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La science et les sciences

Le mot science (en latin scientia, de scire = savoir) ne désigne étymologiquement qu'un savoir quelconque. C'est que la science naît de la connaissance commune et ne fait, à vrai dire, que la prolonger de l'aveu de Spencer, « nulle part on ne peut dire : Ici commence la science ». Mais si, par ses débuts, elle se distingue mal de l'exercice instinctif de l'esprit, elle ne tarde pas à s'en séparer, au point de s'opposer à lui, simplement parce que ses procédés deviennent conscients et fixes, et par là même exclusifs dans leur but et leurs conditions de légitimité. La science est une connaissance organisée et méthodique.  De là ses caractères essentiels : 
1° La connaissance commune reste pratique et utilitaire; suscitée par les nécessités de l'action, elle ne considère dans les objets que ce qui nous est indispensable pour agir directement sur eux, les provoquer, les détourner ou les modifier. La science, si elle naît toujours d'un art pratique, ne devient elle-même que lorsqu'elle commence à être un exercice désintéressé de la pensée, sans autre fin immédiate que de satisfaire notre curiosité ou notre besoin de comprendre. Par là même elle peut devenir systématique : la science unifiée d'un certain ordre de données implique toujours la connaissance de toute une chaîne de phénomènes naturellement ou logiquement inséparables, dont quelques-uns seulement intéressent la vie. 

Aussi, tout en servant par ses applications à la pratique, elle se sépare de plus en plus des arts et des techniques avec lesquels elle se confondait d'abord; ceux-ci rapprochent les choses d'après leur fin un leur utilité commune, la science, selon leurs connexions intimes et leur intelligibilité; la découverte scientifique est tout autre chose que l'invention industrielle. Le positivisme a eu le mérite d'insister sur ce caractère tout théorique de la vraie science : 

« Le matelot, qu'une exacte observation de la longitude préserve du naufrage, doit la vie à une théorie conçue 2000 ans auparavant, par des hommes de génie qui avaient en vue de simples spéculations géométriques » (Auguste Comte citant Condorcet). 
2° Parce qu'elle reste utilitaire, la connaissance commune reste aussi enfermée dans le concret; si elle use d'abstraction et de généralisation, les notions empiriques ainsi formées ne lui servent guère qu'à désigner ou à reconnaître des objets ou des faits particuliers. La science a pour objet propre la notion abstraite et générale elle-même; elle ne connaît les individus que pour dégager et définir ce qu'ils ont de constant et de commun : « il n'y a pas de science de ce qui s'écoule »; « il n'y a de science que du général». Arriverait-elle, par impossible, à épuiser tous les caractères d'un individu, elle ne le connaîtrait toujours pas en tant qu'individu : décomposant et analysant ses caractères, elle les constitue en entités abstraites, indépendantes des conditions de temps et de lieu, et qui restent les mêmes, que l'individu soit unique ou répété à mille exemplaires, et immuables, qu'il ait une existence instantanée ou éternelle. Aussi est-il contradictoire de parler de « sciences concrètes »: tout ce qu'on veut dire par là se ramène à la distinction très nette du logicien Durand de Gros entre les sciences de caractères abstraits (les mathématiques, par ex.) et les sciences d'objets abstraits (l'histoire naturelle, par ex.). 

De là vient qu'on a pu opposer le mouvement de la nature, qui produit sans cesse du concret et de l'individuel, et le mouvement de la science qui substitue à cette multiplicité un nombre de plus en plus restreint de lois ou de types généraux; et encore l'oeuvre des beaux-arts et l'oeuvre de la science, les premiers décrivant on imitant la nature, c.-à.d. s'essayant comme elle à créer des individus concrets et vivants, objets d'intuition; la seconde décomposant et, pour les expliquer, détruisant les réalités naturelles, réduites à l'état d'objets de conception

3° De là la nature et les limites de l'explication scientifique. Les explications de la connaissance commune se réduisent, soit à attribuer aux phénomènes une cause-transcendante plus ou moins analogue à la volonté humaine, soit à les rattacher tant bien que mal à un phénomène habituel qui n'excite plus la surprise. La science, lorsqu'elle a pris sa forme positive, prétend déterminer les conditions-nécessaires des phénomènes, c.-à-d. celles qui sont partout présentes lorsque le phénomène se produit et sans lesquelles il ne se produit jamais: en d'autres termes, elle veut en déterminer la lui. Par là, la science, au moins actuelle, s'oppose à toute métaphysique et à toute théologie, elle se désintéresse de la fin, de la cause, de l'essence intime des choses; elle s'arrête aux concomitances ou aux successions constantes, au « détermnisme » des phénomènes. Elle repose ainsi sur l'affirmation que ce « déterminisme » existe, qu'il y a des « lois de la nature ». 

Mais la science, sans cesser d'être positive, tend à une explication plus complète. Non seulement en mathématique, mais dans les parties les plus avancées des sciences de la nature, elle va plus loin que la loi : entre les divers phénomènes elle retrouve une continuité réelle, la persistance d'une certaine forme, ou d'une certaine force, on d'un certain mouvement diversement modifiés par des circonstances différentes; si bien que le conséquent n'est que l'antécédent même, géométriquement on mécaniquement combiné avec des forces étrangères, elles-mêmes représentables et mesurables. Cette déduction véritable détermine le mode de formation des phénomènes, nous les fait en quelque sorte recréer par l'esprit; réalisée dans quelques sciences, là où l'on a pu dégager des rapports de quantité, elle semble l'idéal où tendent toutes les autres. 

