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Inventaires > Dictionnaire des Idées et Méthodes |
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Jaïnisme.
- Bien que d'abord associé à une pratique religieuse, le jaïnisme englobe
également une riche philosophie qui offre des perspectives uniques sur
la nature de l'existence, la morale et la libération
spirituelle. Au cœur de la philosophie jaïniste se trouve la notion de
jiva, l'âme individuelle ou la conscience individuelle. Chaque
être vivant possède une âme, et cette âme est éternelle et immuable.
Le jaïnisme reconnaît l'existence de l'ajiva, qui englobe tout
ce qui n'est pas une âme individuelle (la matière, le temps, l'espace
et diverses forces physiques). Le jaïnisme partage avec l'hindouisme et
le bouddhisme la notion de karma, mais
avec quelques distinctions : selon le jaïnisme, le karma est une substance
matérielle qui colle à l'âme en raison des actions passées. L'ahimsa,
ou non-violence, est l'un des principes fondamentaux du jaïnisme. Il va
au-delà de simplement éviter de nuire physiquement à d'autres êtres
vivants. Les jaïns cherchent à minimiser tout type de violence, même
verbale ou mentale. Le jaïnisme promeut la doctrine de l'anekantavada,
qui affirme que la vérité peut être perçue de différentes manières
et que la réalité est complexe. Il encourage la reconnaissance et la
compréhension des perspectives multiples et la recherche de la vérité
à travers la compréhension approfondie des différentes perspectives.
La philosophie jaïniste met l'accent sur l'ascétisme et le renoncement
matériel comme moyen de se libérer du cycle de la réincarnation (samsara).
La libération (moksha) est le but ultime, et elle est atteinte
lorsque l'âme est complètement affranchie du karma, atteignant un état
d'éveil et de béatitude éternelle.
Jalousie. - Emotion qui naît généralement de la peur de perdre une relation précieuse ou un avantage au profit d'un tiers. En philosophie, la jalousie est fréquemment analysée en lien avec l'envie, bien qu'elle se distingue par son caractère possessif. Spinoza voit la jalousie comme une passion triste, issue de notre attachement à des biens extérieurs. Jansénisme. - Mouvement théologique et philosophique qui a émergé au XVIIe siècle, principalement au sein de l'Église catholique. Il tire son nom du théologien hollandais Cornelius Jansen, dont les idées ont été développées et défendues par ses disciples, en particulier en France. Le jansénisme mettait l'accent sur la prédestination, une doctrine théologique liée à la souveraineté divine dans le salut des âmes. Les jansénistes soutenaient l'idée que Dieu prédestine certaines âmes au salut éternel et d'autres à la damnation, indépendamment des mérites ou des actions humaines. Les jansénistes étaient souvent associés à une morale rigide, car très attachés à la rigueur et à la discipline dans la vie spirituelle. Le jansénisme a également exercé une influence sur la littérature, en particulier à travers des œuvres comme Les Provinciales de Pascal. Les idées jansénistes ont aussi fait l'objet de controverses de condamnations de la part de l'Église catholique. En 1653, le pape Innocent X a publié la bulle papale Cum occasione, condamnant certaines propositions jansénistes. Plus tard, en 1713, la bulle Unigenitus Dei Filius émise par le pape Clément XI a condamné le jansénisme en France. Japonaise (philosophie). - La philosophie japonaise mêle les traditions shintoïstes indigènes, le bouddhisme importé de Chine et de Corée , le néo-confucianisme. Au XXe siècle l'École de Kyōto s'est ouverte à la tradition philosophique occidentale. Jardin. - Terme utilisé pour désigner l'école philosophique d'Épicure (Le Jardin d'Épicure), ou que l'on rencontre dans l'expression de Voltaire "Cultiver son jardin", qui appelle à se concentrer sur les apscts pratiques de la vie plutôt que sur les spéculations intellectuelles. Je. - Notion qui désigne la subjectivité et la conscience de soi. Descartes l'illustre par son célèbre cogito : « Je pense, donc je suis ». Kant distingue le « je empirique », qui est l'individu dans le monde sensible, et le « je transcendantal », qui est la condition de possibilité de l'expérience. Le « je » est également exploré dans des perspectives phénoménologiques, comme chez Husserl ou Sartre, pour comprendre la subjectivité et l'intentionnalité. Jeu (de Jocum = plaisanterie, jeu). - Dépense d'activité dont le but (jouir d'elle-même) est en fait perdu de vue.Schiller, dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, a élaboré une esthétique du jeu. Il