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Histoire de l'art > La peinture
L'histoire de la peinture
La peinture en Espagne
Même s'il y a existé une longue tradition miniaturiste, la peinture brilla peu en Espagne pendant le Moyen âge, et c'est seulement à partir du XIVe siècle qu'on y trouve quelques noms à citer. Pendant le XVe, l'école espagnole se rattacha généralement a celle des Pays-Bas : parmi les artistes flamands qui résidèrent en Espagne, on cite Rogel (Rogez de Bruges?) et Jean Flamand (Hans Memling? ). Puis les peintres contemporains de Charles-Quint imitèrent Albrecht Dürer et l'école allemande, entre autres Gallegos et Alonzo Sanchez Coello, surnommé le Portugais, parce qu'il passa une partie de sa vie à la cour de Lisbonne

L'influence italienne.
Bientôt une ère nouvelle s'ouvrit pour la peinture avec la Renaissance : Becerra, Pedro Campagna et Berruguete, élèves de Michel-Ange, propagèrent en Espagne l'influence italienne. Pablo de Aregio et Francisco Neapoli reproduisirent avec assez de bonheur la manière de Léonard de Vinci. Don Pablo de Cespédès, qui avait aussi étudié en Italie, et qu'on surnomma, dans Rome même, le Raphaël espagnol, ne se borna pas a orner de fresques l'église d'Araceli, celle de la Trinita-del-Monte et la chapelle de l'Annonciata, il écrivit un Traité de perspective, une Comparaison de la peinture et de la sculpture anciennes et modernes, et un poème sur la peinture. 

Les encouragements donnés aux arts par Philippe II développèrent l'ardeur des peintres : Alonzo Sanchez Coello et Fernandez Navarrete dit le Muet imitèrent Titien; Francisco Ribalta entreprit de s'approprier la manière de Sébastien del Piombo; Luiz de Varas s'inspira des tableaux de Jules Romain et de Perino del Vaga; Moralès, dit le Divin, et Vicente Joanès, firent aussi de la peinture italienne; le principal peintre de cette période, le Greco, bien que formé à Venise, tenta, lui, de se dégager de cette influence. D'autres artistes imitèrent les Flamands-: c'est ainsi que les oeuvres de Pantoja de la Cruz offrent une grande analogie avec celles d'Antonis de Moor d'Utrecht. Sous Philippe  III, l'école de Valence, déjà illustrée par Aregio, Neapoli et Ribalta, représentée par Pedro Orvente et Joseph Ribera, ce dernier élève du Caravage, n'eut pas non plus une manière originale.
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L'Adroration des bergers, par Le Greco.
L'Adroration des bergers, par Le Greco.

Les Écoles de Séville et de Madrid.
Une école véritablement nationale de peinture ne se forma en Espagne qu'au temps de Philippe IV. Elle s'est développée simultanément à Séville et à Madrid.

Ses plus illustres représentants à Séville sont : Francisco Pacheco; Juan de la Roelas; les trois Castillos; Pedro de Moya, qui fut élève de Van Dyck; Velasquez de Silva, remarquable par la correction du dessin, la fraîcheur, le brillant et le naturel du coloris, et à qui l'on ne reproche qu'un peu de dureté dans les contours; Zurbaran, dont les ouvrages se distinguent par un caractère grave et religieux, pur un art admirable à représenter les têtes de moines et les draperies, et qui n'a échoué que dans ses madones, trop mondaines et d'une grâce affectée; Murillo, regardé généralement comme le premier des peintres espagnols, pour la vie, la vérité et la vigueur de ses portraits, la pureté idéale de ses Vierges, la puissance, la fraîcheur et la transparence de son coloris; Alonzo Cano, dont le charme et la suavité justifient le surnom d'Albane espagnol qui lui fut donné. 
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Velazquez : la Meninas.
Les Ménines, par Diego Velazquez.

L'école de Madrid produisit : Luiz Tristan; les deux Carduchos, Florentins de naissance; Juan de Paraja et Mazo Martinez, élèves de Velasquez; Antonio Pereda, qui l'emporte pour le coloris sur Murillo lui-même; Juan Careno de Miranda; Fr. Rizi; Juan Antonio Escalante; Claudio Coello, etc. L'école espagnole a pour caractères un naturalisme intelligent, qui parfois atteint les dernières limites de la beauté; une composition et un dessin hardis, sans avoir rien de capricieux ni d'arbitraire; un coloris péchant peut-être par les teintes obscures et même noires de ses ombres, mais remarquable par son éclat et sa transparence, en même temps que par sa grande douceur. La carnation est pâle, mais chaude et pleine de vie.