Dans cet état seulement, la science arrive à constituer vraiment un système, où non seulement les faits particuliers sont ramenés à des lois générales, mais ces lois déduites de principes plus généraux encore, et indéfiniment ainsi, jusqu'au rêve d'une loi unique et suprême d'où tout le reste découlerait. 

4° Par là, tandis que la connaissance commune ne dépasse pas le vraisemblable, la science peut atteindre, sinon la certitude métaphysique, au moins tout ce qu'on peut pratiquement entendre par ce mot. La connaissance scientifique est prouvée. La preuve, comme y a insisté Auguste Comte, peut être décisive de deux façons : tantôt elle permet de prévoir et de prédire le phénomène, ainsi en astronomie; tantôt elle permet de le modifier, de le susciter ou de le détruire, ainsi en physique

Mais la science a une garantie plus générale au lieu d'être instinctive et irréfléchie, elle s'accompagne d'une pleine conscience de ses procédés; le chercheur sait comment chaque résultat a été obtenu, avec quelles approximations et quelles précautions; il peut toujours le critiquer, le vérifier. La science n'est plus dès lors une oeuvre individuelle, mais l'oeuvre impersonnelle de la raison même; chaque effort particulier, si ingénieux au puissant qu'il soit, chacun pouvant le comprendre, le répéter et par là se l'approprier, va se perdre dans l'effort collectif et anonyme de humanité tout entière. Ainsi la méthode est plus qu'un instrument de progrès pour la science, elle en constitue un des caractères essentiels; elle sert moins encore à découvrir des vérités qu'à les définir comme scientifiques.

Enfin, lorsqu'elle est devenue déductive et démonstrative, la science y trouve une garantie plus entière encore. Alors, chaque fait nouveau conforme au système 
antérieur de lois établies en augmente indéfiniment la probabilité, tandis qu'inversement tout l'ensemble des vérités acquises confirme sa propre exactitude. Et nul doute que l'idéal de la science ne soit tel : constituer, en un seul corps de vérités indissolublement solidaires, toutes nos idées sur l'univers; trouver une théorie des choses qui, en les déduisant l'une de l'autre, les explique toutes, sans en oublier ni en contredire aucune. Une telle théorie trouverait sa preuve suprême dans sa cohérence, et, si on peut dire, sa réussite même. Alors la science existerait, au sens plein et absolu. 

Mais nul doute aussi que cet idéal ne soit très lointain, et de moins en moins on se croit autorisé à le dire réalisable. Il existe des sciences, la science n'est qu'une abstraction. Elles ont beau présenter toutes les mêmes caractères logiques : cette forme commune ne peut faire oublier la diversité réelle de nos connaissances, des objets qu'elles étudient et des méthodes qu'elles emploient. 

Les sciences. Les classifications des sciences.
Si les sciences particulières aspirent à s'organiser en un seul corps de doctrines, elles semblent de même avoir constitué à l'origine une masse unique et confuse, que l'Antiquité grecque appela philosophie. De ce tronc commun les diverses sciences divergèrent peu à peu, à mesure qu'une catégorie d'objets, mieux connue, fut conçue comme se suffisant à elle-même et s'expliquant par ses lois propres : le succès de chaque science fut ainsi le critère de sa légitimité. Cette différenciation s'accomplit depuis lors avec une rapidité toujours accrue : « la division du travail scientifique » est un des phénomènes les plus frappants du monde moderne depuis la Renaissance, gage et condition de progrès ininterrompus, mais poussée si loin pourtant qu'elle a paru à quelques-uns, à Auguste Comte, par exemple, offrir des dangers presque égaux à ses avantages. Le contrepoids naturel et nécessaire de la différenciation à outrance, c'est la philosophie, qui, si elle est autre chose et plus que cette « spécialité des généralités » à quoi Aug. Comte voulait la réduire, est bien pourtant avant tout une philosophie des sciences, c'est-à-dire une réflexion sur les conditions, les méthodes, la portée et les relations des diverses branches du savoir humain. Fixer à chacune sa place, voir dans quelle mesure elles semblent s'organiser, ou non, en une science unique, tel est le rôle et la signification d'une classification des sciences

Les difficultés en sont grandes : il faut d'abord et avant tout, établir un ordre logique entre les diverses sciences, mais il faut en même temps tenir compte des divisions existant en fait entre elles, et qui sont, dans une large mesure, empiriques et irrationnelles. Pourtant presque tous les grands philosophes ont tenté cette sorte d'inventaire des richesses de la pensée, qui semble le complément nécessaire de toute théorie de la nature et de l'esprit. Ils l'ont fondé tour à tour sur deux principes différents, tantôt la nature du sujet qui connaît, tantôt la nature des objets connus : mais peut-être qu'en réalité toute classification doit tenir compte à la fois, bien que dans une mesure variable, de l'un et de l'autre facteur. 

