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Pays-Bas
Koninkrijk der Nederlanden (Nederland)

52 30 N, 5 45 E
Les Pays-Bas (ou Néerlande ou, par abus de langage, Hollande) sont un Etat du Nord-Ouest de l'Europe, situé entre la mer du Nord, l'Allemagne et la Belgique. Les Pays-Bas s'étendent sur une longueur maxima de 310 km depuis le Sud du Limbourg jusqu'au Nord de Groningue et sur une largeur maxima de 190 km depuis l'île de Walcheren à l'Ouest jusqu'à la frontière allemande à l'Est. Sa superficie est de 41 526 km²  (dont 33 883 km² de terre). La population totale s'élève à 17,9 millions habitants (2025). Sauf la mer du Nord, les limites des Pays-Bas sont purement conventionnelles et diplomatiques. On peut cependant considérer comme frontière naturelle au Nord-Est les vastes marais qui avoisinent l'Ems et dont les plus étendus portent le nom de Bourtanger Moor.
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Pays-Bas : la culture des tulipes.
Champs de tulipes, aux Pays-Bas. La tulipe,aujourd'hui un symbole des Pays-Bas,
a été importée de l'Empire ottoman au XVIe s.

Les Pays-Bas sont une monarchie constitutionnelle. Ils sont divisés administrativement en 12 provinces et possèdent deux territoires d'outre-mer dans les Antilles : les Antilles Néerlandaises et Aruba. La Capitale des Pays-Bas est Amsterdam, mais La Haye (s'Gravenhague) est le siège du gouvernement. Autres grandes villes : Rotterdam, Utrecht, Leyde, Groningen (Groningue), Eindhoven, Arnhem.

Les 12 provinces des Pays-Bas

Drenthe
Flevoland
Friesland (Frise)
Gelderland
Groningen
Limburg
Noord-Brabant (Brabant du Nord)
Noord-Holland (Hollande du Nord)
Overijssel
Utrecht
Zeeland (Zélande)
Zuid-Holland (Holland du Sud)

Géographie physique des Pays-Bas. 

La région physique des Pays-Bas n'est pas limitée à l'Etat politique de ce nom; elle s'étend de la Flandre française à la Frise allemande. La mer n'y entoure pas les côtes en y formant les falaises, comme le fait, à peu de distance, la Manche; elle dépose sur le littoral belge le sable quartzeux qu'elle émerge à marée basse, et qui, emporté par le vent, donne, en s'accumulant, naissance aux dunes. Mais, tandis que des plaines du littoral, où quelques champs endigués se trouvent au-dessous du niveau moyen des eaux, le sol de la Belgique s'élève par degrés vers l'Est et le Sud-Est jusqu'au plateau des Ardennes, pour arriver a un point culminant de près de 700 m, il en est tout autrement dans les Pas-Bas hollandais. Ici non seulement le pays est plat, mais, sur une grande partie du territoire, le niveau des terres est inférieur à celui de l'Océan; l'altitude moyenne ne dépasse pas 46 m, et, en dehors des dunes qui bordent ses rivages, la Néerlande ne possède que quelques collines dans la partie méridionale du Limbourg, qui appartient géologiquement à une autre région que les Pays-Bas proprement dits. Depuis Dunkerque jusqu'à Anvers s'étend la région des polders, le long de la mer du Nord, sur une largeur de 10 à 15 kilomètres; la surface du sol est souvent au-dessous du niveau des hautes marées, et, sans la protection des dunes et des écluses, il serait encore inondé comme il l'était dans les temps primitifs. 

Au delà, commence la grande plaine cimbrique, qui s'étend, à travers les Pays-Bas et l'Allemagne, jusqu'aux confins de la Russie; on peut y distinguer la région des dunes; celle des terres siliceuses et maigres de la Flandre; la Campine, vaste lande, bornée à l'Ouest par les embouchures de l'Escaut, et à l'Est par la Meuse, couverte de bruyères et de marais la zone sablo-limoneuse, qui occupe le Brabant belge, une partie du pays de Namur et le Hainaut; plus au Nord, dans le Brabant septentrional, l'Over-Yssel, la Gueldre, la Drenthe et la Frise, s'étendent d'immenses tourbières et des marais innombrables, tandis que la côte de la mer du Nord, que protègent des dunes renforcées par de formidables digues, présente de vastes et fertiles terrains d'alluvions, qui se prolongent au bord des fleuves. La région qui environne Utrecht est plus élevée et moins marécageuse, mais elle est partiellement aride, dans le voisinage de la Gueldre. Les tourbières atteignent l'Ems, et jusqu'à nos jours cette région est demeurée déserte. D'autre part le Rhin et la Meuse, se ramifiant en nombreuses branches et recevant quantité de rivières, découpant le pays en tout sens et forment un véritable labyrinthe. Des immenses bois qui, aux temps anciens, s'étendaient dans toute la plaine des Pays-Bas, depuis les Ardennes jusqu'à la mer d'une part, et jusqu'à la forêt d'Hercynie de l'autre, il ne subsiste plus que des fragments épars et amincis qui ne justifient plus le nom de pays des bois (Houtland, Holtland) qui désignait dès le Xe siècle la région du Nord des Pays-Bas.
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Carte des Pays-Bas.
Carte des Pays-Bas. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Côtes et îles.
La forme normale de tout le rivage qui s'étend du cap Gris-Nez à la pointe de Skagen se compose d'une série de courbes élégantes, alternativement convexes et concaves, suivant la direction du flot de marée qui les baigne. Mais sur les côtes de Hollande, ces courbes régulières sont deux fois interrompues, au Sud par les estuaires de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin; au Nord par  le détroit des Wadden et ce qui était autrefois le golfe du Zuyderzee, barré aujourd'hui par une grande digue. La face maritime de la contrée se trouve ainsi divisée en trois parties distinctes Zélande ( = "Pays de la mer"), Hollande ( = "Pays creux") et Frise, présentant par la forme de leur rivage un contraste remarquable, en même temps qu'une certaine pondération. 

