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Orléans est
une ville du Loiret, sur la rive droite de
la Loire .
Les historiens sont aujourd'hui à peu près unanimes à penser qu'Orléans
occupe l'emplacement de l'ancien Genabum, centre commercial des Carnutes
que l'on a longtemps prétendu identifier avec Gien. A l'époque de la
conquête de la Gaule par Jules
César, l'importance commerciale de Genabum y avait déjà attiré
un grand nombre des négociants de la Narbonnaise. Impatients du joug que
venaient leur imposer les Romains ,
les Carnutes profitèrent d'un jour de marché pour massacrer tous les
Romains qui s'y trouvaient. Ce fut le signal du grand soulèvement de l'an
52 av. J.-C. César marcha contre la ville; s'en empara; la saccagea et
n'y laissa que des ruines. Elle était reconstruite un siècle plus tard
et conservait son ancien nom de Genabum. Plus tard, un empereur,
Marc-Aurèle ou Aurélien,
lui attribua son nom ce fut probablement alors qu'elle devint le chef-lieu
d'une partie démembrée de la cité des Carnutes, qui prit avant la fin
du IIIe siècle le rang de cité distincte,
et par suite, lorsque l'Église catholique
s'organisa en Gaule, fut le siège d'un évêché.
Au Ve siècle,
Orléans subit les chocs successifs des invasions barbares; en 451, les
Huns
d'Attila, arrêtés d'après la légende par l'évêque
saint Aignan, devenu patron de la ville, furent repoussés par le patrice
Aétius; en 471, les Saxons d'Odoacre
auraient également subi un échec; en 498 enfin, les Francs de Clovis
s'emparèrent d'Orléans. A la mort de Clovis (511), la ville d'Orléans
devint la capitale du royaume qui fut attribué à son second fils Clodomir
( Les Mérovingiens ).
Celui-ci ayant été tué par ses frères en 524, ceux-ci se partagèrent
ses États. Après la mort de Clotaire Ier,
le royaume d'Orléans fut reconstitué, et, annexé au royaume de Bourgogne ,
échut à Gontran (567-573), après lequel il
cessa d'avoir une existence propre et fut compris dans la Neustrie .
Sous les Carolingiens ,
Orléans fut en butte à diverses reprises aux attaques des Vikings ;
repoussés une première fois, grâce à la résistance organisée par
l'évêque Agius, ils revinrent en 855 et en 895, et chaque fois saccagèrent
la ville et en détruisirent les monuments. Vers ce temps l'Orléanais
entra dans les possessions de la famille Robertienne, et Orléans devint,
depuis l'avènement de Hugues Capet, et demeura
jusque sous le règne de Philippe-Auguste
comme une seconde capitale du royaume de France
( Les Capétiens ).
Incendiée en 999, la ville fut en grande partie reconstruite par le roi
Robert qui y présida, en 1022, au premier autodafé
d'hérétiques qui eut lieu en France. Philippe-Auguste fit d'Orléans,
en 1223, le domaine de sa femme Ingilburge. Plus tard, le duché d'Orléans
fut apanagé à des princes de la maison de France.
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Les Conciles
d'Orléans
Les premiers conciles
tenus à Orléans (Aurelianensia concilia) sont considérés comme
ayant une grande importance, Ã raison des circonstances dans lesquelles
ils furent assemblés, et de la part qu'ils eurent dans la formation du
droit ecclésiastique en France .
511 (10 juillet?).
Concile convoqué par Clovis et présidé par
Cyprien, métropolitain de Bordeaux. Parmi les 33 évêques qui s'y assemblèrent,
plusieurs avaient leurs sièges dans les pays récemment conquis sur les
Wisigoths.
On y fit 31 canons, dont quelques-uns entreprennent sur l'autorité civile.
Ils furent tous adressés au roi, en le priant de les appuyer de son autorité.
I et Il. Confirmation et sanction du droit d'asile. IV. Défense d'ordonner
des laïques sans la permission du roi ou le consentement du juge. VIII.