Il serait vain de chercher une classification des sciences dans la première époque de la pensée grecque. La période de réflexion critique représentée par les sophistes et par Socrate la rendront possible, en même temps que la constitution des mathématiques en une doctrine nettement indépendante. On pourrait peut-être trouver dans la psychologie de Platon l'esquisse d'une classification des sciences, fondée sur la distinction des trois âmes, et des arts ou des sciences qui correspondent à chacune; mais la dialectique platonicienne apparaît plutôt, d'autre part, comme s employant tout entière à établir l'unité de la science, et, en déterminant les rapports des idées entre elles et leur ordre de participation mutuelle, à retrouver la filiation et la continuité des diverses sciences en même temps que de leurs objets. En tout cas, un tel système se préaccupe peu de répondre à la distribution réelle des efforts scientifiques.

Aristote, au contraire, s'attache moins à montrer l'unité métaphysique du savoir que ses espèces réelles, dans leur diversité et leur indépendance : le premier, il consacre aux sujets différents des traités spéciaux, dont le titre même est comme une revendication d'autonomie; et, en un sens, son apport le plus significatif à la classification des sciences est constitué par le catalogue même de ses oeuvres. Pour sa classification proprement dite, en sciences poétiques, pratiques et théorétiques, elle tend seulement à fixer la place de la connaissance spéculative dans l'ensemble de la vie et des oeuvres humaines. On en pourrait dire autant de la triple division de la philosophie pour les épicuriens et les stoïciens, en canonique (logique), physique et éthique

Le Moyen âge à son tour s'est peu occupé de la question, et la distinction des sept arts libéraux, du trivium et du quadrivium, n'est qu'un plan d'études, et des moins rationnels

Bacon semble avoir voulu faire de son oeuvre entière comme une vaste classification des sciences possibles et futures autant que des sciences constituées : mais les principes en sont encore empruntés à la tradition, soit antique, soit médiévale. Aux trois facultés de l'âme, mémoire, imagination, raison, répondent l'histoire, la poésie, la philosophie, et il est devenu banal d'objecter à cette division la solidarité nécessaire de toutes les facultés de l'esprit. Néanmoins, la constitution en un groupe distinct de l'histoire avec toutes ses subdivisions - histoire naturelle (des corps célestes, des météores, de la Terre, des espères végétales et animales, des monstres); histoire des arts; histoire civile (ecclésiastique, littéraire, civile proprement dite) - annonce une des idées essentielles de la philosophie des sciences, la distinction des sciences qui décrivent et racontent, et de celles qui expliquent; ou encore de l'érudition et de la science véritable. Quant aux diverses sciences qui rentrent pour Bacon dans la philosophie, elles se rapportent, selon une division classique et qui se fonde sur la nature des objets d'étude, et non plus sur celle du sujet, soit à Dieu (théologie inspirée ou naturelle), soit à la nature (philosophie première, métaphysique, physique, philosophie pratique, c.-à-d. mécanique et magie, mathématiques), soit à l'humain, à la fois physique (médecine, etc.) et moral (logique, morale, politique). 

Descartes se préoccupe de donner à la science le sentiment de son objet et de l'unité de sa méthode plutôt que de lui imposer des divisions. Tout ce qu'on peut appeler sa classification se réduit à la phrase souvent citée : 

« Toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, la médecine, la mécanique et la morale.».
De même, tous les grands cartésiens sont soucieux de préciser la notion de science, ou de lui fournir de précieux instruments de progrès, plus que d'en fragmenter l'unité logique et idéale. 

Un siècle plus tard, lorsque les nécessités de leur entreprise amènent les Encyclopédistes à dresser un tableau général des connaissances humaines, ils s'y montrent encore dominés par des idées traditionnelles, par l'exemple de Bacon, et assez timides pour y faire figurer des connaissances, comme la théologie, naturelle ou révélée, ou même l'ontologie, que leur oeuvre était en partie destinée à ruiner. Mais, s'ils sont fidèles à Bacon dans la plupart de leurs divisions, leur distribution des sciences de la nature en trois groupes : mathématiques pures, mathématiques mixtes (mécanique, astronomie géométrique, optique, acoustique, pneumatique, calcul des probabilités), et physiques particulières (zoologie, astronomie physique, géologie, botanique, minéralogie, chimie), annonce des principes plus rationnels. 
Ces principes, Auguste Comte et Ampère les ont mis en lumière et imposés. Leurs deux classifications se produisent à quatre années de distance et présentent de frappantes analogies

Ampère se propose de faire pour les sciences 

« ce que de Jussieu a fait à l'égard des végétaux, en en commençant l'ordre naturel par ceux dont l'organisation est la plus simple, et en l'élevant graduellement à ceux dont l'organisation devient de plus en plus compliquée... Il faut commencer par les sciences qui reposent sur un plus petit nombre d'idées et de principes ».
C'est là l'idée même d'Aug. Comte : mais, chez Ampère, elle ne se présente pas comme la fondement unique de toute sa classification, et, moins systématique, moins critiquable par là même, elle a aussi moins de portée. Ampère prétend fondre, en effet, « le critérium-subjectif » et « l'objectif »; pour lui, chaque groupe d'objets naturels doit donner lieu à quatre espèces de sciences, selon le point de vue d'où on l'étudie : 
1° le point de vue auloptique : ce que l'on y voit du premier coup d'oeil; 

2° le point de vue cryptoïistique : ce qu'on découvre en se fondant sur les connaissances obtenues au premier point de vue; 

3°le point de vue troponomique: rechercher les lois des changements de l'objet; 

4° le point de vue cryptologique : rechercher ces mêmes lois dans ce qu'elles ont de plus caché, en s'aidant des connaissances acquises au point de vue troponomique.