La guerre contre les eaux.
Depuis les origines de l'histoire néerlandaise, les traditions constatent le combat incessant du peuple contre les flots. Les invasions de la mer sont nombreuses et terribles. Au IXe siècle, la Basse-Frise est submergée, et le Rhin se creuse une nouvelle embouchure; au XIIe, en 1177, le lac Flevo est rejoint par la mer du Nord, et forme ce que l'on va appeller bientôt le Zuiderzee. Au XIIIe, on relate plus de trente grandes inondations, couvrant au loin les terres, et noyant des centaines de milliers d'habitants. Les brèches du Nord s'agrandissent, et, des tronçons de l'isthme qui séparaient le lac Flevo de la mer, naissent les îles du Texel, Vlieland, Terschelling et Ameland. Alors disparaissent la ville de Torum et plus de 50 villages situés dans le voisinage de l'Ems, et se forment les golfes du Dollart et du Lauwerzee. Pendant le siècle suivant, c'est au tour de la Flandre zélandaise d'être atteinte : en 1377, 19 de ses bourgs disparaissent. Le 18 novembre 1421, la fameuse marée de Sainte-Elisabeth forme le Biesbosch, entre les bras inférieurs de la Meuse et du Rhin, et submerge 72 villages. 

On parvint plus tard à endiguer et à assécher le territoire de 38 d'entre eux. Mais l'emplacement des autres est encore occupé aujourd'hui par un archipel d'une soixantaine d'îlots, la plupart inhabités et couverts de roseaux, que d'étroits canaux séparent. Dans les siècles plus rapprochés de nous, les catastrophes, pour être moins terribles, furent encore nombreuses, détruisirent des digues et des villages, firent périr beaucoup de monde, et causèrent à l'agriculture des pertes immenses. Nous citerons les inondations de 1570, 1665, 1717, 1774. Plus tard, l'art des ingénieurs n'a pu sauver, en 1826, les 40 magnifiques villages du Waterland situés entre Alkmaar et Zaandam. De nouvelles inondations en 1916, conduisent, deux ans plus tard, à lancer une grand projet d'assèchement du Zuiderzee, c'est le plan Lely, du nom de son initiateur, qui vise à faire émerger quatre nouvells terres, appelées polders. Une grande digue, l'Afsluitdijk, longue de 30 km est achevée en 1932. A la fin des années 1960, trois polders étaient achevés, et l'ancien Zuiderzee se trouvait divisé en deux parties par une nouvelle digue, l'Houtribdijk, qui a créé deux lacs, au Nord l'Ijsselmeer, et au Sud-Ouest le Maarkermeer. Il était prévu que ce dernier soit asséché pour former le dernier polder, mais le projet a été abandonné pour des raisons budgétaires. 
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La région des deltas, au Sud-Ouest des Pays-Bas vue depuis l'espace. Les fleuves chargées de sédiments ont créé à leur embouchure un delta constitué de grandes îles couvertes de cultures et séparées par des cours d'eau, qui ont tracé leur chemin entre les dunes côtières. Les Néerlandais ont établi un système complexe de digues, de canaux, de barrages, de ponts et d'écluses, pour retenir la mer du Nord, dont montée des des eaux a donné lieu au cours de l'histoire à inondations dévastatrices. La côte néerlandaise a ainsi considérablement changé au fil du temps en raison de ces inondations. La tempête de 1134 a formé l'archipel de Zélande. D'autres inondations majeures, ont été celle du jour de la Sainte-Lucie, en 1287, celle du jour de la Saint Elisabeth, en 1421, ou encore la grande inondation de 1953 qui a déclenché la construction du système de régulation des deltas , toujours en fonctionnement aujourd'hui, mais qui pourrait bientôt s'avérer inadéquat sur la mer du Nord continue de monter. Source : USGS.

Ce sont là des bouleversements extraordinaires, mais la menace de la submersion reste permanente, ainsi que l'érosion lente de la côte par les courants de marée. Les dunes, couvertes d'une végétation mousseuse, ont cependant une vaste étendue, et s'élèvent souvent à une grande hauteur (Blinkert-Duyn, près de Haarlem, 60 m; Schoorl, 59 m; Bergen, 49 m; Velsen, 48 m). Elles sont renforcées par de formidables écluses dont les spécimens les plus remarquables ont été érigés à Amsterdam et à Katwyk, et par des digues, dans la construction desquelles les Néerlandais sont passés maîtres. Ainsi, par exemple, au Sud du pays,  entre 1954 et 1980, le plan Delta a représenté un autre grand programme d'aménagement des côtes : les îles qui bordent les estuaires du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut ont été reliées par de fortes digues (100 m d'épaisseur et 10 m de hauteur) qui portent les routes, tandis que des polders ont formé des terroirs nouveaux. Les digues maritimes et fluviales atteignent un développement  de plusieurs milliers de kilomètres.

Les principaux golfes des Pays-Bas sont : le Dollart, formé par l'embouchure de l'Ems, entre la province de  Groningue et la Frise allemande; le Lauwerzee, entre Groningue et la Frise occidentale; et le Zuyderzee, qui présente une superficie d'environ 5000 km², et qui baigne les provinces de Hollande septentrionale, d'Utrecht, de Gueldre, d'Overyssel et de Frise.

