état
de pureté. L'aire géographique est bien délimitée
actuellement. Les sujets sont presque tous de grande taille (moy., 1,45
m au garrot) et de fort poids, dépassant souvent 1000 kg chez les
mâles adultes. Le squelette est volumineux, mais les membres sont
courts et bien musclés; la culotte est
longue et descend très bas, suivant, en profil, une courbe fort
saillante. La peau est molle et souple. Les quatre couleurs, blanche, noire,
rouge et jaune, existent dans le pelage, le plus souvent en mélange
deux à deux, le blanc refaisant jamais défaut. Les muqueuses
et les paupières sont toujours de teinte rosée chez les sujets
purs. Les vaches sont peu laitières l'aptitude prédominante
de la race est la production de la force et de la graisse. Les variétés
sont nombreuses :
Variété
bressane.
Elle appartient
au plateau de la Bresse et s'étend jusque dans les vallées
de l'Isère; c'est la moins régulière et la moins améliorée
des variétés de cette race, elle est assez bonne laitière;
elle produit surtout des boeufs de couleur froment pâle qui s'engraissent
bien (rendement : 30 à 60% du poids vif ; poids maximum : 700 kg).
Variété
comtoise.
Elle occupe les
parties hautes du Jura, du Doubs
et de la Haute-Saône où on
la désigne sous le nom de tourache. Les sujets, au pelage jaune
et rougeâtre marqué de taches blanches, sont de grande taille.
Les vaches fournissent le lait, travaillé dans les fruitières
pour la fabrication des fromages façon Gruyère (richesse
du lait en matière sèche totale, 13 à 44 %; 4000 litres
de lait donnent 8 à 9 kg de fromage), elles ne sont pas exploitées
en dehors de leurs montagnes. Les boeufs, toujours très grands,
souvent faibles dans leur train de derrière, toujours mous au travail,
sont recherchéss par les engraisseurs de la région du Nord
et de la Belgique ; ils sont très forts
mangeurs et s'engraissent facilement avec les pulpes des sucreries et des
distilleries. Leur viande est de qualité médiocre.
Variété
fémeline.
La conformation
de cette variété, surtout répandue dans les vallées
du Doubs, de l'Oignon et de la Haute-Saône,
est meilleure dans son ensemble; les sujets sont généralement
de plus grande taille; le pelage est blond ou châtain clair (pelage
froment), sans aucune marque blanche.
L'aptitude à
l'engraissement est très développée, la viande est
tendre et savoureuse (rendement moyen, 54 % ; poids vif moyen, 560 kg).
On trouve encore des types de cette variété en Alsace et
en Lorraine, concurremment avec ceux des variétés suisses
et de la race des Alpes, dans la Haute-Marne
et les Vosges, mais ils sont généralement
entachés de melange avec d'autres variétés.
Variété
charolaise.
Cette variété
est élevée dans des herbages plantureux soigneusement entretenus;
grâce à la richesse de son alimentation et à une sélection
continue, elle s'est affinée considérablement et compte une
grande majorité de types de conformationn parfaite; s'engraissant
facilement à l'embauche (herbages les plus fertiles du Charolais)
et livran, dès la quatrième année un fort rendement
(moyen, 54 %; poids moyen , 700 kg), en viande tendre et juteuse, mais
un peu fade. Le jeune bétail et les mères, dont le pelage
est, aujourd'hui, grâce à la sélection, uniformément
blanc crème, comme celui des mâles, sont élevés
et entretenus sur les herbages les moins fertiles; la vache donne à
peine assez de lait pour allaiter son veau.
Variété
nivernaise.
Elle n'est en réalité
qu'une sous-variété de la précédente, créée,
vers 1770, à la ferme d'Anzely, entre Nevers et Decize, par un agriculteur
originaire du Charolais appartenant à la famille des Mathieu d'Oyé.
Les éleveurs du Nivernais suivirent peu à peu son exemple
et acquirent bientôt une grande réputation; les noms des d'Oyé,
Paignon, Jacques Chamard, Ducret, Louis Massé, etc., furent vite
connus. Jusqu'en 1822 la variété se conserva pure, mais,
à cette époque, Brière d'Azy, puis le comte de Bouillé,
commencèrent l'importation des Durham, et, peu après, ils
croisèrent ces derniers avec la variété indigène.
Ce mode de reproduction a été adopté ensuite par tous
les éleveurs du Nivernais, et il en est sorti un type désigné
communément sous le nom de Charolais-Nivernais dont l'ensemble forme
une des plus belles et des plus prospères populations bovines de
l'Europe entière. Le pelage blanc pur a été conservé;
la précocité, la beauté et l'ampleur de la conformation
se sont accrues et ne le cèdent souvent en rien aux aptitudes correspondantes
des sujets Durham. Le rendement en viande atteint jusqu'à 65 %,
et le poids dépasse souvent 1000 kg, mais la viande occupe un des
derniers rangs sous le rapport de la saveur. La vache est très peu
laitière, on l'engraisse de bonne heure.
Variété
bourbonnaise.
Elle est élevée
dans le département de l'Allier; dans la population commune, le
squelette est plus volumineux, et le pelage est resté de nuance
jaunâtre.
Variété
de Simmenthal.
Elle est connue
aussi sous les noms de Saanen et d'Erlenbach, et elle habite la plus grande
partie de l'Oberland bernois; elle s'est beaucoup améliorée
depuis 1859, tant sous le rapport de la conformation générale
que sous celui des aptitudes au travail et surtout à l'engraissement.
Le poids des adultes atteint 900 à 1000 kg chez les adultes mâles
et 700 à 800 kg chez les vaches; après l'engraissement, les
poids peuvent s'élever respectivement à 1200 et 900 à
1000 kg. Le pelage est toujours mélangé de blanc et de rouge
ou de jaune par places plus ou moins étendues. La variété
dite de Frutig, élevée en Suisse, aux environs de Reichenbach,
ne diffère de la précédente que par sa taille qui
est un peu plus réduite et par son aptitude laitière sensiblement
plus grande. On désigne aussi sous le nom de variété
bernoise les sujets communs, peuplant surtout le canton de Berne, dont
le pelage est blanc et rouge (pie rouge); il n'existe aucune autre différence
réelle entre les deux types, tous les animaux améliorateurs
étant empruntée à la Simmenthal.
