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Les Académies

Les académies sont des sociétés de gens de lettres, de savants ou d'artistes. Ces sociétés, dont le nom remonte à Platon et à son Académie, et dont Charlemagne avait donné l'exemple en créant dès 785 l'Académie appelée palatine parce qu'elle se réunissait dans son propre palais, fleurirent à la Renaissance, et surtout en Italie, où chaque ville avait son Académie; elles se répandirent ensuite en France et dans les autres pays de l'Europe. Celles qui ont eu l'importance historique la plus notable sont-:

En Italie :

Académie platonicienne de Florence, société fondée vers 1400 par Marsile Ficin; et dont firent partie Christophe Landino et Pic de La Mirandole. La philosophie dont on s'y occupait n'était pas précisément le platonisme, mais le néo-platonisme, mêlé de quelques idées péripatéticiennes, A la fin du XVe siècle, l'Académie platonicienne s'adonna au perfectionnement de la langue italienne, à l'étude de sa grammaire : Ange Politien et Machiavel y entrèrent alors. Les troubles de Florence amenèrent la dispersion de la société en 1521. II existe une Histoire de l'Académie platonicienne de Florence, par R. Sieveking, Göttingen, 1812, in-8°  (all.). 
L'académie della Crusca (c'est-à-dire du crible), fondée à Florence en 1582, qui s'occupe de critique, de littérature, et à laquelle on doit un dictionnaire italien qui fait loi (la 1re éd. parut en 1612).

L'Académie del Cimento, fondée à Florence, en 1657, par le cardinal Léopold de Médicis : on s'y occupait de sciences, surtout d'expériences de physique.

L'Académie des Arcades, ou mieux Académie des Arcadiens, société de savants et de littérateurs, formée à Rome, en 1690, dans le palais Corsini, où habitait la reine Christine de Suède. Ses membres, hommes ou femmes, étaient inscrits sous un nom de berger grec; pour prévenir les contestations de prééminence, ils siégeaient masquées, sous le costume des bergers d'Arcadie. Les armes de l'Académie furent une syrinx ou flûte pastorale, couronnée de pin et de laurier. Le jurisconsulte Gravina rédigea, dans la langue et dans le style de la loi des Douze Tables, les règlements de l'association, qui se proposait d'arrêter la décadence du goût. Au bout de dix ans, le nombre des membres s'élevait à 600. Crescimbeni, premier président des Arcades, publia un recueil de leurs poésies, avec la biographie des auteurs. Primitivement, l'Académie se réunissait sept fois par an, en plein air et dans un endroit champêtre. A partir de 1726, elle s'assemblera, en été, tous les jeudis, dans le bois de Parrhasius, sur le mont Janicule; en hiver, dans le Serbatajo (salle des archives), où sont conservés les ouvrages qui ont été lus et les portraits des principaux Arcades; les jours de grande solennité, au Capitole. Le président est élu tous les quatre ans, parce que, dans la Société, on compte par olympiades. Les Arcades publiaient un Giornale arcadico recueil mensuel.

L'Académie des Ardents, société savante de Viterbe, placée sous le patronage de Sainte Rose. Elle a adopté pour emblème un creuset rougi sur des charbons ardents. Il y a eu aussi à Naples une Académie des Ardents, dont la devise était un taureau placé sur un autel pour y être brûlé.

L'Académie de Saint-Luc, académie fondée à Rome, à la place d'une confrérie de même nom qui existait de temps immémorial, dans le but de relever les beaux-arts. Girolamo Muziano, peintre, graveur et mosaïste, surintendant des travaux du Vatican, en avait eu idée le premier, et le pape Grégoire XIII publia un bref à cet effet, le 15 septembre 1577. Toutefois, l'entreprise ne fut réalisée que par le peintre F. Zuccaro, en 1593, en vertu d'une bulle de Sixte-Quint. L'Académie de Saint-Luc existe encore aujourd'hui. Deux classes la composent : l'une, qui est la véritable Académie, compte dans son sein les artistes les plus habiles; l'autre, à laquelle est resté le nom de confrérie, admet des artistes moins en vue, et même les ouvriers dont la profession relève des beaux-arts. Parmi les peintres français qui en ont fait partie, on remarque Poussin, Lebrun, et Joseph Vernet. 

Une Société de Saint-Luc existait à Florence dès l'année 1350. Les peintres de Paris formèrent aussi une Académie de Saint-Luc en 1391. Charles VII, en confirmant leurs statuts en 1430, les exempta de toutes tailles, subsides, guet, gardes, etc. En 1613, la communauté des sculpteurs se joignit à eux. On admit plus tard les graveurs et les marbriers. En 1705, l'Académie de Saint-Luc obtint l'autorisation de tenir une école publique de dessin et de distribuer des prix. 
L'Académie des Argonautes, société savante instituée à Venise, à la sollicitation de Fr. Coronelli, pour le progrès des sciences géographiques. Sa devise était : Plus ultra. Chaque membre payait une cotisation, et recevait un certain nombre de cartes géographiques publiées par la Société. 
L'Académie des Argonautes servit de modèle à trois autres sociétés : l'une établie en Hongrie par Fr. Moro, provincial des Minorites; l'autre formée par un abbé Laurence à Paris, rue Payenne dans le Marais; la troisième, à Rome, par le P. Baldigiani, professeur de mathématiques au Collège romain. 
L'Institut de Bologne, fondé en 1690 sous le titre d'Institutum scientiarum et artium.

L'Académie des sciences de Turin, fondée en 1759.

L'Académie de Naples, fondée en 1779.


En France :

L'Académie Française, fondée à Paris en 1635, par Richelieu, pour fixer et polir la langue elle se compose de quarante membres et publie un dictionnaire dont la 1re édition a paru en 1694.