On distingue l'archipel maritime et les îles fluviales. Il y a sept îles maritimes principales, rangées depuis la pointe du Helder jusque près du Dollart, sur une ligne semi-circulaire dont le côté convexe est tourné au Nord. Ce sont, du Sud-Ouest au Nord-Est : Texel, Vlieland, Terschelling, Ameland, Schiermonnikoog, Bosch Plaat, et Rottum. Les principales îles fluviales ou zélandaises sont : Walcheren, Noord Beveland, Zuid Beveland, Schouwen, Duiveland, Tholen, Philipsland, Overflakkee, Voorne, Ysselmonde, Beyerland et Rozenburg.

Relief du sol.
Nous avons esquissé plus haut la configuration de la vaste plaine dont les Pays-Bas occupent une partie. Les provinces de Hollande et de Zélande, une partie du Brabant septentrional, de la Gueldre, de l'Overyssel, de la Frise, et de Groningue sont situées plus bas que le niveau de la mer et ne doivent leur conservation qu'à des digues puissantes, établies depuis des siècles, et dont l'entretien est un des principaux soucis des pouvoirs publics. L'altitude moyenne ne dépasse guère 45 m, mais la Néerlande contient quelques collines qui atteignent jusqu'à 200 m : Ubachsberg (dit aussi Beischelbery ou Krikelenberg), près de la frontière belge, dans le Limbourg, 210 m; Vaalserberg, non loin d'Aix-la-Chapelle, 322 m (point culminant des pays-Bas!); Sibberberg, près de Fauquemont, 150 m. Nous devons signaler aussi près de Maastricht la montagne de Saint-Pierre, 193 m dans laquelle des carrières, longtemps restées les plus vastes du monde, ont été creusées depuis les temps préhistoriques. Près de Nimègue, on remarque, entre la Meuse et le Rhin, le Meerwyk, 97 m, et, entre la rive gauche de I'Yssel et le Rhin inférieur, les coteaux de la Veluwe, dont l'ait, maxima ne dépasse pas 110 m.

Géologie.
Le Limbourg hollandais renferme des collines comprenant diverses formations anciennes, des assises carbonifères aux roches crétacées. Plus au Nord s'étend, sur une largeur considérable, un autre bassin houiller. Dans le Limbourg se trouvent aussi les fameuses collines de Saint-Pierre, de formation crétacée, évidées par des carrières qui fournissent des pierres calcaires à tout le pays, et dont le dédale, composé de milliers de galeries, a servi de refuge à des populations entières pendant les guerres de religion. On y a trouvé des fossiles de toute espèce, depuis des animaux infimes jusqu'aux gigantesques Mosasaurus. Dans plusieurs parties du pays se remarquent des coteaux formés de blocs erratiques que l'on suppose avoir été charriés par des radeaux de glace. On trouve jusqu'aux environs de Bois-le-Ducles quartz et les grès des Ardennes, venus par la vallée de la Pieuse; le long du Rhin, des graviers originaires des terrains volcaniques des Siebengebirge; dans les provinces de Groningue et de Frise, des débris rocheux de provenance scandinave. Le nombre des blocs erratiques a beaucoup diminué parce qu'on les a utilisés pour les constructions, mais on en découvre encore des quantités notables chaque fois que l'on ouvre une tranchée dans le sol. Ces roches reposent sur des terrains cénozoïques, qui renferment une immense quantité de tourbe dans laquelle on a découvert de nombreux restes d'animaux. On distingue les tourbes hautes, hoogeveenen, composées de chênes, de pins et de bouleaux, et les tourbes basses, lageneenen, qui atteignent jusqu'à 4 m d'épaisseur, et où on trouve beaucoup de noisetiers, de saules, de bouleaux et de frênes.

Le forage d'un puits artésien pratiqué à Utrecht, à 55 km du rivage actuel de la mer, en 1878, et poussé jusqu'à la profondeur de 368 m, a ramené des témoignages du séjour qu'y faisaient autrefois les eaux marines. A 134 m au-dessous de la surface, après avoir traversé une couche d' d'environ 40 m, d'épaisseur qui fut apportée jadis par les courants des fleuves, les instruments sont entrés dans les assises coquillières où ne se rencontrent que des espèces appartenant à la faune marine actuelle; de 164 à 169 m, des coquilles terrestres et d'eau douce sont mêlées aux mollusques marins. Plus bas, jusqu'à 219 m de profondeur, les coquilles marines sont encore celles des mers actuelles; mais au-dessous, elles se mêlent à des espèces plus anciennes. Là commence probablement une formation pliocène analogue aux dépôts sableux de Belgique auxquels Dumont a donné le nom de système scaldien.

Hydrographie.
Les Pays-Bas sont entièrement situés dans le versant de la mer du Nord. Les fleuves qui l'arrosent sont : l'Escaut; il vient de Belgique et atteint à la frontière hollandaise une largeur de 1200 m; à peine en Hollande, il se divise en deux grandes branches, véritables bras de mer, l'Escaut oriental et l'Escaut occidental ou Hont, qui entourent les îles de Walcheren, de Noord Beveland et de Zuid Beveland; ils communiquent entre eux par le Veerschegat, le Sloe, le Zuidvliet et le Zand Creek. L'Escaut oriental communique avec les bouches de le Meuse par l'Eendracht, le Keetenmastgat et le Dvkwater; il est fermé depuis 1867 par une digue de 3610 m, construite pour le chemin de fer de Flessingue vers l'Allemagne par Bergen-op-Zoom et Roosendaal. L'Escaut baigne en Hollande Kampen, Terneuzen, Breskens, Flessingue et Zierickzee. Il a un cours total de 430 km dont 90 sur le territoire hollandais, La Meuse vient de la Belgique, entre dans les Pays-Bas à Eysden, passe à Maastricht et forme la limite des deux pays jusqu'au delà de Stevensweert, sur une longueur d'environ 40 km, passe à Ruremonde, Venloo, Gennep, Grave, Gorinchem, Dordrecht, Rotterdam, Delftshaven, Schiedam, Vlaardingen, Maassluis, La Brielle, et se jette à la mer après un parcours total de 925 km, dont 239 dans les Pays-Bas,

