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Limoges
Limoges, Rastiatum, suivant Ptolémée, puis Augustoritum, et ensuite Lemovicum ou Lemovicae. - Ville de France, chef-lieu du département de la Haute-Vienne, sur la Vienne, à 334 kililomètres au Sud-Sud-Ouest de Paris; 134 000 habitants. Cathédrale gothique avec un jubé remarquable exécuté en 1533. Statue de saint Martial sur la place de la Motte, fontaine d'Aigoulène. Porcelaine et étoffes dites droguets

Limoges, ancienne capitale des Lémovices, est d'origine gauloise, et fut florissante sous les Romains. Elle a été le titre d'une vicomté très ancienne, réunie à la couronne en 1589. L'orfèvrerie émaillée de Limoges était, au Moyen âge, la première de l'Europe

Les Émailleurs de Limoges. - Dès le XIIe siècle, Limoges avait une grande célébrité pour la fabrication des émaux, que l'on appelait opus de Limogia, laber Limogiae, opus Lemoviticum. Ces émaux étaient incrustés sur des crosses d'évêques, des calices, des ciboires, des croix, des reliquaires, des châsses, des tombeaux, des vases de toute sorte, des colliers, des candélabres, des coupes, des fermoirs, des agrafes, des plats, des assiettes, des bahuts, des casques, des peignées d'épées, des manches de couteaux, etc. Au XIVe siècle, les artistes de Limoges eurent des rivaux dans les orfèvres de Montpellier. Leur art, interrompu par les malheurs de la guerre de Cent Ans, reprit un nouvel éclat au XVIe siècle, et ce fut sans doute alors seulement qu'on adopta le procédé italien, consistant à peindre en émail avec des couleurs étendues sur le métal et non plus encaissées dans des creux. Léonard fut nommé directeur de la manufacture rétablie par François Ier; parmi les morceaux admirables qu'il a laissés, on peut citer les médaillons du tombeau de Diane de Poitiers, et les portraits de Philippe de Chabot et de François de Guise, conservés au Louvre. Au XVIe siècle appartiennent les émailleurs Jean Courtois, de Court ou Corteys, Pierre Courtois, Susanne Courtois, Jean de Limoges, Pierre Raymond ou Rexmann, et Pénicant. Pendant le XVIIe siècle, les Laudin soutinrent la gloire de l'école limousine : la cathédrale de Limoges possède trois magnifiques émaux de Nicolas Laudin, l'aîné de cette famille. A côté de Joseph Laudin et de Valérie Laudin, on mentionne Étienne Mersier et Poncet. Au XVIIIe siècle, l'art de l'émailleur ne fut plus soutenu que par les Nouailhier (Bernard, Jean-Baptiste, Joseph et Pierre), dont les oeuvres marquent une grande décadence dans le dessin et la couleur. La peinture en émail disparut vers 1766, et fut remplacée par la peinture sur porcelaine. (B).
Histoire générale de Limoges.
La Cité et le Château ont été distincts féodalement et administrativement jusqu'à la fin de 1792 et ont eu une histoire fort différente. La première ne paraît pas avoir eu de consuls avant la fin du XIIe siècle. Leur activité fut si faible qu'on en retrouve difficilement les traces. D'ailleurs l'évêque retenait le droit de justice, qu'il partagea avec le roi en 1307. La population de la Cité était peu dense, le palais épiscopal, la cathédrale, maintes églises et le monastère de la Règle couvrant au Moyen âge presque tout l'espace habitable. Pendant la guerre de Cent ans, l'évêque tint souvent le parti anglais, et les sièges qu'eut à subir la Cité ne doivent pas être confondus avec ceux que subit le Château. Dans celui-ci s'élevaient le donjon du vicomte de Limoges et l'abbaye de Saint-Martial. De bonne heure l'abbé fat évincé par le vicomte; mais tous deux, à partir du commencement du XIIIe siècle, furent supplantés par le consulat, issu, semble-t-il, d'un conseil de ville appelé, à la fin du XIIe siècle, les « prud'hommes de l'hostel ». Plus tard cependant, le vicomte redevient en fait et en droit le seigneur de la ville, mais l'abbé n'exerce plus de juridiction directe que sur le quartier des Combes. C'est dans le Château qu'habitent les artisans et les marchands qui font la prospérité de Limoges, et c'est là qu'habiteront plus tard les représentants du roi (sénéchaux, gouverneurs, trésoriers, intendants, etc.).

