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Paris
: Ve arrondissement
Le Panthéon |
Le Ve
arrondissement de Paris est, dans l'ordre
numérique, le premier qui soit situé sur la rive gauche de
la Seine, dans cet ancien Paris qui n'était
ni la Ville, ni la Cité, et que l'on nommait l'Université.
Ce nom, il le mérite, à tous égards, dans le passé
et le présent. On l'a nommé aussi, avec non moins de raison,
le quartier latin, expression heureuse, suggestive, car d'un seul
mot, elle donne une image complète.
Le Ve arrondissement, dit Le Panthéon, a une superficie de 249 hectares, supérieure à celle de chacun des quatre premiers. Le cours de la Seine le sépare du IVe, entre les ponts Saint-Michel et d'Austerlitz; les boulevards de l'Hôpital, Saint-Marcel et de Port-Royal jusqu'à la rue de la Santé, le séparent du XIIIe; ce même boulevard de Port-Royal, entre la rue de la Santé et le carrefour de l'Observatoire, lui sert de limite avec le XIVe; enfin, le boulevard Saint-Michel, entre ce carrefour et la Seine, lui est mitoyen avec le VIe. Nous venons de dire que c'est le quartier
latin, et qu'on ne le pouvait mieux définir. Ne fut-ce pas, en effet,
dans cet espace que s'étaient fondés collèges, couvents,
abbayes, prieurés
avant et depuis la fondation de l'Université,
en un mot tous les établissements où le latin
était la langue en honneur par excellence, la seule officielle?
La physionomie et les habitudes même du «-quartier-»
ont pu changer; il est toujours le centre principal de l'étude,
où nombre de grandes écoles, trois importants lycées,
plusieurs universités se groupent dans le voisinage de la Sorbonne;
il demeure la résidence préférée des professeurs
aussi bien que des étudiants.-
Le Panthéon, vu depuis l'île Saint-Louis, à Paris. Quartier Saint-Victor.
Les religieux de Saint-Victor ont laissé
un bon renom dans l'histoire; ils s'illustrèrent dans l'étude
ardue de la scolastique où ils étaient
passés maîtres. Leur bibliothèque,
accessible au public « et aux pauvres étudiants» presque
depuis la fondation du monastère,
était composée de nomlbreux fonds, que plusieurs legs vinrent
encore enrichir; cela ne la préserva pas cependant de la plume acérée
de Rabelais, qui en publia un catalogue éminemment
fantaisiste. Parmi les sépultures que l'église
renfermait, il faut citer celle de Santeuil, chanoine régulier du
lieu, mais avant tout habile artisan du vers latin.
Si l'on en croit une légende assez discutée, il serait mort
pour avoir bu un verre de vin dans lequel le duc de Bourbon
aurait, ce qui eût été une bien mauvaise plaisanterie,
vidé sa tabatière.
Quant à l'entrepôt, plus communément
appelé halle aux vins, son emplacement était justifié
par l'existence, depuis 1664, d'une halle de ce genre, formant emprise
sur les jardins de Saint-Victor, près de la porte
Saint-Bernard. Il fut édifié dans les dernières
années du règne de Napoléon
Ier. A
partir de la création du vaste entrepôt de Bercy, on parla
souvent de le supprimer, car la vente des terrains devait un belle opération
financière; mais ce projet ne vit le jour qu'avec la construction
du pôle universitaire de Jussieu, dans les années 1960.
L'Institut du Monde Arabe, avec, au premer plan la Seine et le pont de Sully, et, au fond les universités de Jussieu : Pierre et Marie Curie (Paris VI) et Denis Diderot (Paris VII). Outre l'université, on remarque surtout dans le quartier Saint-Victor ses places et squares : place Jussieu; place Maubert, square Paul Langevin (anc. sq. Monge), square des Arènes de Lutèce, etc.; le quartier possède aussi l'église de Saint-Nicolas du Chardonnet; on peut y distinguer, de plus, des restes des anciens collèges, ainsi dans les anciens bâtiments de l'Ecole polytechnique (aujourd'hui occupés par le ministère de la Recherche) et rue de Poissy où le réfectoire du collège des Bernardins (de 1346), après avoir été un temps converti en caserne de sapeurs-pompiers, a été rénové ces dernières années. Au n° 37 du quai de la Tournelle est un vieil hôtel bien conservé, au n° 47 l'ancien couvent des Miramiones, et aux n° 55-57 l'hôtel de Nesmond. Quartier du Jardin
des Plantes.