Elle a reçu depuis la frontière belge, à droite : la Ruhr, à Ruremonde; la Zwalm; la Niers; le Kendel, à Gennep; et le Waal, branche du Rhin, au fort Leewenstein, près de Gorinchein; à gauche : le Jaar, à Maastricht; la Dieze, formée du Dommel et de l'Aa, et qui passe à Bois-le-Duc. Le Waat et la Meuse réunis reçoivent le Leck, autre branche du Rhin, et forment un archipel dont les principales îles sont Tholen, Duiveland, Schouwen, Overflakkee, Philipsland, Beyerland, Voorne, Ysselmonde, Rozenburg, et atteignent la mer par plusieurs embouchures. Le bras septentrional porte successivement le nom de Meerwede et Vieille-Meuse; après avoir reçu le Leck, il forme au Nord le bras de Scheur, et au Sud la Nouvelle-Meuse. Les bouches de la Meuse présentent des barres sur lesquelles les petites embarcations peuvent seules passer. Les navires d'un tonnage moyen pénètrent par Helvoestsluys et le Haringvliet vers le Hollandsch Diep; le canal de Voorne réunit le Haringsvliet à la Nouvelle Meuse depuis 1867. Les grands vaisseaux doivent passer par Brouwershaven, le canal de Grevelingen et le Krammer. La largeur de la Meuse est de 150 m à Maastricht et de 2640 au Holandsch Diep.

Le Rhin franchit la frontière des Pays-Bas au Spÿk, près de Clèves. Un peu plus loin, il se divise en deux bras : le Waal, au Sud, qui lui soustrait les deux tiers de ses eaux, coule de l'Est à l'Ouest, passe à Nimègue, Tiel, Heeren-Waarden, Zalt-Bommel et se réunit à la Meuse près du fort Loewenstein, après avoir parcouru 80 km et s'être développé sur une largeur de 265 à 760 m; et le Rhin inférieur, au Nord, qui continue son cours vers Arnhem. A peu de distance de cette ville, l'Yssel, qui part à droite, enlève à son tour au Rhin inférieur un tiers de son volume, reçoit la rivière appelée la Vieille-Yssel, passe à Zutphen et à Deventer, et débouche dans le Zuyderzee, audessous de Kampen, après avoir suivi presque constamment la direction Sud-Nord. Le Rhin inférieur, fort diminué déjà par cette double perte, coule parallèlement au Waal, passe à Arnhem, Wageningen, Wyk-by-Duurstede; de là, le Leck continue en lui emportant les trois quarts de ses eaux, et va rejoindre, entre Dordrecht et Rotterdam, le lit d'un des bras de la lieuse et du Waal réunis; ce qui reste du Rhin inférieur coule vers le Nord-Ouest, sous le nouveau nom de Rhin courbé (Cromme Ryn). A Utrecht enfin a lieu une dernière division : à droite se détache la Vecht, qui coule vers le Nord, se jette dans le Zuyderzee par une double embouchure; la Vecht à l'Est, et l'Amstel a l'Ouest. Le Vieux Rhin se dirige à l'Ouest vers Leyde, et se jette dans la mer du Nord à Katwyk. Avant 1806, il se perdait en marécages au pied des dunes. Depuis cette époque, un canal, défendu par deux môles et par trois rangées d'écluses, le met en communication avec la mer.

Indépendamment de ces trois fleuves, les Pays-Bas contiennent encore plusieurs rivières importantes : la Vecht, qui vient de l'Allemagne, passe près de Gramsbergen, Hardenberg, Ommen, et se jette près de Genemuiden, après un cours de 88 km, dans le Zwolsche-Diep, petit golfe du Zuyderzee. Elle reçoit à gauche la Dinkel et la Regge. La Drentsche Aa passe près de Groningue, reçoit à gauche le Peizerdiep, la Eelderdiep, se réunit à la Hunse, et forme le Reitdiep qui se jette dans le Lauwerzee. La Mussel Aa, qui reçoit le Ruiten Aa, forme le Westervoldsche Aa, et se jette dans le Dollart. On peut encore citer l'Eem, qui se forme de plusieurs petites rivières près d'Amersfoort, et se jette dans le Zuyderzee.

Le cours du Rhin, sur le sol néerlandais, a subi dans le cours des âges de nombreuses et profondes modifications. Dès l'époque romaine, il se divisait en deux branches principales : le Helius qui est le Waal moderne, et un autre grand bras, qui conservait son nom jusqu'à la mer, tandis que le premier rejoignait la Meuse. Une branche secondaire se jetait dans le lac Flevo; elle aurait été formée de I'Oude Yssel, unie au Rhin par un canal artificiel, la fameuse Fossa Drusiana; mais ceci est controversé. Quoi qu'il en soit, l'Oude Yssel semble elle-même être un ancien bras du Rhin, et l'ancienne Fossa Drusiana a toutes les apparences d'une rivière et non d'un canal creusé par la main de l'homme. Le Lek serait le canal exécuté en 71 par les ordres de Civilis en vue de rejeter vers le Sud l'excédent des eaux du fleuve; depuis lors, son cours a fréquemment varié. En 1779, on l'a régularisé en le reliant avec le Waal au moyen de plusieurs canaux munis d'écluses. On a pu constater que le Rhin a dévié vers la gauche, et qu'il a une tendance à se porter de plus en plus an Sud, bien que dans l'hémisphère septentrional, le mouvement de la Terre s'exerce de manière à faire dévier la plupart des cours d'eau vers leur droite. On considère cette déviation anormale comme un effet de la marée.

