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Aristote
(383/4 - 322 av. JC) - Aristoteles, surnommé Stagirite, fondateur
de la secte des péripatéticiens,
né à Stagire en Macédoine![]() ![]() ![]() - ![]() Aristote sur une gravure de 1574. Après avoir passé plusieurs
années à la cour de Macédoine, il suivit, à
ce que l'on croit, son élève dans ses premières expéditions
en Asie, mettant à profit, pour les progrès de l'histoire
naturelle, les trésors et les conquêtes du roi; puis il vint
se fixer à Athènes vers l'an 331, et y fonda, dans une promenade
voisine de la ville et nommée Lycée,
une école nouvelle, qui prit le nom de Lycée; on la nomme
aussi école péripatéticienne (du mot grec péripatos,
promenade). A la mort d'Alexandre (323), Aristote, resté en butte
à la calomnie de ses envieux et aux attaques des ennemis du roi
de Macédoine, se vit accusé d'impiété : il
sortit d'Athènes sans attendre le jugement, voulant, disait-il,
épargner un nouveau crime aux Athéniens, déjà
coupables de la condamnation de Socrate, Il alla
s'établir à Chalcis en Eubée Aristote est le génie le plus vaste de l'Antiquité; il a embrassé toutes les sciences connues de son temps et en a même créé plusieurs. Le mérite d'Aristote en philosophie fut de donner à la science une base plus solide que n'avaient fait ses prédécesseurs, et d'accorder davantage à l'expérience, mais sans méconnaître le rôle de la raison. Il rejeta la doctrine de l'idéal, qu'avait professée Platon, et concentra toute réalité dans les objets individuels. La philosophie est pour lui la science
des choses par leurs causes. Selon lui, les points de vue sous lesquels
les objets doivent être envisagés, quand on veut les connaître
et les expliquer, se réduisent aux suivants : ce dont une chose
est composée, sa nature intime ou son essence, sa cause, et le but
ou la fin vers laquelle elle tend; d'où la distinction de quatre
principes, la matière, la forme, la cause
efficiente et la cause finale.
Les autres parties de sa doctrine sont loin d'être à l'abri de la critique : souvent il eut la prétention mal fondée de tout déduire par le raisonnement d'un petit nombre de principes hasardés et négligea ou méconnut la véritable induction; une partie de sa Logique et de sa Métaphysique roule sur de vaines subtilités; dans sa Psychologie, il n'attribue l'immortalité qu'à l'intellect, faculté supérieure et propre à l'homme; dans sa Politique, il approuve l'esclavage; dans sa Physique, où il ramène tout à quatre qualités primordiales, le sec et l'humide, le chaud et le froid, il se borne trop souvent, à des explications purement verbales. L'oeuvre et la pensée d'AristoteIl reste un catalogue des ouvrages d'Aristote qui provient de la bibliothèque d'Alexandrie, 220 ans avant J.-C., mais il est inexact. Les manuscrits avaient été laissés à Théophraste, successeur d'Aristote, qui les aurait transmis à son disciple Nélée. Ce dernier, pour les soustraire aux recherches du roi de Pergame, les aurait, dit-on, enfouis dans une cave d'où ils n'auraient été retirés que cent cinquante ans après. Enfin, après la prise d'Athènes, ils auraient été transportés à Rome.Les écrits d'Aristote se rapportent à la totalité des sciences connues de son temps et forment une véritable encyclopédie. Ils posèrent pendant un grand nombre de siècles la borne du savoir humain, et jouirent d'une autorité absolue. La plupart nous sont arrivés, mais quelques-uns mutilés ou altérés. On a groupé
sous le titre d'Organon Il composa des traités
spéciaux sur la Rhétorique Les sciences physiques et naturelles sont représentées par la Physique, le De caelo (Du ciel), le De generatione et corruptione, la Météorologie, le De anima, les Parva naturalia, l'Histoire des animaux, les traités Des parties des animaux, De la marche des animaux, De la génération des animaux. Ces ouvrages sont autant de traités de philosophie sur des objets particuliers. (Le Traité du Monde est regardé comme apocryphe) A la philosophie proprement dite, se rapportent les traités qui ont pour objet les Causes premières, placés, dans le classement, à la suite des traités de physique (meta physica), d'où le nom de Métaphysique que l'on a donné après Aristote à leur ensemble. A la morale et à
la politique se rapportent l'Ethique à Nicomaque Physique d'Aristote.