Le Jardin des Plantes, qui a été fondé en 1633 par Bouvard et Guy de la Brosse : ces médecins du roi Louis XIII achetèrent à cet effet quatorze arpents de terrain cultivés, au milieu desquels se trouvait la butte des Copeaux, formée par des dépôts d'immondices, butte avec laquelle on a construit le joli labyrinthe du jardin. Ce jardin, cinq fois moins étendu qu'il n'est aujourd'hui, était alors borné au nord par un vieux mur, au delà duquel, et jusqu'à la Seine, étaient des marais cultivés qui sont aujourd'hui compris dans l'enceinte de l'établissement. Guy de la Brosse y rassembla environ trois mille plantes et y fonda des cours de botanique, de chimie, d'anatomie et d'histoire naturelle. L'oeuvre fut continuée
successivement, avec autant de zèle que de succès par Vallot,
d'Aquin, Fagon, Tournefort,
Jussieu et principalement par Buffon.
De nouveaux cours furent créés, des amphithéâtres
et des galeries construits, et le jardin s'enrichit de collections données
par l'Académie des sciences, les missionnaires, les souverains étrangers.
Un décret de la Convention,
du 14 juin 1793, organisa l'établissement en Muséum d'histoire
naturelle et y créa douze chaires; Chaptal,
sous l'Empire, lui donna une nouvelle extension, et enfin Cuvier
a fait du jardin et du muséum un des plus magnifiques établissements
de ce genre dans le monde.
Quartier du Val-de-Grâce.
Nombreuses y étaient les communautés religieuses bordant l'antique voie romaine qui doit son nom de rue Saint-Jacques au couvent des jacobins, ou s'ouvrant discrètement sur les rues avoisinantes, avec de longs murs derrière lesquels s'étendaient de vastes jardins. La plupart y avaient été fondées à la même époque par la piété d'Anne d'Autriche, une piété qui confinait au fanatisme. Telles furent les Carmélites, les Feuillantines, les Ursulines, les Visitandines, les Bénédictines du Val-de-Grâce. De 1620 à 1650, la fièvre de juxtaposer des couvents de femmes régna sans interruption dans ce quartier. Tous survécurent jusqu'à la Révolution; il ne survivra à cette période que celui des Visitandines, auxquelles ont succédé les Dames de Notre-Dame de la Charité, vaste enclos que longe d'un côté la rue Gay-Lussac et dont la chapelle se trouvait à l'angle de la rue Saint-Jacques, à l'emplacement de l'actuel Institut océanographique. Avec le Val-de-Grâce,
l'Ecole normale Supérieure (N° 45, rue d'Ulm) et l'Institut
agronomique, l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles,
et plus autres grandes écoles et instituts de recherche y sont situés
dans un périmètre resserré. Une rue a gardé
un peu de son caractère ecclésiastique : la rue
Lhomond. Rue des Irlandais
(n° 5) sont des vestiges du collège des Irlandais; rue
de l'Estrapade (n° 5), une maison du XVIIIe
siècle à remarquer; rue Lhomond (n° 10), les anciens
bâtiments de la communauté des Eudistes. Il y a des constructions
intéressantes rue Saint-Jacques,
et, de-ci de-là, des restes de couvents.
La rue Lagrange, à Paris. Quartier de la
Sorbonne.
Voilà pour
l'Antiquité.
