|
Le
Moyen âge.
En France, les monuments du la peinture
pendant le Moyen âge
sont assez rares, bien que cet art ait été de tout temps cultivé. Sans
parler ici de la peinture sur verre, de la peinture
sur émail et des miniatures
des manuscrits, il est certain que la plupart des églises
furent de bonne heure ornées de fresques
ou de peintures en détrempe. Le roi Childebert,
dit-on, fit couvrir de peintures les murs de l'église de Saint-Germain
des Prés;
les Capitulaires
de Charlemagne recommandent les travaux de
ce genre, et Ermold le Noir nous a conservé le détail des peintures qui
furent faites de son temps dans l'église d'Ingelheim : chose singulière,
ces peintures ont été presque toutes reproduites en mosaïque
sur les parois de la cathédrale de Montréal
en Sicile. On n'a pu retrouver quelques-uns des monuments primitifs de
la peinture française qu'en les débarrassant des couches de plâtre,
de mortier ou de badigeon dont on les avait
recouverts à une époque postérieure.
Les plus anciennes fresques
paraissent être celles des églises de Saint-Honorat
à Arles et Saint-Jean à Poitiers,
et celles de Saint-Savin, exécutées de 1050
à 1150; mais les plus belles ornent
l'abside de Saint-Saturnin à Toulouse.
On peut encore citer comme très curieuses les fresques qui décorent le
dortoir de l'abbaye de Saint Martin-des-Vignes
à Soissons, la salle capitulaire des Templiers
à la citadelle de Metz, l'église haute de
la Sainte-Chapelle
à Paris, la crypte de la cathédrale
de Limoges, la préfecture d'Angers
(ancienne abbaye de Saint-Aubin ), le réfectoire de l'abbaye de Charlieu
dans le Forez, le porche de Notre-Dame-des-Doms
à Avignon, la nef
de la chapelle de Selles-Saint-Denis (Loir-et-Cher),
le choeur de l'église du Mont-St-Michel,
les cathédrales de Coutances,
du Mans, de Clermont-Ferrand,
etc. Quelques châteaux ont aussi conservé
la trace de leur ancienne décoration.
Jusqu'au XIIIe
siècle les moines seuls cultivèrent la peinture;
mais on voit par le Livre des métiers d'Étienne Boileau qu'au
temps de Louis IX il existait à Paris
une corporation de peintres. Les artistes du Moyen âge
ne se bornèrent pas à la peinture
monumentale; ils peignirent sur bois et autres
matières, et leur talent s'exerça sur les diptyques, les autels,
les meubles, les écus des chevaliers, les selles de cheval, etc., qu'ils
couvraient de figures, de feuillages, d'ornements de toute sorte. On a
même conservé un portrait du roi Jean
le Bon, qu'on rapporte à l'année 1350,
et qui est attribué à Giottino. Charles
V créa, sous le nom d'Académie de Saint-Luc, la première Académie
de peinture qui ait existé en France;
elle fut réorganisée en 1391.
On connaît très peu de peintres antérieurs
aux XIVe siècle.
A ce siècle appartiennent : Girard d'Orléans, qui travailla pour Charles
V, et qui, longtemps avant Van Eyck, avait
exécuté des peintures à l'huile et
vernissées au château du Val de Rueil;
Jean Coste, employé à la décoration du même château; Jean de Saint-Romain,
imagier de Charles V, auteur de nombreux cartons pour vitraux;
Colart de Laon,
Guillaume Loyseau et Perreniet, qui ornèrent de peintures
murales la chapelle des Célestins Ã
Paris. François d'Orléans, qui fit des fresques
à l'hôtel Saint-Pol; Jean de Blois, qui travailla à l'Hôtel de Ville;
J. Biterne, Jean de Saint-Cloy, Peyrin de Dijon, La Fontaine, Copin dit
Grand-Dent, dont le talent fut utilisé par les princes d'Orléans;
Jacquemin Gringonneur, qui peignit des cartes à jouer pour l'usage de
Charles VI.
