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Les départements français
Les Pyrénées-Orientales
[Histoire des Pyrénées-Orientales]
Le département des Pyrénées-Orientales doit son nom à sa situation dans la partie orientale de la chaîne des Pyrénées, qui les sépare, au Sud, de l'Espagne. Sa superficie est de 412,210 hectares, et sa population de 445 737 habitants (2010). Chef-lieu : Perpignan.

Il a été formé en 1790 : 1° de la province du Roussillon, comprenant le Roussillon proprement dit, le Conflent, le Capcir, la Cerdagne, la Vallée de Carol et le Vallespir; 2° des pays de Latour, Sournia, Fenouillèdes, détachés du Razès en Languedoc. Ce département appartient aujourd'hui à la région Occitanie.

Département frontière et maritime, le plus méridional de la France, il a pour limites, au nord, les départements de l'Ariège et de l'Aude; à l'est, la mer Méditerranée; au sud, l'Espagne (Catalogne); à l'ouest, l'Andorre.

La plus grande longueur du département des Pyrénées-Orientales, de l'ouest à l'est, du Pic Nègre (Andorre) au cap Béar, qui plonge dans la Méditerranée, est de 120 kilomètres. Sa plus grande largeur. du sud au nord, du col de Las Falgueras, dans la commune de la Manera, qui confine à la Catalogne, à la montagne de Saint-Antoine-de-Galamus, dans la commune de Saint-Paul, limite du département de l'Aude, est de 56 kilomètres. Enfin, son pourtour est de 520 kilomètres environ, si l'on ne tient pas compte des sinuosités secondaires.

Ce département, à l'exception de sa partie orientale, est un pays montueux, couvert, au Sud, par les Pyrénées orientales, et, au Nord, par les Corbières orientales. Les plaines se trouvent à l'Est, dans les vallées inférieures de la Gly, de la Têt et du Tech. Les montagnes sont généralement déboisées et stériles, surtout dans les Corbières; aussi les terres incultes occupent-elles la moitié du département. L'Albère (extrémité orientale des Pyrénées) et les Aspres (contre-fort du Canigou) sont des montagnes revêtues de bois ou de pâturages. 

Les plaines orientales, appelées les Rivrales, s'abaissent en amphithéâtre sur la Salenque, c'est-à-dire sur le rivage de la mer; douées d'un délicieux climat et d'un excellent système d'irrigations, qui en a fait une véritable huerta, ces plaines riches et bien cultivées sont d'une grande fertilité et produisent en abondance des vins de liqueurs (Banyuls, Torremilla, Grenache, Rivesaltes, etc.), des fruits (pêches, abricots, prunes, amandes, figues, grenades, poires, pommes, noisettes), de l'huile, du miel excellent, dit de Narbonne, des légumes (artichauts, asperges, aubergines, choux, fèves, pois, tomates) et des melons. 

Principales communes

Rang Arr. Commune Population
1
2
Perpignan 118 221
2
2
Canet-en-Roussillon 12 368
3
2
Saint-Estève 11 342
4
2
Saint-Cyprien 10 479
5
1
Argelès-sur-Mer 10 168
6
2
Rivesaltes 8 784
7
2
Saint-Laurent-de-la-Salanque 8 594
8
2
Cabestany 8 572
9
1
Céret 7 838
10
2
Elne 7 553
Rang Arr. Commune Population
11
2
Thuir 7 538
12
2
Pia 7 295
13
2
Bompas 7 269
14
3
Prades 6 758
15
2
Le Soler 6 733
16
2
Toulouges 5 940
17
3
Ille-sur-Têt 5 325
18
1
Le Boulou 5 243
19
2
Canohès 4 942
20
1
Banyuls-sur-Mer 4 733
Codes des arrondissements : 1 = Céret, 2 = Perpignan, 3 = Prades.
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Physionomie générale

Peu de contrées en France présentent un ensemble de beautés pittoresques et de contrastes aussi frappants que les Pyrénées-Orientales. En allant de Narbonne à Perpignan, on aperçoit tout à coup, après avoir dépassé les arides collines des Corbières, une large plaine, légèrement ondulée, que couronne dans le lointain un vaste amphithéâtre de montagnes. Le Canigou attire surtout l'attention par sa masse imposante et par la beauté grandiose de ses escarpements; ses sommets sont encore couverts de neiges au mois de juin, alors que les grenadiers, les aloès et autres plantes de la côte septentrionale de l'Afrique, fleurissent jusqu'au pied de ses premiers contre-forts. De Leucate à Perpignan, se déroule une longue bande de vignobles. A 2 kilomètres de Perpignan, des canaux d'arrosage, soigneusement aménagés, ont transformé toute la contrée en un jardin fertile, où se récoltent les meilleures pêches du Midi. Si l'on se dirige vers les sommets, du côté de Mont-Louis et du Capcir, on passe de la zone africaine des plaines dans une région froide, où les forêts de conifères alternent avec les pâturages, et rappellent certains endroits de la Suisse.

Les rochers du cap Cerbère, émergeant brusquement à 208 mètres au-dessus de la mer, forment l'extrémité sud-est des montagnes du département. C'est là que commence la chaîne des Albères, qui s'élève insensiblement jusqu'à une hauteur de 2500 mètres, et finit à l'ouest de Prats-de-Mollo. Sur le versant français, cette chaîne présente sur un grand nombre de points une série de pics déchiquetés, pittoresques de formes et extrêmement abrupts. Des torrents, à sec pendant six ou huit mois de l'année, se précipitent au fond des gorges ravinées.

Les sommets les plus élevés sont, à partir du sud-est : le Pic Jouan (457 mètres), qui domine, au sud de Banyuls, les dernières criques méditerranéennes de la France; le Pic de Taillefer (514 mètres), au-dessus de Port-Vendres; le Pic de Sailfort (978 mètres); le Pic des Quatre-Termes (1150 mètres), dominant, au sud, la forêt de Sorède; le Pic de Noulos (1257 mètres), le point culminant de cette partie des Albères.

La chaîne s'abaisse ensuite, par une série de pics secondaires, jusqu'au col du Perthus (290 mètres), que domine la forteresse de Bellegarde (420 mètres). Au delà de Bellegarde, la chaîne se redresse de nouveau. Au col de Lly, au-dessus de Las Illas, elle atteint 748 mètres; au Pic des Salines et au Raz Mouchet, qui limitent, au sud, la montagne de Céret, elle a de 1320 à 1440 mètres. Après une série de dépressions et d'élévations, elle atteint, au-dessus de Prats-de-Mollo, une altitude qui varie de 1636 à 1652 mètres, et au Pic de Roque-Colomb (en catalan Couloum), qui domine la source du Tech, elle s'élève à 2500 mètres.

C'est de cette dernière montagne que se détache, vers le nord-est, un contre-fort très important dans le système orographique du département, et qui sépare la vallée de la Tet de celle du Tech. La montagne qui le termine, à 18 kilomètres au nord-est de son point de départ, et qu'on nomme le Canigou, est la plus imposante de toutes les Pyrénées, et l'une des plus majestueuses de l'Europe. 

