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ou Platonisme |
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Platon,
disciple de Cratyle, puis de Socrate,
initié par le premier à la doctrine d'Héraclite,
dont le fond est que tout s'écoule perpétuellement, qu'il n'y a rien
de fixe, partant point de science possible, chercha,
dans la méthode du second, un correctif à ce
scepticisme
oĂą la philosophie de l'Ă©cole
ionienne avait fini par se résoudre. Or, en quoi consistait la méthode
de Socrate? En ceci principalement, qu'il laissait de côté la contemplation
du monde physique, pour s'attacher de préférence à l'étude de l'humain
intérieur; et que, dans tout sujet, il s'efforçait de dégager, sous
forme de définitions, les idées
générales. Du compromis et de la fusion de ces doctrines naquit une philosophie
très détachée des faits et de l'expérience
sensible, très spiritualiste, très élevée
dans ses aspirations souvent chimériques, et ayant pour principal défaut
de prendre pour des réalités, bien plus, pour
la seule réalité, des conceptions abstraites
de l'esprit, les idées, base du système,
dont il faut, avant tout tâcher de bien comprendre la nature et le rôle,
au sens oĂą Platon les a entendues.
Tout s'écoule, tout change perpétuellement, avait dit Héraclite. Cela est vrai, si l'on considère les êtres et les phénomènes dans leur individualité; mais comparez les individus, vous trouverez dans chacun d'eux des caractères qui lui sont propres, caractères mobiles et transitoires; et puis, à côté de cela, vous trouverez dans tous un certain nombre de caractères communs et immuables : chez les humains, par exemple, tel est grand, tel autre petit; l'un est en santé, l'autre est malade, Socrate est philosophe, Périclès homme d'Etat; mais tous ont certains caractères communs qui les font humains malgré leurs différences individuelles et malgré les transformations que chacun d'eux peut subir. Qu'est-ce que cela suppose? Une essence, une forme commune. Forme se dit en grec Eidos ou Idea. L'Idée est la forme ou l'essence commune des êtres et des phénomènes de même espèce. II faut bien remarquer ici qu'il ne s'agit point de la forme en tant qu'elle est dans les individus. Les caractères généraux qui sont dans l'objet ne sont pas encore l'Idée. L'Idée est le principe de ces caractères: si tous les cercles se ressemblent, si tous les humains se ressemblent, c'est qu'il y a le cercle en soi; l'humain en soi, autrement dit l'Idée du cercle, l'Idée de l'humain, que tous les cercles, que tous les humains imitent, ou dont ils participent, pour reproduire les expressions de Platon qui, d'ailleurs, s'en tient à cette indication vague sans expliquer nulle part en quoi consiste la participation ou imitation des objets relativement à leurs Idées respectives. L'Idée n'est donc pas ce qui est dans les objets; c'est ce qui est en soi et d'une manière absolue; c'est l'essence des objets individuels. Ce n'est pas une abstraction, une forme de notre entendement que nous appliquons aux choses ou que nous en tirons par voie d'abstraction : c'est un être, et même c'est l'être par excellence; tout le reste n'a que l'apparence de l'être. Si l'on pouvait douter, après avoir lu
les principaux dialogues dans lesquels Platon
s'est expliqué sur le compte des Idées, Phèdre,
Théétète A ce dernier point de vue, cependant, il ne faudrait pas trop presser la doctrine de Platon pour en faire sortir le système de l'unité, de l'être absolu, tel que l'avaient compris avant lui les Éléates, et que le reproduisirent les néoplatoniciens de l'école d'Alexandrie. La dialectique, c.-à -d. la méthode qui consiste à parcourir la série des objets intelligibles, en en recueillant les caractères de plus en plus généraux, aboutit, de généralisation en généralisation, à l'idée de l'être ou de l'un, qui est le véritable Dieu et le Tout de la philosophie platonicienne. Si l'on s'enferme dans ce point de vue, on peut donc adresser à Platon le reproche d'avoir déplacé arbitrairement les conditions de l'existence pour les attribuer à des abstractions, et pour aboutir, en dernière analyse, au panthéisme. Mais Platon, par bonheur, n'est pas un de ces esprits tout d'une pièce, qui se soucient moins de la vérité que de l'enchaînement logique de toutes les parties de leur système. A côté de la métaphysique plus que contestable que nous venons d'esquisser, on trouve çà et là chez lui les éléments d'une théodicée plus en harmonie avec les faits, d'une psychologie souvent fort pénétrante et fort exacte, d'une morale toujours fort pure et fort élevée. Ainsi Dieu n'est pas seulement l'idée suprême dans laquelle toute existence vient s'absorber et se confondre. C'est encore le Bien, le Soleil du mondé moral (République, liv. VII). Le Timée et le Xe livre des Lois nous le montrent comme le premier moteur, comme l'artisan (Démiurge) qui arrange et dispose la matière sur le modèle des Idées. La matière est coéternelle à Dieu. En psychologie, Platon a fait deux choses