Du XVIIe au XIXe siècle.
La décadence de la peinture commença sous Charles II, bien que ce prince et son frère Don Juan d'Autriche, habile à peindre sur porcelaine, fissent des efforts pour en relever le goût. La fin du XVIIe siècle ne produisit qu'un artiste de talent, Carreño. Ant. Palomino de Velasco a moins d'importance par ses tableaux que par les Notices qu'il a publiées sur les anciens artistes espagnols. Antonio Villadomat et Alonzo de Tobar ne sont que de pâles imitateurs des maîtres. Sous Philippe V, Bonavia, Luxer, Calleja, les trois frères Gonzalez Velasquez, ne se sont pas élevés au-dessus du médiocre. Ferdinand VI établit à Madrid une Académie de peinture, de sculpture et d'architecture.

Raphaël Mengs, ce Messie espéré d'une renaissance artistique, est nommé par Charles III surintendant général des beaux-arts (1761). Il forme à son pseudo-classicisme des élèves qui s'appellent Maella, Bayeu, Ferro, Ramos, Francisco Agustin, autant de médiocrités. Mengs une fois parti, l'art retourne au joli et au gracieux; on s'engoue des modes et des productions françaises, et Charles de La Traverse, un élève de Boucher, vient à Madrid où il ouvre un cours de peinture. Un de ses élèves, Luis Paret y Alcazar (1747-1799), exécute avec talent des paysages, une suite de vues des ports espagnols et d'agréables petits sujets d'intérieur.
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Goya : Maja habillée.
La Maja habillée, par Francisco Goya (1803).

Vers 1775, on vit enfin de l'inattendu et du nouveau. Francisco Goya y Lucientes (1746-1828), qui a appris les premiers éléments de son art à Saragosse, revient d'Italie où il a observé et scruté les chefs-d'oevre des maîtres, mais sans se préoccuper d'imitation ou d'assimilation. Cet Aragonais entêté (pléonasme?) veut reprendre le flambeau porté jadis si haut par Velazquez et Murillo. S'inspirant de la vie, il peint les modèles qu'il voit autour de lui et fait revivre, en des compositions prises sur le vif, les moeurs, les coutumes, les sujets populaires qu'il observe et rend avec esprit. Les portraits qu'il a traités sont pour la plupart excellents, bien que l'exécution en soit parfois hâtive et sommaire. Enfin, comme aqua-fortiste, il a laissé une oeuvre d'un caractère puissant et étrange où l'humour côtoie le fantastique, et la satire politique ou religieuse le rêve humanitaire. 

Après la mort de Goya, la peinture espagnole redevint tributaire de l'art français. Avec Aparicio (1773-1838) et José de Madrazo (1781-1859), c'est l'enseignement même de David qui s'impose et prédomine. Il détermina les compositions historiques de Rosales, de Carbonaro, de Pradilla, etc. Puis une réaction momentanée se produit  : Alenza, Elbo, Esquivel, reviennent aux sujets populaires. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce sont les ouvrages de maîtres tels que Delaroche, Meissonier et Gérôme que les peintres espagnols ont le plus souvent consultés. Une nouvelle période s'est alors ouverte au cours de laquelle la peinture d'histoire a retrouvé dans Federico de Madrazo, Luis de Madrazo, Carlos Rivera, Utrera, Benito Murillo, Eduardo Cano, Sanz, Casado del Alisal, Lozano, Rosales, Gisbert, Manzano, Palmaroli, Vera, Martinez Cubells, Plasencia, Luna, Checo, des interprètes d'un sérieux talent. Quant à la peinture de chevalet, genre et paysage, qui a compté en Mariano Fortuny (1839-1874) l'un des plus habiles artistes de ce temps, et en Zamacoïs un dessinateur très fin et un coloriste spirituel, elle est représentée par Jimenez Aranda, Araujo, Arcos Domingo, Luis Jimenez, Raimundo de Madrazo, Enrique Melida, Emilio Sala, Sanchez Perrier, Egusquiza, Agrasot, Benlliure, Bilbao y Martinez, Casanova, Antonio Gonzalès, Martin Ricos, etc., dont les tableaux obtinrent, à la suite de l'Exposition universelle de 1889, diverses hautes récompenses. A la toute la fin du XIXe siècle, l'art espagnol revint à ses traditions avec Zuloaga (né en 1870), Sorolla y Bastida (mort en 1923), Benliure y Gil, Rosiñol, Anglada, puis les frères de Zubiaure. (B. / Paul Lefort).



En bibliothèque. - Palomino de Velasco, El Museo pictorico, Madrid, 1715-24, 3 vol.; Édouard Laforge, Des arts et des artistes en Espagne, Paris, 1857, in-8°. 
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