Si un évêque ordonne un esclave, il paiera au maître le double du prix
de cet esclave. Le VIe canon reconnaît implicitement que toutes les Églises
tiennent du roi les fonds dont elles sont dotées. Certains canonistes
ont trouvé dans cette disposition l'origine de la régale. XIV. L'évêque
disposera du revenu des terres de l'Église; la moitié des offrandes faites
à l'autel lui appartiendra; le reste sera distribué entre les clercs.
XXIX. Les moines obéiront à l'abbé, et l'abbé à l'évêque. XIX. Confirmation
des anciens canons défendant aux ecclésiastiques d'avoir chez eux des
femmes étrangères
23 juin 532.
Concile assemblé par ordre des rois Thierry,
Childebert et Clotaire.
26 évêques, principalement des provinces de Lyon et d'Aquitaine ,
plus 5 prêtres députés par d'autres évêques. 21 canons, dont la plupart
renouvellent des règlements antérieurs, vraisemblablement mal observés.
XVI. Défense d'ordonner un prêtre ne sachant pas lire ou ne sachant pas
au moins administrer convenablement le baptême. XVIII. La bénédiction
diaconale ne sera plus donnée aux femmes. XIX. Interdiction du mariage
entre chrétiens et juifs .
7 mai 538.
Par ordre des mêmes rois que le concile précédent, 49 évêques et 7
prêtres représentant d'autres évêques. 33 canons. I. Sous peine d'être
suspendu de ses fonctions, le métropolitain assemblera chaque année un
concile dans sa province. XXI. Ce concile examinera les cabales des ecclésiastiques.
IV. L'évêque emploiera à l'usage qu'il jugera convenable les biens donnés
aux Églises de la ville. Les biens de la campagne seront employés selon
la coutume. XII. Défense d'aliéner les biens de l'Église. XXII. Les
usurpateurs de ces biens seront excommunies. XIII. Excommunication pour
un an des chrétiens
qui mangent avec des juifs .
XXX. Défense aux juifs de se mêler avec les chrétiens, depuis le jeudi
saint jusqu'au jour de Pâques ,
en aucun lieu, ni en aucune occasion, car, dit le concile, "avec la
grâce de Dieu, nous avons des rois catholiques". Pour la même raison,
il ordonne, sous peine d'excommunication, de saisir et de faire punir par
le roi tout hérétique qui aura rebaptisé un catholique
(XXXI). Il s'agissait d'extirper l'arianisme
des pays antérieurement soumis aux Goths.
541. Sous
la présidence du métropolitain de Bordeaux, 38 évêques, 12 prêtres
députés par des évêques absents, et un abbé. 38 canons relatifs pour
la plupart à la discipline purement ecclésiastique. VII. Défense aux
seigneurs de mettre dans les chapelles de leurs terres des ecclésiastiques
non agréés par l'évêque. XXXIII. Ceux qui veulent avoir une paroisse
dans leur domaine doivent lui donner des terres et la pourvoir d'ecclésiastiques
en nombre suffisant. On regarde ces canons comme l'origine du patronage.
Le XVIe canon indique la persistance du paganisme : Excommunication de
ceux qui jurent par la tête des bêtes
et qui invoquent le nom des dieux.
28 octobre 549.
Ce concile, convoqué par Childebert, réunit 48 évêques et 21 prêtres
représentant des évêques. Il est le premier dont les actes soient datés
du règne des rois de France : Regni domini nostri Childeberti regis
Indict. XIII. 24 canons. Le premier condamne les sectateurs des doctrines
de Nestorius et d'Eutychès et, suivant Baluze,
des ariens dont l'hérésie se répandait dans les environs d'Orléans.
Le IIIe interdit chez les clercs non seulement l'habitation des femmes
étrangères, mais la familiarité des parentes, principalement aux heures
indues. X. Le métropolitain et les évêques de la province consacreront
l'évêque élu par le clergé et par le peuple du Consentement du Roi.