Ainsi, les mathématiques se subdivisent, selon les quatre points de vue, en arithmologie, géométrie, mécanique et uranologie. Or, ni ces quatre points de vue ne correspondent à une distinction psychologique bien nette, ni leur application à tous les ordres de sciences ne va sans beaucoup d'artifices et d'approximations. De là le grand défaut de cette tentative : elle est trop complète et chimériquement symétrique; elle fait état de 224 sciences du 3e ordre, constituant, deux à deux, 64 sciences du 2e ordre, celles-ci, deux à deux, 32 sciences du 1er ordre, et celles-ci rentrant à leur tour dans des sous-embranchements, des embranchements, des sous-règnes, et finalement dans les deux grands règnes des sciences cosmologiques et des sciences noologiques. Par exemple, les sciences cosmologiques se divisent en cosmologiques proprement dites et en physiologiques; les premières en mathématiques et en physiques; les mathématiques en mathématiques pures et en physico-mathématiques, et enveloppent les quatre grandes sciences de premier ordre, arithmologie, géométrie, mécanique, uranologie.

Cette exacte correspondance se retrouve encore, au moins pour le règne cosmologique, dans les relations des deux sciences rapprochées dans chaque dernier groupe : la première est toute théorique; la seconde est le plus souvent l'application de la première à une catégorie d'êtres ou d'objets concrets, souvent mème n'est quel art ou la technique correspondante; ex.: nosologie et médecine pratique, zoologie et zootechnie, botanique et agriculture, etc., ce qui nous amène, par analogie, à considérer non seulement l'uranologIe comme une application de la mécanique, mais la géométrie comme une application de l'arithmétique et de l'algèbre : autant d'idées chères à Aug. Comte. 

Quant à la grande distinction des sciences cosmologiques et des sciences noologiques et l'importance égale accordée à celles-ci et à celles là, on a souvent remarqué de quelle largeur de vues elle témoignait chez un pur savant comme Ampère. Mais il faut reconnaître qu'elle mêle en une énumération incohérente des sciences existantes et d'autres possibles, les sciences et les beaux-arts, et enfin des études de nature et de méthodes opposées : celles qui prétendent traiter les faits humains à la manière d'objets extérieurs, et la métaphysique ou l'éthique par exemple. 

La classification d'Aug. Comte, plus simple, plus systématique sans doute et plus ambitieuse, est par là même d'une portée plus large. Ce qu'il y a d'étroit et d'exclusif dans la doctrine positive n'y nuit même pas peut-être, en lui faisant rejeter hors de son cadre la métaphysique et les autres branches de la philosophie qui soulèvent tant de difficultés, et auxquelles le titre même de sciences ne s'applique pas sans équivoque.

Sa classification se prétend absolument objective, et cela doublement : d'abord, parce qu'elle exprimerait les rapports naturels des sciences, ensuite parce qu'elle en reproduirait l'ordre de succession dans le temps

Les sciences se rangent naturellement dans un ordre d'abstraction décroissante et de, complexité croissante, les premières se suffisant à elles-mêmes, les autres impliquant continuellement celles qui les précèdent; et à mesure qu'elles deviennent plus complexes, les sciences réclament des procédés d'investigation de plus en plus compliqués et indirects, de moins en moins précis. Aussi dès qu'une science est constituée, elle peut fournir des pocédés ou de recherche ou de raisonnement à celles qui la suivent : 

«  Toute doctrine peut être convertie on une méthode à l'égard des sciences qui la suivent dans la hiérarchie scientifique, sans pouvoir l'être jamais envers celles qui la précèdent ». (Cours de Phil. pos., XIe lec,).
C'est ainsi que l'analyse pure ou l'algèbre peut être considérée, tantôt comme une science distincte, tantôt comme la méthode commune à toutes les sciences : non pas que toutes puissent s'y réduire intégralement, mais parce qu'à toutes elle semble devoir s'appliquer tôt ou tard. En même temps, au point de vue historique, les sciences les plus simples se sont constituées les premières, et les autres plus ou moins tard, à proportion de leur complexité. II est vrai que l'esprit humain a dû aborder à la fois toutes les études, il a même commencé souvent par les plus complexes; mais la classification marque seulement l'ordre suivant lequel les diverses sciences se sont débarrassées de la métaphysique et constituées à l'état positif; et par là, se rattachant à la loi des trois états et au principe, même du positivisme, elle en devient une des pièces essentielles. 

