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Jean II le Bon

Jean II le Bon. - Roi de France, né le 16 avril 1319, mort le 8 avril 1364 (Moyen âge). Il était fils du roi Philippe VI de Valois et de sa première femme, Jeanne de Bourgogne. Habitué à guerroyer contre les Anglais dans le Hainaut (1340), en Bretagne (1341-42), en Guyenne (1346), il avait pris pour modèle son beau-père, le roi chevalier Jean l'Aveugle dont il avait épousé la deuxième fille, Bonne de Luxembourg, en 1332. Jean le Bon, c.-à-d. le prodigue, le généreux, fût aussi un chevalier sans peur, mais il ne fut pas toujours sans reproches. Il prit le pouvoir (22 août 1350) dans les circonstances les plus difficiles. 
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Jean II.
Jean II (1319-1364).

Ses premiers actes montrent bien ses qualités et ses défauts. Il rend la liberté aux fils de Robert d'Artois, innocents de la trahison de leur père, mais, sur de simples soupçons, il fait exécuter, sans jugement, Raoul d'Eu, connétable de France (19 novembre 1350), et donne sa charge à son favori, Charles de La Cerda; il prodigue, pour les fêtes du sacre (septembre 1350), l'or qu'il arraché au royaume épuisé et il a pour principale ressource l'altération des monnaies; il fonde l'ordre de l'Étoile, dont tous les membres juraient de ne jamais reculer dans le combat; il marie sa fille aînée, Jeanne, à Charles le Mauvais, roi de Navarre (février 1352), et il irrite aussitôt ce prince vindicatif en ne lui cédant pas les domaines promis en échange du comté d'Angoulême qu'il accorde à La Cerda.

Le 8 janvier 1354, Charles le Mauvais fit assassiner le connétable, entra en relations avec Édouard III et, malgré plusieurs réconciliations apparentes avec son beau-père, chercha tous les moyens de lui nuire. Jean Il essaya vainement de faire la paix avec Édouard IIl (1354), qui poussa plus activement les hostilités (La Guerre de Cent ans). Il attaqua luimême la France au Nord sans grand succès; le duc de Lancastre alla secourir Jean de Montfort en Bretagne; le prince Noir, qui était à Bordeaux, ravagea impunément le Languedoc et Jean dut convoquer les États de langue d'oil à Paris, vers la fin de 1355. Déjà les États de 1351 et divers États provinciaux s'étaient plaints des prodigalités du roi, des variations continuelles des monnaies; ils n'avaient obtenu que des garanties illusoires. Ceux de 1355 ne sont guère connus que par une ordonnance du 28 décembre, mais elle suffit à montrer leur importance. Le roi fut obligé de leur abandonner l'administration financière. Ils se réunirent de nouveau en mars 1356 et remplacèrent les taxes votées dans la session précédente par un impôt sur la revenu, dont personne n'était exempt. Il y eut des protestations dans plusieurs provinces, surtout en Normandie, où Charles le Mauvais et ses partisans, comme J. d'Harcourt, encourageaient la résistance et cherchaient à entraîner dans leur parti le jeune dauphin Charles (futur Charles V). 

Jean II vint lui-même à Rouen, où il fit décapiter J. d'Harcourt et arrêter le roi de Navarre, qui fut jeté en prison (avril 1356). Aussitôt God. d'Harcourt et les frères de Charles le Mauvais appelèrent les Anglais en Normandie. Tandis que Jean II allait les y combattre, le prince Noir ravageait les provinces du centre et s'avançait auprès de la Loire. Alors le roi de France marcha contre lui, mais il fut défait et pris à la bataille de Poitiers (19 septembre 1336), emmené à Bordeaux, puis en Angleterre. 

Le roi prisonnier intervint pour conclure une trêve avec l'Angleterre (23 mars 1357) et annuler ce qui avait été fait sans son autorisation. Puis au moment où la trêve de 1357 allait expirer, Jean Il conclut à Londres une nouvelle convention qui devait lui rendre la liberté au prix des sacrifices les plus ruineux (24 mars 1359). Des États réunis à Paris déclarèrent que ce traité n'était "passable ne faisable" et votèrent des subsides pour continuer la guerre (25 mai). Alors Édouard III passa en France, marcha sur Reims et sur Paris (mars 1360), s'avança jusqu'au près de Chartres, en subissant de grandes pertes, et conclut le traité de Brétigny, moins désastreux pour la France que celui de Londres (8 mai) (La Guerre de Cent ans). Amené à Calais (8 juillet), Jean Il y ratifia le traité de Brétigny le 24 octobre et fut mis en liberté le lendemain. Il confirma les actes de son fils et, tout en reprenant le pouvoir, lui laissa une certaine part dans le gouvernement.

Malgré quelques bonnes mesures, ce triste règne se termina au milieu de nouvelles calamités, la peste, la famine, les brigandages des compagnies de routiers ( La criminalité au Moyen Âge). En 1362, le comte de Tancarville, envoyé contre ces brigands, fut vaincu, avec J. de Bourbon, à la bataille de Brignais, près de Lyon (6 avril). La réunion de la Bourgogne au domaine royal (novembre 1361) ne profita pas à la France, car le roi donna bientôt ce fief à Philippe le Hardi, son plus jeune fils (6 septembre 1363). Un autre de ses fils laissés en otage, le duc d'Anjou, s'étant évadé, Jean II crut devoir prendre sa place. II alla se remettre entre les mains d'Édouard III (janvier 1364) et mourut à Londres. Charles V lui succéda sur le trône de France. (E. Cosneau).

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Dictionnaire biographique
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