très importantes : il a établi par des considérations très diverses
et d'une inégale valeur, les unes très solides, les autres subtiles et
tant soit peu sophistiques ( Ici la théorie des Idées se réduit presque à un symbole. L'âme tend à s'élever vers les Idées, vers la région céleste où elle peut contempler le Beau, le Vrai, le Bien en soi. Telle est la fonction de la Raison. Mais elle est détournée de cette contemplation sereine par les mouvements turbulents des passions. Apaiser ces mouvements, se détacher des objets sensibles, se dégager des ténèbres où la foule des humains reste plongée, tel est le but des efforts du sage. Plus il s'éclaire, plus il devient vertueux. Ce n'est d'ailleurs que par degrés que l'on s'élève à la science véritable. L'esprit part de la sensation, traverse l'opinion, et ne parvient qu'en dernier lieu à la science ou connaissance rationnelle. C'est alors qu'en présence des Idées du Vrai, de l'Ordre, et du Beau, triple manifestation de l'Essence suprême, de Dieu au du Bien qui ne sont qu'un, l'âme dédaignant le plaisir prend pour modèles ces Idées et les reproduit en elle au moyen des trois facultés dont elle est douée. Chacune de ces facultés, bien dirigées, peut en effet engendrer une vertu, Sagesse, Courage, et Tempérance. Ou plutôt l'Intelligence est, de sa nature, sagesse, et par conséquent vertu. Mais il n'en est pas de même de la force, qui peut, selon qu'elle est bien ou mal dirigée, devenir Courage ou Férocité; ni de la Passion, qui est vice de sa nature, et qui ne devient vertu qu'autant qu'elle est domptée par le courage mis au service de la Raison. II y a là une lutte dans laquelle les instincts bas et grossiers l'emportent souvent sur les efforts réunis des autres facultés. C'est, dans le langage figuré de Platon, le cheval noir qui entraîne le char, emblème de l'âme, en dépit du cheval blanc son compagnon et en dépit du cocher, et qu'on ne peut dompter qu'à force de coups et de châtiments. Outre la Sagesse, le Courage et la Tempérance, Platon parle d'une quatrième vertu qu'il appelle la Justice. La Justice est l'harmonie des autres vertus; et cela dans l'ordre politique aussi bien que dans l'ordre purement moral. Car, aux yeux de Platon, la morale et la politique ne sont pas deux choses différentes. La politique n'est autre chose que la morale étendue à un sujet plus vaste, c'est à savoir l'État, au lieu de l'individu. C'est, pour nous servir de l'ingénieuse comparaison de Platon, la même inscription en plus gros caractères, par conséquent plus facile à lire. Cela posé, il établit que, dans un Etat bien constitué, l'on doit trouver la vertu et les diverses parties de la vertu. La sagesse sera l'attribution des magistrats chargés du gouvernement de l'État; le courage, celle des guerriers. Quant à la tempérance, c'est une manière d'être bien ordonnée, l'empire qu'on exerce sur ses passions; dans l'État elle sera représentée par le pouvoir que ses gardiens, magistrats et guerriers, exercent sur la multitude. Enfin, comme la justice individuelle consiste dans l'harmonie des autres vertus et de toutes les facultés de l'âme, la justice dans l'État consiste à ce que chaque citoyen n'accomplisse que les fonctions auxquelles il est propre, sans que les rôles soient intervertis, et en vue de l'unité la plus complète possible. Le meilleur gouvernement pour Platon, c'est une aristocratie fondée sur la vertu d'abord, et ensuite sur la naissance, autant qu'elle sert à transmettre les vertus et les talents. Nous ne saurions entrer ici dans l'examen des institutions plus ou moins idéales à l'aide desquelles Platon a cru que cet ordre pouvait être réalisé. C'est l'objet principal des deux grands dialogues de la République et des Lois. Nous avons dit que Platon professait très
nettement le dogme de l'immortalité de l'âme; ajoutons que ce dogme paraît
avoir été inséparable, pour lui, de celui d'une rémunération équitable
des bonnes et des mauvaises actions. Ce dernier point n'est nulle part
précisément l'objet d'une discussion scientifique, mais se trouve très
clairement indiqué dans les récits allégoriques qui terminent le Gorgias
et la République. La vérité y cotoie différentes opinions superstitieuses
empruntées, à ce qu'il semble, au Pythagorisme
et aux mythologies La doctrine philosophique de Platon, telle
qu'on vient de l'esquisser, bien que fixée dans des écrits dont (sauf
quelques dialogues peu importants) on ne conteste pas l'authenticité,
ne laissa pas de subir, immédiatement après la mort de son auteur, diverses
transformations qui eurent pour résultat de l'amoindrir. L'école platonicienne
se partage (
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