« Ainsi que l'Etna, écrivait Elisee Reclus, le Canigou est un de ces monts qui se dressent dans leur force comme les dominateurs de l'espace immense; d'en bas, sa pyramide grisâtre, rayée de ravins, d'éboulis et d'arêtes en saillie aux teintes diverses, n'est pas moins puissante d'aspect que celle du volcan de la Sicile. » 
Et Charles Raymond d'ajouter : 
« Bien que pendant de longues années nous ayons eu le Canigou sous les yeux, de manière à nous blaser, pour ainsi dire, de ce spectacle, nous devons avouer que la vue de l'Etna, se dressant subitement devant nous, au-dessus de la mer Ionienne, nous a beaucoup moins frappé que les escarpements gigantesques du mont Pyrénéen. Notre impression resta la même après l'ascension du volcan. » 
Le Canigou n'a cependant que 2785 mètres d'altitude; mais, comme il est placé sur un premier plan, qu'il semble isolé du reste de la chaîne, que sa hauteur relative au-dessus du Vernet, d'où l'on en fait ordinairement l'ascension, est de 2165 mètres, qu'elle est de 2540 mètres au-dessus de Prades, que le Canigou est, d'ailleurs, deux fois et demi plus rapproché de la mer que le Pic du Midi de Bigorre, il paraît réellement le plus élevé des sommets des Pyrénées et il a joui longtemps de cette réputation usurpée. C'est en France (avec les hauts pics de la Corse, tels que le Monte-Rotondo et le MonteCinto) la montagne où l'on observe le mieux les étages de la végétation. A la base croissent l'oranger, l'agavé, le laurier-rose et le grenadier; l'olivier prospère jusqu'à 420 mètres; la vigne cesse à 550; le châtaignier s'arrête à 800; les rhododendrons commencent à 1320, pour disparaître à 2540; les pommes de terre ne dépassent pas 1650; le sapin, 1950 le bouleau, 2000; le genévrier seul, rabougri et couché sur le sol, monte presque jusqu'au sommet, d'où l'on contemple un immense panorama, qui embrasse les rives de la Méditerranée, de Montpellier à Barcelone.

Au delà de la Roque-Colomb, la chaîne pyrénéenne, qui continue à séparer la France de la Catalogne, devient plus âpre et plus sauvage. La plupart des pics qui la constituent sont plus élevés que le Canigou; mais, comme leur hauteur au-dessus des montagnes voisines n'est guère que de 200 ou 500 mètres, aucun de ces pics n'offre l'aspect imposant du premier. Nous citerons, à l'ouest de la Roque-Colomb : le Pic de la Dona (2714 mètres); le Pic du Géant (2881 mètres); le Pic de l'Enfer (2870 mètres); les deux Pics de la Vache (2830 et 2812 mètres); le Pic de la Fosse-du-Géant
(2809 mètres), au-dessous duquel s'ouvre le col des Nou-Fons (neuf fontaines); le Pic d'Eyne (2786 mètres), qui domine le col de Nuria. 

A partir du Pic d'Eyne, la chaîne principale des Pyrénées ne sert plus de ligne de séparation entre la France et l'Espagne. Cette chaîne entre en ce point dans l'intérieur du département, où elle offre les Pics de Llouze (2830 mètres), des Cambres d'Axe (2750 mètres) et des Roques Blanques (1909 mètres); elle s'abaisse ensuite jusqu'au col de la Perche (1622 mètres) et à la Perche (1577); de là, elle s'élève graduellement jusqu'au Pic Péric (2810 mètres) et au Pic de Carlit (2921 mètres); ces deux derniers pics sont presque à la limite du département de l'Ariège.

Au nord-est de la Perche, se trouve la citadelle de Mont-Louis (1603 mètres), qui garde le versant français; au sud-ouest on remarque la ville espagnole de Puigcerdà, qui, perchée sur une butte d'origine glaciaire, entre la Sègre et l'Aravo, ou rivière de Carol, et un peu au-dessus de leur point de jonction, domine le cours de ces deux rivières. Cet endroit présente une particularité géographique remarquable : le territoire de la commune espagnole de Llivia se trouve enclavé dans la Cerdagne française et séparé de l'Espagne à l'ouest par la commune d'Ur et au sud par les communes de Bourg-Madame et de Caldégas. 

Au delà du Pic d'Eyne, la ligne de séparation entre la France et l'Espagne est formée par la crête du contre-fort de Puigmal, dont les points culminants sont : le Pic de Finestrelles (2826 mètres); le col de Llo (2558 mètres); le Pic de Sègre (2795 mètres), au-dessus des sources de la Sègre, rivière espagnole, qui prend sa source en France; le Puigmal (2909 mètres); la Serra de Gorra Blanca (2476 mètres); le Pla de Salinas et le col de Mayans.

A partir du col de Mayans, la limite est d'abord formée par l'ancien chemin de Barcelone à Puigcerdà et ensuite par le ruisseau de Vilalloben jusqu'à son confluent avec la Vanera, affluent de la Sègre. De ce point jusqu'au confluent de la Raour avec la Sègre (1140 mètres d'altitude), la ligne de séparation n'est indiquée que par de grandes bornes en granit, cette ligne remonte ensuite la Raour jusqu'au pont de Llivia (sur la route entre Llivia et l'Espagne).

A partir du pont de Llivia, la ligne de séparation, continuant à être indiquée par des bornes, coupe l'Aravo, au-dessous du hameau de la Vignole (1216 mètres), et passe ensuite par : le Pic de la Tose (2582 mètres); le Pic Padro de la Tose (2557 mètres); le Pic de Campsardos (2910 mètres); la Porteille Blanche de Maranges (2819 mètres); le Pic de Colomb (2664 mètres); le Pic de la Porteille (2600 mètres); la Porteille Blanche d'Andorre (2570 mètres); le Pic Nègre (2812 mètres), au delà duquel se trouve l'étang de la Font-Nègre, source de l'Ariège, qui sert de limite entre la France et l'Andorre jusqu'à la fontaine de Paloumera, où elle reçoit sur sa rive droite le ruisseau d'En Garcia et où commence le département de l'Ariège.

La limite entre les Pyrénées-Orientales et l'Ariège passe par : le Pic de Sabarthé (2549 mètres); le Pic de Kerfourg; la Porteille de Kerfourg; la Porteille de la Coume-d'Or; le Signal de la Coume-d'Or (2826 mètres); le Pic Pedroux (2831 mètres). C'est entre ce pic et le Pic de Carlit que s'étend le pittoresque lac de Lamoux. Viennent ensuite : le Pic des Besineilles (2508 mètres); le Pic de Lanoux (2661 mètres); le Pic de Lagrave; la Pique Rouge; le Pic de Camporeils; le Pic de Moustier (2608 mètres); le Pic de Terres (2549 mètres); le Pic de Ginevra (2382 mètres); le Pic de Lieurous (1788 mètres), au-dessous duquel passe la route d'Albi en Espagne par le col d'Ares (1385 mètres) et Mont-Louis; le Sarrat de Bellaure (2029 mètres) et le Pic de Madres (2471 mètres), qui marque la séparation entre les départements de l'Ariège, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, et où commencent les Corbières. De ce point à la Méditerranée, les Corbières orientales séparent le département des Pyrénées-Orientales de celui de l'Aude.