Aristote il distingue quatre genres de mouvements : le mouvement proprement dit ou la locomotion, l'accroissement, la diminution et l'altération. Le mouvement se produit dans l'espace, qui est quelque chose de substantiel. Le temps n'existe, lui, qu'en vertu du mouvement, dont il est la mesure. A la suite d'Empédocle, il considère que les corps (terrestres) sont constitués de quatre principes, ou éléments : l'air, la terre, l'eau et le feu. Et c'est cette composition qui constitue l'explication du mouvement (et des diverses transformations, que cela comprend) des corps. Le mouvement proprement dit, ou mouvement de translation, comprend aussi différentes sortes de mouvements : le mouvement circulaire, le plus parfait, le seul infini, suivant lequel se produit la rotation du ciel suprême ou sphère des étoiles fixes; le mouvement rectiligne de bas en haut, d'où résultent les oppositions du grave et du léger; et la différenciation des éléments, mouvement propre au monde terrestre. Le feu monte, par exemple, car son lieu naturel est le haut, et au contraire la terre descend, car le bas est son lieu naturel. Les corps célestes, constitués d'un cinquième élément, l'éther, ont un mouvement particulier : circulaire. Ce mouvement est le plus parfait, mais, il n'est pas de ce monde. L'univers est divisé
ainsi en deux régions distinctes : le monde sublunaire, monde du
changement et de la corruption des choses, et le monde supralunaire, celui
des astres, lieu de l'incorruptibilité. Dans son Traité
du Ciel,Aristote s'attache, l'un des premiers, à réfuter
la doctrine pythagoricienne du mouvement
de rotation de la Terre. Pour lui, l'apparence, c'est la réalité.
Et la Terre Histoire naturelle
d'Aristote.
En physiologie, il a fait la distinction entre les tissus et les organes, et, dans ses essais de classement, il a nettement indiqué qu'il faut, avant de reconnaître les distinctions spécifiques, étudier ce que les êtres ont entre eux de commun. Métaphysique
d'Aristote.
Être, c'est agir; l'existence se manifeste par l'action, le mouvement qui est présent à toutes choses et qui représente le passage d'un état à un autre. Mais pour que le changement soit possible, il faut qu'il y ait quelque chose qui soit susceptible de devenir ceci ou cela et qui subsiste à travers les transformations. Ce quelque chose est la matière. Tout produit de l'art ou de la nature a une cause matérielle. La matière
est par elle-même indéterminée; le bloc de marbre peut
devenir une Aphrodite ou un Apollon,
il n'est l'un ou l'autre que quand l'artiste lui a imposé une forme.
La forme est ce qui crée l'être, qui le fait ce qu'il
est. Tout être a une
La matière et la forme sont entre elles dans le rapport de la puissance à l'acte. La matière est l'être en puissance. La forme est la réalisation des puissances de le matière; elle est l'être actuel, achevé. Pour passer de la puissance à l'acte, de la matière. à la forme, il faut une cause de ce mouvement. Il ne suffit pas d'un bloc de marbre et d'une idée dans l'esprit du statuaire pour que la statue existe, il faut encore que le statuaire travaille la matière elle-même. Une cause efficiente ou motrice est donc nécessaire pour expliquer le passage de la matière à la forme. Enfin, il faut un mobile, un but final qui mette toutes ces causes en action. En art, le mobile, la fin du sculpteur est l'amour de la beauté ou de la gloire. Il existe aussi dans la nature des fins à réaliser. La cause finale achève et explique l'existence de l'être et l'action de la cause formelle et de la cause efficiente. Dans la nature, la fin est présente à la matière, elle la façonne du dedans, elle est le principe du mouvement par lequel elle existe, prend une forme et réalise ses puissances. C'est une perfection, un bien vers lequel tend la matière. La cause matérielle et la cause finale sont les deux causes principales. Cependant la matière en elle-même n'est rien. Ce qui n'est ni ceci ni cela n'existe pas. La matière nue n'a pas d'existence. Tout dans le monde est plus ou moins organisé, tout a une forme plus ou moins parfaite. Ce qui est