|
. |
|
Le mot château, venu du latin castellum en passant par le vieux français castel et chastel, désignait, surtout au Moyen âge, une habitation fortifiée assez souvent placée sur une éminence, sur la frontière d'un État ou dans une position qui permettait de commander le passage d'un fleuve ou d'une voie de communication. C'était alors le véritable château fort, dont on peut retrouver des types divers remontant à l'antiquité la plus reculée; mais, à partir de la Renaissance, on donne ce même nom de château, non plus à des manoirs féodaux capables de soutenir un siège, mais à de vastes et luxueuses habitations bâties pour les souverains, les princes ou de riches propriétaires; que ces habitations se trouvent dans l'intérieur des villes ou dans la campagne, et même qu'elles s'élèvent seulement à l'emplacement d'anciens châteaux féodaux. Cependant, on appelle également palais ces châteaux modernes, lorsqu'il s'agit de demeures souveraines ou princières et on les appelle plus particulièrement châteaux de plaisance, lorsqu'il s'agit de riches habitations de campagne. Quoi qu'il en soit, les châteaux modernes sont surtout caractérisés par l'importance et l'architecture de leurs masses, mais sans que ces masses reproduisent autrement qu'en apparence les moyens défensifs (tours ou fossés) qui distinguent les châteaux forts du Moyen âge. L'architecture des châteaux comprend trois périodes bien distinctes : l'Antiquité, le Moyen âge, la Renaissance et les temps modernes. Antiquité. Moyen âge. Autour de ce donjon, dernier refuge des assiégés et comprenant assez souvent un puits d'une grande profondeur, vinrent se grouper la chapelle, des salles où se tenaient les hommes d'armes et toutes les dépendances nécessaires à la vie en commun pendant la durée d'un long siège. On se contentera d'indiquer ici, d'après Viollet-Le-Duc (Dictionnaire de l'Architecture, t. III), comme exemples significatifs, les principales dispositions du château de Coucy et du Louvre au temps de Charles V. Le château de Coucy, construit de 1220 à 1230 par Enguerrand III, le plus puissant de ces sires de Coucy qui causèrent tant d'inquiétudes aux rois capétiens, est un édifice conçu d'un seul jet et pouvant servir de type. Bâti sur un plateau irrégulier d'environ 10 000 m² dont les constructions ont suivi le contour au-dessus d'escarpements assez raides dominant la vallée, le château de Coucy offre, dans son premier étage que nous reproduisons ci-dessous, outre son énorme donjon B et quatre fortes tours d'angle; en A, les logis placés au-dessus de l'entrée M, puis une longue galerie fortifiée et occupée, tant au rez-de-chaussée qu'aux étages supérieurs, par des bâtiments de service; en E, la salle des neuf Preuses, dont les figures étaient sculptées en ronde-bosse sur le manteau de la cheminée et dans laquelle un petit réduit, sorte de boudoir, F, avait été aménagé dans l'épaisseur de la courtine; en D, la grande salle du Tribunal ou des Preux, parce qu'on y voyait dans des niches les statues de neuf Preux (ces deux salles E et D s'élevant au-dessus de magasins voûtés et desservies par le petit escalier d'angle en tour ronde); en R, la chapelle, orientée et largement éclairée et de plain pied avec la grande salle; enfin eu G, N et H, un chemin de ronde reliant les portes I et K aux ouvrages extérieurs et aux bâtiments, avec, en L, un poste d'hommes d'armes assurant la défense. Plan du premier étage du château de Coucy. Mais, à partir de la fin des croisades et du règne de saint Louis (Louis IX), la féodalité, quoique toujours puissante, commença à voir décroître son influence, l'autorité royale s'affirma davantage, les moeurs s'adoucirent et, si on continua à bâtir des forteresses, ces forteresses elles-mêmes réunissaient, comme le Louvre reconstruit et réparé par Raymond du Temple pour Charles V, les recherches d'une habitation royale ou seigneuriale, aux précautions nécessitées par la défense extérieure. C'est ainsi que Charles V, en conservant les portes, les tours et le donjon du Louvre bâtis sous Philippe-Auguste au commencement du XIIIe