considérait le jeu comme une activité libre, spontanée et créative qui permet à l'individu de s'élever au-dessus des contraintes de la réalité quotidienne. Nietzsche a abordé le jeu dans le contexte de son affirmation de la vie. Il considérait le jeu comme une expression de la créativité, de la spontanéité et de la vitalité humaine, soulignant son rôle dans la recherche de la joie et du sens de la vie. Johan Huizinga dans son Homo Ludens ( = l'homme qui joue) a considéré le jeu comme une activité culturelle fondamentale, soulignant son rôle dans la formation de la culture et de la société. Roger Caillois (Les jeux et les hommes) a classé les jeux en différentes catégories, notamment le jeu d'agon (compétition), le jeu d'aléa (hasard), le jeu de mimétisme (simulation) et le jeu d'alea (vertige) et s'est intéressé aux aspects sociologiques et anthropologiques du jeu. Sartre (L'Être et le Néant) a utilisé la notion de jeu pour illustrer sa conception de la liberté et de la responsabilité. Il a montré comment les individus s'engagent dans le jeu de la vie en faisant des choix et en assumant la responsabilité de leurs actions. Jouer le jeu de la vie peut impliquer la création de sens malgré l'absence de sens intrinsèque. Jeux (Théorie des). - C'est la branche des mathématiques qui traite de l'analyse des situations conflictuelles dont l'issue dépend des stratégies adoptées par les participants. Elle permet de définir la la stratégie dans des situations où plusieurs « joueurs » (ou décideurs) interagissent, chacun essayant de maximiser son gain ou minimiser sa perte. Elle examine les stratégies optimales pour chaque joueur, en fonction des choix possibles de tous les joueurs. Elle trouve ses applications dans les entreprises, les relations personnelles, les stratégies dmilitaires et d'autres domaines pour lesquels des décisions doivent être prises. Les premier travaux sur ces questions remontent à Emile Borel, qui a exposé en 1911 une théorie sur ces jeux de stratégie, mais c'est John von Neuman et Oskar Morgenstern qui on développé et popularisé cette théorie dans leur ouvrage : Theory of Games and Economic Behavior (1944). Joie (du latin populaire gaudia, pluriel neutre de gaudium employé comme féminin singulier) : émotion agréable et profonde. (Bonheur). Joli (pour
Jolif,
jolive,
dérivé d'un radical jol, qu'on a rapproché de l'ancien norois
hajol
=
fête solennelle) : le joli c'est le beau, avec
moins l'ampleur.
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Juive
(philosophie). - La philosophie
juive englobe la réflexion intellectuelle des penseurs juifs sur des questions
philosophiques, théologiques et éthiques. Elle s'est développée au
fil des siècles, intégrant au fil du temps des éléments de la pensée
juive, de la philosophie grecque, et d'autres traditions philosophiques.
La pensée juive trouve ses racines dans la Bible hébraïque (l'Ancien
Testament pour les chrétiens). Les écrits de la Torah, des
Prophètes
et des Écrits saints présentent la conception juive du Dieu unique,
les lois morales et rituelles, et l'histoire du peuple d'Israël.
Après la destruction du Second Temple à Jérusalem en l'an 70 de notre
ère, la pensée juive s'est développée dans les discussions rabbiniques
enregistrées dans le Talmud. Les rabbins ont élaboré des interprétations
des lois, des enseignements éthiques et des discussions sur la vie quotidienne.Au
Moyen Âge, des penseurs tels que Saadia Gaon,
Maïmonide
(Moïse Maïmonide) et Juda Halevi ont fusionné la philosophie grecque,
en particulier l'aristotélisme, avec la pensée juive. Maïmonide, par
exemple, a écrit le Guide des égarés, qui analyse la conciliation
entre la foi et la raison. La
Cabale, une tradition
mystique juive, a aussi émergé au Moyen Âge. Elle propose des interprétations
ésotériques des textes sacrés, s'interroge sur la nature divine et offre
des méthodes pour la contemplation mystique. Des figures comme Moïse
de León et Isaac Louria ont influencé cette tradition. On peut
encore mentionner Moses Mendelssohn (1729–1786),
une figure centrale du mouvement Haskalah (
= Lumières juives), qui visait à moderniser et éduquer la communauté
juive. Il a défendu l'idée de l'émancipation
des Juifs et a contribué à l'idée que la philosophie et la foi juive
pouvaient coexister. Au XXe siècle, Franz
Rosenzweig a joué un rôle important dans le renouveau de la pensée juive.
Son oeuvre majeure, L'Étoile de la Rédemption, est consacré aux
relations entre Dieu, l'homme et le monde. Rosenzweig a également abordé
la question de l'engagement religieux dans le monde moderne.