XI. On n'imposera pas au peuple un évêque dont il ne veut pas. XVI. Approbation
d'un hôpital fondé à Lyon par Childebert et la reine.
Outre ces conciles,
les ouvrages spéciaux en mentionnent d'autres tenus à Orléans en 638
ou 645, en 766, en 1022, en 1029, en 1411 et en 1419. Le dernier seul serait
intéressant pour l'histoire générale, si on en possédait les actes.
On dit que la Pragmatique sanction y fut renouvelée. (E.-H.
Vollet). |
On sait le rôle considérable joué par
la ville d'Orléans dans la guerre de Cent Ans .
Trois fois au XIVe siècle, en 1356, en
1359 et en 1370, les Anglais se présentèrent devant la place sans oser
en entreprendre le siège. Mais au mois d'octobre 1428, alors que le duc
Charles était prisonnier en Angleterre ,
ils l'investirent et l'entourèrent d'une contrevallation flanquée de
tours et renforcée de bastilles en bois.
La prise d'Orléans eût entraîné pour
Charles VII la perte des quelques provinces
du Sud de la Loire où son autorité était encore reconnue. Les capitaines
les plus renommés Dunois, Xaintrailles, La Hire
se jetèrent dans la place et, de concert avec les habitants, opposèrent
une héroïque résistance aux efforts de l'ennemi. Orléans aurait succombé
cependant sans l'arrivée de Jeanne d'Arc. Sans
attendre la formation du corps de 6000 hommes qu'on rassemblait à Blois,
elle se dirigea avec une faible escorte sur la ville en longeant la rive
gauche de la Loire, contourna les travaux anglais, traversa le fleuve en
bateau et pénétra dans la ville le 29 avril 1429 par la porte
de Bourgogne .
Dès le lendemain elle sommait les défenseurs des bastilles anglaises
de se rendre, et commençait à les reconnaître. Le 4 mai, elle emportait
de vive force la bastille Saint-Loup et recevait l'armée de secours conduite
par Dunois; deux jours après elle chassait les Anglais de la bastille
des Augustins .
Le 7 mai, elle traversait la Loire en bateau et conduisait la garnison
à l'attaque du fort des Tourelles dont les Anglais s'étaient emparé
avant sa venue et qui formait la tête du pont sur la rive gauche. Blessée
à la première attaque, elle revenait bientôt à la charge, dirigeait
elle-même l'assaut, chassait les Anglais et, le lendemain 8 mai, elle
rentrait triomphalement par le pont, réparé à la hâte, dans la ville
désormais délivrée. Le jour suivant, les assiégeants évacuaient les
travaux d'approche de la rive droite. Les édifices en ruines furent reconstruits
sauf la collégiale de Saint-Avit, et une nouvelle
enceinte, élevée sous les rois Louis XI, Louis
XII, puis sous François ler,
engloba dans la ville les faubourgs populeux qui s'étaient formés Ã
ses abords.
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La
cathédrale d'Orléans.
Dès 1107, les habitants d'Orléans avaient
été affranchis par le roi Louis
VI et, vers 1137, ils s'organisèrent en commune,
mais celle-ci fut abolie presque aussitôt par le roi Louis
VII et, depuis lors, la ville resta soumise à la juridiction royale
tout en obtenant des privilèges, des franchises et même une administration
municipale. Au XIIIe siècle, elle était
gouvernée par douze procureurs de ville qui prirent plus tard le nom d'échevins.