Lacs.
Les lacs sont nombreux ; ils occupent une superficie totale de 429 km². Les principaux sont le Schild, le Zuidlaader, le Leekstermeer, dans la province de Groningue, le Bergumee, le Sloter, le Tjeuke, le Heeger, le Morra, dans la province de Frise. Tous ces lacs sont très poissonneux.
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Pays-Bas : un moulin.
Un moulin, aux Pays-Bas. Le moulin de Sloten, près d'Amsterdam, 
toujours en fonctionnement, date de 1847. Il est utilisé pour l'assèchement des
polders, et pomper 60.000 litres d'eau par minute. Photos : The World Factbook.

Climat.
Le climat des Pays-Bas est océanique tempéré (Cfb de Köppen) avec des températures modérées et des précipitations bien réparties. Le vent de l'Ouest dominant, et fort brumeux à cause des nombreuses nappes d'eau qui couvrent le territoire. Il est généralement assez doux, plus froid dans les provinces de l'Est qui participent déjà du climat continental; il est sujet à de brusques variations. La moyenne annuelle des pluies est de 679 mm. Le thermomètre descend rarement au-dessous de 10°C et monte exceptionnellement au-dessus de 30°C. (E. Hubert).

Biogéographie des Pays-Bas

Les Pays-Bas forment un territoire façonné par la mer, les rivières et les humains, où la biogéographie s'articule autour de gradients d'humidité, de salinité et de gestion anthropique. Le nord et l'ouest, dominés par les plaines littorales sablonneuses et les polders, abritent une mosaïque d'habitats salins et halophiles. Le Waddenzee, zone intertidale unique, constitue une escale vitale pour des millions d'oiseaux migrateurs. La végétation y est spécialisée : salicornes, obiones, spartines et puccinellies dominent les laisses salées.

Plus à l'intérieur, les deltas du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut structurent de vastes plaines alluviales où la dynamique fluviale historique a produit des bras morts, marais tourbeux et forêts inondables. La diversité floristique y est élevée : massettes, roseaux, carex, nénuphars et joncs bordent des plans d'eau riches en invertébrés et poissons. La faune y est marquée par la présence du castor, du butor étoilé, de la loutre, ainsi que des colonies de sternes et d'échassiers.

Le centre et l'est des Pays-Bas présentent un contraste plus sec, dominé par des paysages sablonneux, des landes et des forêts. Les landes à bruyère (Calluna vulgaris) et les pelouses sèches oligotrophes alternent avec les boisements artificiels de pins sylvestres, introduits pour stabiliser les dunes continentales. Cette zone, qui abrite le Parc National De Hoge Veluwe, est un refuge pour la grande faune terrestre : cerf élaphe, sanglier, chevreuil, ainsi que pour le lézard vivipare, le hibou moyen-duc et la chouette chevêche.

À l'extrême sud-est, le Limbourg offre des conditions singulières. Les substrats calcaires et les collines abritent une végétation xérophile et calcicole absente du reste du pays. On y trouve des orchidées rares (Orchis militaris, Ophrys insectifera), des prairies maigres à Bromus erectus et des forêts de hêtres. Le Geuldal, vallée emblématique, concentre une richesse faunistique remarquable : papillons menacés, amphibiens des prairies humides et chauves-souris cavernicoles.

Les pressions anthropiques sont fortes dans l'ensemble du territoire. Les paysages agricoles dominent et modèlent une part importante de la matrice écologique. L'intensification agricole, la canalisation des eaux et l'urbanisation (notamment dans la Randstad) fragmentent les habitats et modifient les flux écologiques. Cependant, les Pays-Bas sont pionniers en écologie restaurative, via des corridors écologiques, la gestion adaptative de l'eau et la protection de sites Natura 2000. La faune aquatique bénéficie de projets de réouverture de rivières, de suppression de barrages et de réhabilitation de zones humides, tandis que des espèces emblématiques comme le balbuzard pêcheur ou le bison d'Europe ont été réintroduites localement.

L'influence humaine historique est telle que les frontières entre naturel et artificiel sont souvent floues. Les écosystèmes secondaires sont riches, parfois plus fonctionnels que des habitats dits « primaires » ailleurs. Le réseau écologique national (EHS – Ecologische Hoofdstructuur) tente de reconnecter ces fragments pour restaurer les dynamiques naturelles. 

Géographie humaine des Pays-Bas

Population.
Les Pays-Bas comptent environ 17,9 millions d'habitants répartis sur un territoire relativement restreint ce qui en fait l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe avec environ 430 habitants au km². La population est fortement concentrée dans la conurbation de la Randstad (Amsterdam, Rotterdam, La Haye, Utrecht), qui regroupe près de la moitié des habitants sur moins d'un quart du territoire. À l'inverse, les provinces périphériques comme la Frise, la Drenthe ou la Zélande affichent une densité beaucoup plus faible, souvent inférieure à 200 habitants au km², avec des phénomènes de déclin ou de vieillissement démographique.