On arrive ainsi à la distinction de six grands groupes de sciences; les mathématiques (calcul, géométrie, mécanique rationnelle), puis l'astronomie, la physique, la chimie, étudiant toutes trois les corps bruts; la biologie (comportant comme dernière subdivision la « physiologie intellectuelle et affective »), et la physique sociale ou sociologie, science nouvelle que Comte croit inaugurer. Enfin, en dehors de ces grandes sciences théoriques, restent des études concrètes ou descriptives ou narratives, qui amassent des connaissances et ne les expliquent pas; à chaque science théorique correspond un savoir concret de ce genre. Quant à la philosophie positive, elle n'est que l'étude des généralités scientifiques et de leurs rapports. 

La classification d'Aug. Comte a eu une influence considérable. On a tout d'abord opposé les objections les plus fortes à la prétention de faire coïncider le développement historique des sciences avec leur hiérarchie logique : et sur ce point le système de Comte peut être considéré comme ruiné. On a contesté aussi le nombre et la place de ses six grandes sciences fondamentales, mais presque toujours en conservant son principe général. Ainsi Spencer, bien qu'il ait, consacré tout un livre à faire ressortir l'originalité de sa propre classification, n'a proposé en somme qu'une variante de celle d'Aug. Comte : il y introduit la psychologie, qui, à la considérer même comme science positive, a droit à une place à part, et transporte l'astronomie au rang des sciences concrètes. Sur le premier point, on peut lui donner cause gagnée; mais, en ce qui regarde l'astronomie, on peut se demander si c'est là encore sa vraie place, et si, en en détachant la partie de pure déduction mécanique, elle ne se réduit pas à une « géographie du ciel », à un savoir plutôt qu'une science. Pour le reste, Spencer n'innove que par les noms dont il désigne ses trois groupes de sciences : les sciences abstraites (logique et mathématique), qui étudient les formes des phénomènes; les abstraites-concrètes, qui en étudient les éléments (mécanique, physique, chimie), et les sciences concrètes, qui étudieraient les phénomènes dans leur unité, tels qu'ils sont donnés (astronomie, géologie, biologie, psychologie, sociologie) : et nul doute que cette dernière appellation ne constitue un étrange paradoxe philosophique, et que parler de sciences concrètes ne soit, à la rigueur, un non-sens. 

De même, le principe de Comte coïncide avec celui de Renouvier, dont la classification, originale pourtant dans le détail, repose sur la distinction de tout un groupe de sciences logiques qu'il oppose aux sciences physiques et qui correspondent aux catégories de la connaissance telles qu'il les déduit dans son système : critique générale; logique; mathématiques pures; géométrie; mécanique rationnelle; mathématiques appliquées (Essais de crit. générale, Il, Psychologie, ch. XVIII). 

D'autres ont pu contester ensuite l'indépendance de la chimie alléguant qu'on peut espérer la réduire, d'une part à l'étude de certaines propriétés physiques, à une physique moléculaire, et d'autre part à une description et une classification des corps les plus simples, analogue à la minéralogie. Les grands groupements scientifiques se distingueraient dès lors par l'apparition de quelque propriété originale et irréductible, et l'on aurait les sciences de la quantité pure; puis, par l'introduction de l'idée d'espace, la géométrie; puis la mécanique avec la notion de mouvement; la cosmologie (physique et chimie) avec la notion de masse; la biologie et la psychologie avec la notion de vie; la sociologie avec l'idée d'échanges et de services. Et à chaque science théorique se rattacheraient trois séries de sciences appliquées, l'une qui classifie les formes et les espèces, une autre qui en relate la distribution. géographique, une troisième, les phases historiques (Goblot, Essai sur la classific. des sciences). Ici encore, l'influence de Comte est évidente. 

Enfin la constitution des sciences sociales a donné lieu, depuis Comte, à de passionnés débats, qui ne semblent pas près d'aboutir. Pourtant, si toutes ces sciences ne prétendent plus à l'unité qu'il leur avait attribuée et se divisent et se définissent diversement, elles s'accordent pour revendiquer les caractères «.d'objectivité » et de « positivité » qu'il voulait assurer à sa physique sociale. Mais c'est à la condition de renoncer à toute action politique, à toute velléité de réforme, au moins immédiate. Et par là l'étude de l'âme et de la société humaine a paru de plus en plus présenter un double aspect : d'une part, on peut en considérer les oeuvres comme des faits donnés et tâcher d'y démêler des lois, statiques ou dynamiques d'où les sciences sociales positives. Mais, d'autre part, il y a, dans l'âme humaine, non seulement du donné, mais du possible, une faculté de désirer, d'imaginer, de construire l'avenir : de là, en partant des fins idéales de l'activité humaine, des tentatives pour en concevoir à l'avance la forme accomplie de réalisation ou d'exercice : tentatives tout a priori, purement rationnelles et déductives, impossibles à confondre, soit avec la simple pratique d'un art, soit avec la connaissance explicative du réel, et qu'il vaudrait mieux peut-être rattacher à la spéculation philosophique : ce que Wundt appelle les sciences normatives. Mais cette distinction découle encore de la définition positiviste de la science.