En 1309 y fut instituée une université ( Les
universités au Moyen Âge )
qui devint bientôt célèbre et jeta surtout un vif éclat aux XVe
et XVIe siècles; l'enseignement du droit
et en particulier du droit romain, interdit
à Paris, y fut surtout prospère. Calvin
compta parmi ses étudiants. Dès le règne de François
Ier les
idées nouvelles s'y propagèrent, et sous Henri
II les habitants, à l'occasion de l'établissement de nouveaux impôts,
donnèrent des signes de mécontentement. Le roi se rendit dans la ville
pour apaiser les esprits; mais un accident arrivé alors à Diane de Poitiers
fut l'occasion de manifestations hostiles, et, loin de se calmer, l'effervescence
populaire ne fit que s'accroître. Lorsque, quelques années plus tard
(1560), après la conjuration d'Amboise,
le jeune roi François II, conduit par les
Guises et Catherine de Médicis, vint
y tenir des États, on fit désarmer la population et loger des garnisaires
chez les habitants suspects. Le prince de Condé
et Antoine de Bourbon mandés à Orléans
y furent arrêtés et allaient payer de leur vie leur imprudence lorsque
François Il mourut dans le logis Groslot (l'hôtel de ville actuel) où
il était descendu (5 décembre 1560). On sait que, par crainte des Guises,
Catherine de Médicis pactisa avec les princes Bourbons,
et qu'Antoine de Bourbon fut nommé lieutenant général du royaume. Les
États s'ouvrirent et, à la suite de leurs doléances, le chancelier Michel
de l'Hôpital fit proclamer une grande ordonnance Pour la réforme de la
justice et la discipline de l'Église ,
restée célèbre sous le nom d'ordonnance d'Orléans.
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Deux ans plus tard, la guerre civile avait
éclaté, et le prince de Condé entrait sans coup
férir à Orléans : ses troupes pillèrent et saccagèrent la ville, démolirent
les édifices religieux, notamment Saint-Aignan et la cathédrale.
En 1563, François de Guise, après avoir fait Condé prisonnier à la
bataille de Dreux ,
vint attaquer Orléans; il avait investi la ville, s'était emparé de
la tête du pont, lorsqu'il fut assassiné par Poltrot de Méré (18 février).
Orléans fut alors rendu au roi qui en fit raser les fortifications. En
1567, le 27 septembre, le capitaine Lanoue put prendre la ville sans coup
férir; il y commit de nouvelles dévastations et la garda jusqu'à l'édit
de pacification de 1568 qui le contraignit à l'abandonner. Toutefois,
les protestants demeuraient nombreux dans la ville et, lors de la Saint-Barthélemy,
les massacres organisés par le prédicateur et confesseur de Charles
IX, Arnaud Sorbin, durèrent une semaine et furent effroyables. Sous
Henri III, le duc Henri de Guise obtint comme
place de sûreté Orléans qui demeura fidèle à la Ligue
jusqu'en 1594 et se rendit alors à Henri IV.
Pendant la Fronde,
Mlle de Montpensier, fille de Gaston, duc
d'Orléans, qui résidait à Blois, voulut
s'emparer d'Orléans, et après un simulacre d'attaque fut reçue dans
la place. Après la révocation de l'édit de
Nantes, les protestants demeurés dans la ville furent préservés
des dragonnades par l'évêque Coislin.
Sous la Révolution, Orléans fut le siège
de la haute cour de justice chargée de juger les attentats contre la nation.
Lors de la campagne de France
( Napoléon),
en 1814, les Cosaques
arrivèrent à plusieurs reprises jusque dans les faubourgs, mais la ville
ne fut pas occupée. L'année suivante, lorsque l'armée française se
fut retirée sur la rive gauche de la Loire, une garnison prussienne occupa
la ville; le maréchal Davoust se disposait à l'attaquer, lorsqu'elle
se retira sur Blois. Pendant la guerre de 1870,
Orléans dut à sa situation stratégique d'être choisie par le gouvernement
de la Défense nationale comme base des opérations destinées à tenter
la délivrance de Paris. Prise une première
fois le 11 octobre par les Allemands
qui saccagèrent les faubourgs Bannier et Saint-Jean et incendièrent celui
des Aydes, elle fut reprise par l'armée française un mois après (10
novembre) au lendemain de la victoire de Coulmiers. Mais les Allemands
dirigèrent sur la Loire les forces que la capitulation de Metz
rendait disponibles, et, après de sanglantes batailles, réussirent Ã
reprendre Orléans dans la nuit du 4 au 5 décembre. La ville dut payer
d'énormes contributions et resta occupée jusqu'au 16 mars 1874.