Les points principaux de cette chaîne sont : le Pic de Bernard-Sauvage (2427 mètres); la Glèbe (2024 mètres); le col de Jau (1513 mètres), qui l'ait communiquer Molitg avec Roquefort et Axat; la Montagne Rase (1845 mètres), d'où la vue s'étend sur la mer, les plaines du Roussillon et du Languedoc, sur les gorges de l'Aude et de l'Aiguette; le Pla Lebat (1520 mètres); la Serre d'Escalès (1720 mètres), au-dessous de laquelle s'étend, sur le versant de l'Aude, la belle forêt de Salvanère; le Pic de la Rouquette, dans l'Aude (1290 mètres); le Sarrat Nou (1314 mètres); le Rocher de Boucheville (1248 mètres), dans la forêt du même nom, qui recouvre les deux versants; le Serrat de Bramefam (1155 mètres); le Serrat des Campets (1168 mètres); le Rocher de la Gardiole (720 mètres); le col de Saint-Louis (687 mètres), par lequel passe l'ancienne route de Perpignan à Carcassonne.

Au delà de ce col, et un peu au-dessous du Roc de Bugarach (1251 mètres), commence la dernière ramification des Corbières. C'est une chaîne presque absolument aride, sans ombrages et sans sources, et en grande partie composée de roches néocomiennes, où l'on trouve de nombreux fossiles, surtout du côté d'Opoul et près de Caudiès. Les corbières dont l'altitude moyenne est de 600 à 700 mètres, viennent finir à l'est, au bord de l'étang de Salses.

De la base orientale des Corbières au cap Cerbère, c'est-à-dire sur une longueur de 65 kilomètres, le département est borné, à l'Est, par la Méditerranée. D'abord à peu près rectilignes et courant du nord au sud, les côtes sont formées par des cordons de sable que la mer submerge dans ses tempêtes et que coupent les embouchures des rivières et les graus ou canaux qui la font communiquer avec les étangs intérieurs, comme l'étang de Salses ou de Leucate.

Au delà de la Tet, la plage continue; mais, à droite, la côte se relève et forme quelques légers plateaux cultivés en vignes et que l'on appelle les Aspres, parce qu'ils ne sont pas arrosés. Le premier grand étang que l'on rencontre est l'étang de Saint-Nazaire, qu'alimentent les eaux du Réart. Sa superficie est de 2200 hectares environ. Il est séparé de la mer par une étroite bande de terre qui se rompt de temps en temps sous la pression des eaux du dehors et du dedans. A côté de cet étang est l'étang de Saint-Cyprien, beaucoup plus petit, et avec lequel il a dû communiquer autrefois. Puis vient l'embouchure du Tech, au delà de laquelle la côte, toujours plate, commence à s'incurver vers le sud-est, jusqu'à Argelès.

Un peu plus loin, la côte, bordée par les contre-forts des Albères, devient rocheuse; elle se découpe en promontoires hardis et en baies charmantes, abritant une mer profonde. Au port de Collioure, dominé par des monts où se récoltent les meilleurs vins rouges du Roussillon, succèdent : le cap Gros; le mouillage de Port-Vendres; le cap Béar et son phare d'une portée de 22 milles; l'anse de Paulilles; le cap Llestrell; le cap Castell; l'anse de las Elnias; le port de Banyuls; le cap l'Abeille; le cap Rederis; l'anse de Peyrefitte; le cap Peyrefitte; l'anse de Terrembou; le cap Canadell; l'anse de Cerbère, et le cap Cerbère, dernier promontoire français.

Géologie des Pyrénées-Orientales

Considérations générales. 
En dehors de la plaine du Roussillon, le département des Pyrénées-Orientales est formé par une région montagneuse : au Sud par les Pyrénées, au Nord par la bordure des Corbières, qui encadrent la plaine en question. Ce sont les sédiments cristallins et paléozoïques qui constituent en grande partie la région montagneuse. Les formations primitives forment l'axe de la chaîne pyrénéenne (massif du Canigou et des Albères). Le granit affleure largement dans la partie occidentale du département et réunit le massif du Canigou an massif des Albères. Il est pénétré par de nombreux filons de roches éruptives, surtout par des granulites. Les terrains paléozoïques entourent ces masses éruptives et cristallines, depuis le cap Cerbère, Collioure, Port-Vendres, dans la direction de Céret, Prades, Olette. Une deuxième bande jalonne la frontière espagnole.

Le Jurassique ne se montre qu'au Sud des Corbières sous forme d'îlots et de traînées de direction variable. Il en est de même du Crétacé qui sert de limite au département, dans une grande partie de sa région nord et se relie au Crétacé des Corbières.

Le Crétacé supérieur, l'Eocène et le Miocène manquent. C'est donc surtout le Jurassique et le Crétacé au Nord, les terrains primitifs et primaires au Sud qui entourent la grande plaine du Roussillon formée par le Pliocène marin et d'eau douce raviné par de puissantes alluvions.

Stratigraphie. 
Précambrien et Paléozoïque.
Le terrain primitif forme la presque totalité du massif du Canigou et du massif des Albères. Le premier s'étend depuis Mont-Louis jusqu'au pic du Canigou, et depuis le Sud de Prades (Fillols) jusqu'à la frontière. Le massif des Albères se rattache assez étroitement au précédent et il comprend avec le premier les parties les plus élevées du département. On observe une série complète dans le terrain primitif : gneiss granitoïde, gneiss rubanné, micaschistes, schistes sériciteux, amphibolites, pyroxénites, blaviérites, renfermant des minéraux variés. En quelques points les schistes primitifs présentent des intercalations de bancs calcaires attribués parfois aux terrains paléozoïques. Ils sont fortement granitilisés par places.

Le Précambrien se montre sous forme de schistes variés, en dalles (phyllades plus ou moins sériciteux), chargés de minéraux. Autour des noyaux granitiques, on observe au Canigou et dans les Albères des séries de quartzo-phyllades qui ont été attribuées au Cambrien, ainsi que certains calcaires.

Le Silurien est constitué autour des massifs précédents par des schistes ardoisiers à Calymene, Asaphus surmontés par des schistes argileux à Orthis actoniae, Leptaena. L'étage se termine par des schistes noirs à Monograptus entremêlés de schistes carburés et couronnés par des calcaires à Orthocères et Scypiocrinites elegans. A Estona, les schistes carburés sont très riches en graptolites : Monoyraptuis, Diplographtuis, Rastrites, etc. Dans le Sud-Ouest, les schistes supérieurs renferment Cardiola interrupta. Ces schistes se relient à ceux de l'Ariège.

La série des schistes de Collioures, de Banyuls, comprenant des schistes satinés, des phyllades ardoisiers avec schistes carburés, représente les trois étages du silurien. Ils n'ont pas moins de 3000 m d'épaisseur.

Le Dévonien paraît très limité au point de vue de son extension géographique;  il forme un petit îlot enclavé dans le silurien au Sud-Ouest de Prades, et quelques taches au milieu du Cambrien, entre Céret et Vinca.

