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Sainte-Chapelle,
de Paris. - C'est de beaucoup la plus célèbre
des saintes-chapelles par son importance
historique, et plus encore par la rare beauté du rnonument lui-même.
Personne n'ignore qu'elle fut fondée dans l'enceinte du palais de
la Cité (aujourd'hui palais de Justice ),
par saint Louis, pour contenir les précieuses
reliques
que ce roi avait rapportées de Constantinople.
L'architecte en fut
Pierre de Montereau (ou
de Montreuil), qui éleva en trois années l'édifice
merveilleux d'élégance et de proportions que le temps a heureusement
respecté. La dépense fut, d'après Guilhermy (Itinéraire
archéologique de Paris, p. 309), de huit cent mille livres pour
la construction seule; quant aux reliques et aux châsses qui les
renfermaient, le prix en est évalué à deux millions.
L'érudit que nous venons de nommer estime que les dimensions du
monument peuvent être considérées comme des modèles;
en voici quelques-unes : longueur hors d'oeuvre, 36 m; largeur hors d'oeuvre,
17 m; hauteur de la flèche au-dessus du comble, 33,25 m, etc.
La
Sainte-Chapelle, à Paris
La Sainte-Chapelle est divisée en
deux étages; dans la chapelle haute, à laquelle on accédait
jadis par un escalier monumental, se trouvaient
les reliques ;
la chapelle basse était affectée aux sépultures des
dignitaires du chapitre et de quelques autres personnages considérables;
celle de Boileau s'y trouvait; elle fut transportée,
en 1800, au musée des monuments français pour passer de là,
en 1819, à Saint-Germain-des-Prés .
L'un des plus remarquables mérites
de la Sainte-Chapelle, consiste dans la richesse de ses verrières
qui datent du temps de la fondation même et qui sont les plus belles
que Paris possède aujourd'hui, en dépit
de restaurations rendues nécessaires par l'injure du temps. L'édifice
entier, d'ailleurs, a été l'objet d'une restauration dont
Duban et Lapsus se sont acquittés avec honneur et qui n'a pas duré
moins de quatorze ans, de 1843 à 1857.
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Travée
de la Sainte-Chapelle, à Paris.
Le nom de la Sainte-Chapelle évoque
nécessairement le souvenir du Lutrin .
L'examen des documents qui nous ont été conservés
permet d'affirmer que le poème de Boileau
repose sur une donnée vraie et qu'il y eut réellement, aux
requêtes du Palais, un procès vite assoupi, entre le trésorier,
qui s'appelait Claude Auvry, et le chantre, Jacques Narrin. C'est au mois
de juillet 1667 que s'était produit l'incident du pupitre que Boileau
a si malicieusement rimé.
En 1787, un arrêt du conseil supprima
toutes les saintes chapelles du
royaume et prescrivit la mise sous séquestre de leurs biens. Les
formalités de la procédure n'étaient pas épuisées
quand la Révolution survint, qui les supprima définitivement.
En 1843, la découverte, sous le maître-autel
de la sainte Chapelle, d'une boîte en plomb contenant un coeur humain,
fit naître entre plusieurs érudits une polémique des
plus vives sur Ia question de savoir si ce coeur était réellement
celui de saint Louis. L'Académie des inscriptions prononça
en dernier ressort que rien n'autorisait une semblable affirmation. (Fernand
Bournon). |
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