Variété
fribourgeoise.
Cette variété
est particulière aux districts de Bulle et de Gruyère; elle
est plus massive que la Simmenthal, au pelage presque sans exception noir
et blanc; les boeufs sont puissants comme moteurs et ne s'engraissent pas
mal; les vaches, dont le lait sert pour la fabrication du gruyère,
donnent peu de rendement eu égard à leur poids vif.
Variété
de Pinzgau.
On réunit
sous cette dénomination plusieurs types (Pinzgau, Pongau, Lungau,
Moellthal, Helmeten, Kampeten, etc.) plus ou moins purs et croisés
souvent entre eux, mais dérivant tous du Simmenthal et formant la
plus grande partie de la population bovine autrichienne; ils se répandent
dans le Tyrol Oriental, dans la Haute et Basse-Autriche, en Bohème,
en Moravie, dans la Haute-Bavière, etc.
Variétés
du Glane et du Donnesberg.
Voisines de la comtoise,
mais de plus petite taille et habitant surtout la Bavière rhénane
et la région de Deux-Ponts, sur les hauteurs voisines de la chaîne
des Vosges.
Race vendéenne
(B. T. Ligeriensis), dite aussi du bassin de le Loire.
Elle a pris naissance
entre le bassin de la basse Loire et les côtes
marécageuses de l'Océan, dont le défrichement remonte,
tout au plus, au commencement du XVIIe
siècle. Des ossements qui ont été rapportés,
par Paul Gervais, au Bos primigenius, dont le B. T. Ligeriensis n'est que
le descendant direct, ont, du reste, été retrouvés
à 9,50 m au-dessous du niveau actuel du littoral, lors de l'exécution
des travaux du port de Saint-Nazaire, en mélange avec des os d'autres
grands mammifères. La race a toujours habité cette région,
puis elle s'est étendue vers le Sud-Est, occupant une aire comprise
entre l'embouchure de la Loire et celle de la Gironde
et adossée aux Cévennes; elle a gagné anciennement
l'Italie (val d' Arno); en France, elle a dû reculer dans quelques
départements (Cher, Allier, etc.) devant la concurrence que lui
a faite la race jurassique, elle a perdu ainsi quelque peu de terrain.
Les sujets sont toujours très grands (1,35 à 1,45 m), avec
une forte disproportion de taille entre le mâle et la femelle; le
squelette est massif, le corps ample et long, la tête forte, les
cornes fortes et longues, les membres courts et volumineux. Les mamelles
sont bien développées, mais courtes à l'avant et pourvues
de gros trayons disposés irrégulièrement. La peau
est dure et épaisse; le pelage est d'une seule couleur, le jaune,
mais avec toutes les nuances du fauve le plus clair au fauve le plus foncé;
les muqueuses sont noires, le mufle est entouré d'un cercle de poils
de nuance claire allant au blanc argenté. L'aptitude laitière
est développée; les boaufs s'engraissent assez facilement
et donnent une chair d'excellente qualité très appréciée
par les gourmets. Cette race doit être considérée à
tous égards, dans son ensemble, comme l'une des meilleures races
françaises. Les principales variétés sont :
Variété
maraîchine.
Cette variété,
élevée dans les régions basses de la Vendée
et de la Charente-Maritime occupées autrefois par des marais, et
portant aujourd'hui d'excellents pâturages, a acquis une grande taille,
souvent supérieure à 1,45 m, et un développement osseux
remarquable; le corps est très large et bien musclé, les
membres sont courts et puissants; l'appétit est considérable
et permet vit engraissement rapide des boeufs. Ces animaux, dont le pelage
épais et dur, couvert de poils longs grossiers et de nuance brune,
est reconnaissable, pèsent vifs toujours plus de 900 kg, et rendent
de 50 à 55% de viande nette, assez grossière et forte en
suif. Les vaches sont bonnes laitières (2000 à 2500 litres
par an).
Variété
nantaise.
Cette population
habite l'arrondissement de Paimboeuf; ses sujets, de couleur ordinairement
claire, sont, pour la plupart, défectueux, cornparés à
ceux des variétés voisines; ils sont très durs à
l'engraissement. C'est à tort que l'on confond avec eux, sous la
désignation de boeuf nantais, tous les boeufs de couleur fauve venant
du Centre-Ouest (Maine-et-Loire, Vendée, etc.); les véritables
boeufs nantais ne sortent guère de leur pays, les autres appartiennent
presque toujours à l'une des variétés suivantes.
Variété
poitevine.
Sanson a réuni
sous ce nom toutes les populations désignées sous les noms
de Choletais ou Chollet par la boucherie et le commerce, de Parthenay par
les catalogues des concours officiels, de Gâtinau ou Gâtinais
dans le pays, et enfin de race du pays dans les départements de
la Vienne, de l'Indre, d'Indre-et-Loire et de Loir-et-Cher. En réalité,
la variété poitevine, dont le principal centre de production
est sur le plateau de Gâtine, appartient à l'ancienne province
du Poitou, puis elle a débordé peu à peu vers l'Est
et vers le Nord en conservant toujours ses caractères spécifiques
particuliers et en ne différant, dans les divers points de son aire
géographique, que par le poids et la régularité plus
ou moins grande de la conformation, autrement dit que suivant le degré
de fertilité du sol et le degré d'habileté des éleveurs.
La charpente est toujours puissante et bien établie, mais la taille
ne dépasse pas 1,45 m; souvent elle reste au-dessous, surtout dans
la partie Nord de l'aire de la variété (Sologne). Le pelage
dominant est le fauve clair, atteignant le brun noirâtre en avant,
cher les taureaux, uniforme chez les vaches, et tirant sur le gris jaunàtre,
marqué on non de brun à la tête, au cou et sur les
épaules, chez les boeufs. La chair est fine, savoureuse et bien
persillée; le rendement atteint 60% du poids vif. Les vaches donnent
une production moyenne de 2000 litres de lait (max., 2500 l; min., 1000
l), le lait et le beurre ont un goût très fin, les beurres
provenant des vallées de la Sèvre et de la Boutonne sont
les plus estimés.
