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Le mot abside, qui serait mieux écrit apside, vient du grec ayis, lui-même dérivé de aptw, ajuster. A proprement parler, il s'applique à tout assemblage ou liaison de différentes pièces se tenant l'une par l'autre. Aussi dans l'Antiquité s'en est-on servi, parfois, pour désigner un arc de triomphe, une coupole. D'après cela, il paraît évident que, dans un sens plus restreint, la voûte en quart de cercle dont est surmonté tout enfoncement semi-circulaire, à l'époque romaine, mérite seule le nom d'abside. Mais l'habitude a prévalu de confondre sous la même désignation le dessus et le dessous, en sorte que par abside nous devons comprendre ces grandes niches tout entières qui se creusent à l'extrémité de certains monuments. On en voit jusqu'à deux adossées l'une à l'autre dans le temple de Vénus et de Rome bâti par l'empereur Hadrien. Les édifices où se rendait la justice étaient le plus souvent terminés par une abside qui prenait alors le nom de Tribunal. C'est ce qui résulte du texte de Vitruve (V. I, 8) relatif au temple d'Auguste joint à la basilique de Fano. Dans les premières églises chrétiennes, qui participaient à la fois des anciens prétoires et des vastes salles plus particulièrement destinées au négoce, on se servait au contraire du terme de presbyterium. L'évêque entouré de son clergé prenait place au fond de l'hémicycle regardé comme la partie la plus noble de l'édifice. A ce titre il recevait des ornements d'une grande richesse; le mur courbe était revêtu de marbres précieux et le cul-defour de mosaïques. Telles sont à Rome l'abside de Sainte-Pudentienne (IVe siècle) et celle des Saints-Cosme-et-Damien (VIe siècle). Abside du temple de Vénus, à Rome. Les premières absides étaient sur plan semi-circulaire. A partir de Justinien on commença à leur donner parfois la forme polygonale. En outre, au lieu d'une, les églises en reçurent trois, celle du milieu étant plus grande que les deux autres. Mais, sous ce rapport, il n'y a pas de règle à proprement parler. Tout dépendait plus du caprice de l'architecte que des dimensions de l'édifice. Des églises fort secondaires, comme Saint-Clément de Rome, Sainte-Sabine et Saint-Pierre ès Liens possèdent trois absides, tandis que Sainte-Marie Majeure, Saint-Jean de Latran et Saint-Paul hors les Murs, qui comptent parmi les grandes basiliques, n'en ont jamais eu qu'une seule. Généralement les absides, quel que soit leur nombre, font saillie au dehors. Nous ne connaissons guère que Sainte-Marie in Cosmedin et la cathédrale de Poitiers où elles soient toutes dissimulées dans l'épaisseur des murs. Plus souvent, ainsi qu'on le voit à la Navicella de Rome et à l'église d'Ainay, à Lyon, cette disposition ne s'applique qu'aux absides secondaires. Abside ou presbyterium de Torcello. Certaines grandes églises, principalement dans la région des bords du Rhin, ont deux absides qui se font face, l'une à l'Est et l'autre à l'Ouest. Telles sont, par exemple, les cathédrales de Verdun, de Trèves, de Worms et de Bamberg. Quelques-unes également ont les deux transepts arrondis, comme les cathédrales de Tournai, de Bonn et de Noyon. Ces absides, dont le type primitif se trouve à Bethléem, dans la basilique bâtie par Constantin, ne différent entre elles que par l'orientation. En Italie et en Allemagne, rien n'est plus rare que de voir les collatéraux pourtourner le choeur des églises; mais en France, au contraire, dans les édifices de quelque importance, cette disposition est la règle, et l'on peut dire que les cathédrales de Lyon et de Vienne sont des exceptions. Il en résulte que par abside nous devons entendre alors la partie découpée inférieurement en arcades qui termine le choeur d'une église. Sa forme n'est pas régulière, et l'hémicycle fait souvent place à des pans coupés ou à un mur plat. On ne l'aperçoit pas à l'extérieur, si ce n'est à partir de la galerie de premier étage. Quant aux chapelles qui, en bien des cas, ont été ajoutées après coup (cathédrale Notre-Dame de Paris, cathédrale de Bourges, etc.), elles prennent le nom de chapelles absidales. Leur nombre est quelquefois très considérable et leur forme très variée. Abside de la Panagia, à Athènes. Les absides carrées qui se rencontrent dans les grandes églises, telles que la cathédrale de Laon et Saint-Julien de Tours, sont le résultat d'un remaniement et la construction n'a pas été primitivement conçue de la sorte. Cette disposition convient surtout aux édifices pour lesquels on a peu d'argent à dépenser; l'abside est alors recouverte par une voûte analogue à celle de la nef et il n'y a aucune combinaison nouvelle à trouver. Si pareille préoccupation n'a pas existé dans une province, c'est peut-être en Anjou. Là nous voyons que l'on s'est occupé de racheter les angles au moyen d'arcs en diagonale, de sorte qu'une complication volontairement cherchée vient encore s'ajouter aux difficultés de voûter un choeur à pans coupés. Une dernière forme d'abside - dont nous ne connaissons que deux exemples, l'un au Mont Athos, à l'église de Vatopédi, et l'autre à Saint-Quenin de Vaison, dans le département du Vaucluse, - ne saurait être passée sous silence. Tandis que l'intérieur est sur plan semi-circulaire, l'extérieur présente deux côtés d'un grand triangle. Peut-être cette combinaison a-t-elle pour but de donner à la construction un grande solidité? Les murs ont forcément en certains endroits une épaisseur considérable, et aucune poussée n'est à craindre.- Les Italiens, pour désigner une abside, se servent du mot tribuna, qui est assez significatif. Il en est de même de celui de concha, employé par les Latins et qui est une allusion à la forme de la voûte en cul-de-four ou en demi-coupole. (L. Palustre). Abside de Saint-Hilaire-le-Grand, à Poitiers. |
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