forme par rapport à un être inférieur est matière par rapport à un être supérieur. La table est forme par rapport au morceau de bois et le morceau de bois est forme par rapport aux éléments qui le composent. Il n'y a rien de mort dans la nature, tout y est en mouvement; et le passage des formes inférieures aux formes supérieures se fait insensiblement. L'univers est soumis à une loi de progrès qui l'élève vers une fin supérieure en se servant des formes déjà réalisées comme de moyens pour une perfection plus haute. Le végétal comprend les perfections du minéral sous une forme nouvelle. L'animal, à la vie végétative, ajoute la sensibilité. Enfin, I'humain, qui est le but de la nature, la fin pour laquelle elle réalise ses puissances est doué à la fois des perfections du végétal et de l'animal, et d'une perfection dernière qui lui est propre, la pensée ou la raison. La pensée est donc l'acte le plus parfait; le dernier terme du bien vers lequel tend la nature. Le monde, selon Aristote, n'a pas eu de commencement et il n'aura pas de fin. Par suite, le mouvement par lequel il manifeste son existence est éternel, le présent enveloppe le passé et l'on peut ainsi remonter la série des causes secondes. Mais les causes secondes ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles ont besoin, pour être expliquées, d'un principe supérieur qui lui-même ne soit pas soumis au mouvement. Ce principe, c'est Dieu, cause première et éternelle, moteur immobile auquel est suspendu l'univers, et qui le dirige. Il n'y a en Dieu aucune puissance qui ne soit réalisée; il est l'être achevé, parfait. Il est pure intelligence, et comme il ne peut penser que ce qu'il a de plus excellent, il est la pensée qui se pense elle-même, la pensée de la pensée. Ce dieu est vivant, actif. Il jouit d'une éternelle félicité. Le monde étant éternel, Dieu ne l'a pas créé. Il n'y intervient même pas, car ce serait une imperfection que de penser l'imparfait. La divinité ne saurait, sans déchoir, recevoir du dehors l'objet de sa contemplation. Comment Dieu peut-il être le premier moteur d'un monde qu'il ne connaît pas? Comment peut-il être la cause du progrès de la nature vers le bien? Dieu meut l'univers, comme l'objet aimé attire ce qui l'aime. Il est la perfection suprême qui soulève la nature et l'attire vers elle, le bien souverain, la fin infiniment désirable, dont le puissant attrait suscite dans le monde un lent progrès de perfection en perfection, jusqu'au dernier terme qui est l'humain, capable de pensée pure et dans l'intelligence duquel la divinité se réfléchit. Psychologie.
Chaque chose a son âme c'est la forme qu'elle prend, c'est-à-dire ce qui est sa raison d'être, ce qui explique son existence. Quand un organisme a atteint son dernier degré de développement, il a atteint sa fin et, par cela même, il a une âme. Le fait de couper est la raison, d'être, l'âme de la hache. Ce n'est pas le corps qui produit l'âme; celle-ci est, au contraire, la cause de l'organisation du corps, de l'organisme ou de la forme dans laquelle elle se réalise. Aristote distingue trois sortes d'âmes : l'âme végétative, l'âme sensible et l'âme pensante ou raisonnable. Les animaux ont à la fois une âme végétative et sensible; l'humain seul a, outre ces deux sortes d'âmes, une âme raisonnable. L'étude des sens est à la fois psychologique et physiologique. Aristote explique comment, par l'acte commun du sensible et du sentant, nous avons la connaissance des choses concrètes. Il donne de curieux détails sur la mémoire et paraît avoir pressenti le fait de l'association des idées. Pour ce qui est de la raison, il distingue la raison passive ou réceptrice, et la raison active ou créatrice. C'est grâce à cette dernière que nous entrons dans les voies de l'intelligence qui crée les choses; c'est grâce à elle que les objets de l'univers s'expliquent et deviennent intelligibles. Notre esprit s'associe à ce qu'il y a de pensée ou d'intelligence dans le monde; il prend conscience de la raison universelle de toutes choses, et par là il participe à l'immortalité divine. Morale d'Aristote.