Quoi qu'il en soit, l'idée que les sciences ne peuvent s'ordonner logiquement que des plus aux moins abstraites; le rejet de la métaphysique et de la philosophie proprement dite, quelque idée qu'au s'en forme, en dehors et peut-être au-dessus des cadres de la science positive; la distinction très nette de la science et des beaux-arts, et aussi de la science et des techniques; la distinction encore des sciences pures on théoriques et de celles qui décrivent, énumèrent et classent les objets réels; la réduction enfin de la classification à quelques grands groupes, logiquement ou physiquement irréductibles, sans prétendre en arrêter las ramifications dans le détail, et en laissant ainsi le champ ouvert à des différenciations ultérieures, voilà ce qui semble rester de l'essai d'Aug. Comte et les idées qui dominent encore la question. 

On peut se demander maintenant si sa classification, si aucune classification, peut être exclusivement objective; ce que nous appelons objet n'est souvent qu'un point de vue, qu'une coupure opérée par l'esprit dans la continuité mouvante du réel. Les principes de Comte expriment donc peut-être des nécessités subjectives autant qu'objectives, ils reflètent la nature de la pensée, et l'ordre dans lequel les objets lui deviennent intelligibles, et les procédés par lesquels elle les connaît ou les construit. Ainsi de plus en plus le problème de la classification des sciences sembla devenir inséparable du problème des méthodes et s'y confondre.

Les méthodes scientifiques.
Le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences marque la date, dans l'histoire de l'esprit humain, où l'idée de science s'est nettement définie avec l'idée même de méthode. Et depuis lors, si la différence des objets s'est traduite dans la différence même des procédés effectivement appliqués à leur étude, les ordres de connaissance les plus divers sont restés associés par. une commune attitude et un commun esprit, l'attitude et l'esprit scientifiques; les quatre règles cartésiennes en ont donné la définition la plus précise. Et d'abord, et avant tout, le scientifique ne se rendra qu'à l'évidence; comme son but et son devoir primordial est d'échapper à l'erreur, il n'aura pas besoin de raisons pour douter, la possibilité de l'erreur en général lui en étant une suffisante et toujours présente, mais pour cesser de douter; et par là même, ni l'intérêt, ni les aspirations du cour, ni la tradition, ni l'autorité ne devront avoir prise sur lui. Le libre examen, la libre pensée et le doute critique sont les premiers instruments de la méthode. 

Dès lors le savant ne pourra se faire une croyance qu'en s'appuyant à la fois sur l'expérience et sur le raisonnement, et c'est ce dont les trois autres règles cartésiennes établissent les conditions; diviser les difficultés, ou analyser; conduire par ordre ses pensées, ou raisonner proprement; enfin faire des dénombrements exacts, c.-à-d. confronter les théories avec les faits, de peur que, négligeant quelque élément des choses, elles ne s'y adaptent qu incomplètement. Mais ces règles n'ont pas toutes la même importance : l'analyse est l'instrument essentiel de la science. C'est elle qui montre comment et de quoi les, choses sont faites et qui en découvre les lois; la synthèse n'y joue en somme que le rôle de contre-épreuve, en montrant, par la reconstitution du composé, que les éléments dégagés par l'analyse y étaient bien et y étaient seuls contenus; la fin du savant n'est jamais d'obtenir le composé dans sa réalité concrète et vraiment synthétique, mais bien la loi de sa composition. 

Cette attitude de critique prudente et de froide analyse ne dispense pas d'ailleurs le savant d'avoir des idées; son imagination propose des hypothèses, aussi bien en géométrie qu'on physique ou en physiologie, au contrôle soit du pur raisonnement, soit de l'expérience. Il y a, en science comme en art, des initiateurs et des esprits «.à la suite », des découvreurs et des manoeuvres.

Si l'on cherche maintenant selon quelles lois plus spéciales cet esprit scientifique peut faire oeuvre féconde dans les divers ordres de sciences, il semblera naturel d'admettre autant de méthodes différentes qu'il y a de grandes catégories d'objets à connaître. Il est évident, en effet, que les succès dépendent souvent ici de l'ingéniosité d'un procédé opératoire, d'une rencontre heureuse, d'un symbolisme commode, mieux appropriés à la nature spéciale de la recherche. De tous temps, on semble avoir ainsi distribué les sciences en deux grands groupes : les sciences exactes, ou de pur raisonnement, ou de déduction, et les sciences de la nature, expérimentales et inductives. Partir d'axiomes et de définitions d'une simplicité telle qu'ils soient évidents pour l'esprit, et les combler en des conssructions nécessaires et tout a priori, ou y réduire, de proche en proche, des propriétés plus complexes, tel est le processus mathématique général; observer des faits, les comparer, y distinguer par l'hypothèse, et y vérifier par l'expérimentation des consécutions constantes et générales; eu bien observer et comparer les objets ou les êtres, les classifier en espèces naturelles et les définir par leurs caractères essentiels, tels sont les procédés du physicien ou du naturaliste. 