L'histoire du consulat de Limoges est des mieux remplies. Ses luttes contre les vicomtes et les abbés lui donnent souvent un caractère tragique. Ce n'est pas ici le lieu de les raconter. On se bornera à dire que la coutume de Limoges fut rédigée pour la première fois en 1212, confirmée par les rois d'Angleterre et plusieurs fois développée. Les monastères apparaissent à Limoges au VIe siècle et se multiplient considérablement au XIIIe. Les Etats du Haut-Limousin s'y réunirent maintes fois sous Charles VII et le parlement de Bordeaux y tint ses grands jours en 1542. Charles le Jeune en 855, peut-être Eudes en 887 et Raoul au Xe siècle, sûrement Richard Coeur de Lion au XIIe siècle y furent couronnés rois d'Aquitaine. Limoges-Cité fut pris par Théodoric en 488, ruiné par Théodebert en 537, assiégé par Loppes, duc des Gascons, en 633, détruit par Pépin le Bref en 745 et par les Vikings en 849 et 911, de nouveau en 988. Limoges-Château fut incendié en 1103 et 1147, assiégé par Henri le Jeune en 1182 et 1183, de nouveau en 1263. La Cité se soumit au roi de France en 1369, mais fut aussitôt assiégée et ruinée par le prince Noir (1370). Le Château ne se soumit au roi de France qu'en 1371.

Le christianisme fut prêché à Limoges par saint Martial au milieu du IIIe siècle. La Renaissance carolingienne s'y manifesta dans le second tiers du IXe siècle, la Renaissance médiévale vers le milieu du XIIe, la Renaissance classique aux environs de l'année 1525. L'imprimerie y fut introduite en 1496; la réforme protestante y prit pied en 1559; la restauration catholique y devint agissante dès la fin du XVIe siècle, et l'esprit des Lumières y pénétra visiblement à partir de 1740 environ. Au XIXe siècle la réorganisation du culte catholique dès 1800, l'organisation de la grande industrie entre 1830 et 1840, le développement donné aux services publics à dater de 1850 environ sont les trois faits principaux de l'histoire de la ville.
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Les Conciles de Limoges
Lemovicensia concilia

1029, concile où il fut décidé que saint Martial devait être considéré comme apôtre. Cette décision fut confirmée en 1031 par un concile, qui s'occupa en outre de la trêve de Dieu et prononça une terrible excommunication contre ceux qui troubleraient la paix. 

1095, concile tenu par Urbain II, pour la croisade. Le pape fit la dédicace de l'église de la nouvelle abbaye de Saint-Martial.

Ils sont nés à Limoges.
Limoges a vu naître B. Lamy, patriarche de Jérusalem, mort en 1360; le poète Jean Dorat, né en 1503; les peintres émailleurs Léonard Limosin et Pierre Raymond, XVIe siècle; Nicolas de La Reynie, lieutenant général de police, mort en 1707; le chancelier d'Aguesseau, mort en 1751; le journaliste Gorsas, mort en 1793; l'orateur Vergniaud, mort en 1793; le botaniste Ventenat, mort 1808; Jean Foucaud, poète occitan,  mort en 1818 ; le journaliste Tabaraud, mort en 1832; le maréchal Jourdan, mort en1833; le maréchal Bugeaud, mort en 1849 ; l'économiste Léon Faucher, mort en 1854; le Dr Cruveilhier, mort en 1874; l'économiste Michel Chevalier, mort en 1879; l'orateur Bertand, évêque de Tulle, mort en 1879; l'avocat Ed. Allou, mort en 1888 ; le romancier Elie Berthet, mort en 1891; le président Carnot, mort en 1894, etc.

Monuments.
De la basilique Saint-Martial, qui a tenu une si grande place dans la vie ecclésiastique du Moyen âge, il ne reste que le souvenir. Elle présentait quelques particularités sans la connaissance desquelles on ne saurait comprendre les textes. Au-dessus du tombeau de saint Martial, « apôtre de l'Aquitaine », on avait construit de fort bonne heure une église qu'on appela Saint-Pierre-du-Sépulcre. Une autre plus considérable fut élevée à côté, sous le nom de Saint-Sauveur, et consacrée en 848 en présence de Louis le Pieux. Reconstruite deux siècles plus tard (1021-1027), elle prit alors le vocable de Saint-Martial. C'est celle qu'Urbain II consacra de nouveau en 1095. Elle était en style auvergnat, à ce que l'on croit, mais d'aspect extérieur très simple. Seule la décoration intérieure éveillait la curiosité des fidèles. Sur le flanc droit de Saint-Pierre-du-Sépulcre, on éleva au XIIIe siècle une petite chapelle gothique qu'on appela Saint-Benoît ou encore église de la Grande-Confrérie (de Saint-Martial). Cet ensemble menaçait grandement ruine au XVIIIe siècle, et il fallut à plusieurs reprises exécuter d'importants travaux de consolidation. Vendue nationalement en 1791 ou 1792, la basilique de Saint-Martial ne fut démolie que lentement à partir de 1794, et c'est seulement en 1805 ou 1806 qu'on a nivelé le sol sur lequel elle s'élevait. 

La cathédrale Saint-Etienne.
La cathédrale Saint-Etienne occupe l'emplacement d'une basilique latine, de laquelle il ne subsiste que les parties basses de la tour. Cette basilique avait elle-même remplacé une église plus ancienne qui s'était substituée à un temple païen. La cathédrale' gothique a été commencée en 1273 , continuée durant tout le XIVe siècle, abandonnée pendant la plus grande partie du XVe, reprise à la fin de ce même siècle, et laissée, vers 1537, dans l'état où elle se trouve aujourd'hui. Le choeur fut rapidement construit, mais le transept ne fut achevé que vers 1330. Les deux premières travées de la nef datent de la fin du XVe siècle, le portail Nord remonte au commencement du XVIe. Les dernières travées de la nef n'ont été construites que dans la seconde moitié du XIXe siècle (1876-1889). 