On y a observé des schistes et des grauwackes à Spirifères à la base et des marbres griottes à Polypier.

Des calcaires rouges à Coniatites retrorsus s'étendent au Nord du département et sont accompagnés de dolomies métallifères à quartz bipyramidé. L'ensemble serait l'équivalent du Dévonien.

Le Carbonifère existe dans le département, mais en peu de points, autour du massif du Canigou. Le Dinantien est marin et constitué par des schistes et des calcaires à Productus. Le Carbonifère des Albères est formé par des schistes ampéliteux et argileux. 

Le Mésozoïque.
Le Trias se montre près d'Amélie-les-Bains sous forme de grès rouge supportant un calcaire cargneuliforme couronné par des marbres bariolés. En plusieurs points, au Nord du département, l'étage est formé par des dépôts gypseux avec sel gemme et quartz bipyramidé et ponctué par des ophites on des mélaphyres.

Le Jurassique n'affleure guère qu'au Nord du département autour du massif de la Tour-de-France où il forme une bande Sud-Ouest, vers Saint-Paul-de-Fenouillet et Réville. Il comprend le Lias et le Jurassique inférieur.

Le Rhétien est sous forme de calcaires en plaquettes à Avicula contorta, reposant sur des dolomies et des cargneules. L'Hettangien est constitué par des calcaires dolomitiques recouverts par des calcaires à silex; le Liasien comprend des calcaires marneux à Ter. numismalis et Pecten aequivalvis, tandis que le Toarcien est formé par des calcaires marneux à Am. bifrons et Ostrea maceulocchi.

Le Jurassique ne renferme pas de fossiles dans la série de calcaires marneux, de calcaires compacts, de dolomies et de calcaires à silex qui le constituent. Cette formation existe autour du massif du Canigou, où elle comprend une série de calcaires, de marnes et de dolomies sans fossiles, comme dans le reste de la chaîne pyrénéenne.

Le Crétacé forme en grande partie la limite Nord du département, vers Saint-Paul-de-Fenouillet et Estagel, où il se continue avec le Crétacé des petites Pyrénées de l'Aude. Il offre la série suivante : une série de marnes rougeâtres sans fossiles représentant le néocomien. l'Urgo-aptien est constitué à la base par des calcaires et des marnes à Ostrea Couloni et des calcaires compacts à Toucasia carinata, puis par des marnes à Orbitolina conoidea et O. discoidea, Am. Dufrenoyi. L'étage se termine par des marnes noires à Plicatula radiale et Orbitolines. L'ensemble a une puissance de 200 m. Le gault, très fossilifère, comprend : des marnes et des calcaires gréseux à Am. milletiauus, Am. Peluci, Bel. minimus, Nucula pectinata, Ter. astieriana, Pseudodiadema Malbosi. Ces calcaires sont surmontés par des argiles à Echinoconus, puis par une série de grès ferrugineux à Trigonia atiformis et Bel. minimus.
L'Infra-crétacé se trouve aux environs d'Amélie-les-Bains sous forme de calcaire pétri de Toucasia Le Cénomanien, dans la même région, est constué par des calcaires sans fossiles avec gypse intercalé.

Le Turonien existerait entre Arles et Céret, aux environs d'Amélie-les-Bains, et dans quelques points de la frontière espagnole. 

Le Campanien et le Maestrichtien affleurent à l'Est de la vallée du Tech, au Nord-Ouest d'Amélie-les-Bains, sous forme de marnes noires et de calcaires marneux en discordance sur le Cénomanien et renfermant : Hippurites sulcatus, Hippurites canaliculatus, des Radiolites, des Cyclolites, etc. Au-dessus viennent des marnes noires, des grès et des calcaires marneux, pétris d'Ostracées (Ostrea larva, Hippurites Heberti, Hippurites latus), ayant une épaisseur de 1500 m, et représentant le Campanien supérieur et le Maestrichtien.

Le Cénozoïque.
Le Danien n'est pas fossilifère; il est constitué par des marnes rouges et des, calcaires lacustres supportant l'Eocène formé de calcaires marneux ou de grès à Operculines et Nummulites.

Le Miocène est représenté par des argiles lacustres passant au grès et renfermant des lentilles de lignite.

Les alluvions anciennes qui recouvrent le Pliocène n'ont qu'une faible extension verticale, et les dépôts modernes développés sous forme d'alluvions récentes et d'appareil littoral ne se montrent que dans les régions basses, voisines du rivage de la mer.

Le substratum de toute cette formation est constitué par les terrains anciens, de sorte que toute la région a dit être émergée durant le Crétacé supérieur, l'Eocène et le Miocène.

Le Pliocène a 130 m de puissance. La mer pliocène formait un golfe sur l'emplacement de la plaine du Roussillon, qui s'avançait dans les vallées du Tech et du Tet jusqu'à Céret, Millas et Thuir.

Le Pliocène marin comprend, à la partie inférieure, un cailloutis et des brèches grossières n'ayant pas moins de 25 m. Elles représentent un delta torrentiel marin, car de nombreux Polypiers, des Huîtres et des Pectens sont fixés sur les galets. Ces grès sont surmontés par des marnes et des argiles compactes à Pectunculus glycimeris, puis par des argiles bleues, violacées, micacées, très riches en fossiles : Nassa semistriata, Pecten latissimus, Mitra striatula, Venus islandicoides, Clenopus pespelicani, etc., bien développés à Banyuls, Millas et dans la vallée du Tech. Ces marnes sont couronnées par des calcaires marneux à Janira benedicta et des argiles à Nassa mutabilis. Cet ensemble, qui appartient déjà au Plaisancien, a une épaisseur d'environ 20 m. Le Plaisancien est ensuite formé par des sables gris à Pecten scabrellus bien développés à Millas et correspondant aux marnes d'Hauterives à Mastodon arvernensis, puis viennent des sables jaunes à Potamides Basteroti, O. cuccullata, d'Espiras, de Trullas et de Millas.

La série se termine par les sables et les argiles d'eau douce de Perpignan, en discordance sur le Pliocène moyen. On n'a trouvé qu'un seul Invertébré (Unio), quelques plantes appartenant à la flore de Meximieux. Les Vertébrés, en revanche, sont relativement abondants et précieux pour les variétés qu'ils présentent. C'est un des gisements français les plus connus. La série d'eau douce est ainsi formée : argiles charbonneuses, sables siliceux à Mastodontes, marnes concrétionnées, argiles de couleur claire.

Les Poissons sont représentés par quelques Siluroïdes : Les Tortues sont abondantes, on en trouve d'une très grande taille. Ce sont des Tortues terrestres et fluviatiles. Les Mammifères sont les pins abondants. On y observe des Mammifères marins (Halitherium), quelques cerfs de petite taille (Cervus australis), des Antilopes (Palaeoryx boodon), l'Hipparion crassum, un Sanglier (Sus arvernensis), Tapirus arvernensis, Rhinoceros leptorhinus, Mastodon arvernensis, le Castor et de petits Carnassiers Viverra Pepratxi. Les grands Carnivores manquent.

