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Individu

On entend par individu (du verbe latin dividere et du signe négatif), non ce qui est absolument indivisible, mais ce qui ne peut être divisé sans perdre son nom et ses qualités distinctives; une chose que l'on ne saurait partager en plusieurs autres de la même nature que le tout. Ainsi, dans un animal, dans une plante, on distingue sans peine plusieurs parties; toutes ces parties peuvent être séparées les unes des autres, mais alors l'animal ou la plante seront complètement détruits, et les parties elles-mêmes ne tarderont pas à se dissoudre. Il en est tout autrement d'une pierre ou d'un morceau de métal : car chacune des molécules dont ces deux corps se composent est exactement de la même nature et peut avoir la même durée que le tout. Ce que nous disons de la plante et de l'animal s'applique à plus forte raison à l'humain, chez qui l'on trouve, indépendamment de l'organisation et de la vie, la sensibilité et l'intelligence. Le partage d'un être sensible et intelligent en plusieurs autres êtres de même nature se conçoit encore bien moins que celui d'un corps organisé et vivant. Ce n'est donc qu'à ces trois degrés supérieurs de l'existence, l'organisme, la vie et la pensée, qu'on rencontre des individus : la nature brute n'offre que des échantillons.

Mais chacun de ces trois caractères, tout indivisible qu'il est dans un certain être, est cependant commun à plusieurs êtres, et même à plusieurs espèces à plusieurs genres à la fois. Il nous faut donc quelque chose de plus, par quoi nous puissions distinguer les uns des autres les individus semblables, c'est-à-dire de la même espèce. En d'autres termes, l'organisme, la vie et la pensée nous représentent à merveille les conditions générales de l'individualité, ou les limites hors desquelles nulle existence individuelle n'est possible; mais il nous reste encore à chercher ce que c'est que l'individualité elle-même, ce qui fait qu'un animal ou une plante d'une certaine espèce se distingue de tous les animaux, de toutes les plantes de la même espèce; ce qui fait qu'un humain, un être pensant placé sous l'empire des lois générales de l'intelligence, se distingue intérieurement de tous les êtres du même ordre. 

C'est ce problème qui a tant occupé les philosophes du Moyen âge, principalement Duns-Scot, sous le nom barbare de principe d'individuation (principium individuationis), ou le titre encore plus étrange de haeccéité (haecceitas, et quelquefois ecceitas, c'est-à-dire la qualité d'être telle chose, haec, celle que l'on montre au doigt, ecce, et non pas une autre). Ce sont les sciences positives qui déterminent les conditions objectives de l'individualité des êtres (Individuation). ( AF / G. F.).



Collectif, L'Individu Aujourd hui : Débats sociologiques et contrepoints philosophiques, PU Rennes, 2010.
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Les sociologies de l'individu, de l'individualisation et de l'individualisme constituent un des secteurs les plus dynamiques des sciences sociale, contemporaines. Elles s'efforcent de répondre au moyen d'outils scientifiques à des interrogations émergeant de la société quant au pourquoi, au comment et au sens de certaines de ses mutations fondamentales mettant la notion d' "individu" en son coeur. Les textes rassemblés dans cet ouvrage sont issus du colloque "Individualisme contemporain et individualités : regards des sciences sociales et de la philosophie" qui s'est tenu du 14 au 21 juin 2008 au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle. Il a rassemblé la plupart des spécialistes qui l'ont vivre de manière pluraliste et parfois contradictoire ce domaine de la connaissance. Les contributions d'une série de philosophes à ce débat ont permis de l'enrichir, en déplaçant les regards. On a là un ensemble synthétique rare quant aux points de vue sociologiques et philosophiques disponibles sur une question marquante. (couv.).

Jean-Jacques Kupiec, L'origine des individus, Fayard, 2008. - L'origine de l'individu est la suite de Ni Dieu ni gène, publié en 2000. Ce nouveau livre de Jean-Jacques Kupiec, biologiste et philosophe à l'Ecole normale supérieure de Paris, sort au moment du bicentenaire de Darwin, dont il sera beaucoup question en 2009 dans les médias et dans de nombreux colloques. Il fait l'analyse de ce qui s'est passé en biologie depuis 2000 (année du séquençage du génome humain). Il reprend la critique de la génétique, dont il débusque les contradictions, et il montre que les très populaires théories de l'auto-organisation (Prigogine / Atlan, etc.) ne sont pas une alternative valable. Il explique ce que sont le déterminisme et le probabilisme. Il propose une nouvelle théorie qui unifie l'évolution et le développement de l'embryon. L'originalité de ce livre tient à son aspect pluridisciplinaire. Il traite de biologie, de philosophie et d'histoire. Des expériences actuelles, de simulation informatique et de biologie moléculaire, sont décrites, mais l'influence des problèmes philosophiques sur ces recherches est aussi abordée. Le livre est écrit dans un langage clair, tous les termes techniques sont expliqués dans un glossaire, 31 figures aident le lecteur à saisir les concepts clés. Il intéressera tous ceux qui veulent comprendre les enjeux de la biologie. (couv.).

Philippe Soual, Visages de l'individu, PUF, 2008.
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La notion d'individu nous est familière. Nous croyons en l'existence de l'individu, qu'il soit ceci, telle chose qui paraît isolable des autres, distincte, ou le celui-ci que chacun se sent être et exprime par ce mot de Moi. Notre perception du réel nous porte même à croire qu'il n'existe que des individus. L'individualité, c'est le chacun. On se souvient de l'axiome de Leibniz : "Ce qui n'est pas véritablement un être, n'est pas non plus véritablement un être". Cet ouvrage invite d'abord à une méditation sur le concept, les visages et le mystère de l'individualité. En quoi et par quoi un quelque chose est-il individuel? Quel est le principe de l'individuation : la matière, la forme, la manière d'être, l'avoir, l'agir, l'esprit?

Ensuite, il propose de considérer l'individualité corporelle, et l'échelle des degrés d'individualité dans la nature, en leurs caractères, des atomes jusqu'au vivant. Enfin, il se tourne vers la question des rapports de l'individu humain avec autrui, la société et l'Etat. Il examine ainsi la question de l'individualisme et des fondements de la vie sociale et politique.  (couv.).

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Dictionnaire Idées et méthodes
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