Variété
marchoise.
Cette population
habite les plateaux granitiques de l'ancienne province de Marche où
elle ne trouve qu'une nourriture rare et peu riche en acide phosphorique;
elle reste de petite taille (max., 1,35 m) et généralement
mal conformée; les boeufs, dont la couleur est foncée (poil
blaireau), sont durs à engraisser; les vaches sont très bonnes
laitières et donnent un lait très riche en beurre.
Variété
de l'Aubrac.
On peut réunir
sous ce nom un groupe de sous-variétés vivant autour du district
montagneux de l'Aubrac (Aveyron) et peuplant les départements du
Cantal (partie Sud), du Lot, de l'Aveyron, du Tarn, de la Lozère
et de la Haute-Loire; elles portent dans la région les noms de races
d'Aubrac, de Laguiole, d'Angles, de La Causne, du Quercy, du Causse, du
Ségalas, du Rouergue, du Gévaudan, du Velay, du Vivarais
(Sanson), mais elles ne présentent entre elles que des nuances insensibles.
Le pelage est assez varié (fauve noir de suie eu marron avec mélange
de gris et de roux, etc.). L'élevage se pratique de la même
façon qu'en Auvergne. Les boeufs sont très agiles et très
courageux, on les engraisse tardivement; les vaches, ont une 'aptitude
laitière faible (1200 à 1400 litres par an.
Race des Alpes
(B. T. Alpinus. All. Braunwich).
Cette race, qui
semble originaire de la vallée du lac
des Quatre-Cantons (cant. de Schwitz, occupe aujourd'hui une aire géographique
très étendue : Suisse (14 cantons). Zurich. Argovie, Lu cerne,
Zug, Scwitz, Untervald, Uri, Valais, Tessin, Grisons, Glaris, Saint-Gall,
Oberland (en partie) et Berne; Allemagne, parties élevées
du Bade limitrophe de la Suisse et du Wurttemherg, une partie de la Bavière
(dénominations : race wurttembergeoise et race d'Allgau), Autriche
( Tyrol, Haute-Autriche Carinthie occidentale, Nord-Ouest de la Styrie
(vallée de Montafon)); Italie (Vénétie, Lombardie
et piémont, sur les Alpes pennines et rhétiques); France
(Alpes savoisiennes (variété tarine ou tarentaise), Dauphiné,
Haut-Languedoc et Gascogne (variétés gasconne, ariégeoise,
saint-gironnaise, etc.)). Les populations, quoi que très variées,
sont généralement de taille moyenne; le corps est trapu et
fortement charpenté, à membres courts et épais; la
tête courte et volumineuse porte des cornes très tourtes,
horizontales et dirigées en avant; les mamelles sont étendues,
souvent pendantes et de farine irrégulière; la peau est dure
et épaisse avec un fort fanon sous le cou; le pelage, toujours d'une
seule couleur, va du brun foncé au blanchâtre, avec toutes
les nuances intermédiaires; le mufle est entouré d'une zone
claire, blanchâtre en d'un gris brillant, il est d'un noir bleuâtre
ainsi que let paupières; la teinte du pelage est dégradée
sur la poitrine et dans la région abdominale, ainsi que sur la colonne
vertébrale. Les sujets de cette race sont mis à l'engraissement
et donnent une viande grossière; la production du lait est assez
élevée, mais le lait est de goût médiocre et
ordinairement peu riche en beurre.
-
Race
des Alpes.
Variétés
suisses.
Les populations
de la race des Alpes ou race brune habitant la Suisse diffècent
peu au point de vue zootechnique; les praticiens les classent en :
• Variété
lourde, connue en France sous le nom de Schwitz, et en Allemagne sous les
noms de Scwitz et de Righi;
• Variété
moyenne ou des Grisons;
• Variétés
légères ou du Valois et du Tessin. Les vaches sont bonnes
laitières (2300 à 2900 litres par an) et donnent un lait
très riche en matière sèche; elles sont exploitées
tout à la fois pour la laiterie, pour la production du jeune bétail
, et, dans quelques régions, leur lait est utilisé pour la
préparation des laits concentrés et des farines lactées.
Elles sont conduites sur les alpages moyens, autour des chalets, dès
le début du printemps, et elles tien redescendent qu'à l'automne,
elles voyagent par troupeaux et sont porteuses de clochettes dont le tintement
leur sert pour le ralliement. Les bas alpages sont surtout réservés
pour les boeufs. L'alimentation est souvent défectueuse pendant
la période d'hiver, ce n'est pas une des moindres raison qui contribitent
à rendre cette variété dure pour l'engraissement;
la chair est toujours grossière et d'un goût fort médiocre
Variétés
allemandes.
Les principales
sont :
•
Variété wurttembergeoise ou Landrace (race du pays), de petite
taille et de nuance claire, surtout élevés dans les parties
hautes du pays;
• Variété
d'Allgau, d'un gris brillant ou jaunâtre, toujours clair, de petite
taille (hauteur moyeune au garrot, 1,26 m) et de faible corpulence; elle
se produit en Bavière, surtout dans la région des Alpes d'Allgau,
mais elle est très recherchée jusque dans le Nord de l'Allemagne,
principalement à cause de sa forte aptitude laitière; les
vaches, du poids moyen de 400 à 450 kg, donnent annuellement 2400
à 2800 litres de lait pour une période de lactation de 340
jours.
Variétés
autrichiennes.
Les variétés
dites de Bregenz (Bregenzerwäplder) et de Montafone ou de Montavon
sont les plus connues; la première est petite et de couleur jaune
plus ou moins brunâtre; elle est laitière et donne un lait
riche en beurre; la seconde est plus volumineuse, on l'élève
surtout au Sud-Est de Bludenz. Les variétés de Poznaun, d'Oberinnthal,
d'Oberetschthal, etc., appartenant également au Tyrol, ne se, distinguent
as, en réalité, des précédentes,
Variétés
françaises :
• Variété
tarentaise ou tarine. Elle se trouvé principalement dans les vallées
de la Savoie, mais elle a gagné une grande partie de la région
des Alpes françaises et du Piémont, beaucoup d'éleveurs
de la Lozère, de la Haute-Loire, de l'Ardèche, du Gard, de
l'Hérault, etc., l'ont introduite aussi dans leurs étables.