De puissants dépôts de cailloux roulés, recouvrent et ravinent le Pliocène moyen; ils ont été rapportés au Pliocène supérieur. Les diverses terrasses à niveau décroissant, si remarquables dans la vallée du Tet, représentent les divers âges séparant le Pliocène moyen des temps actuels (Forcat Real et Thuir).

L'âge d'une partie de ces alluvions anciennes est donné par la superposition de dépôts glaciaires dans la basse vallée du Tech.

L'oeuvre de la période actuelle est très limitée. Les rivières ont creusé leur lit au milieu des formations pliocènes et ont, en outre, achevé de creuser leur vallée dans la plaine du Roussillon, aussi peuvent-elles à grand peine franchir le cordon littoral au delà duquel se dressent par tout, en forme d'hémicycle, de petits deltas torrentiel marins.

Roches éruptives. 
C'est le département pyrénéen qui possède la plus grande étendue de granits et de granulites. Le granite forme surtout deux grandes taches, l'une au Nord de la vallée du Tet, depuis Vinca et Mont-Louis jusque vers Quérigut, où elle englobe une bande Est-Ouest de terrain paléozoïque, l'autre au Sud de la vallée du Tech au Sud d'Amélie-les-Bains. Ces deux massifs granitique, sont réunis par le massif primitif du Canigou.

La granulite affleure largement au Nord-Ouest du département, au Sud de Saint-Paul-de-Fenouillet, où elle constitue un massif très important traversé par l'Agly. Entre Collioure, Port-Vendres et Céret, le Cambrien et le granit sont également percés par des filons de granulite qui forment des bandes assez allongées et riches en grenats. Des gisements limités de porphyres, de porphyrite: variés et de mélaphyres s'observent également autour de Canigou.

L'ophite se montre au Nord du département en quelques rares points.

Sources thermales. 
Toutes les sources thermales de département sont sulfurées sodiques, sauf celles de la ré gion des Albères (Boulou) qui sont carbonatées sodiques, et sont très analogues à celles de Vichy. Elles ont d'ailleurs la même origine volcanique que ces dernières (toute la région au Sud du Canigou et des Albères étant une région volcanique). Les sources de Salses sont chlorurées sodiques.

Toutes les sources sulfurées se groupent le long des deux vallées du Tet et du Tech et forment comme une auréole autour du Canigou. Elles ne sourdent que dans le fond des vallées. Dans la vallée du Tet, ce sont les sources d'Es caldas, de Grau, d'Olette, de Canaveilles, du Vernet, de Molitg, de Nossa; les sources de la vallée du Tech sons celles de la Preste et d'Amélie-les-Bains. (Ph. Glangeaud).

Régime des eaux; rivages, étangs littoraux.
On pourrait croire que ce département méditerranéen envoie toutes ses eaux à la mer Méditerranée; il n'en est rien, puisqu'il en expédie à l'océan Atlantique : très peu d'ailleurs, puisque 1500 hectares à peine du territoire appartiennent au bassin de la Garonne, à l'Ouest extrême du pays, aux confins de l'Andorre : là, les Pyrénées-Orientales possèdent la rive droite de l'Ariège, dominée par de hauts monts (2852 m), très nus et très déchirés; la rive gauche de cette belle rivière, qui n'est ici, à ses sources mêmes, qu'un torrent sur les pierres, relève de l'Andorre : au bout de 8 km, l'Ariège entre par ses deux bords dans le département qu'on a nommé d'après elle, et les Pyrénées-Orientales n'ont plus aucune part au bassin de la Garonne.

Les eaux du département vont donc presque toutes à la « mer intérieure », par bien des chemins : par l'Espagne et le fleuve Ebre, par le fleuve de l'Aude et par les torrents côtiers des Pyrénées-Orientales, Tech, Tet, Agly.

Les affluents de l'Ebre.
L'Ebre, le fleuve de Saragosse, reçoit les eaux de la Cerdagne française par l'entremise de la Sègre; or cette Sègre naît et emporte de la France le tribut d'environ 50.000 hectares du versant espagnol des Pyrénées. Elle débute à 12 km au Sud de Montlouis, dans le massif du Puigmal (2909 m) et y serpente en une vallée tellement élevée que son premier village est à 1324 m d'altitude; elle baigne Saillagousse, traverse la malencontreuse enclave espagnole de Llivia, revient en France et, peu après, l'abandonne, à 1130 m d'altitude. En Espagne lui arrive un important tribut droit qui est presque entièrement français, l'Aravo, dit aussi Carol, Quérol, Sègre de Carol, et fort intéressant en tant que déversoir du maître lac de toutes les Pyrénées françaises. Ce lac, le Lanoux, ce qui veut dire le lac Noir, emplit une des vasques du plateau de Carlit, aussi riche ou plus riche qu'aucun autre en étangs et laguets dans tout ce qui est du côté français de la longue chaîne franco-espagnole; à 2154 m au-dessus des mers, donc gelé pendant la plus grande partie de l'année, le Lanoux a 100 hectares, avec 54 à 55 m de profondeur maxima. L'Aravo parcourt en France près de 30 km; la Sègre, 20 seulement, qui devient en Espagne le plus fort tributaire et presque le rival de l'Ebre.

L'Aude.
L'Aude relève des Pyrénées-Orientales par ses 20 premiers kilomètres et par 13 000 hectares seulement, dans le Capcir, l'une des plus hautes et froides vallées des Pyrénées, avec villages polaires à 1400, 1500, 1600 m et plus; ce fleuve naissant sort de ce Capcir, et par conséquent du territoire « perpignannais », par 1385 m, en aval de Puigvalador, sous forme d'un torrent de 25 m de largeur, de peu de profondeur, brisé de rapides et de cascades, fort de 300 litres par seconde en étiage, de 2 mètres cubes par seconde en moyenne, et désormais il appartient an département qu'on a désigné d'après lui.

Arrivons maintenant aux fleuves appartenant pour le tout ou pour la plus grande part aux Pyrénées-Orientales. 

Le Batloury, le Ravaner, la Massane et la rivière de Sorède.
Le Batloury (18 km 4000 hectares), torrent des Albères, se verse dans l'anse de Banyuls; 

Le Ravaner (10 km, 1200 hectares), autre torrent des Albères, est enfoui dans des défilés abrupts, absolument déserts; il débouche dans l'anse de Collioure; 

La Massane (18 km, 3200 hectares), troisième torrent des Albères, baigne Argelès-sur-Mer; 

La rivière de Sorède (20 km, 4500 hectares), encore un torrent des Albères, devient, en plaine, parallèle au Tech dont elle emprunte une ancienne coulée pour se rendre à la Méditerranée, au Sud et non loin de l'embouchure dudit Tech.

