| La peinture est le plus expressif des arts plastiques : en effet, la sculpture ne rend que la forme, tandis que la peinture peut traduire toutes les conceptions de l'esprit au moyen de toutes les réalités de la nature ou de l'imagination, représentées sur une surface unie, dans leurs formes et dans leurs couleurs. Technique. Au point de vue technique, une peinture se compose classiquement de trois éléments-: la couleur, le support et l'enduit intermédiaire. Les couleurs se classent en quatre catégories : couleurs végétales, animales, minérales, enfin les charbons. Beaucoup d'entre elles s'altèrent par l'effet de la lumière ou par les réactions chimiques résultant de leur mélange. Les couleurs dérivées de l'aniline doivent être, pour ce motif, écartées sans exception. Toute matière solide peut servir de support à la peinture : pierre, bois, métaux, ivoire, peaux tannées, toile, papier, étoffes, faïences. Le support joue un rôle purement passif. L'enduit intermédiaire est, au contraire, d'une importance capitale : la conservation indéfinie d'une peinture ou son altération rapide dépendent de sa nature et de sa qualité. On étend les couleurs broyées à l'eau sur un mortier frais de sable et de chaux (fresque); à ces mêmes couleurs on peut incorporer, à mesure qu'on peint, de la colle de peau (détrempe), de la cire rendue miscible à l'eau par la présence de la chaux (peinture à la cire), des jaunes d'oeufs émulsionnés à l'eau froide et mêlés de résine (peinture à l'oeuf). Les couleurs d'aquarelle, broyées à l'eau gommée, s'appliquent directement sur le support. Pour la peinture à l'huile, le support (toile ou panneau) est encollé à la colle de peau, puis garni d'une couche de céruse. Les couleurs, broyées avec une petite quantité d'huile d'oeillette, ne doivent être posées sur cet enduit que quand il est parfaitement sec. Les procédés d'exécution ne sont, en principe, soumis à aucune règle. La toile de chanvre, bien tendue, est posée sur un chevalet. Les couleurs, toutes préparées, sont renfermées dans des tubes d'étain. L'artiste les dispose dans l'ordre qu'il lui plaît sur le pourtour de sa palette, le milieu restant réservé pour les mélanges divers qu'il en fera, avant de les poser sur la toile à l'aide de pinceaux ronds, de pinceaux plats ou brosses, parfois d'une petite truelle ou du couteau à palette. Deux opérations précèdent le travail définitif et guident son exécution : l'esquisse, réduction sommaire du tableau à peindre, où l'artiste arrête la disposition et l'effet général; les études ou cartons, où il arrête séparément les détails importants. En reportant ces études sur la toile, soit par des décalques, soit par une mise au carreau, il procède à la mise en place de sa composition. Il exécute le dessin, à son goût sommaire ou détaillé, soit à l'aide du fusain (qu'il devra fixer avant de peindre pour ne pas salir ses tons), soit au pinceau, avec une couleur diluée. Il commence alors à peindre : par frottis, quand il couvre sa toile d'une couche légère appliquée à sec; par empâtements ou en pleine pâte, quand il la charge d'une matière épaisse et d'aspect solide; par glacis, quand il superpose à une couleur sèche une couche de couleur transparente et très diluée. Pour obtenir les tons rompus, il mélange les tons francs sur sa palette, ou les juxtapose sur la toile, produisant ainsi un mélange optique, dont l'effet, brutal vu de près, prend à distance une intensité précieuse en art décoratif. La variété des effets résulte de l'emploi simultané et intelligent de ces divers procédés. La peinture une fois bien sèche on la vernit, s'il y a lieu, pour faire disparaître les embus et rendre aux tons leur véritable valeur. La variété des matières et des manipulations employées dans la peinture à l'huile est le côté dangereux de ce procédé, le plus parfait comme résultat immédiat. Les résines des vernis jaunissent. Le bitume, qui ne sèche jamais, noircit et fait craqueler les pâtes dont on le couvre; le travail des couleurs modifie leur aspect, et fait réapparaître les tons des couches profondes à travers les couches superficielles, sous la forme de taches qu'on appelle des repentirs. L'aquarelliste dispose de moyens plus restreints, parce qu'il ne peut user que de couleurs transparentes et que le blanc du papier est le point culminant de son effet lumineux ; mais son oeuvre est, comme conservation, d'une grande solidité. C'est à l'aquarelle qu'on peint les soies, les peluches, etc., en ajoutant à l'eau un mordant léger. Pour la peinture sur porcelaines et sur faïences, les oxydes métalliques sont seuls utilisables. Ils sont délayés dans l'essence et soumis, le travail une fois terminé, à une cuisson qui les incorpore à l'émail du support, en leur faisant subir des changements de ton dont l'artiste doit tenir compte en peignant. Cette peinture est, en somme, la seule à laquelle le mot "inaltérable" s'applique rigoureusement. Les connaissances nécessaires au peintre sont le dessin, l'anatomie, la perspective linéaire, la perspective aérienne, et le clair-obscur. Pour réaliser les effets qu'il ambitionne, il lui faut de l'invention, la science de la composition, et une grande pratique, c.