Elle ne diffère guère de la variété légère
du Valais; son pelage est Jaunâtre, plus ou moins rembruni sur l'avant;
elle est très rustique, peu difficile à nourrir; et fournit
des boeufs durs à engraisser et ne donnant guère plus de
50% de viande nette de faible qualité. Les vaches peuvent rendre
une moyenne annuelle de 1800 litres de lait riche en matières sèches.
• Variété
gasconne. Cette variété, relativement améliorée,
habite les départements du Gers, de Tarn-et-Garonne; elle proviendrait,
suivant Sanson, d'un croisement entre des sujets Schwitz et des sujets
indigènes du pays gascon; la taille est restée moyenne, mais
le corps a acquis plus d'ampleur sous l'influence de la sélection;
le pelage est fauve ou blaireau, la mufle est noir; le bas des bourses
(cupule) et le pourtour de l'anus, ainsi que les lèvres de la vulve
(cocarde), chez la femelle, sont ordinairement noirs. Le rendement en viande
nette s'élève jusqu'a 67% chez certains types améliorés
et bien entretenus; par contre, les vaches sont très peu laitières
et peuvent à peine nourrir leur veau.
• Variété
ariégeoise ou saint-gironnaise. Les carac tères généraux
sont les mêmes ceux de la variété gasconne, mais la
taille est encore plus réduite; par contre, les vaches, élevées
sous un climat moins sec et vivant da vantage sous le régime pastoral
(Pyrénées ariégeoises), se montrent meilleures laitières.
Race d'Aquitaine
(B. T. Aquitanicus).
Selon toutes probabilités,
cette race aurait pris naissance dans la plaine d'Agen et elle, aurait
gagné peu à peu la partie basse de la vallée de la
Garonne, et des vallées du Lot, du Tarn, de l'Aveyron, du Gers et
de la Save. Au commencement du XIXe siècle,
son aire géographique a progressé sensiblement, tant vers
le Nord que vers la région pyrénéenne, pour comprendre
les départements du Tarn-et-Garonne, du Lot-et-Garonne, de la Dordogne,
de la Gironde, et de la Charente, et une partie des départements
de la haute-Garonne, du Tarn, de la Charente-Maritime (Jonzac, Marennes,
Saintes, etc.) et de la Haute-Vienne. Une petite famille existe aussi dans
la vallée de Lourdes. Le pelage est blond (froment) et les muqueuses
de couleur rose; la taille est élevée (min. 1,50 m au garrot
chez les mâles) et la corpulence très forte; la charpente
est puissante, cependant la peau reste généralement tendre
et souple, ce qui indique une aptitude à la formation de la viande
et à l'engraissement; les sujets sont de bons travailleurs, les
vaches donnent peu de lait, à peine pour suffire à l'allaitement
de leur veau.
Variété
agenaise.
Cette variété,
particulière au département du Lot-et-Garonne, est relativement
précoce et beaucoup plus perfectionnée que l'ensemble de
la race. Les boeufs sont très bien élevés et donnent
une chair excellente (rendement moyen, 55 à 60 %) « qui, parmi
les viandes françaises, se place au premier rang » (Sanson).
Variété
garonnaise (saintongeoise, champanaise, etc.).
Elle habite le Sud-Est
de la Garonne et de la Gironde et une partie des départements de
la Charente et de la Charente-Maritime; elle possède une charpente
osseuse très forte et une conformation souvent défectueuse;
les boeufs atteignent souvent une taille colossale et déploient
une force considérable, leur poids s'élève facilement
à 1100 et 1200 kg, mais ils sont peu précoces; leur chair
est de bonne qualité, mais souvent dure et de faible rendement par
suite du mode d'élevage.
Variété
limousine.
Elle présente
un des exemples les plus frappants d'amélioration obtenue par voie
de sélection rationnelle et par une méthode d'alimentation
conforme aux exigences particulières de la race. Sa création
est relativement récente - elle ne remonte guère qu'à
1840; elle montre cependant, dans son ensemble, un type très amélioré
et l'un des plus remarquables, sous le rapport de la production de la viande;
son rendement en viande nette n'atteint pas moins de 60 à 65 %,
et la qualité des produits est hors de pair. On a tenté,
mais sans succès autres que ceux obtenus dans les concours, de croiser
cette variété avec le Durham.
Variété
de Lourdes (lourdaise).
Elle ne diffère
de la variété garonnaise que par la réduction de sa
taille et son manque d'ampleur; mais les vaches ont une aptitude laitière
très développée relativement à leur petite
taille et due certainement à l'influence du climat; dans la vallée
d'Argelès, d'Azun et de Barèges où on les rencontre
surtout, elles donnent fréquemment jusqu'à 2000 litres de
lait par année.
Race Britannique
(B. T. Britannicus).
La race britannique,
probablement originaire d'Ecosse, peuple aujourd'hui deux régions
bien distinctes, au Nord les Lowlands (basses terres) d'Ecosse, et au Sud
les comtés de Norfolk, de Suffolk, de Cambridge et une partie du
comté d'Essex; son aire géographique, autrefois continue,
est coupée par une zone occupée par la variété
courtes-cornes. L'ancienne variété s'est beaucoup améliorée
et ne le cède guère, sous le rapport de l'aptitude à
la production de la viande et comme précocité, à la
Durham; elle est restée cependant rustique et très bonne
laitière; sa charpente est très fine; la tête ne porte
pas de cornes (race sans cornes); le pelage est de couleur très
variable, mais le noir est spécialisé plus particulièrement
dans les régions d'engraissement, et le rouge bigarré de
blanc et de brun dans les régions de production laitière.
Les variétés dites blanche des forêts (blanche terne),
Galloway (noire ou brune mélangée de blanc), Angus (comtés
de Forfar et d'Aberdeen, noire pure ou brune très foncée,
la plus remarquable sous le rapport de l'engraissement et du développement),
de Norfolk et de Suffolk (pelage à fond rouge ou jaune bigarré
de brun ou de blanc ou des deux à la fois, aptitude laitière
très prononcée), sont les plus connues. La variété
d'Angus a été introduite dans le Nord de la France.
Race germanique
(B. T. Germanicus).