siècle, apporta à l'ensemble de cette forteresse des modifications, des aménagements et des adjonctions qui en firent un type par excellence de cette seconde période des châteaux du Moyen âge. Dans ce Louvre rajeuni, dont nous donnons ci-dessous, toujours d'après Viollet-Le-Duc le plan du rez de-chaussée et, plus bas, une vue cavalière, on trouve, le long de l'enceinte du Paris de Philippe Auguste. Plan du rez-de-chaussée du château du Louvre au temps de Charles V. S, S, H, L, I et en face de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, un fossé dans lequel étaient les basses-cours R, R, R adossées à la muraille et en dehors du fossé intérieur U, U, U, U régnant tout autour du château. Une porte dans la façade de ce côté était garnie d'un pont-levis et défendue par deux tours et, du même côté, mais près de la Seine, était ouverte la porte H, conduisant an châtelet N construit en avant du fossé et défendant la porte K, elle aussi flanquée de deux tours. La porte de la ville L, un véritable châtelet aussi, donnait issue, entre deux murs garnis de tours, à la porte K, celle du côté de la berge, au point où se trouve aujourd'hui le balcon de la galerie d'Apollon. En P, Q, T était le service, de l'artillerie et en V la ménagerie royale. Deux autres portes, dont l'une J s'ouvrait à l'Ouest et l'autre s'ouvrait du côté Nord complétaient les quatre entrées réelles du château sur le fossé. En W et en O, étaient plantés des jardins avec treilles. En A, à la partie centrale, était le donjon massif de Philippe-Auguste, entouré de son fossé particulier B et dont l'entrée C était protégée, ainsi qu'une fontaine F, par un corps de garde G; mais Charles V avait joint le donjon à l'aile nord par une galerie de communication à deux étages D que desservait l'escalier à vis E, chef-d'oeuvre de Raymond du Temple et décoré de niches abritant les statues des rois de France. Un jeu de paume en g, les appartements de la reine à l'est en e, h, k, la salle des gardes en m, la chapelle à deux étages en a et les appartements du roi et les services de la défense complétaient la distribution d'ensemble. Vue cavalière du Louvre au temps de Charles V. Mais l'invention de l'artillerie et la disparition successive de la féodalité guerroyant contre le pouvoir royal, modifièrent du tout au tout les dispositions rappelant dans les châteaux surtout les nécessités de la défense et, dès la première Renaissance, on vit les demeures seigneuriales ne plus conserver de tours et de fossés que par tradition, ouvrir largement leurs baies au dehors, se débarrasser des châtelets qui obstruaient leurs entrées et des créneaux avec chemins de ronde qui alourdissaient leurs murailles; enfin on vit en France, comme en Italie, en Allemagne et en Angleterre, les châteaux revêtir peu à peu cette parure de luxe architectural que donna au monde la Renaissance. Renaissance et temps modernes. Le château de Chambord. Depuis cette époque, de nombreux châteaux, véritables demeures royales ou princières, furent construits en France, et leur énumération serait trop longue; il suffira de citer : Anet, Azay-le-Rideau, Blois, Chambord, Chantilly, Ecouen, le Louvre de Henri Il, les Tuileries de Catherine de Médicis, et plus près de nous, sous les Bourbons, Rueil, Vaux, Richelieu, Versailles, Maisons, et enfin Compiègne et le petit Trianon, châteaux dont une partie a été détruite, et dont d'autres ont reçu des adjonctions et aussi subi des modifications successives; mais dont les bâtiments encore existants montrent bien tout le charme et aussi toute la différence caractéristique entre le château féodal et fortifié du Moyen âge, et l'habitation seigneuriale de plaisance dont tous les artistes s'inspireront longtemps, reconnaissant la grande influence exercée depuis la Renaissance, non seulement en France, mais dans l'Europe entière, par les oeuvres charmantes qu'a vu produire le XVIe siècle. (Charles Lucas). Le château de Predjama, en Slovénie. Il a été construit à l'entrée d'une grotte. . Source : The World Factbook. |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|