L'opposition de ces deux méthodes est-elle d'ailleurs irréductible? Nul doute d'abord qu'en mathématique l'appareil purement syllogistique, par lequel on démontre aux autres les résultats obtenus, n'est pas la méthode même par laquelle on les obtient; rien de plus discutable que d'appeler déduction pure les réductions ou les constructions des mathématiciens, et l'un des plus illustres d'entre eux, Poincaré, a fait la théorie de ce qu'il appelle l'induction mathématique. Inversement, les dévots mêmes de la méthode expérimentale admettent qu'il faut parfois déduire dans les sciences de la nature, soit lorsqu'une hypothèse étant conçue, on en déduit et les conséquences et l'expérience propre à les vérifier, soit lorsqu'un certain nombre de lois étant établies par induction, surtout lorsqu'on a pu les exprimer sous forme quantitative, on déduit les effets qui résulteraient, soit de leur concours, soit de leur opposition. Toutes les sciences, selon Stuart Mill, fondées sur l'observation seule et inductives à leurs débuts, doivent atteindre une phase déductive, où l'observation, changeant de rôle, ne sert plus à suggérer les lois, mais à les contrôler. 

On semble ainsi s'apercevoir qu'induction et déduction ne constituent pas deux modes de raisonnement indépendants, mais deux moments inséparables de tout raisonnement. C'est toujours à la suite et à propos d'observations que l'esprit peut être incité à la réflexion et à l'analyse, et que, comparant ou décomposant les phénomènes, il détermine ce qui leur est commun à tous, on bien les caractères essentiels qui peuvent les définir pour l'esprit et à l'aide desquels il pourrait idéalement les reconstruire. Et c'est toujours en partant d'idées de ce genre qu'il peut, ou en vérifier la constance comme en physique, ou en tenter la reconstruction abstraite, comme en mathématique. Induire, c'est aller du fait à l'idée; déduire, c'est aller de l'idée à des faits nouveaux ou à d'autres idées qui découlent de la première et la vérifient. 

« Je pense, dit Claude Bernard, qu'il n'y a pour l'esprit qu'une seule manière de raisonner, comme il n'y a pour le corps qu'une seule manière de marcher. »
La diversité des méthodes cache donc ainsi une unité fondamentale, et correspond seulement à des phases différentes du progrès scientifique. Les lois scientifiques, suggérées par les faits, n'ont d'abord d'autre garant que ceux-ci mêmes, jusqu'à ce qu'on ait pu les déduire, c.-à-d. les ramener, de proche en proche, à des lois plus générales, comme en physique ou en astronomie, ou encore les construire, comme en mathématiques, par le concours de leurs éléments abstraits; la perfection de cette méthode, ramenant toutes les lois particulières à une seule loi universelle dont elles seraient les corollaires, remplirait pleinement l'idéal de la science, tel qu'il est contenu dans sa notion même.

Restent les sciences naturelles proprement dites, celles qui ne peuvent, dit-on, que décrire et classifier les êtres par leurs caractères stables et communs. Mais, ici encore, la question a été renouvelée grâce à la théorie évolutionniste. Si les caractères des êtres ou des objets n'ont qu'une fixité relative, la seule définition scientifique sera celle qui nous en montrera la subordination réciproque, les représentant comme jouant à l'égard les uns des autres le rôle de cause et d'effets; et la seule classification naturelle, celle qui expliquera la genèse et la formation des êtres. Dès lors les sciences de pure classification, comme la zoologie, la botanique, la minéralogie, ne seront plus que des sciences provisoires, en quelque sorte, destinées à s'effacer devant la physiologie et l'embryologie végétale ou animale et devant la chimie, à n'être plus que l'application et la vérification de celles-ci.

Ainsi l'unité de la méthode semble partout transparaître, parce qu'elle tient à l'unité même de l'esprit humain. Toutes les questions que celui-ci se pose à propos de tout objet se ramènent à une seule : comment peut se réduire son caractère de fait singulier, unique, isolé dans tel me ment du temps ou tel point de l'espace ? A la résoudre complètement, l'humain n'arrive guère : d'où la diversité des méthodes, de plus en plus approximatives et inadéquates à mesure que les objets étudiés apparaissent à l'esprit plus distincts, plus éloignés, plus étrangers entre eux et à lui-même. Ne pouvant les expliquer à fond, il se contente alors de les classer, de les unir à d'autres plus ou moins analogues, de diminuer les énigmes qui se posent à lui; et ainsi la communauté de classe annonce une loi commune de développement, la généralité est comme le substitut de l'unité complète, la loi induite comme le signe, le pressentiment de la loi enfin déduite. (D. Parodi, 1900).



Jean-Marc Lévy-Leblond, La science n'est pas l'art, Hermann , 2010.
270566940X
Dominique Lecourt, La philosophie des sciences, PUF (QSJ?), 2010.
213058053X
Dans l'élan de la révolution industrielle, le XIXe siècle a forgé le projet d'une "philosophie des sciences" pour faire face aux défis intellectuels et sociaux des sciences physico-chimiques. Ainsi est née une discipline associant les compétences des scientifiques et celles des philosophes. En proposant au lecteur un tableau des différentes doctrines et un état des débats actuels, cet ouvrage permet de comprendre l'importance des réflexions en cours pour l'avenir de nos sociétés. (couv.).