Cette race paraît
avoir pris naissance sur les bords de la mer
Baltique, région d'où sont partis la plupart des envahisseurs
désignés sous le nom de Normands (Vikings);
ceux-ci l'auraient introduite dans le Cotentin, puis en Angleterre,
au XIe siècle. Actuellement on la
trouve en Allemagne entre l'Elbe
et l'Oder, dans tout le Danemark,
en Angleterre dans les comtés du centre, et en Normandie. Sa taille
est très élevée, les taureaux atteignent 1,65 m et
plus, les boeufs vont jusqu'à 1,80 m, et leur longueur dépasse
quelquefois 2 m. Les vaches sont beaucoup plus basses et restent généralement
au-dessous de 1,40 m. L'ossature est forte et le corps sanglé du
devant et serré à l'arrière, la tête paraît
souvent courte, les membres sont volumineux et longs; les cornes, toujours
courtes, sont implantées horizontalement et recourbées en
avant, leur direction est souvent défectueuse et les ramène
vers le front. Les quatre couleurs, blanche, noire, jaune et rouge, se
rencontrent dans le pelage, mais le rouge pur ou marié au blanc
en plaques ou en petits bouquets (pelage caille ou pagne) domine presque
toujours; fréquemment encore le noir est associé au rouge
en bandes verticales à contours irréguliers (pelage bringé,
brindled). La race est tardive, et, dans l'ensemble, peu propice
à l'engraissement par contre, elle est excellente laitière
et fournit un lait très riche en crème. Les variétés
sont très nombreuses :
Variétés
allemandes et danoises.
Les variétés
dites de Breitenburg et de Wilstermarsch habitent les parties basses, notamment
dans le Holstein et dans la partie riche de la côte du Mecklembourg;
leur pelage est mélangé de blanc et de rouge dans le première
variété, et de blanc et de brun dans la seconde; les formes
sont généralement bonnes surtout chez la Wilstermarsch; celle-ci
présente aussi la plus grande aptitude laitière et peut donner
jusqu'à 75 kg de beurre par un. L'aptitude à l'engraissement
est moyenne. Les variétés des parties hautes, variétés
d'Angeln et de Tondern, au pelage rouge et blanc, de Hadersleben et du
Jutland, au pelage foncé, le plus souvent taché de blanc,
ont leur principal centre de reproduction dans le Sleswig, de là
elles s'étendent vers le Nord jusque dans le Jutland. Les deux premières,
et surtout la variété d'Angeln, sont remarquablement laitières
(rendement moyen, 2500 à 3000 litres), et donnent un lait très
riche en beurre; les deux dernières variétés sont
un peu moins laitières, mais excellentes pour l'engraissement; la
finesse de leur chair est très renommée. Ces diverses variétés
sont surtout exploitées pour la production du beurre qui a pris,
au Danemark et dans le voisinage de l'embouchure de l'Elbe, une extension
considérable.
Variété
normande.
La variété
normande, dont nous avons déjà signalé l'origine,
habite trois régions bien distinctes dans lesquelles elle se montre
sous des aspects quelque peu différents qui ont conduit les praticiens,
et, même la plupart des zootechniciens, à admettre trois variétés
qu'ils dénomment races normandes.
• Sous-variété
(race) cotentine. Elle habite le département de la Manche
et une partie du Calvados (Bessin et plaine de Caen) où elle trouve,
sous un climat humide, des herbages de qualité moyenne, mais produisant
une herbe abondante; elle est de grande taille, les boeufs atteignent 1,80
m et plus (en 1846, le boeuf du mardi-gras promené à Paris
avait une hauteur de 2,46 m), les vaches ne dépassent guère
1,40 m; le squelette est volumineux, la tête est forte et courte,
les mamelles sont volumineuses, mais souvent de forme irrégulière
et pendantes; le pelage bringé sur fond rouge ou faune plus ou moins
foncé est prédominant, cependant les pelages pagne, caille
et rouan sont encore communs. Les vaches sont très laitières
(rendement moyen annuel, 3400 litres, pour une période de lactation
de 340 jours), et donnent un lait et une crème excellents, très
savoureux, utilisés pour la fabrication des beurres si renommés,
dits d'Isigny.
• Sous-variété
(race) augeronne. Elle s'étend dans la partie Est et Sud du Calvados,
dans l'Orne et dans l'Eure, région qui comprend la célèbre
vallée d'Auge, dans laquelle l'engraissement d'été
au pâturage est surtout pratiqué. Ce type est un peu moins
lourd et un peu moins grand, en général, que le précédent;
il est plus grossier et plus dur, mais cependant mieux conformé
pour la production de la viande; l'aptitude laitière est moins développée,
et la production du lait atteint au plus 3000 litres par année;
le lait est surtout utilisé pour la fabrication des fromages (Livarot,
Camembert, Pont-l'Evêque, façon Brie, façon Gruyère,
etc.). Le pelage est le plus souvent rouge et blanc, rarement bringé.
• Variété
(race) du pays de Caux. Elle se trouve dans la partie de l'Est de la Normandie,
entre la basse Seine et la Somme, presque toujours en mélange avec
des sujets de la race des Pays-Bas, aussi les types de normand pur sont-ils
très rares dans cette région. Le lait est exploité
surtout dans les rayons de Gournay et de Neufchâtel-en-Bray pour
la fabrication des beurres ordinaires et des fromages.
De nombreux essais
de croisement avec le Durham ont été tentés en Normandie;
ils ont eu, pendant longtemps, l'appui de l'administration qui avait créé
au Pin, puis à Corbon (Calvados), une vacherie de Durham; on est
revenu bientôt de cette erreur dans le Cotentin et le Bessin, régions
dont les éleveurs envisagent surtout et veulent conserver intacte
l'aptitude laitière de leur bétail; par contre, il existe
de nombreux métis Durham-Normands dans la vallée d'Auge où
l'exploitation pour l'engraissement est le but principal et naturel de
l'élevage.
Variété
de Hereford.
L'ancienne variété
a presque entièrement disparu sous l'influence d'une sélection
spéciale faite surtout en vue de l'accroissement de l'aptitude à
l'engraissement, et aussi sous l'influence de croisements avec la variété
Durham; le type actuel et le type Durham se rapprochent beaucoup. La population
présente presque uniformément la couleur rouge clair, de
nuance vive, avec la tête blanche. Les vaches sont devenues de médiocres
laitières.