Orléans a vu naître un grand nombre de
personnages célèbres parmi lesquels nous citerons le roi Robert le Pieux,
l'historien Abbon de Fleury, l'évêque Étienne
de Tournai, l'imprimeur Étienne Dolet, les poète
Florent Chrestien et Charles Péguy, le diplomate
et érudit Jacques Bongars, le savant Denis
Petau, l'historien Etienne de Foncemagne, l'orientaliste Stanislas
Julien, l'érudit Jules Loiseleur, G. Vapereau, le publiciste Amelot de
La Houssaye, le jurisconsulte Pothier, le littérateur E. Fournier, les
mathématiciens Aleaume et D. Alexandre, le physicien J.
de Hautefeuille, l'agronome Bigot de Morogues,
le chirurgien Jacques Guillemeau, le philanthrope Antoine Petit. Parmi
les artistes, il faut citer : Gabriel Pérelle, peintre et graveur; Guillaume
Chasteau, Charles et Louis Simonneau, Jean Moyreau, graveur, Desfriches,
dessinateur, Michel Corneille le Vieux et Antigna, peintres; Viart, Ducerceau
l'Ancien, architectes; Romagnesi et Désiré Lanson, sculpteurs. Ajoutons
encore : Marie Touchet, la maîtresse de Charles
IX et sa fille Henriette d'Entraignes, maîtresse de Henri
IV. Les habitants d'Orléans sont assez fréquemment désignés par
le sobriquet bizarre, et auquel s'attache une certaine intention malveillante
de Guêpins dont on a proposé plusieurs explications toutes douteuses.
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La Coutume
d'Orléans
La coutume d'Orléans
est, avec la coutume de Paris et la coutume
du Nivernais ,
une des plus importantes et des plus connues parmi toutes celles, en nombre
considérable du reste, qui régissaient la France avant 1789. Bien que
la rédaction des coutumes eût été prescrite dès 1453 par l'ordonnance
de Montil-lez-Tours rendue sous le règne de Charles
VII, la coutume d'Orléans ne fut rédigée pour la première fois
qu'en 1509, en vertu de lettres patentes du roi Louis
XII. Une seconde rédaction en fut. faite en 1583 ,en vertu de lettres
patentes du roi Henri III. Au fond comme en
la forme, elle se rapproche sensiblement de la coutume de Paris dont elle
ne diffère guère que sur des points de détail, et l'on peut dire qu'elle
forme avec cette dernière le fonds commun du vieux droit coutumier français
auquel les rédacteurs du code civil ont fait de si fréquents emprunts.
La coutume d'Orléans
se divise en vingt-deux titres. Les plus importants et les plus curieux
à étudier sont : 1° le titre premier, qui traite des fiefs, de leur
nature, des devoirs du vassal envers le suzerain, en un mot de l'organisation
féodale et de la hiérarchisation des terres; 2° le titre X, qui traite
de la communauté entre homme et femme; 3° le titre XII, qui traite du
douaire, institution fort importante dans l'ancien droit coutumier; 4°
les titres XV et XVI, qui traitent des donations, et le titre XVIII qui
traite du retrait lignagier.
De même que la coutume
de Nivernais
avait été commentée par un jurisconsulte de valeur, Guy Coquille, de
même aussi la coutume d'Orléans a été commentée par Pothier. Pothier,
un des jurisconsultes les plus distingués du XVIIIe siècle qui fut conseiller
au présidial d'Orléans et professeur à l'École de droit d'Orléans,
a laissé entre autres ouvrages un commentaire magistral de la coutume
d'Orléans dont il avait chaque jour l'occasion d'appliquer le texte dans
les procès qui lui étaient soumis. Il commente et analyse successivement
avec une science juridique profonde et une clarté admirable chacun des
titres de la coutume, et la lecture de ce commentaire est indispensable
pour bien connaître et bien comprendre la coutume d'Orléans. |
Les
monuments.