La structure par âge de la population néerlandaise montre un vieillissement progressif, à l'instar d'autres pays européens. La proportion de personnes âgées de plus de 65 ans dépasse les 21 %. En parallèle, le taux de natalité reste modéré (autour de 1,5 enfant par femme), en dessous du seuil de renouvellement des générations, tandis que l'espérance de vie continue de croître (environ 80,1 ans pour les hommes, 83,2 ans pour les femmes). Ces tendances alimentent un besoin croissant en immigration pour soutenir la population active.

Les Pays-Bas présentent une société hautement urbanisée, avec plus de 90 % des habitants vivant en milieu urbain. Toutefois, l'urbanisme néerlandais se distingue par une gestion planifiée et une forte attention à la qualité de vie : intégration des espaces verts, mobilité douce, logement social, et maîtrise de la ségrégation spatiale. Ce modèle a permis de limiter l'apparition de grands ghettos urbains, même si certaines villes, comme Rotterdam ou La Haye, font face à des tensions sociales et des inégalités croissantes.

La diversité ethnique et culturelle est une caractéristique majeure de la société néerlandaise contemporaine. Environ 25 % de la population est d'origine étrangère, dont une part importante issue de l'immigration post-coloniale (Indonésie, Suriname, Antilles néerlandaises), des migrations de travail (Turquie, Maroc) ou de mouvements intra-européens récents (Pologne, Bulgarie). Cette diversité se manifeste dans les pratiques culturelles, les langues parlées à domicile, les religions et les trajectoires sociales, mais donne aussi lieu à des tensions identitaires, notamment autour des questions d'intégration, de laïcité et de citoyenneté.

Le niveau d'éducation est globalement élevé : le taux de diplomation dans l'enseignement supérieur dépasse les 50 %, avec un système dual performant combinant formations universitaires et professionnelles (MBO, HBO). L'enseignement est marqué par le principe de liberté scolaire garanti par la Constitution, ce qui permet une grande variété d'écoles (publiques, confessionnelles, alternatives). Cette diversité coexiste avec un souci d'égalité des chances, même si des inégalités sociales persistent, notamment dans les trajectoires des jeunes issus de l'immigration.

Sur le plan sociologique, la société néerlandaise est habituellement décrite comme pragmatique, tolérante et structurée autour du consensus. L'influence du protestantisme réformé historique y est encore visible dans l'éthique du travail, la rigueur budgétaire et l'organisation communautaire. Le modèle de concertation tripartite (gouvernement, syndicats, patronat), connu sous le nom de poldermodel, reste une base de la culture politique et sociale, même si la polarisation idéologique s'est accrue ces dernières années avec la montée de mouvements populistes et identitaires.

Les styles de vie sont fortement individualisés, marqués par une importance accordée à l'autonomie personnelle, à la planification familiale, à la mobilité (y compris cycliste) et à l'équilibre entre vie professionnelle et privée. Le taux d'activité des femmes est élevé, mais souvent à temps partiel, traduisant un modèle familial hybride. Les Pays-Bas se distinguent aussi par une forte acceptation sociale des minorités sexuelles, une législation pionnière en matière d'euthanasie, et une approche libérale des drogues douces.

La sociologie néerlandaise contemporaine se confronte à plusieurs défis : vieillissement, cohésion sociale dans un contexte multiculturel, fracture numérique, accès au logement, et transitions écologiques. La société civile y joue un rôle actif, avec un tissu dense d'associations, de coopératives et d'initiatives citoyennes qui renforcent la résilience et l'innovation sociale dans un contexte de transformation rapide.

Quelques-unes des grandes villes des Pays-Bas

• .Amsterdam. - Environ 880 000 habitants (plus de 2,4 millions dans l'aire urbaine). Capitale officielle des Pays-Bas, Amsterdam est connue pour ses canaux, ses musées célèbres (comme le Rijksmuseum, le musée Van Gogh et la Maison d'Anne Frank), ainsi que son architecture historique. C'est un centre culturel et touristique majeur et également un centre financier.

• Rotterdam. - Environ 650 000 habitants. Deuxième plus grande ville du pays, Rotterdam est l'un des plus grands ports du monde. La ville est un centre logistique et industriel crucial pour l'Europe et est connue pour son architecture moderne et avant-gardiste, en particulier depuis sa reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.

• La Haye (Den Haag). - Environ 550.000 habitants. Si Amsterdam est la capitale officielle, La Haye est le siège du gouvernement néerlandais et la résidence de la famille royale. C'est également le siège de nombreuses organisations internationales, y compris la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale.

• Utrecht. - Environ 360 000 habitants. Ville au coeur des Pays-Bas, Utrecht est un important centre de transport grâce à sa position centrale. Elle est également connue pour son histoire, avec sa cathédrale médiévale et ses canaux uniques avec des quais en contrebas. La ville abrite aussi l'une des plus anciennes universités du pays.

• Eindhoven. - Environ 240 000 habitants. Située dans le sud du pays, 

Eindhoven est un centre technologique et industriel majeur, notamment en raison de la  présence de Philips et du High Tech Campus. Elle est connue pour son innovation, son design et sa scène culturelle émergente.

• Tilburg. - Environ 220 000 habitants.  Ville du sud des Pays-Bas, Tilburg était autrefois un centre textile important. Aujourd'hui, elle est devenue une ville universitaire dynamique, avec une forte vie culturelle, notamment grâce au Festival de la Fête du Roi et au festival Incubate.

• Groningue (Groningen). - Environ 200.000 habitants. Située dans le nord du pays, Groningue est une ville universitaire avec une population étudiante très importante. Elle est également un centre régional pour la culture et les affaires, avec une riche histoire médiévale et une scène artistique florissante.