L'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, fondée en 1663 par Colbert : elle publie depuis 1717 des mémoires.

L'Académie des Sciences, fondée en 1666 par Colbert, sur l'ordre de Louis XIV, mais sans acte officiel émané de l'autorité royale : elle publie depuis 1699 des mémoires. Elle ne comprit d'abord que les sections de géometrie, d'astronomie, de mécanique, d'anatomie, de chimie, et de botanique; ses membres furent partagés en 4 classes : les membres honoraires, les membres effectifs, qui recevaient des émoluments, les associés, et les élèves; la première se composait de 10 membres, et les trois autres de 20 chacune. Le roi choisissait le président dans la première classe; le secrétaire et le trésorier étaient pris dans la seconde. Le régent Philippe d'Orléans supprima les élèves, et créa deux nouvelles classes, l'une de 12 adjoints, l'autre de 6 associés; on établit un vice-président, choisi parmi les membres honoraires, un directeur et un sous-directeur, qui devaient être membres effectifs. En 1785, on créa des classes d'histoire naturelle, d'agriculture, de minéralogie, et de physique. L'Académie  des Sciences, supprimée en 1793, reparut modifiée dans l'Institut. Elle avait publié jusque-là 139 volumes in-4° de Mémoires.Elle compte aujourd'hui onze sections de six membres chacune : géometrie, mécanique, physique, astronomie, géographie et navigation, chimie, minéralogie, botanique, agriculture, anatomie et zoologie, médecine et chirurgie.

L'Académie de Peinture et Sculpture, fondée par Mazarin en 1648; celle de Musique, fondée en 1666; celle d'Architecture, fondée en 1671.

L'académie d'Architecture fut  composée primitivement de Blondel, Levau, Bruant, Gittard, Lepautre, Mignard, D'Orbay et Félibien. Pendant 46 ans, ce fut le roi qui donna des brevets à ceux qu'il jugeait dignes d'entrer dans cette compagnie, dont son premier architecte fut le directeur. En 1717, le duc d'Antin, surintendant des bâtiments royaux, fit confirmer l'Académie d'architecture par lettres patentes, qui lui conféraient le droit de se recruter par élection, et elle reçut en même temps des statuts et réglements : le nombre des académiciens fut élevé de 8 à 24, et on en forma deux classes, la 1re composée de 10 architectes, d'un professeur et d'un secrétaire, et la 2e de 12 architectes. En 1728, la seconde classe fut augmentée de 8 membres; en 1756, elle en perdit 4, qui passèrent dans la première. L'Académie fut supprimée momentanément, en 1767, pour avoir protesté contre la nomination illégale de Wailly. Réorganisée par de nouvelles lettres patentes en 1775, elle fut composée : 1° de 32 architectes, divisés en deux classes, dont la première eut un directeur, un professeur d'architecture et un professeur de mathématiques ; 2° de 10 membres honoraires,associés libres; 3° de 12 correspondants ou associés étrangers. Le surintendant des bâtiments continua, comme par le passé, de nommer le secrétaire perpétuel. En 1793, l'Académie d'architecture disparut. Il n'y a plus aujourd'hui qu'une section d'architecture dans l'Académie des Beaux-Arts
L'Académie des Sciences morales et politiques, fondée en 1795 comme une des classes de l'Institut, supprimée en 1803, rétablie en 1832.

Les anciennes Académies furent réorganisées en l'an IV (1795), et réunies, sous le nom d'Institut de France, en un seul corps qui fut subdivisé en 5 classes. L'Institut comprend aujourd'hui l'Académie Française, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts, l'Académie des Sciences morales et politiques.

En Grande-Bretagne :
La Société royale de Londres, fondée à Oxford en 1645, transférée à Londres en 1660: elle publie des mémoires sous le titre de Philosophical Transactions;

La Société royale d'Édimbourg, fondée 1731 : elle publie aussi des mémoires.


En Allemagne :

L'Académie des Curieux de la Nature, Naturæ Curiosorum, qui fut fondée en 1652, à Leipzig, par le médecin Bausch, et qui se réunit successivement à Breslau, à Nuremberg et à Bonn; en 1677 l'empereur Léopold la prit sous sa protection, et l'établit a Vienne : elle a depuis porté le nom d'Académie Léopoldine;

L'Académie royale des Sciences de Berlin, fondée en 1700 par Frédéric I, et dont Leibniz fut le premier directeur : elle publie des mémoires qui, après avoir été rédigés en latin et en français, le sont auj. en allemand;

La Société de Goettingen, fondée en 1750; celle de Munich, fondée en 1759.


En Suède :

L'Académie d'Upsala, fondée en 1710 pour l'étude des langues du Nord.

L'Académie des Sciences de Stockholm, qui publie des mémoires depuis 1739.

En Espagne :
L'Académie royale, fondée en 1713 par le duc d'Escalona, pour la culture de la langue; elle siège à Madrid.
En Russie :
L'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, dont les bases furent posées par Pierre le Grand, en 1724, mais qui ne fut réalisée que sous Catherine I, en 1725 : elle publia à partir de 1738 des mémoires qui furent d'abord rédigés pour la plupart en français ou en latin
Sans rapport avec les académies fondées en Europe :

En Chine :

Han-Lin, c.-à-d. en chinois Forêt de pinceaux, académie politique et littéraire fondée à Pékin, au VIIe siècle de notre ère, par l'empereur Hiouan-Tsong. Son nom vient des pinceaux qui, en Chine, servaient à écrire. Ses membres ne publiaient que des ouvrages collectifs, qui étaient imprimés par le gouvernement, et distribués aux bibliothèques des villes et aux principaux fonctionnaires.
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Dictionnaire biographique
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