La ville d'Orléans est tout entière
située sur la rive droite de la Loire, et entourée d'une ceinture de
boulevards, marquant le périmètre de l'ancienne enceinte, au delà desquels
sont les faubourgs de la Madeleine et de Saint-Jean à l'Ouest, Bannier,
des Aydes et Saint-Vincent au Nord, Saint-Marc et de Bourgogne à l'Est.
Un pont de pierre relie la ville au faubourg Saint-Marceau sur la rive
gauche. Un autre pont sert de viaduc au chemin du fer de Paris
à Toulouse. La cathédrale
Sainte-Croix est un édifice, encore gothique de construction, élevé
depuis la fin du XVIe siècle jusqu'en
1790 pour remplacer l'église détruite par
les Huguenots en 1562. Le contraste du plan
et de la construction gothique avec l'ornementation classique est fort
étonnant, surtout à la façade principale qui fut élevée sur les plans
de Gabriel, en un style qui prétend imiter celui du XIIe
siècle. Au moment de la Révolution, les deux tours étaient achevées,
mais les voûtes du porche
et les portails n'étaient pas terminés;
ils ne le furent que sous la Restauration, et l'ouverture des portes
fut célébrée le 8 mai 1829, lors de la fête annuelle commémorative
de la levée du siège. En 1857, à la flèche centrale en bois, oeuvre
de Mansart, qui menaçait ruine, on substitua
une flèche de plomb doré qu'éleva Boeswilwald. A l'intérieur la cathédrale,
longue de 144 m, large au transept de 67
m et haute sous voûte de 34 m, comprend cinq nefs,
des croisillons avec bas-côtés, un choeur
avec double déambulatoire et onze chapelles
rayonnantes qui sont les unes et les autres des restes de l'ancienne cathédrale
du XIIIe siècle. Les deux croisillons
sont occupés par des chapelles en l'honneur du Sacré-Coeur et de la Vierge
établies par l'évêque Dupanloup; celle du Sacré-Coeur renferme depuis
1888 son tombeau, oeuvre de Chapu. Il se compose, avec la statue
du prélat, d'une statue d'ange ,
de deux allégories, le Courage et la Science, et d'un bas-relief
représentant un épisode de la vie du défunt. Parmi les oeuvres d'art
qui décorent la cathédrale, il faut citer le buffet d'orgues du XVIIIe
siècle provenant de Saint-Benoît-sur-Loire, un Christ de Tuby, une Mater
Dolorosa de Michel Bourdin, un tableau de Jouvenet
et un autre attribué à Murillo.
De l'ancienne église
de Saint-Avit, détruite en 1428, ne subsiste que la crypte
retrouvée en 1852 sous les bâtiments du grand séminaire. Elle se compose
d'une confession formée de deux voûtes d'arête
retombant sur les murs et sur deux colonnes isolées, ouvrant par deux
arcatures sur une abside, divisée en neuf
compartiments voûtés d'arêtes, dont les retombées s'appuient sur six
pilastres engagés dans le pourtour et sur quatre piliers isolés. Longtemps
considérée comme mérovingienne ,
on a tendance a la reculer jusqu'au IXe
siècle, et même à penser qu'elle a dû subir des remaniements après
l'incendie de 999.