Le Tech.
Sans être bien grand, le Tech n'est pas un « infiniment petit » comme rivière de Sorède, Massane, Ravaner, Batloury. Long de bien près de 80 km, en un bassin de 93.700 hectares, il convoie à la mer les eaux des 22 à 23 centièmes du département. C'est le torrent de la sauvage et puissamment pittoresque déchirure appelée le Vallespir. Né par 2340 m d'altitude, il court en moyenne vers l'Est-Nord-Est par bonds précipités; il rencontre les bains de la Preste, et Prats de Mollo, place de guerre autrefois; il boit à droite le Galdarès ou Manère (12 km, 5400 hectares), dont les sources partent des roches les plus méridionales de la France continentale; il baigne Arles (sur le Tech), hume, à droite encore, le Mondony (12 km, 3200 hectares), qui vient de passer dans la célèbre Amélie-les-Bains, et à gauche la rivière Ample (15 km, 7000 hectares); au delà de Céret, qu'il laisse à petite distance à droite, il absorbe à droite le Maureillas (16 km., 7000 hectares), qui a son origine en Espagne et son embouchure au Boulou; il frôle de sa rive gauche des collines des Aspres, entre en plaine, accueille à droite le Tanyari (14 km, 4200 hectares), coupe le chemin de fer de Narbonne à Port-Bou (et Barcelone), laisse à 1500 m à gauche l'antique Illiberris, aujourd'hui Elne, et tombe en mer sur une plage de sable. Il se signale par des inondations tellement dévastatrices qu'on l'a surnommé le justicier de la contrée; et, par contraste, il baisse tellement en été qu'il est alors parfaitement incapable d'aviver les nombreux canaux d'arrosage auxquels il est censé suffire; alors les usagers d'amont irriguent au détriment des usagers d'aval, et presque tout le pays souffre, car ici la terre est d'airain quand on ne la rafraîchit pas, et la pauvreté marche avec la sécheresse. 

Les lagunes littorales entre le Tech et la Tet.
Entre l'embouchure du Tech et celle de la Tet, au Nord, l'étang de Saint-Nazaire, dit aussi l'étang du Canet, et, les deux noms réunis, étang du Canet et de Saint-Nazaire, est, en partant de l'Espagne, du pied des Albères, la première de ces lagunes littorales qui accompagnent le quart de cercle du rivage jusqu'au delà de l'embouchure du Rhône. Ayant 4500 m de longueur du Nord au Sud, sur 1500 à 2500 m dans l'autre sens, il n'est séparé des flots marins que par un bourrelet aréneux de 200, 300, 600 m de largeur au plus, « lido qui se rompt de temps en temps sous la pression des eaux dit dedans et du dehors ». Il reçut peut-être autrefois les eaux du Tech et ne reçoit plus que le Réart, torrent de 30 km de cours, de 16,000 hectares de bassin, qui provient de la région des Aspres. L'étang de Saint-Nazaire a 1190 hectares; d'autres étangs moindres, au Sud, firent sans doute corps avec lui; diminué dans le passé, il diminue dans le présent par les apports du Réart, prodigue en débris, et sa profondeur décroît constamment : de lac ou lagune il devient insensiblement marais.

La Tet.
De par les 155.000 hectares de son bassin, la Tet prélève un tout petit peu plus du tiers du département, en un cours d'environ 120 km qui débute sur le lacustre plateau de Carlit, au voisinage des sources de l'Aude, de l'Ariège, et, sur le versant espagnol, de la Sègre. Ce qu'est le Tech au midi du chaînon du Canigou, un «justicier de la contrée » , en même temps qu'un bienfaiteur par ses canaux d'irrigation, mais malheureusement un bienfaiteur intermittent, la Tet l'est au Nord de cette magnifique montagne, et les deux cours d'eau sont presque exactement parallèles. Elle coule d'abord au Sud-Est, comme pour aller rejoindre la source du Tech, et va de cascade en cascade, de ressaut de plateau en ressaut de plateau; sur l'un d'eux elle erre dans le Pla de la Bouillouse, un espace marécageux.

Vers Montlouis, qui fut place forte contre l'Espagne, elle oblique au Nord-Est et descend avec une grande rapidité jusqu'à Fontpédrouse (d'au moins 100 mètre par kilomètre); puis, quelque peu apaisée, elle boit des affluents sans nombre, torrents raboteux et hâtés-

• Carença ou Querença (12 km, 600 littres par seconde en volume ordinaire), à droite, descendue de l'arête internationale; 

• Mantet ou torrent de Nyer (15 km, 5850 hectares, 600 litres), à droite également, venu des monts où le chaînon du Canigou s'embranche sur la chaîne frontière; 

• Cabrils (17 km, 11.300 hectares, 800 litres), augmenté de l'Evol et qui conflue sur la rive gauche, à Olette; 

• Roja ou Routja, ce qui signifie la Rouge (18 km, 6000 hectares, 700 littres par seconde), tombée à droite de la chaîne du Canigou; 

• Cadi ou Riu Majou, ce qui répond à Grand Ru (15 à 16 km, 4600 hectares, 500 l/s) : issu de cette même chaîne du Canigou, il s'abat par une cascade de 50 m et coule devant la fameuse station du Vernet. 

Roja et Cadi se mêlent à la Tet à Villefranche de Conflent, localité où le fleuve, à 430 m seulement d'altitude, a déjà passé du climat des pays d'en haut au climat méridional signalé par l'aloès-agave et autres plantes frileuses. Et bientôt la Tet débouche dans la riante, l'heureuse, la fraîche et fertile vallée de Prades; elle s'empare, à gauche, du Caillan, Catllar, ou rivière de Nohèdes (18 km, 5800 hectares, 300 l/s), grossi du tribut des lacs ou étangs de Nohèdes, longtemps glacés, dans leur haute montagne; elle serpente devant Prades, elle recueille à gauche le torrent de Molitg-les-Bains, la Castellane ou rivière de Catllar (22 km, 8000 hectares, 300 l/s), et à droite, en arrivant en bourg de Vinça, la Lantilla ou Nantilla (20 km, 9500 hectares, 700 li/s), partie du Canigou. Enfin le fleuve entre, à Rodès, dans son Riveral, dans sa vaste plaire d'alluvions inondée de soleil; il y frôle Ille et Millas, il y conquiert à droite le Boulès (29 km, 9300 hectares, 500 l/s), il s'y disperse en canaux et sous-canaux d'arrosage; dans la « noble » Perpignan, déjà la rivière approche de son terme : il ne lui reste plus qu'à longer de sa rive gauche la plaine de la Salanque, à passer devant Castel-Rossello, simple hameau qui fut la Ruscino dont aurait pris son nom le Roussillon, et à se verser en Méditerranée sur la plage du Canet, à 12 km seulement en aval de Perpignan.

L'Agly.
De la Tet à l'Agly, à peine 7 km d'un estran sablonneux, plage droite. L'Agly vient du département de l'Aude, mais presque tout son cours, 70 km sur 80, et 75.000 des 110.500 hectares de sa conque relèvent des Pyrénées-Orientales. Né donc dans l'Aude, sa ravine supérieure est presque toujours sèche ou à peu près, et c'est en arrivant aux Pyrénées-Orientales que le torrent prend corps par le Gorch de la Llause, superbe fontaine s'élançant de son lit même dans le défilé de Saint-Antoine-de-Galamus, célèbre par ses beautés et plus encore par son ermitage et sou pèlerinage. 

