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Guido Reni

Guido Reni, surnommé Le Guide est un peintre de l'école bolonaise,  né à Calvenzano, près de Bologne (Italie) , en 1575, mort en 1642. Il apparaît comme  un mémorable exemple des variations de la mode et de la fragilité des renommées. Après avoir passé au XVIIe et au XVIIIe siècles pour un modèle qu'on ne saurait trop imiter, cet infatigable producteur a vu contester sa gloire, et les critiques modernes sont bien près de le trouver souverainement ennuyeux. Il a trop produit et on ne saurait lui pardonner d'encombrer les musées et d'y occuper une place qui serait plus justement accordée à des maîtres moins célèbres, mais plus originaux et plus suggestifs. Il faut lire les anciens livres pour se rendre compte de l'admiration et même de l'émotion que le Guide a provoquées. Les voyageurs d'autrefois allaient en Italie rien que pour voir un Guido Reni; à partir du XIXe siècle, on estimera qu'il attriste ce beau voyage et volontiers on chercherait à éviter sa rencontre. Efforts stériles! Le maître est inévitable, car il est partout.

Fils du musicien Danièle Reni, mais bien décidé à faire de la peinture, Guido entra chez Denis Calvaert qu'on appelait le Flamand et qui jouissait d'une certaine estime à Bologne. C'était un peintre d'Anvers, fort italianisé d'ailleurs, qui, ainsi qu'on le voit par plusieurs tableaux conservés à la pinacothèque de Bologne et à Lucques, avait gardé de son pays un goût persistant pour les formes opulentes. C'est sous Calvaert que Guido fit ses premières armes; mais il fut attiré bientôt par la renommée des Carracci (Carrache) dont l'atelier tenait alors tant de place dans les préoccupations de la jeunesse qui voyait en eux les réformateurs de la peinture.

On connaissait tout, on sacrifiait à toutes les modes nouvelles dans cet atelier qui, vers 1600, était le temple de l'éclectisme. On y avait nécessairement entendu parler de Caravage, de son réalisme violent, et aussi de sa science à faire vibrer le spectacle en opposant brusquement les chairs lumineuses aux ombres énergiques et presque noires. On discutait fort sur les vertus de ce système qui divisa un instant les élèves des Carracci. Guido résolut de tenter quelques essais dans cette voie dangereuse, et il existe en effet certaines oeuvres de sa première manière où la main cherche la fierté de l'accent, où la lumière entre franchement en lutte avec les tons obscurs. 

Parmi les tableaux inspirés par ce style vigoureux, on cite le Massacre des Innocents de la pinacothèque de Bologne et dans le même musée la grande Pietà qu'on date de 1616. Plus lard, Guido se déclara tout à fait hostile à cette méthode, et cherchant le ton argentin, les carnations pâles, il a multiplié à satiété les oeuvres sans ressort qui protestent avec exagération contre les violences de Caravage.
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Le Guide : Le massacre des Innocents.
Le massacre des Innocents, par Guido Reni, 1611

Guido Reni fit plusieurs voyages à Rome où il conquit la faveur des papes et celle des grands seigneurs. Il se trouva en concurrence avec le Dominiquin, et l'opinion publique hésita parfois entre les deux maîtres. Guido fut étroitement mêlé aux querelles qui agitaient alors la corporation des artistes. Les peintres n'étaient pas seulement divisés par des théories, mais aussi par leurs intérêts professionnels. Ils se disputaient les travaux avec une âpreté farouche. Le gain devenait une question capitale et donnait lieu à bien des luttes. Au lendemain de ces discussions, Guido parut persuadé que l'art suprême consiste à gagner de l'argent. Il avait d'ailleurs des raisons pour soutenir ce principe. Un goût dangereux lui était venu; il aimait à jouer et cette passion domina sa vie jusqu'à la fin. C'est à cette habitude singulière et à la nécessité de payer ses dettes que nous devons tant de productions hâtives et de mauvais tableaux.

A Rome, Guido se montra un fresquiste habile. Il peignit à San Gregorio une fresque aujourd'hui endommagée et au palais Rospigliosi la plafond de l'Aurore, qui, malgré les changements du goût, reste une composition élégante et bien rythmée, quoiqu'il soit permis de la trouver un peu froide.

Vers 1622, Guide fut appelé à Naples où il espérait être occupé à la décoration de la chapelle de saint Janvier. Il eut dans cette ville les plus grands ennuis, ayant été en butte à la jalousie des confrères qui formaient contre les nouveaux venus une ligue formidable. Il fut si violemment poursuivi par ses rivaux qu'il dut abandonner la lutte et quitter le pays.

Il aurait pu retrouver le calme à Bologne où il avait des admirateurs et des amis, et pendant la seconde partie de sa vie, qui ne fut pas la moins féconde, il eut encore des succès retentissants. Mais dans sa retraite il avait emporté avec lui sa passion pour le jeu qui, troublant l'ordre de sa comptabilité et le mettant presque chaque jour aux prises avec une meute de créanciers exigeants, empoisonna la fin de sa vie. C'est alors que Guido, qui avait toujours eu l'invention facile et l'exécution prompte, abusa des facilités qu'il avait; il multiplia les répliques de ses oeuvres jadis applaudies; il fatigua les marchands par une surabondance de copies confiées à ses élèves et hâtivement retouchées de sa main; son atelier était devenu une véritable usine. Sa réputation en a beaucoup souffert. Après une vieillesse besogneuse et triste, il mourut le 18 août 1642.
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Guido Reni : les Couseuses.
Les Couseuses (ou la Leçon de couture), par Guido Reni.

Un catalogue des oeuvres de Guido Reni serait infini. Il suffit de noter les changements principaux de sa manière. Dans sa jeunesse, au sortir de l'atelier des Carracci, il fut un instant influencé par Caravage; il aima les ombres fortes, et fit des concessions au naturalisme; son pinceau montre alors une énergie qui peut intéresser les peintres, mais ce n'est là qu'un rapide éclair dans sa vie, consacrée presque tout entière à l'art facile, à la manière argentée et quelquefois un peu verdissante où le caractère s'affadit, perd son parfum et se dilue comme celui d'un vin où l'on a mis trop d'eau. Sa composition devient d'une banalité qui va jusqu'à l'insignifiance; son sentiment, qui faisait presque verser des larmes à nos ancêtres, n'est plus qu'une froide rhétorique faite de rengaines et de clichés; sa couleur, hasardeuse ou fade, rend fort suspectes les allégations de Malvasia, d'après lesquelles il aurait étudié Paul Véronèse. Pour comprendre combien peu cette affirmation est exacte, il suffit d'avoir vu au musée de l'Ermitage le fameux tableau des Couseuses qui passe pour un des chefs-d'oeuvre de Guido. Les expressions y sont vagues, la lumière est endormie et comme morte; la peinture, grise et sale, a la couleur de l'ennui. Elle est à la fois livide et embrouillardée. Ce tableau et beaucoup d'autres ont été peints au lendemain d'une nuit passée au jeu, par un artiste fatigué qui, ayant beaucoup perdu, voit la vie à travers un voile douloureux. Nous ne parlerons pas de l'insuffisance des types, de la monotonie des gestes, de la pauvreté des expressions. Et, malgré ces défauts qui le condamnent à jamais, Guido Reni a certaines qualités techniques : dans ses figures nues, il y a des morceaux où le modelé simple, lumineux et d'une jolie pâte, pourrait encore donner à réfléchir à nos plus habiles faiseurs. (Paul Mantz).

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