Pendant Ie XVe
siècle, on remarque : Nicolas Pion, qui fit pour l'abbaye
de Saint-Germain-des-Prés
un tableau que l'on conserve à Saint-Denis;
Jean Foucquet, peintre et miniaturiste célèbre;
Guillaume Josse et Philippe de Foncières, qui travaillèrent aux peintures
du Louvre sous Charles
VII; le roi René d'Anjou,
qui peignit des miniatures, des vitraux,
des fresques et des tableaux,
et dont on conserve un tableau à l'hôpital de Villeneuve-lez-Avignon
et un triptyque à Aix-en-Provence.
Dans cette dernière ville (l'église de la Madeleine), on peut voir également
le Triptyque de l'Annonciation, attribué à Barthélemy Eyck, peintre
anversois qui a surtout travaillé en France, et qui est par ailleurs l'auteur
présumé de l'illustration du Livre du Coeur
d'Amour épris (vers 1440?).
-
Miniature
illustrant le Livre du Coeur d'Amour épris,
attribuée
à Barthelémy Eyck (milieu du XVe siècle).
La Renaissance.
Au commencement du XVIe
siècle, lors de la Renaissance
des arts, la peinture sur verre et la miniature
jetaient un vif éclat, mais la peinture
monumentale et la peinture de tableaux
ne prenaient aucun essor, et, si l'on excepte Jean Perréal, dit Jean de
Paris, qui fit à la suite de Louis
XII la campagne de 1509 pour en
retracer les événements avec le pinceau, on ne peut mentionner que des
portraitistes, Guéty, Corneille de Lyon, Foulon,
et surtout Janet (Clouet), dont le musée
du Louvre conserve quelques portraits,
et Dumonstier, auteur de pastels conservés
en grand nombre à la bibliothèque Sainte-Geneviève.
L'Italie,
qui comptait alors de grands peintres, donna fort à propos une vigoureuse
impulsion à l'école française. Léonard de Vinci
et André del Sarto furent appelés à la
cour de François Ier
: malheureusement, l'un mourut peu de temps après son arrivée, l'autre
ne se fixa pas en France,
et ce furent des artistes moins complets qui servirent de modèles à aux
peintres français. En 1532, maître
Roux (le Rosso) vint de Florence s'établir,
avec une colonie d'Italiens (Lucca Penni, Domenico del Barbieri, Bartolommeo
Miniati, Lorenzo Naldini, Antonio Mimi, Francesca da Pellegrino, J.-B.
della Pella, etc.), au château de Fontainebleau,
dont il décora plusieurs parties : il avait une imagination hardie et
bizarre, un talent vigoureux et tourmenté, un de ces artistes qui exercent
un attrait singulier par l'énergie même de leurs outrances. Le Primatice,
qui lui succéda en 1541, et dont le
principal auxiliaire fut Niccolo dell' Abbate,
avait une grande ordonnance, une imagination poétique, un faire élégant,
mais aussi beaucoup de manière.
Les plus vastes peintures
monumentales exécutées pendant ce règne des Italiens
dans l'art français sont celles de la cathédrale
d'Albi; on a retrouvé quelques noms d'artistes
employés à ce travail, Ambroise Laurens de Modène, Violanus Julio, Antoine
de Lodi, etc. Parmi les peintres français qui subirent l'influence italienne,
ou mentionne Simon de Paris, Claude de Troyes, Germain Musnier, Claude
Baldouin, Roux de Roux, Charles de Varye, Louis Dubreuil, Eustache Dubois,
Charles et Thomas Dorigny, Cormoy, Michel Rochet,
Roger de Rogery, François Quesnel, Jacob Bunel, etc. La peinture
n'eut alors d'autre source d'inspiration que la mythologie
païenne. Un seul artiste conserva toute son indépendance et toute son
originalité; ce furent les deux Jean Cousin,
qui n'eurent cependant pas assez de force pour en entraîner l'école
française à sa suite, et dont les chefs-d'oeuvre sont un Jugement
dernier
(au musée du Louvre) et une Descente de
Croix (au musée de Mayence).
C'est encore l'art italien qu'on reconnaît
dans les peintres les plus célèbres du règne de Henri
IV, Ambroise Dubois, Toussaint Dubreuil et Fréminet. Sous la direction
de ce dernier, travaillèrent à la décoration des palais royaux Claude
et Abraham Hallé, Pasquier, Guillaume Durnée,
Louis Testelin, Hardouin, Honnet, Jean de Brie, Francisque et Bouvier.