-
Hereford.
Race irlandaise
(B. T. Hibernicus).
Les considérations
que l'on peut faire à propos de la race chevaline irlandaise sont,
de tout point, applicables à la race bovine irlandaise qui occupe
sensiblement la même aire géographique : Irlande, côte
anglaise du canal Saint-Georges, ancienne Armorique et îles
Anglo-normandes de la Manche. Cette race est
peut-être la plus petite de toutes, sa taille varie entre 1 m et
1,35 m. Les sujets sont, en général, minces et élancés,
à squelette très fin et saillant, à peau fine et souple,
à cornes très allongées et effilées, à
mamelles bien conformées et atteignant souvent un développement
considérable. Les couleurs blanche, noire, rouge et jaune, avec
toutes leurs nuances, se rencontrent dans le pelage, avec on sans mélange.
La race est très rustique, et douée d'une sobriété
remarquable; elle montre une aptitude prédominante pour la production
laitière, sa chair a aussi une saveur très agréable
et beaucoup de finesse. Les variétés de Kerry, de Dexter,
d'Ayr et de Devon sont les plus réputées en Angleterre; celle
de Jersey et la variété bretonne ne leur cèdent en
rien sous tous les rapports; elles nous intéressent spécialement.
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Ayrshire.
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Jersey.
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Variété
de Jersey.
La variété
de Jersey ou jersiaise est aussi dite aussi race de Jersey,
d'Alderney, de Guernesey, race des îles
Anglo-Normandes (Baudement), variété des Îles de la
Manche (Sanson). Les sujets de cette variété peuvent rivaliser,
sous le rapport de la finesse, de la rusticité et de l'aptitude
laitière, avec les meilleurs types de la variété d'Ayr;
comme chez ces derniers le pelage est très varié et présente
les mêmes teintes (pie, tigré, rouan, etc.). Le rendement
moyen en lait est évalué à 1930 litres pour une période
de lactation de 340 jours par année; la richesse moyenne en beurre
est de 5.7% sur 16.25 % de matière sèche, et la qualité
parfaite du produit a suffi pour faire acquérir à la variété
jersiaise une faveur exceptionnelle en Angleterre (Wight, Hampshire), et
aussi dans le département de l'Ille-et-Vilaine
où elle se trouve en contact immédiat avec la variété
suivante.
Variété
bretonne.
Le principal centre
de production est dans le Morbihan, aux environs
de Vannes. La population est surtout dense dans les département
du Morbihan, du Finistère, de l'Ille-et-Vilaine,
des Côtes-d'Armor et de la Loire-Atlantique, au Nord de la Loire,
maison trouve aussi des sujets bretons dans tous les départements,
notamment dans la région de Paris et dans le Midi ; un groupe s'est
même formé aux environs de Bordeaux, sous les noms de race
bordelaise ou race gouine, sa taille est un peu plus élevée
que celle du type naturel, mais les caractères généraux
ont été conservés. Des croisements ont été
tentés avec le Durham, et avec l'Ayrshire-Durham. Partout ailleurs,
le type s'est maintenu pur, avec sa petite taille (max. chez le mâle,
1,07 m, chez la femelle; 0,95 m à 1 m), avec sa tête fine
et intelligente, ses épaules et sa croupe saillantes, son garrot
mince et tranchant, son corps long et ses hanches larges, ses membres courts
et fins, ses cuisses minces. Les mamelles sont volumineuses, de forme lenticulaire
et très souples; le pelage est généralement noir et
blanc avec prédominance du noir, le poil est fin et lustré
et de nuance vive; la peau est mince et souple. La sobriété,
l'agilité et la rusticité des sujets sont remarquables, ces
caractères ne nuisent en rien, cependant, à la précieuse
faculté laitière de la variété; les vaches
donnent en moyenne, dans le Morbihan même, de 1500 à 1800
litres par année d'un lait très crémeux, utilisé
surtout pour la fabrication du beurre. Les boeufs atteignent une taille
de 1, 25 m à 1,30 m et un poids moyen de 500 à 600 kg; leur
chair, très fine de goût, est particulièrement estimée.
Race des Pays-Bas
(B. T. Batavicus).
Suivant Sanson,
le type naturel de cette race s'est formé au Nord du golfe de Zuyderzee
avant l'envahissement par les eaux du bassin qui renferme aujourd'hui la
mer du Nord et qui avait pour limites, vers le Nord, une ligne non interrompue
allant des hauteurs de l'Ecosse à celles
de la Scandinavie; l'Angleterre, séparée
du continent, a encore conserve intacte, dans la vallée de la Teeth,
une des populations de la race batavique; les populations restées
sur le continent et refoulées peu à peu par les eaux, ont
dû se disperser le long des côtes occidentales de la Hollande
et des Flandres, puis vers l'intérieur, partout où elles
ont rencontré des conditions convenables pour leur existence. Actuellement,
nous les trouvons dans toute la Hollande et en
Belgique, en Allemagne (Ostfriedland, Oldenbourg,
Hanovre), en Luxembourg et en France (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise,
Aisne, Meuse, Ardennes, Meurthe-et-Moselle, etc.); leur aire géographique
appartient donc au bassin de la mer du Nord, c.-à-d- à une
région traversée par de nombreux cours d'eau et jouissant
d'un climat toujours humide. De là les aptitudes prédominantes
de la race continentale pour la production du lait et pour l'engraissement.
La taille est très variable, suivant la fertilité des régions
d'élevage ; elle va de 1,20 m à 1,45 m avec une longueur
du corps comprise entre 1,70 m et 2 m. Les membres sont volumineux; le
train d'arrière est souvent peu musclé, la queue est
attachée très bas; les mamelles sont ordinairement bien développées
et bien plantées avec des trayons peu volumineux disposés
en carré et en écusson large et haut. Le pelage est rarement
uniforme; il présente toutes les couleurs entremêlées
de blanc, et surtout le noir et blanc (pie proprement dit), le rouge et
blanc (pie rouge), le rouge, avec quelques petites taches blanches, et
le rouan. Nous devons étudier au premier rang la variété
anglaise Durham.