• Breda. - Environ 185 000 habitants. Breda, dans le sud-ouest du pays, est connue pour son histoire militaire et royale, ainsi que pour son centre historique bien préservé. Elle est aussi un centre pour les affaires et la logistique.

• Nimègue (Nijmegen). - Environ 180 000 habitants. Considérée comme l'une des plus anciennes villes des Pays-Bas, Nimègue est également une ville universitaire. Elle est connue pour son festival de marche international (Vierdaagse) et ses événements culturels.

• Arnhem. - Environ 160 000 habitants. Située près de la frontière allemande, Arnhem est une ville historique célèbre pour la bataille d'Arnhem pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est également un centre pour le design et la mode.

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Culture.
Historiquement influencée par le calvinisme, la liberté marchande et l'ouverture maritime,  la culture néerlandaise a engendré une société tolérante, pragmatique, tournée vers l'innovation tout en valorisant la sobriété. Ce cadre a favorisé l'émergence de courants artistiques majeurs dès le XVIIe siècle, durant lequel la peinture néerlandaise a produit des figures emblématiques comme Rembrandt, Vermeer ou Frans Hals. Cette tradition picturale s'est renouvelée au XXe siècle avec des artistes comme Piet Mondrian et Karel Appel, fondateurs de mouvements avant-gardistes tels que De Stijl ou CoBrA.

La langue néerlandaise, d'origine germanique, constitue un vecteur identitaire fort, même si l'anglais est largement parlé et enseigné dès le plus jeune âge. Des dialectes régionaux (frison en Frise, limbourgeois au sud, twents à l'est) enrichissent le paysage linguistique, tandis que les flux migratoires ont introduit une pluralité de langues vivantes parlées au quotidien dans les grandes villes. La littérature néerlandaise, encore insuffisamment traduite, regorge d'auteurs importants comme Multatuli, Louis Couperus, Harry Mulisch, et plus récemment Arnon Grunberg, qui abordent des thèmes de mémoire coloniale, de culpabilité morale ou de solitude urbaine.

L'architecture néerlandaise illustre l'efficacité rationnelle et la maîtrise de l'espace, avec une tradition de constructions fonctionnelles, bien intégrées dans le paysage. Les villes sont structurées autour de canaux, de façades à pignons et d'espaces verts. Le modernisme architectural a donné naissance à des œuvres emblématiques comme le cube house à Rotterdam ou le complexe Bijlmermeer à Amsterdam. Dans l'urbanisme contemporain, l'attention à la durabilité, à l'eau et au logement social reste centrale.

La gastronomie néerlandaise est enracinée dans les produits locaux : pommes de terre, poissons, produits laitiers, légumes d'hiver. Les plats traditionnels comme  l'erwtensoep (soupe de pois cassés), le stamppot (purée de légumes et pommes de terre), les harengs crus et les fromages (gouda, edam, leyden) sont emblématiques. Toutefois, la cuisine s'est mondialisée, et les restaurants indonésiens, turcs ou surinamais sont devenus incontournables dans le paysage culinaire urbain.

Les Pays-Bas sont internationalement connus pour leur approche libérale en matière de société : légalisation précoce du mariage homosexuel, encadrement du travail du sexe, tolérance à l'égard de l'usage personnel de cannabis. Cette ouverture repose sur une culture du compromis et du dialogue. Les débats publics sont nourris, souvent menés avec une certaine franchise. La participation citoyenne y est élevée, notamment dans les coopératives, les associations de quartier ou les mouvements pour la justice climatique.

Le paysage religieux s'est profondément transformé depuis les années 1960. Le protestantisme réformé, longtemps dominant, a vu son influence décliner, tout comme le catholicisme dans le sud. La majorité des Néerlandais se déclarent désormais sans religion. Cependant, la liberté religieuse reste un principe fondateur, et l'islam, l'hindouisme et le bouddhisme y trouvent leur place dans une société pluraliste. Cette diversité génère parfois des tensions, mais aussi des formes de coexistence innovantes dans les sphères culturelles et éducatives.

Le sport tient une place importante dans la vie quotidienne. Le cyclisme est une véritable culture à part entière, intégré dans la planification urbaine et dans les pratiques familiales. Le football (Ajax, Feyenoord, PSV), le patinage de vitesse, et les sports nautiques sont largement pratiqués. La culture populaire est également nourrie par les festivals (notamment de musique électronique), les carnavals régionaux, les traditions florales (comme la parade de fleurs à Lisse) et les célébrations du Koningsdag (fête nationale).

Les musées nationaux et régionaux sont particulièrement riches et fréquentés : Rijksmuseum, Mauritshuis, Van Gogh Museum, mais aussi des institutions contemporaines comme le Stedelijk ou le Boijmans Van Beuningen. La vie culturelle est soutenue par un fort financement public, qui facilite l'accès à la création artistique pour les jeunes, les minorités et les zones rurales. Le théâtre, la danse contemporaine et la musique alternative y occupent une place vivante, avec des scènes dynamiques à Amsterdam, Rotterdam et Utrecht.

Economie.
L'économie des Pays-Bas se distingue par son haut degré d'ouverture, sa compétitivité structurelle et sa forte intégration dans le commerce mondial. Située au carrefour logistique de l'Europe, la nation bénéficie d'infrastructures portuaires et aéroportuaires de premier plan, avec notamment le port de Rotterdam, le pl us grand d'Europe, et l'aéroport de Schiphol, plateforme stratégique pour les échanges commerciaux et les passagers intercontinentaux. Cette position géographique privilégiée, adossée à un réseau dense de routes, voies ferrées et canaux, soutient un secteur logistique extrêmement développé, pilier de la croissance nationale.