Cependant l'époque approchait où l'art français allait reprendre la
liberté de ses allures.
Le XVIIe
siècle.
Pendant la minorité de Louis
XIII, Marie de Médicis, voulant décorer
la grande galerie du palais du Luxembourg,
demanda des dessins à un artiste picard, Quentin
Varin; les esquisses furent présentées et admises, mais l'auteur crut
être compromis lors de la disgrâce du maréchal d'Ancre, et disparut
: ce fut le Flamand Rubens qui peignit la galerie,
et ses tableaux sont aujourd'hui au musée du Louvre.
Un autre Flamand, Porbus, vint,
à la même époque, s'établir à Paris. Une
école véritablement française fut inaugurée vers 1630,
par Simon Vouet, qui s'était formé d'après le
Guide et Paul Véronèse. Puis vinrent Philippe
de Champagne, dont on admire surtout les portraits
et les tableaux religieux; Nicolas
Poussin, que la France veut opposer aux plus grands peintres de l'Italie;
Claude Gelée (le Lorrain), paysagiste
sans rival; Eustache Lesueur, auteur d'une suite de tableaux sur la vie
de Saint Bruno; enfin, à un degré inférieur,
Blanchard, Stella, Dufresnoy,
Sébastien Bourdon, et Jacques
Courtois (le Bourguignon), peintre de batailles.
-
Les
Muses (Clio, Euterpe, Thalia), par Eustache Lesueur (1640).
Le règne de Louis
XIV a été aussi illustré par déminents artistes, imitateurs et
élèves de l'Italie,
et dont le talent demanda principalement ses inspirations à l'allégorie
et à la mythologie
antique : Lebrun, directeur de tous les grands travaux de peinture
qui se rent alors au château de Versailles,
où il a représenté l'histoire
de Louis XIV et les Batailles d'Alexandre;
Mignard, à qui l'on doit la coupole du Val-de-Grâce;
Noël Coypel, auteur de grands travaux aux Tuileries;
Ch. de La Fosse, qui peignit la coupole des Invalides
et la salle du Trône à Versailles; Bon Boullongne,
dont on a des peinture
aux Invalides; Lode Boullongne, qui travailla aussi aux Invalides et Ã
Versailles; Lemoine, qui a décoré le salon d'Hercule à Versailles; Jouvenet,
auteur de peintures aux Invalides et à Versailles, et de tableaux
de chevalet; Martin des Batailles, qui peignit l'histoire militaire du
grand Condé, et Van der Meulen, celle de Louis
XIV; Colombel, Michel Corneille, Antoine Dieu,
Houasse, Valentin, Monnoyer, Parrocel, Lahire, Restout, etc. Dans cette
école, on pousse le sentiment de la grandeur parfois jusqu'à l'excès;
la majesté et la noblesse dégénèrent trop souvent en pompe théâtrale,
et l'art sacrifie trop à l'apparat, à l'effet. Sous ce prince furent
fondées l'Académie de peinture et de sculpture
en 1648, et l'Académie
de France
à Rome en 1666. La première Exposition
au Louvre eut lieu en 1699.
Le XVIIIe
siècle.
Au XVIIIe
siècle, les traditions mythologiques de l'école de Louis
XIV se perpétuent chez N.-N. Coypel, Ch.-A.
Coypel, Fr. de Troy, Subleyras, J.-B. Vanloo et C. Vanloo. Mais un genre
nouveau, la peinture de genre, gracieuse
et facile, est mis à la mode par Watteau, Boucher,
Lancret, Loutherbourg, Natoire, etc. Rigaud,
Largillière, La Tour, Vivien, se placent
au premier rang parmi les peintres de portraits;
les pastels de La Tour surtout sont de vrais
chefs-d'oeuvre. Oudry et Desportes excellent à représenter les chasses,
les fleurs, les fruits et les animaux.
Les marines de Joseph Vernet sont restées
populaires. Patel et Lantara se distinguent dans
le paysage, Duguernier et Dumont dans la miniature.