De l'église Saint-Aignan subsistent un
transept et un choeur
gothiques de la seconde moitié du XVe
siècle. Deux fois démolie [en 1370 et en 1428], à l'approche des Anglais,
la basilique de Saint-Aignan, fondée au
VIe siècle hors des murs de la ville sur
le tombeau de l'évêque de ce nom, reconstruite de 1010 à 1029 par le
roi Robert à l'instar, dit le chroniqueur Helgaud, de la cathédrale
de Clermont, avait été reconstruite par Louis XI;
en 1562, les protestants
en démolirent la nef et la tour. Ce qui en reste est fort délabré; mais
sous l'église se trouve une crypte ancienne
fort intéressante, où l'on a cru reconnaître trois époques successives
: construite par Charlemagne vers 810, elle
aurait été restaurée après les ravages des Vikings
en 865, et agrandie par le roi Robert, auquel seraient dues les cinq chapelles
absidales rayonnantes
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Galeries
de la maison d'Agnès Sorel, à Orléans.
Saint-Euverte, église
fondée au VIe siècle, date dans son état
actuel du XIIIe siècle; mais remaniée
au XVe siècle à la suite du siège de
1428.
Saint-Pierre-le-Puellier, jadis abbatiale
d'un monastère de femmes, contient des
parties qui peuvent remonter au IXe ou
au Xe siècle, ou peut-être seulement
à la reconstruction qui suivit l'incendie de 999.
Saint-Pierre-du-Martroi, succursale de
la paroisse de Sainte-Croix, est un édifice gothique du XIIIe
siècle.
Saint-Donatien est une église
du XIIIe siècle, remaniée au XIXe.
Saint-Paul a une façade et une tour isolée
de la Renaissance .
Notre-Dame de Recouvrance, construite de
1517 à 1519 en style de la Renaissance, restaurée en 1857, conserve une
belle verrière du XVIe siècle.
Saint-Paterne, édifice reconstruit dans
la deuxième moitié du XIXe siècle en
style gothique primitif.
Saint - Marc, construit de 1884 Ã 1886,
également en style gothique primitif.
Saint-Marceau, construit de 1888 Ã 1892
en style roman.
Saint-Laurent, église
des XVIIIe et XIXe
siècles. Église commémorative élevée en l'honneur de Jeanne
d'Arc de 1887 Ã 1895, dans le faubourg Saint-Marceau. Deux portes
jumelles du XVe siècle, seul reste de
la chapelle Saint-Jacques, ont été transportées en 1888 dans le square
de l'hôtel de ville.
Orléans possède un grand nombre de maisons
ou hôtels anciens, la plupart de la Renaissance ,
d'un type tout à fait original qui caractérise une véritable école
d'architectes orléanais. L'hôtel de ville actuel est une construction
en pierres et en briques élevée sous François
Ier et
Henri Il par le bailli Jacques Groslot pour lui
servir d'habitation, ce manoir fut, de la fin du XVIe
siècle jusqu'à la Révolution, la résidence des gouverneurs d'Orléans.
Le balcon surmontant le perron est supporté
par des caryatides attribuées à Jean
Goujon; l'intérieur a été luxueusement restauré et orné de peintures
et de sculptures décoratives. L'ancien hôtel de ville, aujourd'hui le
musée, est un bel édifice de la fin du XVe
siècle, le plus, ancien peut-être où le style de la Renaissance soit
franchement accusé; sa façade principale, due à l'architecte Viart,
est de 1498; le beffroi et sa tourelle sont
de 1450. La maison dite de Jeanne d'Arc est ainsi
nommée à cause du séjour qu'elle y fit, paraît-il, en 1429; c'était
alors le logis de Jacques Bouchier, trésorier du duc d'Orléans; il devint
au XVIe siècle un couvent d'Annonciades ;
toute la disposition intérieure en fut alors remaniée et le prétendu
pavillon de la Renaissance n'est qu'une construction du XVIe
siècle. La maison dite d'Agnès Sorel était
sous Charles VII le logis d'un bourgeois du
nom de Compaing; là encore la façade seule est XVe
siècle; la cour et l'aménagement intérieur sont de la Renaissance. La
maison dite de Diane de Poitiers est un charmant logis de la Renaissance,
construit en 1540 par un bourgeois nommé Cabu; il a été restauré et
aménagé en 1862 pour recevoir le musée historique. L'hôtel de l'intendance,
construction des XVe et XVIe
siècles, a servi plus tard de résidence aux intendants.