Le secteur agricole, bien que représentant une faible part du PIB (environ 1,5 %), est l'un des plus productifs au monde. Grâce à l'innovation technologique, à l'intensité des cultures sous serre, et à la mécanisation, les Pays-Bas sont le deuxième exportateur mondial de produits agroalimentaires après les États-Unis. Tomates, poivrons, fleurs, pommes de terre, lait et produits laitiers constituent les principales exportations agricoles, soutenues par des entreprises de biotechnologie végétale et de logistique alimentaire.

Le secteur industriel est diversifié et technologiquement avancé. Il comprend la pétrochimie, la production de machines, l'agroalimentaire, la construction navale, et surtout les hautes technologies. Des entreprises comme ASML, leader mondial des équipements de lithographie pour les semi-conducteurs, incarnent la montée en puissance de l'économie de la connaissance. Les clusters d'innovation sont concentrés dans des régions comme Eindhoven (Brainport), autour de la haute technologie, et Wageningen, pour l'agriculture durable et la recherche alimentaire.

Le secteur tertiaire représente environ 70 % du PIB. La finance, les assurances, les services juridiques et les technologies de l'information y sont surreprésentés, notamment à Amsterdam et Utrecht. Les banques néerlandaises (ING, Rabobank, ABN AMRO) jouent un rôle important dans l'économie européenne. Le pays attire de nombreuses multinationales grâce à un climat fiscal favorable, une stabilité réglementaire et une main-d'oeuvre hautement qualifiée. Cette attractivité est toutefois régulièrement remise en question par les débats sur les pratiques d'optimisation fiscale, le traitement des travailleurs détachés ou l'empreinte écologique des investissements.

Le marché du travail se caractérise par un taux de chômage structurellement bas, une flexibilité marquée (temps partiels nombreux, contrats temporaires, télétravail répandu) et un haut niveau de formation. Le taux d'activité des femmes est élevé, même si souvent à temps partiel. Les syndicats, bien que moins puissants qu'auparavant, participent toujours au dialogue social à travers des structures tripartites où les décisions sont largement concertées. Le modèle du polder, basé sur le consensus, reste au centre de la régulation économique et sociale.

Le modèle du polderest une approche de régulation économique et sociale basée sur le consensus et la coopération entre les parties prenantes clés de la société. Cette expression emprunte son nom aux polders hollandais, ces terres gagnées sur la mer et nécessitant une gestion collective et concertée pour éviter inondations et conflits. Appliqué au domaine socio-économique, ce modèle repose sur la négociation permanente entre trois acteurs principaux : l'État, les organisations patronales (comme le VNO-NCW) et les syndicats (comme le FNV). L'objectif est de parvenir à des accords collectifs (appelés "accords de secteur" ou "accords de productivité") qui régissent les conditions de travail, les salaires, la formation ou la protection sociale. Ces accords sont négociés en amont avec les parties concernées, plutôt que d'être imposés par des lois ou des politiques gouvernementales. Cette méthode vise à éviter les conflits sociaux (comme les grèves ou les lock-outs), à garantir la stabilité économique et à promouvoir un développement inclusif. Historiquement, le modèle polder a contribué à la réussite économique néerlandaise, notamment par son rôle dans la réduction du chômage, la flexibilité du marché du travail et la protection sociale solide. Cependant, il a aussi évolué au fil des décennies pour s'adapter aux défis modernes (globalisation, digitalisation), parfois en intégrant de nouveaux acteurs (associations, employés). Bien que critiqué pour sa lenteur ou son manque de transparence, ce modèle reste un pilier de la culture socio-économique néerlandaise, illustrant l'idéal de "consensus" et de "partenariat social".
Sur le plan macroéconomique, les Pays-Bas affichent une forte stabilité. La dette publique est contenue, l'inflation historiquement modérée (hors contexte de chocs externes récents), et la balance commerciale largement excédentaire. Le pays est fortement dépendant du commerce extérieur : plus de 80 % de son PIB est lié à l'exportation et à l'importation de biens et de services. L'Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et la France sont ses principaux partenaires commerciaux.

Le secteur énergétique est en pleine transition. Longtemps dépendant du gaz naturel extrait à Groningue, les Pays-Bas ont accéléré leur virage vers les énergies renouvelables à la suite des séismes induits par l'exploitation du gisement. L'éolien offshore, l'hydrogène vert et les projets d'économie circulaire occupent désormais une place centrale dans la politique énergétique, accompagnée d'investissements massifs dans l'innovation et les infrastructures durables. Toutefois, le pays reste l'un des plus intensifs en émissions par habitant au sein de l'Union Européenne, notamment du fait de sa logistique, de son industrie lourde et de son agriculture intensive.

L'économie néerlandaise est également très sensible aux chocs extérieurs : crise financière mondiale, pandémie de covid-19, guerre en Ukraine et inflation importée ont eu un impact significatif, malgré la solidité des fondamentaux. Les politiques budgétaires ont été adaptées pour amortir ces chocs, avec des aides ciblées aux entreprises et ménages. Par ailleurs, des défis structurels se posent : pression sur le logement, inégalités d'accès aux ressources, rareté de la main-d'œuvre dans certains secteurs et tension sur les sols agricoles.

L'innovation reste au cœur du modèle économique. Les Pays-Bas consacrent près de 2,3 % de leur PIB à la recherche et développement. Les universités techniques, les instituts publics de recherche et les entreprises coopèrent dans des écosystèmes de haute technologie, soutenus par des politiques publiques tournées vers la compétitivité verte et numérique. Ce dynamisme se reflète aussi dans l'économie circulaire, l'agriculture de précision, la robotisation et les villes intelligentes.

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