On voit au château de Saint-Cloud et au
Louvre d'admirables gouaches
par le chevalier de Barde. Vers la fin du règne de Louis
XV, Lagrenée, Greuze,
Pierre, Suvée, représentaient avec le plus d'éclat la peinture
d'histoire, lorsqu'une réaction commença contre l'école
italienne ou académique, dans le but de ramener la peinture
à une plus grande sévérité et au culte exclusif de l'antique : Doyen,
Peyron, Regnault et Vien furent les coryphées
de cette école nouvelle, dont David,
élève de Vien, ne tarda pas à être le chef. Après avoir exposé en
1784 son Serment des Horaces,
qui fit une très vive impression, David ouvrit une école en 1787.
Ses principes, qui se ramènent à la reproduction pure des formes du bas-relief
antique, furent généralement adoptés, et, parmi ses plus brillants élèves,
on distingua Guérin, Drouais, Gérard,
Gros, Girodet, Valenciennes, Granet, Schnetz
, représentants de l'école française pendant la République et le Premier
Empire.
Le XIXe
siècle.
Sous la Restauration, Bertin,
élève de Valenciennes, commença une école dite du paysage
historique, illustrée après lui par Michallon, Rémond, Cogniet. Prud'hon,
Carle Vernet, et Léopold Robert, en s'écartant des principes de David,
firent de belles peintures. Géricault se sépara plus encore de l'école
classique, dont les adversaires trouvèrent des chefs dans Delaroche,
Horace Vernet, Delacroix,
Decamps, Scheffer, et formèrent l'école dite
romantique. A cette école essentiellement
coloriste Ingres, élève de David, a opposé
une école plus sévère, qui recherchait avant tout la pureté du dessin.
L'unité manque à partir de cette époque
dans la peinture française. S'il existe une cohérence entre les différents
mouvements qui animent le siècle, c'est peut-être autour de l'intérêt
retrouvé pour le paysage qu'il faut la chercher
: les Orientalistes font le lien avec les Romantiques;
avec l'Ecole de Barbizon,
qui apparaît vers 1830, c'est vers
le courant réaliste et naturaliste que l'on se dirige, courant qui débouche
sur l'Impressionnisme, sans qu'il
n'y ait jamais eu de rupture véritable. Avec l'Impressionnisme,
suivi de la révolution opérée par Cézanne,
Vincent Van Gogh
et Gauguin, la France deviendra le laboratoire
de la peinture qui émerge au XXe
siècle.
-
Jeanne
d'Arc, par Jules Bastien-Lepage (1879).
L'autre
peinture.
Le Néo-classicisme,
le Romantisme, l'Ecole
de Barbizon, le Réalisme
et l'Impressionnisme
ont été les grands jalons de la peinture en France au XIXe
siècle, et on trouvera dans ce site,
pour chacun de ces courants, une page détaillée. Mais la peinture
de ce siècle a aussi suivi aussi d'autres voies, souvent bien différentes,
et sur lesquelles il convient de dire maintenant quelques mots.
La peinture
décorative a eu pour principaux représentants certains élèves d'Ingres,
(Amaury Duval, Hippolyte Flandrin, Paul
Delaroche), mais surtout Puvis
de Chavannes, suivi par Cabanel, Bonnat, Jean-Paul Laurens, Albert
Besnard, Henri Martin ou Maurice Denis. Maurice Denis, qui avec Puvis de
Chavanne, en rupture avec la tendance des peintres réalistes, revendiquent
un retour au rêve, et inaugurent un mouvement symboliste. Celui-ci possède
un pendant en littérature, et aura bientôt pour principal défenseur,
en peinture, Odilon Redon.
La peinture
d'histoire, à côté de Jean-Paul Laurens, son principal représentant,
fut pratiquée par Rochegrosse (né en 1859),
Luc-Olivier Merson (1846-1920),
Cormon (1845-1924).
Roll (1837-1919)
s'est fait l'annaliste des événements contemporains, avec une force assez
souvent brutale. Citons encore le noms de Steuben, Ziégler, Hersent, Drölling,
Alaux, Picot, Couder, Court,
Monvoisin, Champmartin, Abel de Pujol, Heim, Flandrin,
Lehman, Bouchot, L. Boulanger, Alfred et Tony Johannot, Papety, Couture,
Gérôme, Yvon, Pils.
La peinture
militaire est dominée par le nom d'Alphonse de Neuville (1836-1885),
qui a compris et rendu la grandeur triste de la guerre; Detaille (1848-1912)
et d'autres ont suivi l'exemple déplorable de Meissonier : ils se sont
perdus dans le fignolage et dans un souci puéril du détail.