On ne saurait énumérer tout ce qu'Orléans
possède encore de ces curieuses constructions de la Renaissance française.
Sur la place du Martroi, deux pavillons, d'aspect assez monumental, ont
été construits sous le règne de Louis XV;
l'un d'eux, appelé la Chancellerie, renferma jusqu'à la Révolution les
archives et les bureaux de la chancellerie du duché d'Orléans. Près
de l'abbaye de Saint-Aignan, la tour Blanche
est le seul vestige encore debout des fortifications du XVe
siècle. Sous un grand nombre de maisons et même de rues de l'ancienne
ville, sont de vastes caves, reliées par des galeries; les plus anciens
de ces souterrains paraissent remonter au XIIe
siècle, d'autres sont des XIIIe, XIVe
et XVe siècles, ils semblent avoir été
creusés pour servir de refuge en temps de siège. L'ancienne salle des
thèses de l'Université d'Orléans est un édifice de 1411 à deux nefs
voûtées d'ogive; elle était devenue en 1565
une bibliothèque à l'usage des étudiants, fondée par un procureur de
l'Université. L'ancienne halle au blé, devenue par la suite salle des
fêtes, occupe l'emplacement de l'ancien cimetière abandonné depuis le
XVIIIe siècle; elle s'élève au milieu
d'un vaste cloître
du XVe siècle dont subsistent trois galeries.
La préfecture occupe les bâtiments de l'ancienne abbaye bénédictine
de Bonne-Nouvelle; le grand séminaire est un bel édifice construit au
XVIIIe siècle sur l'emplacement de l'ancienne
église de Saint-Avit.
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Maison
de Diane de Poitiers à Orléans.
Le palais épiscopal, construction du XVIIIe
siècle, renferme quelques tableaux intéressants, et un buste en bronze
de l'évêque Jean de Morvillers attribué à Germain Pilon. Le palais
de justice a été construit en 1824. Au milieu de la place du Martroi
s'élève la statue équestre en bronze de
Jeanne d'Arc de Foyatier,
avec des bas-reliefs de Vital-Dubray; elle
a été élevée en 1855 et a remplacé la statue de Gois fils, qui avait
été érigée en 1804, et qui a été transportée dans le faubourg Saint-Marceau,
à l'entrée du pont. Dans le même faubourg, la Croix des Tourelles, érigée
en 1847, marque l'emplacement du fort des Tourelles, qui défendait l'accès
de l'ancien pont au XVe siècle. Une statue
de Pottier par Vital-Dubray a été érigée en 1859, et une statue de
la République, par Roguet, en 1882.
Orléans possède plusieurs musées importants.
Le musée de peinture et de sculpture,
dans l'ancien hôtel de ville jusqu'en 1984, et depuis dans une nouvelle
construction, contient un certain nombre de bons tableaux de l'école flamande
et des toiles intéressantes des écoles françaises depuis le XVIIe
siècle. Le musée conserve entre autres des oeuvres des sculpteurs Clodion,
David d'Angers,
Pigalle, Pradier, et peintres Le Nain, Courbet,
Gauguin, Soutine, etc. Le musée historique,
dans la maison de Diane de Poitiers, contient des antiquités gallo-romaines
de l'Orléanais ,
notamment des bronzes trouvés à Neuvy-en-Sullias, et des oeuvres du Moyen
âge
et de la Renaissance .
Dans la cour, on a remonté la façade d'une ancienne maison de bois. Le
musée Orléanais et de Jeanne d'Arc, dans la
maison de Jeanne d'Arc, contient des souvenirs du siège de 1428-29, et
toutes sortes d'objets consacrés à son souvenir, depuis le XVe
siècle jusqu'à nos jours, où, à côté d'oeuvres intéressantes, se
trouvent aussi beaucoup de pièces sans valeur.
(Elie Tournerie). |
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