Yves Gingras (avec Yannick Villedieu), Propos sur les sciences, Liber, 2010.
2912107504
La science du XXIe siècle a peu à voir avec celle du début XXe siècle: de solitaire elle est devenue collective; d'artisanale elle est passée au stade industriel; de locale elle est devenue internationale. Le poids des intérêts privés dans la recherche s'est accru de façon importante depuis les années 1980, remettant en cause une autonomie trop souvent tenue pour acquise. 

Que sait-on vraiment des sciences telles qu'elles fonctionne aujourd'hui? De la méthode scientifique et de ses transformations? Où en est-on des nombreuses controverses qui ont marqué son histoire? Quelle place occupe la science dans notre société? Les scientifiques peuvent-ils croire en Dieu? Que penser des mouvements créationnistes? Quels sont les liens entre la science et l'économie

Voici quelques-unes des questions auxquelles répond de manière claire et directe Yves Gingras, professeur d'histoire des sciences à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). (couv.).

Michael Esfeld, Philosophie des sciences : une introduction, PPUR, 2009.
2880748534
Ce livre est une introduction à la philosophie des sciences qui se veut accessible aux étudiants. Il résume l'état actuel de la connaissance, en présentant les différents concepts et en proposant une évaluation des résultats fondés et des questions majeures qui restent ouvertes. Il vise à contribuer au développement d'une nouvelle philosophie de la nature qui prend en considération les théories scientifiques, cherchant à élaborer sur leur base une vision de l'ensemble de la nature : il utilise à cet effet les outils conceptuels de la philosophie analytique. La première partie de l'ouvrage dresse un bilan du débat entre l'empirisme logique et ses critiques. La deuxième partie, la partie principale, présente les principaux sujets de la métaphysique de la nature en se focalisant sur la philosophie de la physique. La troisième partie traite les thèmes de l'unité de la nature ainsi que l'unité des sciences. Cette deuxième édition intègre de nouvelles réflexions sur les fondements physiques et la causalité. Elle ne considère pas la philosophie de la biologie, qui sera spécifiquement traitée dans un ouvrage à paraître prochainement chez le même éditeur. Chaque chapitre, contient un appareil pédagogique avec résumé, questions d'évaluations et propositions de travail, et l'ouvrage est complété d'un glossaire et d'une bibliographie exhaustive : il est donc particulièrement adapté à un support de cours. (couv.).

Jean Gayon, L'unité des sciences, nouvelles perspectives, Vuibert, 2009.
2711720756
Le développement des sciences a engendré une diversification des concepts, des objets et des méthodes posant de nouveau la question de l'unité des sciences aujourd'hui. Les nouvelles conditions théoriques, techniques et sociales de la recherche ont entraîné une recomposition du paysage scientifique. Le recours général à l'informatique et à la modélisation tout comme le développement des biotechnologies et l'industrialisation de la recherche modifient par exemple en profondeur l'organisation du savoir. Les domaines concernés sont la philosophie des sciences, les mathématiques, la chimie et la physique, la biologie et la théorie de l'évolution, l'économie, la démographie et la sociologie des sciences. On constate actuellement une dispersion des différents champs du savoir. Comment penser aujourd'hui l'unité des sciences, préoccupation classique de tous les théoriciens depuis la Renaissance? Quels principes, quelles exigences doivent en diriger la construction? Doit-elle prendre la forme d'une organisation systématique hiérarchisée ou plutôt celle d'une interconnexion de disciplines distinctes? Ces questions sont décrites dans un langage clair et aisément compréhensible.  (couv.).

P. Dariullat, Réflexions sur la science contemporaine, EDP Sciences, 2007.

Jean-Jacques Salomon, Les scientifiques, Albin Michel, 2006. - C'est l'histoire de la profession dont dépend aujourd'hui le sort du monde. Une profession qui fait avancer le savoir et prétend n'être pour rien dans les conséquences qui en résultent (bombe atomique, clonage, nanotechnologies...). Près de quatre millions d'individus qui exercent des rôles aussi différents que ceux de chercheur, expert, stratège, diplomate, militaire, commerçant, industriel, espion, trafiquant, mercenaire, dans les allées du pouvoir, les états-major et les conseils d'administration. À la fois guerriers et missionnaires de la paix, souvent prix Nobel ou médailles Fields, les scientifiques sont à la source des plus grandes mutations techniques et sociales. Très peu d'entre eux, tels Einstein et Sakharov, ont le courage de résister aux attraits et aux pressions du complexe militaro-industriel qu'ils nourrissent et dont ils sont tributaires. Entre pouvoir et savoir, Jean-Jacques Salomon nous fait découvrir une communauté du déni. (couv.).

Daniel Raichvarg, Sciences pour tous? Gallimard (Découvertes), 2005.

En bibliothèque - F. Bacon, Oeuvres. - Descartes, Discours de la méthode, et passim. - Ampère, Essai sur la philosophie des sciences. -Aug. Comte, Cours de philosophie positive, et passim. Claude Bernard, Introduction a la médecine expérimentale. - Spencer, Classification des sciences. - Durand de Gros, Aperçus de taxinomie générale. - Goblot, Essai sur la classification des sciences. - Renan, l'Avenir de la science. - Liard, la France positive et la Métaphysique. - Fouillée, l'Avenir de la métaphysique, etc. 

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Dictionnaire Idées et méthodes
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