-
La Société
des aquarellistes français
On est généralement
porté à croire que l'exemple des peintres
britanniques créant en 1804 la Society of painters in water colours,
ou bien celui des aquarellistes belges
associés à partir de 1866 durent amener quelques artistes parisiens Ã
s'entendre pour fonder, en 1879, la Société d'aquarellistes français.
Il n'en est rien cependant. Cette société a une autre origine. Fortuny
fit un voyage en France vers 1867; il apportait d'Italie
et d'Espagne un grand nombre d'aquarelles;
familièrement, il les montra à un cercle de confrères réunis à la
campagne, Ã Montmorency, et Vibert, Detaille, Worms, Lambert, Louis et
Maurice Leloir admirèrent tout d'une voix, l'esprit, l'éclat, qui distinguent
le talent du peintre espagnol. En même temps ils comprirent les ressources
d'un art charmant mais délaissé parmi nous, auquel eux-mêmes n'avaient
pas songé sérieusement encore. Le goût de la peinture à l'eau leur
vint alors; et comme ils étaient gens fort habiles, en peu de temps, sans
beaucoup d'efforts préparatoires, sans beaucoup d'études spéciales,
ils avaient pénétré les derniers secrets techniques du genre. Ils envoyèrent
de leurs aquarelles au Salon.
Mécontents de l'installation
défectueuse des salles réservées aux dessins,
ils prirent le parti de se concerter, et les bases de la Société des
aquarellistes français ne tardèrent pas à être posées, examinées,
arrêtées. La société fut créée au capital de 40 000 francs, pouvant
être augmenté, divisé en vingt actions, et le nombre des sociétaires
fixé à vingt, chacun devant posséder une action. L'exposition publique
des aquarelles des sociétaires étant le
but principal de la société, un article des statuts interdisait aux sociétaires
d'exposer de leurs aquarelles ailleurs qu'au siège de la société sous
aucun prétexte, dans aucune circonstance. En 1884 s'organisa pour la dernière
fois l'exposition des aquarellistes français dans le local de la rue Laffitte,
n° 46, trop étroit pour permettre le développement de la société;
mais aussitôt la galerie Petit, rue de Sèze, construite et agencée,
la société se hâta d'en assurer la jouissance à ses expositions; et,
en même temps, porta à 80 000 F son capital et le nombre des membres
titulaires à quarante. Supérieurement aménagées, toujours intéressantes
par le choix des ouvrages qu'elles rassemblaient, riches en pièces hors
de pair, les expositions de la société étaient très recherchées du
public. On a vu cependant la société dévier de son but, et modifier
son caractère spécial en admettant, à partir de l'exposition de 1884,
d'autres ouvrages que des aquarelles. (Olivier Merson). |
La peinture
de moeurs, le tableau anecdotique avaient conservé la faveur du public.
Ce genre, que l'on classait comme inférieur, était pratiqué par des
artistes instruits d'après les petits maîtres
hollandais et d'après les traditions du XVIIIe
siècle. Le fécond Boilly (1761-1845)
pratiqua une manière léchée et soignée. A côté de lui, on trouve
des artistes intéressants, comme Drölling (1752-1817),
son contemporain : Granet (1775-1849)
et Cochereau (1793-1817).
Leur tradition s'est continuée, en un certain sens, par Eugène Lami (1800-1890),
charmant anecdotier, puis par Meissonier (1815-1891),
qui renchérit sur le soin méticuleux de Boilly.
-
La
Campagne de France de 1814, par Ernest Meissonier (1864).
C'est la gravure
qui vulgarisa les scènes humoristiques de Carle Vernet; mais surtout la
lithographie, procédé découvert au
début du XIXe
siècle, permit à des artistes comme
Biard (1798-1882),
Achille Devéria (1800-1857),
Monnier (1805-1877),
Gavarni (1804-1866)
de faire connaître leurs scènes de la vie parisienne; à Raffet (1804-1860)
et à Charlet (1792-1845),
leurs épisodes des guerres napoléoniennes ou de la vie militaire. Chez
Monnier, chez Gavarni, une part de satire se mêlait à l'observation réaliste,
mais une satire souriante. Daumier (1808-1879),
âme romantique et généreuse, ne se contente pas de souligner les travers
de ses contemporains; il attaque, avec une violence âpre, le régime qui
tolère les Robert Macaire et autres exploiteurs. Il est impitoyable pour
le bon public, leur sotte victime, et son oeuvre fourmille de visages ahuris.