à-d. tout ce qui tient à l'exécution, au travail de la main. On doit encore, apporter un grand soin au broiement et à la composition des couleurs, à la préparation de la matière sur laquelle ces couleurs seront appliquées. Quelques peintres préparent sur la palette, avant de peindre, les teintes qui leur sont nécessaires : d'autres les font avec le pinceau au fur et à mesure de leurs besoins, ce qui produit plus de variété dans le coloris. Typologie. Au point de vue de l'exécution matérielle, des procédés et des matières qu'elle met en oeuvre, l'art de la peinture se subdivise en plusieurs spécialités, qui sont : la peinture à d'huile, la peinture à fresque, la peinture à la détrempe, la peinture à l'encaustique, la peinture à l'aquarelle, au lavis, la peinture à la gouache, la peinture au pastel, à la cire, la peinture en miniature, la peinture en camaïeu, en mosaïque; Par rapport aux matières sur lesquelles on peint, on distingue : la peinture murale, sur bois, sur toile, sur ivoire, sur émail, sur porcelaine, sur verre, etc. Eu égard aux sujets représentés, on distingue : la peinture d'histoire (représentation d'épisodes historiques ou mythologiques), de batailles, peinture de portraits ou de nus, peinture de genre (peinture de scènes familières), peinture de paysages ou de marines; peinture d'animaux, de fleurs, peinture de nature morte; peinture décorative, d'arabesques, de grotesques. (L.).
| En bibliothèque. - Théophile, Schedula diversarum artium, Paris, 1843, in-8°; L.-B. Alberti, De pictura, Bâle, 1516, in-8°; Robert Fludd, Tractatus de arte picturae, Francfort, 1624, in-fol.; J. Scheffer, Graphica, id est de arte pingendi, Nuremberg, 1669; A.-F. Doni, Il Disegno, Venise, 1549, in-8°; Lomazzo, Trattato dell' arte della pittura, Milan, 1585, in-4°; Léonard de Vinci, Trattato delta pittura, trad. en français par Fréart de Chambray, 1651, 1716 et 1724; Algarotti, Saggio sopra la pittura, traduct. en français par Pingeron, Paris, 1769, in-12; Roger de Piles, Cours de peinture par principes, Paris, 1708 et 1720, in-12; Watelet, l'Art de peindre, 1760, in-4°; Liotard, Traité des principes et des règles de la peinture, Genève, 1781, in-8°; Gérard de Lairesse, Le Grand Livre des peintres, Paris, 1787, 2 vol. in-8°; Richardson, Traité de la peinture, traduct. de l'anglais par Rutgers, Amsterdam, 1728, 3 vol. in-8°; Reynolds, Discours sur la peinture, traduct. de l'anglais par Janssen, 1188 et 1806, 2 vol. in-8°; Hagedorn, Réflexions sur la peinture, traduct. de l'allemand Par Huber, Leipzig, 1775, in-8°; l'abbé de Marsy, Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture, l'anis, 1746, 2 vol. in-8°; Pernetty, Dictionnaire de peinture, de sculpture et de gravure, Paris, 1757, in-8° Watelet et Lévesque, Dictionnaire de peinture, de sculpture et de gravure, Paris, 1792, 5 vol. in-8°; Paillot de Montabert, Traité complet de la Peinture, 1828-1851, 9 vol. in-8° et atlas. Pour l'histoire de la Peinture : Bulenger, De Pictura, plastice et staluaria veterum, Leyde, 1627, in-8°; Bellori, Della Pittura antica, Venise, 1697; Junius, De Pictura Veterum, traité publié par Graevius, Rotterdam, 1694; Durand, Histoire de la Peinture ancienne, Londres, 1725; Turnbull, Traité sur l'ancienne Peinture, en anglais, Londres, 1740; Requeno, Saggi sul ristabilimento dell'antica arte de Grecie de' Romani pittori, Parme, 1787, in-4°; Letronne, Lettres d'un antiquaire à un artiste sur l'emploi de la peinture historique murale dans la décoration des temples chez les Grecs et les Romains, Paris, 1836, in-8°; Raoul-Rochette, Peintures antiques inédites, Paris, 1836, in-4°; Vasari, Vite de più excellenti pittori, Florence, 1550, traduit en français par Jeanson et Léclanché, Paris, 1840, 10 vol. in-8°; Dati, Vite de' pittori antichi, Florence, 1667, in-4°; Dezallier d'Argenville, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, Paris, 1762, 4 vol, in-8°; Séroux d'Agincourt, Histoire de l'art par les monuments, 1809-23, 6 vol. in-fol.; Denon, Monuments des arts du dessin chez les peuples anciens et modernes, 1809, 4 vol. in-fol.; Ch. Blanc, Histoire des peintres de toutes les écoles, depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, Paris, 1849-62 gr. in-4°. | | |