L'humain doit user de sa liberté pour réaliser le souverain bien. Pour Aristote, le souverain bien ne se distingue pas du bonheur, forme supérieure du plaisir. Or, le plaisir consiste dans l'activité, et il y a, autant d'espèces de plaisirs que de modes de activité. La valeur du plaisir à l'égard du souverain bien dépendra donc de la valeur de l'activité à laquelle il s'ajoute. L'humain atteindra le bonheur en accomplissant les actions les plus conformes à sa nature. La raison étant ce qui le distingue des autres animaux, l'activité véritablement humaine consistera dans la vie conforme à la raison, et comme le plaisir s'ajoute à l'activité, l'achève, quand nous faisons ce qui est conforme à notre nature, le bonheur est notre récompense. Ce qu'on appelle vertu n'est que la perfection de notre activité naturelle, une habitude de faire le bien, une disposition ferme et constante qui a son principe dans l'intelligence et la liberté. Quant aux actes que la vertu nous commande, ils consistent dans le bon usage de nos passions naturelles. Il ne faut pas supprimer les passions, mais les contenir dans de justes bornes, philosopher avec elles, les soumettre la raison. Les supprimer, ce serait renoncer à la vie; d'autre part, les laisser maîtresses, c'est se soumettre à l'excès et au dérèglement des désirs. La vertu consiste dans un juste milieu, dans l'application à la vie de l'idée d'ordre, de mesure et d'harmonie. Les principales vertus sont : la tempérance, qui est un juste milieu entre l'intempérance et l'insensibilité; le courage, qui est un juste milieu entre la lâcheté et la témérité; la libéralité, qui tient le milieu entre la prodigalité et l'avarice; la magnificence, qui tient le milieu entre la mesquinerie et la sotte ostentation. Toutefois, l'exercice
de ces vertus n'épuise pas la destinée humaine. Il faut s'élever
de la vie pratique à la vie contemplative. L'acte propre de l'humain
étant dans la pensée, son souverain
bien consistera dans la contemplation de l'intelligible, dans la pensée
de la pensée, c'est-à-dire dans l'intelligence de ce qui
est parfait et divin, dans l'union avec la divinité, dernier terme
de la félicité humaine.
La justice est la condition de la vie sociale, mais la vraie société, la plus durable est encore celle que l'amitié crée entre les humains. Politique d'Aristote.
L'humain est un animal fait pour vivre en société, un animal politique. C'est la nécessité de vivre qui fonde la cité, l'Etat. D'autre part, la vie sociale a pour fin de permettre à l'humain de réaliser la vertu et le bonheur. Aristote ne sépare pas la morale de la politique. La cité est sortie de la première communauté naturelle, qui est la famille. La famille comprend : le maître, la femme, les enfants et les esclaves. Le maître commande à la femme et aux enfants en faisant appel à leur amitié et à leur respect. Quant aux esclaves, qui n'ont des humains que l'apparence, leur condition est de servir le maître, d'assurer sa subsistance et de faire produire sa propriété. Aristote ne sépare pas, en effet, la propriété de la puissance politique. C'est la propriété qui fait l'homme libre, le citoyen. Aristote examine ensuite quelle est la meilleure forme de gouvernement, et il écarte successivement les formes monarchique et aristocratique, parce qu'elles n'assurent pas assez le règne de la loi qui émane de la raison et qui, seule, doit régner en maîtresse. Rien ne garantit, en effet, que le roi gouvernera avec sa raison et non avec ses passions. De plus, la monarchie a pour conséquence l'hérédité du pouvoir, et il n'est pas raisonnable d'accepter la volonté d'un être que l'on ne connaît pas encore. Quant au gouvernement aristocratique, il n'est guère meilleur. Les aristocrates ont leurs propres intérêts qui peuvent s'opposer à l'intérêt public. La meilleure des constitutions est celle qui fait de tous les membres de l'Etat des citoyens. La meilleure forme de gouvernement est la république modérée, où la loi, acceptée et votée par tous les citoyens, règne en véritable maîtresse. (A19).
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