Daumier n'est pas seulement un caricaturiste, mais un dessinateur et un
peintre remarquable par la décision, la force et l'abréviation synthétique
de son trait.
Dans la peinture
de genre, il faut encore citer Biard, Diaz, Roqueplan, Meissonier,
Duval-Lecamus, Destouches, Mme Haudebourg; dans le portrait,
Mme de Mirbel, Court, Dubuffe, Winterhalter; parmi les peintres de marines,
Isabey, Gudin, Garneray,
Morel-Fatio. (B. / HGP).
La peinture française
au XXe siècle.
Le
fauvisme (1905-1910).
Le fauvisme se caractérise
par une etilisation audacieuse et non naturaliste de la couleur, et une
simplification des formes. Henri Matisse est considéré comme le chef
de file du mouvement, célèbre pour ses toiles aux couleurs vives. André
Derain : est le co-fondateur du fauvisme avec Matisse. Maurice de Vlaminck
se signale par ses paysages expressifs et colorés.
Le
cubisme (1907-1914).
Le cubisme se reconnaît
à la déconstruction des objets en formes géométriques et au recours
à des perspectives multiples. Pablo Picasso est l'un des créateurs du
cubisme et, certainement, le peintre le plus connu du XXe
siècle. Georges Braque a accompagné étroitement Picasso dans le développement
du cubisme. Juan Gris est, pour sa part, un des principaux représentants
du cubisme synthétique.
Le
surréalisme (1920-1940).
Le surréalisme
se veut une exploration de l'inconscient. Il juxtapose images inattendues,
rêves et fantastique. Salvador Dalà peint des images oniriques et des
paysages déformés. René Magritte est célèbre pour ses tableaux pleins
de mystère et de paradoxes.
L'École
de Paris (1900-1950).
On range dans L'École
de Paris un groupe diversifié d'artistes étrangers et français travaillant
à Paris, souvent influencés par l'impressionnisme, le cubisme, et d'autres
avant-gardes. Amedeo Modigliani est connu pour ses portraits et nus élancés
aux visages stylisés. Chaim Soutine peint des portraits expressifs et
des paysages tourmentés. Marc Chagall est connu pour des oeuvres souvent
marquées par des éléments de la culture juive et des imageries fantastiques.
Abstraction
et abstraction lyrique (1945-1960).
L'abstraction et
l'abstraction lyrique sont des courants qui se caractérisent par leur
refus de la représentation figurative, et leur mise en avant de la couleur,
de la forme et de la composition. Jean Dubuffet est l'nventeur de l'art
brut : ses oeuvres valorisent la spontanéité et l'énergie brute. Pierre
Soulages se fait connaître par ses peintures principalement noires, jouant
avec la lumière et la texture. Nicolas de Staël peint des toiles qui
allient abstraction et figuration, avec une utilisation audacieuse de la
couleur et de la matière.
La
nouvelle figuration et la figuration narrative (1960-1970).
La nouvelle figuration
est un retour à la figure humaine. La figuration narrative y ajoute une
narration explicite ou une critique sociale. Bernard Buffet peint des toiles
sombres et des personnages stylisés. Gérard Fromanger utilise des images
photographiques et des couleurs vives pour commenter la société contemporaine.
Erró crée des oeuvres satiriques et volontiers politiques, mêlant les
styles et les références culturelles.
Le
courant des supports/surfaces (1966-1972).
Ce courant est celui
d'une expérimentation avec les matériaux et les supports de la peinture,
et d'une mise en question de la notion traditionnelle de l'oeuvre d'art.
Daniel Buren se signale par ses bandes verticales alternées, jouant sur
l'espace et le contexte d'exposition. Claude Viallat utilise des formes
répétitives et des matériaux variés pour sonder les propriétés physiques
de la peinture. Louis Cane s'intéresse à la matérialité et au processus
de la peinture.