Variété
Durham.
Connue en Angleterre
sous le nom de race courtes-cornes améliorée (Shorthorned
improved) et longtemps confondue avec les prétendues races Teehwater,
Yorkshire, Lincolnshire et Holderness, à l'époque où
elle habitait encore la petite vallée de la Teeth et où elle
avait conservé les facultés laitières si puissantes,
communes aux variétés de la race des Pays-Bas; son pelage
était, comme aujourd'hui, invariablement rouge et blanc, et elle
avait déjà acquis une forte corpulence et une conformation
régulière, mais elle restait haute sur jambes. Les Aislabies,
sir Edward Blackett, sir Hugh Smithson, etc., commencèrent son amélioration
par sélection vers le milieu du XVIIe
siècle; c'est du troupeau de sir H. Smithson qu'est sortie la vache
Duchess, chef de l'une des familles les plus renommées encore actuellement.
Vers 1750, on prit l'habitude de dénommer les reproducteurs; à
la même époque, quelques croisements furent opérés
avec des sujets achetés directement en Hollande; de l'un d'eux sortit
le fameux Hubback, « qui est considéré comme le premier
père de la variété améliorée, de celle
que l'on considère comme la seule noble, de celle dont les membres
sont les seuls inscrits au Herd-Book » (Sanson). En 1770,
Charles Colling, ami du fameux éleveur Bakewell, s'installa à
Ketton, près de Darlington, et il y entreprit bientôt l'amélioration
du Durham; en 1775, il fit l'acquisition de Hubback, dont la vie avait
été jusqu'alors aventureuse.
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Shorthorn.
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Galloway.
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Colling sut apprécier
ses qualités et il le réserva exclusivement pour les saillies
de son troupeau ; malheureusement, ce taureau, qui, paraît-il, était
un modèle accompli de l'animal apte à l'engraissement, perdit
bientôt ses facultés prolifiques et il dut être réformé.
Son fils Bolingbroke le remplaça et donna d'excellents produits
avec Duchess (anc. Daisy), Lady Menard et surtout Phoenix, mère
du célèbre Favourite qui procréa, avec sa propre mère,
le non moins célèbre Comet. La consanguinité fut donc
le principal moyen employé par Ch. Colling pour fixer et porter
au plus haut degré les aptitudes de la race; mais, par l'exagération
même de la méthode, la fécondité menaçait
de s'éteindre. Le mal fut réparé avec Favourite et
Comet et par un croisement de Bolingbroke avec une vache rouge Galloway,
duquel sortit une belle génisse, Lady, qui fut la souche de la famille
connue sous le nom de l'Alliage. La variété Durham avait
acquis, dès cette époque, sous l'impulsion de Colling, une
réputation universelle. En 1801, le boeuf Durham-Ox, fut vendu à
un J. Day. En 1810, Ch. Colling vendit son étable de 47 têtes;
son frère Robert, moins heureux jusqu'alors, liquida, en 1818, son
troupeau de 81 têtes. Dans de nombreuses ventes faites en Amérique,
des mâles ont atteint jusqu'à 7.000 dollars et des femelles
jusqu'à 6.000 dollars; des vaches issues de Duchess, rachetées
en Amérique par des Anglais, ont été
payées cinq ou six fois ces prix. En 1822, Coates créa le
Herd-Book du Durham, dont la publication a été continuée
par la Société royale d'agriculture d'Angleterre; les groupements
sont faits par tribus sous le nom de tête des femelles, ainsi les
tribus Duchess, Oxford, Waterloo, Red Rose, toutes dérivées
du sang Bates et qui paraissent être les plus estimées; les
tribus Anna, Blossom, Bliss, Fame, Mantalini, etc., issues du sang Booth,
d'origine moins ancienne et moins distinguée, paraît-il. Les
souches sont très nombreuses et plus ou moins appréciées.
Les bêtes de sang Bates qui n'ont, en réalité, que
le sang de Duchess, passent encore pour avoir une aptitude plus laitière
que les secondes, qui, en général, ne peuvent nourrir leur
veau.
Brière d'Azy
fit, en 1822, la première introduction de Durham amélioré
en France; le comte de Bouillé lui emprunta ses sujets, en 1830,
et les conduisit à sa ferme de Villars. En 1837, Auguste Yvart,
inspecteur des bergeries royales, ramena, à la suite d'une mission
spéciale en Angleterre, 7 vaches et 1 taureau achetés chez
Parkinson, à Leyfields, et Booth, à Cotham; ces animaux,
d'abord envoyés à l'Ecole vétérinaire d'Alfort,
furent bientôt transférés à la vacherie royale
du Pin (Orne); la population de cet établissement fut accrue à
la suite d'une nouvelle acquisition de 15 mâles et 19 femelles. En
1846, 112 taureaux et 87 vaches avaient été importés
en France. Il y eut alors un mouvement de recul provoqué par les
attaques de nombreux éleveurs contre le Durham; la faveur ne revint
à cette variété qu'après l'établissement
du Herd-Book du Durham français, ouvert seulement pour les
animaux ayant une parenté directe avec un ancêtre inscrit
avant 1830 au Herd-Book de Coates. Un magnifique troupeau, dispersé
en 1871, avait été créé sous les auspices de
Napoléon III à la ferme de la Fouilleuse; plus tard, on le
transporta à Pompadour. A la même époque, on créa
à Corbon (Calvados) une succursale de la vacherie du Pin, celle-ci
fut entièrement dissoute en 1851; deux vacheries nationales, établies
à Poussery et au Camp, n'eurent que peu de durée; celle de
Corbon fut supprimée en 1889; son troupeau, composé de 15
mâles et de 40 femelles, fut vendu 84.000 F. De nombreuses et excellentes
familles, au moins aussi valeureuses que les meilleures familles anglaises,
ont été créées pendant cette période
par des éleveurs français. Citons, entre autres, les noms
de Grollier, de Clercq, de Chauvelin, etc.