Ayant effleuré Saint-Paul-de-Fenouillet, elle se heurte, à droite, à un cours d'eau bien plus développé qu'elle, à la Boulzane, qui, provenue du département de l'Aude, a parcouru 40 km contre les 16 ou peut-être 18 de l'Agly, dans un bassin de 40.000 hectares extrêmement supérieur à celui de la rivière du Gorch de la Lliause; mais grâce à cette belle source constante, « exubérante », l'Agly a plus de consistance, et il garde le nom.

La susdite Boulzane baigne Caudiès-Saint-Paul et court, rare, même fort rare en été, dans de superbes défilés; de ses 40 km, 18 à 20 sont aux Pyrénées-Orientales, et 7000 hectares, sur ses 18.500. 

Ainsi faite de deux torrents inégaux (du moins sur la carte), l'Agly marche vers l'Est, mais par de très forts détours, dans de très pittoresques gorges lumineuses; elle s'augmente, à droite, de la Desix (26 km, 11.000 hectares), qui est le torrent de Sournia, et à gauche, en aval de la Tour de France, de la Maury (24 km, 6500 hectares); à Estagel lui arrive, à gauche, le Verdouble (12 km seulement dans les Pyrénées-Orientales, et 6025 hect. sur 32.000, le reste dans l'Aude); Cases de Pènes, Espira de l'Agly sont ses derniers bourgs de vallée; dans la plaine roussillonnaise, elle coule devant la ville de Rivesaltes, passe entre Torreilles et Saint-Laurent de la Salanque et s'abime en mer sur la plage du Barcarès, à 3 km au Sud-Sud-Est de l'étang de Leucate.

Lac et étangs.
Etang de Leucate ou étang de Salses; d'après deux bourgs (Salses dans les Pyrénées-Orientales, Leucate dans l'Aude), cette nappe d'eau appartient pour près des deux tiers à la circonscription de Perpignan et pour le reste, au Nord, à celle de Carcassonne. Onde salée (le nom de Salses le proclame), l'étang, dominé de près, à l'Ouest par les Corbières, sèches et cassées, couvre 8000 hectares, dont environ 5700 toujours remplis et 2380 qui se découvrent quand la torridité du ciel est longue, et surtout quand les graus ou déversoirs pratiqués dans le sable du lido donnent « à pleine gueule-», tandis que parfois ils s'oblitèrent plus on moins à la percée de l'étroit bourrelet qui sépare l'étang de la mer. Qu'il se vide, entièrement, c'est impossible malgré sa faible profondeur, à cause de Font-Dame et de Font-Estramer, sources puissantes au Nord-Est de Salses, non loin des frontières de l'Aude, près de la rive Ouest de la lagune, à l'enracinement des Corbières. Font-Dame verse 1500 litres par seconde en volume ordinaire, et Font-Estramer 1000; en étiage, la première fournit encore 500 l/s et la seconde 300; tandis qu'en expansion maxima, celle-là vomit 9000 l/s. et celle-ci 6000 : donc ces doux fontaines, proches l'une de l'autre, émettent au plus bas 800 litres à la seconde, au plus haut 15.000, et en temps normal 2500 : véritable rivière, comme on voit. D'où vient ce flot si constant et si vif? Il faut, dit le Dictionnaire de la France de Joanne, il faut qu'une vaste étendue de Corbières corresponde invisiblement à ces deux énormes surgeons, ou que le bassin fluvial le moins distant de Salses (c'est justement celui de l'Agly) communique cryptiquemeut avec eux : et précisément on a remarqué que l'Agly perd ses eaux à son passage sur les sables perméables, dans le bassin de Latour-de-France et d'Estagel, et que ces pertes ne sont pas compensées, tant s'en faut, par les petits rejaillissements des environs de Cases-de-Pène. On peut invoquer aussi les déperditions du Verdouble et de ses affluents et sous-tributaires. Quoi qu'il en soit, ces eaux superbes, magnifiquement claires, seraient un trésor pour la plaine de Salses et la portion septentrionale de la Salanque si elles n'étaient, par malheur, tellement salées que, loin de fertiliser la terre par l'irrigation, elles la stériliseraient plutôt. Ainsi l'abondance de Font-Dame et de Font-Estramer vient sans doute de l'appauvrissement de l'Agly celui-ci déverse à peu près les 46 centièmes du département.

L'étang de Salses ou de Leucate a une étendue de 8100 hectares, dont 5800 sont constamment submergés et 2500, y compris la digue de la mer, sont alternativement couverts par les eaux de la mer ou parcelles de l'étang. Il baigne le territoire des communes de Saint-Laurent-de-la-Salanque, de Saint-Hippolyte et de Salses, dans le département des PyrenéesOrientales, celui de Fitou et de Leucate dans l'Aude. La partie comprise dans les Pyrénées-Orientales forme à peu près les deux tiers de la surface totale. L'étang de Salses est séparé, au nord, de l'étang de la Palme, par une langue de terre basse et marécageuse, large de 900 mètres, et ne dépassant pas 3 mètres d'altitude. A l'Est, l'étang est séparé de la Méditerranée par une digue naturelle d'environ 14 kilomètres de longueur, sur 1500 mètres au point le plus large et 300 mètres au plus étroit.

A une époque relativement assez rapprochée de nous, l'étang de Salses était un véritable golfe de la Méditerranée, et les vagues venaient déferler au pied des dernières pentes de la chaîne aride des Corbières. Le tracé actuel du chemin de fer de Narbonne à Perpignan nous paraît marquer, à peu de chose près, la limite de cet ancien rivage. C'est une sorte de petite mer qui a été navigable autrefois et qui ne l'est plus aujourd'hui, depuis que l'exhaussement très sensible de son fond ne la rend accessible qu'aux barques de pêche les plus plates et qui n'exigent qu'un tirant d'eau de quelques centimètres.

Chose rare, les eaux de cet étang sont un peu plus salées que celle de la mer. Ce phénomène pourrait s'expliquer par la grande évaporation que la chaleur du climat produit à la surface de l'eau; mais il est dû à l'existence de deux sources salines considérables, la Font-Estramer et la Font-Dame, qui jaillissent du roc entre le village de Salses et la limite du départementde l'Aude. L'étang de Salses est très poissonneux; il renferme notamment de grandes quantités de muges vivant parmi les plantes qui en recouvrent le fond, et qui forment en certains endroits des prairies flottantes. L'étang communique avec la mer par le Grau de Leucate, au nord, et par le Grau de Saint-Laurent, au sud.

Au sud de l'étang de Salses, la côte continue à être plate et marécageuse. On y trouve d'abord l'embouchure de l'Agly, près du port du Barcarès, puis l'étang du Bourdigoul, long et étroit, formé par le débouché du ruisseau de Torreilles dans la mer. Cette partie de la côte, jusqu'à l'embouchure de la Tet, entre Sainte-Marie et Canet, est désignée sous le nom de Salanque. C'est une plaine fertile, couverte de bois et d'arbres fruitiers, où les jardins alternent avec les luzernières et les prairies artificielles.

Les lacs et les étangs sont assez nombreux dans le département des Pyrénées-Orientales; c'est surtout dans les montagnes qui dominent le bassin de la Tet que l'on trouve les plus belles nappes d'eau.