Le choeur et l'abside sont des oeuvres pures et grandioses du style ogival primitif et secondaire; le transept et trois travées de la nef appartiennent au style flamboyant; trois autres travées, élevées seulement à la hauteur de 3 m, semblent attendre leur achèvement. Toute la construction, en granit compact et fin, s'est parfaitement conservée.

L'édifice a la forme d'une croix latine, avec chevet semi-circulaire, et est divisé en trois nefs. Le choeur, le transept et les nefs déambulatoires offrent une grande richesse de style et une ordonnance pleine de majesté. Les larges fenêtres sont garnies de vitraux assez bien conservés. 

Le jubé est une oeuvre de la Renaissance (1533-1534). Il se distingue par la profusion des ornements, la délicatesse et le fini des sculptures, et serait comparable à celui de Sainte-Madeleine de Troyes, si quelques dégradations n'en avaient pas altéré la beauté : on est étonné de trouver là des bas-reliefs représentant les travaux d'Hercule. La partie qui sert de tribune, et qui fait saillie en encorbellement, est soutenue par quatre colonnes, dont les intervalles sont occupés par six niches, aujourd'hui vides de leurs statues. Ce jubé se trouvait autrefois à sa place naturelle, entre le choeur et la nef; il a été transporté en 1789 au devant de la porte principale. 

Trois tombeaux, dignes d'attention, renferment les restes de deux évêques de Limoges et d'un doyen du chapitre : celui de l'évêque Regnault de La Porte, en face de la sacristie, construit en pierre calcaire dans le style du XIIIe et du XIVe siècle, est particulièrement remarquable. 

Le portail septentrional est une des parties les plus brillantes de l'église : la rosace semble formée d'une dentelle de pierre. 

Le clocher de la cathédrale de Limoges forme un massif indépendant, placé en dehors de l'aie de la nef, et d'un style tout différent : il est de forme octogonale, et présente au spectateur placé en face de la nef, non l'un de ses côtés, mais l'un de ses angles; il penche visiblement du côté de l'évêché. Élevé, dit-on, en 1190 ou 1191, frappé de la foudre en 1483, 1484 et 1571, il se compose de quatre étages, dont chacun est percé de deux ou trois ouvertures assez étroites et surmontées d'ogives très peu aiguës : la base repose sur une voûte en pendentif, soutenue par quatre piliers; le sommet n'indique plus que la naissance de la pyramide qui le couronnait. 

Les autres églises.
Des seize églises paroissiales que Limoges possédait encore au XVIIIe siècle, il ne reste que Saint-Pierre-du-Queyroix et Saint-Michel-des-Lions, auxquels on a ajouté en 1873-1877 trois nouvelles églises dans des bâtiments provisoires. 

Saint-Pierre-du-Queyroix (de Quadrivio), au bas de l'ancien château, remonte au XIIe siècle, à voir son chevet, ses piliers ronds et ses chapiteaux, mais le clocher est du XIIIe siècle; la façade, en gothique flamboyant, ne tut construite qu'en 1533-1534. Cette façade est malheureusement défigurée par un pan coupé qui détruit toute symétrie. 

Saint-Michel-des-Lions (de Leonibus), au sommet de l'ancien château, fut commencé en 1364, mais achevé seulement au XVe  siècle. Il est en forme de halle, c.-à-d. à peu près carré, avec nef à fond plat et trois voûtes d'égales hauteurs supportées par de minces piliers. Le clocher, qui a 55 m de hauteur, fut construit au-dessus du portail méridional en 1383. La boule de cuivre qui le surmonte n'a été placée qu'en 1829. 

Sainte-Marie-des-Jacobins, dans l'Entre-deux-Villes, à l'extrémité du faubourg du Pont Saint-Martial, fut commencée en 1241, mais appartient pour la plus grande partie au XIVe siècle. La chapelle du lycée, celle de Saint-Aurélien et de l'hôpital général sont des constructions du XVIIe s.

Les édifices civils.
Parmi les édifices civils, il faut citer l'évêché (1766-1787), la façade principale du lycée (1766-1774), le théâtre (1840), le palais de justice (1846), l'hôtel de ville (1883), les halles centrales (1889), la fontaine de l'hôtel de ville, toute en granit, bronze et porcelaine (1894); le musée céramique. Aux deux ponts Saint-Etienne et Saint-Martial (XIIIe siècle) ont été ajoutés le pont Louis-Philippe (1836), celui de la Révolution (1885), et un beau viaduc de 31 m de hauteur, pour le nouveau chemin de fer de Limoges à Toulouse (1889). (A. Leroux).

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Dictionnaire Villes et monuments
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