Jugement (de Juger, de judicare, d'où judgar, jugier, juger). - Acte par lequel l'esprit compose ou divise deux idées ou deux termes. Juger, c'est affirmer une chose d'une autre. Le jugement exprimé devient la proposition. Les trois termes constitutifs de la proposition et par conséquent du jugement sont : le sujet (idée de substance), le verbe (affirmation), et l'attribut (idée de qualité). Le jugement est essentiellement un acte intellectuel, mais la volonté y intervient pour fixer l'attention sur les idées dont il se compose il dépend souvent de nous de suspendre notre jugement et c'est, selon Descartes, tout l'art d'éviter l'erreur. Il faut remarquer que le mot jugement se dit à la fois de l'opération de l'esprit qui juge et du résultat de cette opération. La division la plus complète des jugements a été proposée par Kant et répond exactement au tableau des catégories. Kant classe les jugements au quadruple point de vue de la quantité (ou de l'extension du sujet), de la qualité (ou de la compréhension du sujet), de la relation (ou du rapport mutuel des idées unies), et de la modalité (ou du rapport du jugement avec la faculté de connaître). Une distinction importante qui date de Kant est celle des jugements analytiques (dont l'attribut est inclus dans le sujet, en fait partie essentielle) et des jugements synthétiques (dans lesquels l'attribut est surajouté au sujet dont il ne fait pas partie essentielle). (A.Bertrand). Jugements de valeur : les Pragmatistes appellent ainsi les jugements qui se rapportent aux moyens à prendre pour atteindre une fin obligatoire ou souhaitable. Juridiction (Jurisdictio = action de rendre la justice, de jus =droit; dicere = dire ) : pouvoir de gouverner et de décider en matière juridique. Jurisconsulte, Juriste (du latin scolastique Jurista. - Jurisconsultus, de jus = droit, consultus = délibéré, de consultum, supin de consulere = siéger ensemble, délibérer, de consul, de cum-sedere = siéger ensemble) : celui qui donne son avis ou écrit sur les questions du droit. Jurisprudence (Jurisprudentia = science du droit, de jus = droit; prudentia = prévision, science) : science qui applique la loi à un cas donné. Juste (Justus, juste, régulier, de jus = droit) : a) Par rapport aux choses : ce qui est conforme à un droit strict. Dans ce sens, il se distingue de ce qui n'est qu'équitable. - S'oppose à injuste. - De l'idée de juste, régulier, on est passé à celle d'exact, précis, rigoureux. Le substantif correspondant est alors justesse. - b) Par rapport aux personnes : celui qui possède un jugement droit et y conforme sa conduite. Juste milieu. - Notion aristotélicienne, qui recommande d'éviter les extrêmes pour atteindre la vertu. Il s'agit d'agir de manière proportionnée, entre excès et défaut, dans des contextes spécifiques. Par exemple, le courage est le juste milieu entre la témérité et la lâcheté. On rencontre aussi cette notion dans le Coran, dans le Bouddhisme et dans le taoïsme. Justice. - Concept normatif désignant ce qui est moralement juste ou équitable. Chez Platon, la justice est l'harmonie entre les parties de l'âme et les classes sociales dans la cité idéale. Chez Aristote, elle se divise en justice distributive (répartition équitable des biens) et corrective (rectification des torts). Chez Rawls, la justice prend la forme de principes d'équité, comme l'égalité des droits et la priorité aux moins favorisés. Jusnaturalisme. - On qualifie ainsi un des courants de pensée qui adoptent la doctrine du droit naturel, mais qui n'adoptent pas l'assimilation du droit divin au droit naturel, même s'ils peuvent éventuellent coïncider sur certains points. Parmi les représentants du Jusnaturalisme on peut mentionner : Suarez, Bodin, Hobbes, Pufendorf. On trouve fréquemment la marque d'un Jusnaturalisme dans les différentes doctrines du contrat social. Justification. - Processus ou les raisons données pour établir qu'une croyance, une action ou une position est rationnelle ou valide. En épistémologie, on parle de justification d'une croyance comme critère pour la connaissance (notamment dans la théorie classique de la connaissance : croyance vraie et justifiée). Sur le plan moral, la justification implique la défense d'actes ou de choix en s'appuyant sur des principes éthiques. Justificationisme. - C'est une forme d'administration de la preuve propre au rationnalisme et à l'empirisme. S'oppose au Scepticisme. - En épistémologie, c'est une approche qui considère que la connaissance ou la rationalité repose sur la capacité à fournir des justifications solides ou des raisons pour soutenir nos croyances. Le justificationisme s'oppose souvent à d'autres approches qui mettent davantage l'accent sur d'autres aspects du processus cognitif, comme la croyance fondée sur la perception ou l'intuition. Juxtaposer, Juxtaposition (de juxta = auprès, poser, position, de ponere, positum = placer) : placer une chose à côté d'une autre. - Dans l'association il y a simple juxtaposition d'idées. |
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