Le lac ou étang de Lanoux, le plus considérable de toute la chaîne des Pyrénées, occupe le fond d'un cirque irrégulier que dominent le Pic Pédroux (2831 mètres), le Pic des Besineilles (2503 mètres), le Pic de Madides (2611 mètres), le Pic de Lagrave et le Pic de Carlit (2921 mètres). Il est situé à 2150 mètres d'altitude; sa longueur est de 3 kilomètres, et sa largeur de 500 mètres; ses eaux s'écoulent dans le bassin de la Sègre par le ruisseau de Carol. Bien que gelé ordinairement de septembre en juillet, le lac de Lanoux est peuplé d'excellentes truites saumonées. Il est question de construire un canal d'irrigation qui, contournant les montagnes de la vallée de Carol, porterait les eaux de ce lac dans la Cerdagne.

Les étangs de Carlit forment un groupe considérable (plus de 40) de petits lacs séparés, et situés sur le revers oriental du Pic de Carlit. Le plus considérable de tous est l'Estany Llarg (étang long), qui a une forme ellipsoïde. De ses bords, la vue s'étend sur la Bouillouse et le haut de la vallée de la Tet, sur les vastes pâturages des Pla de Bonas Horas et sur des escarpements grandioses entremêlés de forêts de sapins.

Le lac de Pradeille, au sud-est des précédents, est un réservoir d'eaux vives très poissonneux. Il est entouré de montagnes déchiquetées et de roches éboulées, parmi lesquelles se dressent des pins gigantesques.

Les lacs de Carença, qui donnent naissance à un affluent de la Tet, sont situés au-dessous des Pics de la Vache. Ils sont au nombre de trois, dont deux sont voisins et le troisième séparé des deux premiers par une arête de montagne. Des pâturages les entourent, et en été de nombreux moutons y paissent.

Les étangs de Nohèdes, les plus célèbres du département à cause de terribles légendes, sont situés sur un vaste plateau en partie boisé qui s'étend à l'ouest du village de Nohèdes. Ils sont au nombre de trois. Le plus bas, ou étang Étoilé, doit son nom au mouvement ondulatoire et scintillant dont ses eaux sont animées. Un peu plus haut, l'étang Bleu étale sa surface limpide comme l'azur du ciel; ses eaux se déversent dans l'étang Étoilé. L'étang Noir, le plus élevé et le plus vaste des trois, est situé au fond d'un immense entonnoir aux murailles presque verticales et d'aspect noirâtre. Les eaux de l'étang Noir ne se mêlent pas à celles des deux autres lacs, mais elles se jettent dans la Tet par le torrent d'Evol, qu'elles contribuent à former.

Climat

La plaine du Roussillon jusqu'au débouché des vallées est comprise dans le climat méditerranéen; on y trouve les mêmes produits que sur le littoral corse et dans la campagne de Nice. La température moyenne de Perpignan est de 15,5 °C, soit 4,6 °C de plus que celle de Paris; elle est encore un peu plus élevée dans certains vallons abrités, à Amélie-les-Bains par exemple; aussi cette dernière localité est-elle devenue une station thermale importante, d'autant plus qu'elle est à l'abri des vents qui ravagent la côte. Le maximum du thermomètre, en été, varie entre 30 °C et 35 °C, et en hiver, il ne descend guère qu'à 3 °C ou à 4 °C au-dessous de zéro.

Le nombre moyen des jours de pluie est de 70 ; la hauteur moyenne des pluies est de 70 centimètres sur la côte, de 80 aux sources du Tech, de 100 à celles de la Tet et de la Sègre. Quand on s'élève dans les montagnes, la moyenne de la température s'abaisse ; assez tempéré à Prades et dans le Conflent, le climat devient tout à fait rigoureux dans le canton de Mont-Louis et dans la Cerdagne. Pendant l'hiver, il neige souvent dans les environs de Mont-Louis et sur les sommets de Carlit; néanmoins le département n'a pas de glaciers.

Le vent le plus fréquent dans la plaine est la tramontane, ou vent du nord-nord-ouest, qui souffle quelquefois avec une violence inouïe, et qui est un véritable fléau pour ces contrées comme le mistral en Provence; il est désastreux surtout à cause de la sécheresse qu'il amène. Un autre vent, la marinada, souffle du sud-sud-est. Quelquefois, pendant les fortes chaleurs de l'été, il s'élève un vent brûlant, analogue au siroco d'Afrique; mais il dure rarement plus d'une journée.

Curiosités naturelles

Outre la variété de ses paysages, outre ses lacs décrits précédemment, ses gorges pittoresques, ses gouffres, ses grottes marines, le département des Pyrénées-Orientales renferme un grand nombre de curiosités naturelles dont l'énumération serait trop longue. Nous nous contenterons de signaler ici les plus importantes.

La grotte de Sirach a fourni des objets de l'âge préhistorique.

La Cova Bastera, magnifique grotte à stalactites, s'ouvre sous les murs de Villefranche-de-Conflent. On pénètre dans une première salle de forme circulaire et de dimensions moyennes, autour de laquelle s'enroulent comme des draperies plusieurs couches de concrétions minérales. A gauche de cette salle, un long et étroit corridor conduit dans une seconde salle, beaucoup plus vaste que la première, et de forme oblongue et irrégulière. La voûte, très élevée, et les parois sont couvertes de stalactites sur lesquelles la lumière des torches produit les irisations les plus variées. La grotte à 150 mètres dans la totalité de sa longueur.

La grotte d'En Brixot, près des Bains de la Preste, « est une espèce de labyrinthe riche en stalactites de toutes les formes. Elle est creusée dans les strates d'un calcaire fissuré; son entrée est très difficile. [...] La réunion des stalactites et des stalagmites forme de nombreuses colonnes qui, tantôt placées dans un ordre circulaire, tantôt alignées sur plusieurs rangs, présentent l'image de salons immenses ou de longues galeries. Toutes ces colonnes et les voûtes semblent enrichies de cristaux de toutes couleurs, et offrent à l'oeil étonné un spectacle majestueux et admirable. » ( Companyo).

La gorge de la Fou, située entre Arles-sur-Tech et Corsavy, est un véritable gouffre taillé dans le calcaire; sa profondeur est d'environ 160 mètres et sa largeur, d'un bord du précipice à l'autre, est à peine de 50 mètres. Du lieu-dit de la Palme, près duquel il débouche, à la route de Corsavy, sur une longueur de 1 km et demi, il est impossible de remonter le cours du torrent. On peut, près de la métairie de Las Balmes, descendre dans le précipice, afin de mieux voir les murailles verticales de calcaire gris à grains très fins qui n'ont souvent pas plus de deux mètres d'écartement à leur base.

L'ermitage de Saint-Antoine de Galamus, près de Saint-Paul-de-Fenouillet, et les gorges sauvages et infranchissables de l'Agly, situées en amont, sont une des merveilles du département des Pyrénées-Orientales. L'Agly traverse un défilé formé par des murailles verticales de roches dénudées, puis, par une profonde et étroite coupure, débouche dans un bassin en forme de coupe complètement couvert de verdure, cistes, lauriers et tous arbustes à feuillage persistant; c'est une véritable oasis. Une grotte forme la chapelle. Plus loin se trouve une source dans une autre grotte. (A. Joanne).

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