La race Durham améliorée
se caractérise spécialement par la réduction de son
squelette, par l'ampleur et la profondeur de la poitrine, déterminant
la brièveté relative des muscles antérieurs, par le
développement, quelquefois exagéré, des maniements,
et par sa précocité, mais ce caractère ne lui est
pas particulier. Le pelage rouge et blanc diversement mélangé
est le plus général, la couleur noire a été
soigneusement éliminée par sélection. L'aptitude laitière
est, pour ainsi dire, nulle dans la plupart des familles qui passent pour
les plus améliorées; par contre, la supériorité
du Durham en tant que productrice de viande est nettement établie;
ses rendements atteignent 66 % en viande nette.
Variété
hollandaise.
Elle comprend trois
populations identiques au point de vue zoologique, mais présentant
de grandes différences au point de vue purement zootechnique :
• Sous-variété
des Polders. Elle habite les provinces de Groningue, de Frise, de Noord-Holland
et de Zuid-Holland, région à terres compactes, fertiles,
endiguées et couvertes d'herbages; sa taille est élevée
(1,35 m à 1,45 m chez les femelles); les formes ordinairement amples
et régulières; la peau est lâche et fine; le pelage
le plus répandu est le pie noir. Beaucoup de jeunes sujets sont
exportés; la production laitière est supérieure à
celle de toutes les autres races, elle varie entre 3200 et 4800 litres
avec une moyenne générale supérieure à 3500
litres, et une richesse de 4 à 4,5 % en beurre. En Frise et en Groningue,
on engraisse beaucoup de vaches et de veaux; en Noord-Holland et en Zuid-Holland
la production de la viande a pris également une grande importance;
l'engraissement se fait à l'herbage, et, souvent aussi, avec les
résidus des distilleries.
• Sous-variété
des Sables. Cette population occupe la plus grande partie de la Zélande;
elle se distingue nettement par la couleur de son pelage qui est uniformément
blanc et rouge. Les sujets sont fortement construits et de grande taille
(hauteur moyenne des vaches au garrot, 1,44 m), mais les formes sont grossières;
leur rusticité est très remarquable; bien que la production
laitière soit élevée (moyenne, 3000 litres par année),
leur exploitation a pour but principal l'engraissement.
• Sous-variété
de la Campine, ou petite variété hollandaise. Elle occupe
les provinces sablonneuses et à soi peu fertile de Drenthe, d'Overyssel,
de Gueldre, d'Utrecht, du Brabant septentrional et du Limbourg; la taille
est réduite au minimum (hauteur moyenne au garrot, 1,23 m); le squelette
est faible et saillant sous la peau; le pelage est pie noir ou pie rouge.
La laiterie prédomine surtout en Belgique pour la fabrication du
beurre. Les vaches donnent en moyenne 2800 litres de lait et 90 kg de beurre
par année. Les boeufs s'engraissent difficilement et rendent au
plus 50% de viande nette.
Hoslstein-frisone.
Variétés
d'Ostfriesland et d'Oldenbourg.
La première
variété, qui occupe le littoral de la mer du Nord compris
entre les bouches de l'Ems et celles du Weser, ne diffère de la
sous-variété de Groningue, sa voisine, que par sa taille
généralement plus élevée, par son ossature
plus grossière, par son aptitude plus grande pour l'engraissement
et par la couleur de son pelage brun et blanc ou brun uniforme. La seconde
est encore plus forte, mais plus mal conformée; son pelage est pie
proprement dit (noir et blanc); l'aptitude laitière est très
développée (rendement, 3000 à 4000 litres par an),
cependant la production du jeune bétail et l'engraissement à
l'herbage l'emportent de beaucoup sur la laiterie. Les boeufs peuvent atteindre
le poids de 1000 kg.
Variété
flamande.
Elle peuple les
Flandres française et belge et une grande partie de la Picardie;
en France, on la désigne sous les noms de race berguenarde, casseloise,
maroillaise, boulonnaise, artésienne, bournaisienne, namponnaise
et picarde, mais toutes ces appellations n'ont qu'un intérêt
local et ne sont nullement justifiées. Les plus jolis sujets, de
taille élevée (1,30 m à 1,45 m), larges de poitrine
et bien conformés, se trouvent dans la région des Watteringues
(Bergues, Cassel, Hazebrouck); à l'Est et à l'Ouest la taille
et le volume diminuent progressivement et la variété devient
de plus en plus mélangée avec d'autres types. Le pelage,
rouge acajou plus ou moins foncé, se dégrade aussi à
mesure que l'on s'éloigne de la Flandre française, les marques
blanches apparaissent et le rouge passe au blond assez pâle. La production
laitière atteint 3800 litres en moyenne par année; la plus
grande partie de la crème est transformée en beurre, surtout
dans les Flandres. La précocité, La facilité d'engraissement
et la qualité de la viande sont très remarquables, le rendement
en viande nette peut atteindre 60 à 62 % chez les jeunes boeufs
gras.
Variété
wallonne.
Sa taille est très
élevée, son ossature grossière, son pelage blanc et
noir, ou blanc et rouge brun; la population, surtout répandue dans
le centre de la Belgique (race de Mons), fournit des boeufs durs à
l'engraissement; les vaches sont peu laitières.
Variété
ardennaise ou meusienne.
Son habitat comprend
principalement le bassin moyen et le bassin supérieur de la Meuse,
régions dans lesquelles la nature du sol est très variable;
la population est elle-même très variée, tant sous
le rapport de la taille que sous le rapport de la conformation et des aptitudes.
En Belgique, dans le Luxembourg et dans la province rhénane, le
pelage prédominant est blanc et rouge brun, blanc et gris jaunâtre
ou fauve; dans les Ardennes françaises et dans la Meuse, la couleur
blanche prend beaucoup plus d'importance. Le rendement en lait ne dépasse
guère 2500 litres par an dans les meilleures situations. L'aptitude
à l'engraissement est également très faible; les veaux
mâles sont presque toujours livrés de bonne heure à
la boucherie.
Variété
du Morvan.
Elle est de couleur
rouge jaunâtre et blanc, et de plus petite taille encore que la variété
de l'Ardenne française (max., 1,30 m à 1,35 m); elle est
sobre et rustique et peu laitière; on l'exploité surtout
comme moteur; l'engraissement est lent et commence généralement
très tard. (J. Troube / NLI).
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Boeuf
de type Sanga.
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