L'expressionnisme
abstrait et la post-abstraction (1950-2000).
La liberté d'expression
est au coeur de l'expressionnisme abstrait et de la post-abstraction. Ces
courants donnent de l'importance du geste et de la texture et font uneutilisation
expressive de la couleur. Hans Hartung utilise des techniques gestuelles
et des outils variés pour créer des compositions dynamiques. Jean-Paul
Riopelle produit des toiles en "mosaïque", composées de touches épaisses
et colorées. Simon Hantaï développe la technique du pliage et du dépliage
de la toile pour créer des compositions abstraites.
La peinture française
au début du XXIe siècle.
Depuis les années
2000, la peinture française a continué de se renouveler et de parcourir
de nouvelles avenues, intégrant des influences globales et diverses pratiques
artistiques contemporaines.
Néo-figuration
et post-figuration.
La néo-figuration
représente un retour à la figure humaine, souvent avec une approche contemporaine
et narrative. Philippe Cognée peint des paysages urbains et industriels,
utilisant la technique de la cire chaude pour un effet flou distinctif.
Claire Tabouret aborde les thèmes de l'enfance, de l'identité et de la
mémoire, souvent avec une palette sombre et des compositions captivantes.
Farah Atassi mélange la figuration et labstraction géométrique, peignant
les espaces intérieurs et les motifs répétitifs.
Art
conceptuel et processuel.
L'art conceptuel
et processuel met l'emphase sur le processus créatif et les concepts sous-jacents
à l'oeuvre, souvent avec une approche minimaliste. Bernard Frize s'intéresse
aux processus et aux règles de la création. Il recourt à de motifs répétitifs
et des couleurs vibrantes. Xavier Veilhan est connu pour ses installations
et sculptures, il intègre parfois la peinture dans ses ouvres pour aborder
les notions de perception et d'espace. Tatiana Trouvé combine dessin,
sculpture et installation; elle crée des oeuvres qui interrogent la mémoire
et le passage du temps.
Peinture
abstraite contemporaine.
La peinture abstraite
contemporaine est engagée dans une exploration de la couleur, de la forme
et de la matière, souvent avec une approche expérimentale. Jean-Michel
Othoniel produit des sculptures en verre, mais il est également également
l'auteur d'oeuvres picturales qui sondent la transparence et la lumière.
Vincent Bioulès, associé au mouvement Supports/Surfaces dans les années
1970, continue son exploration de l'abstraction avec une nouvelle liberté.
Pierre Soulages, mort en 2022, a continué de produire des oeuvres marquantes
avec ses Outrenoirs, qui sont une quête de la lumière à travers
le noir.
Art
urbain et street art.
L'art urbain est
une expression de la culture urbaine et des graffitis, généralement porteuse
d'une critique sociale ou politique. JR est connu pour ses photographies
grand format collées dans des espaces publics. Il mélange art et activisme
pour attirer l'attention sur des questions sociales. Invader utilise des
mosaïques inspirées des jeux vidéo pour créer des interventions urbaines
ludiques. Miss.Tic,a rtiste de pochoirs, aproduit des oevres souvent accompagnées
de textes poétiques et provocateurs, abordant des thèmes de féminisme
et de société.
Fusion
des médiums et multidisciplinarité.
La combinaison de
la peinture avec d'autres médiums comme la vidéo, la sculpture et l'installation
est un courant représenté notamment par : Ange Leccia, qui mélange peinture
et vidéo pour créer des installations immersives; Camille Henrot dont
les oeuvres combinent dessin, sculpture, vidéo et installation pour parcourir
des thèmes culturels et anthropologiques; Kader Attia, qui utilise la
peinture, la sculpture et l'installation pour aborder des questions de
colonialisme, de mémoire et de réparation.
Peinture
engagée et politique.
De nombreuses oeuvres
abordent aujourd'hui des sujets sociaux, politiques et environnementaux.
Zineb Sedira s'intéresse aux thèmes de l'identité, de la diaspora et
des migrations, souvent à travers la peinture et la vidéo. Ernest Pignon-Ernest,
piionnier de l'art urbain, aborde des thèmes sociaux et politiques. Adel
Abdessemed utilise des matériaux divers pour créer des oeuvres qui interrogent
la violence, la religion et la politique. |
|