Le Moyen âge
peupla le quartier de couvents, de collèges, d'églises,
y créa l'Université. Le
XIXe siècle, pour sa part, lui a
donné de la lumière et de l'air par le percement du boulevard
Saint-Michel, du boulevard Saint-Germain, de la rue Soufllot, de la rue
Lagrange; les vieux collèges ont fait place à des lycées;
la Sorbonne, reconstruite à la fin
du XIXe siècle, n'a gardé
de ses bâtiments du XVIIe siècle
que la chapelle fondée par Richelieu.
La place de la Contrescarpe. (© Photos : S. Jodra, 2009). La partie voisine de la Seine, au nord du boulevard Saint-Germain, a conservé son ancien aspect, Rien de monacal, au contraire, dans les étroites rues qui relient la place Maubert à la rue de la Harpe en coupant la rue Saint-Jacques; une perle dans cet écrin-: Saint-Séverin, modèle charmant du l'art gothique à sa plus belle époque. Non loin de là, une autre église, plus ancienne, moins belle, mais très digne encore d'une visite, Saint-Julien-le-Pauvre, aujourd'hui affectée au culte grec, jadis chapelle d'un prieuré, mentionnée par Grégoire de Tours, reconstruite au XIIe siècle. Prenons maintenant, la rue des Carmes. Peut-être est-ce le chemin des écoliers, mais dans un tel quartier, tous pourraient être ainsi surnommés. Une construction moderne, de style gothique, remplace les bâtiments de l'ancien collège de Dormans-Beauvais, devenu en dernier lieu collège de Lisieux, et dont l'église, rue Jean-de-Beauvais, face à la rue de Latran, sert aujourd'hui au culte roumain. En montant toujours, nous atteignons la rue Valette, fâcheusement débaptisée de son ancien vocable, rue des Sept-Voies. A droite, les bâtiments de Sainte-Barbe, à gauche, de vieux logis, parmi lesquels, au n° 21, une maison qui passe pour avoir quelque temps abrité Calvin. Nous sommes arrivés au point culminant de la montagne Sainte-Geneviève, devant la façade septentrionale du Panthéon. L'ascension est de 13 mètres, c'est-à-dire que le sol de la place est justement à la hauteur du sommet des tours de Notre-Dame. Les Romains
s'étaient emparés de cette hauteur pour y élever un
temple à Diane, tout de même qu'au
haut de la butte Montmartre était
un temple à Mars ou à Mercure.
Dans les deux cas, le christianisme y
substitua des couvents : abbaye de femmes
à Montmartre, monastère d'hommes
ici. A l'origine, l'abbaye
de Sainte-Geneviève fut dédiée à saint
Pierre et à saint Paul. Elle avait été fondée
par Clovis, sur les instances de Clotilde,
sa femme. Ce n'est qu'au IXe siècle
que le vocable de Sainte-Geneviève prévalut et demeura le
seul. Cette célèbre abbaye fut un temps la plus puissante
de Paris avec Saint-Germain-des-Prés.
Elle n'a pas tout entière disparu, d'ailleurs, car une partie de
ses bâtiments est demeurée intacte, dans les constructions
du lycée Henri IV, notamment
les réfectoires, les dortoirs où était la riche bibliothèque
des Génovéfains, la tour de
l'ancienne église, dite tour Clovis,
uniquement parce qu'elle est voisine de la rue Clovis, mais nullement parce
qu'elle serait contemporaine de la fondation.
Le Panthéon fut destiné à remplacer cette ancienne église qui tombait en ruine. Par la somptuosité du monument qu'a bâti Soufflot, on peut juger que les religieux ne regardaient pas à la dépense. Ils ne se cloutaient pas, lorsqu'ils l'entreprirent, du sort qui l'attendait finalement. Alternativement nécropole des hommes auxquels le pays réservait ce suprême honneur, ou église Sainte-Geneviève, suivant les gouvernements successifs. Le Panthéon a été enfin rendu, en 1885, à la destination que la Révolution lui avait assignée lorsqu'elle y faisait transporter les restes de Mirabeau, de Voltaire, de Rousseau, lorsqu'elle inscrivait sur son fronton ces mots : « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante. »Le bas-relief monumental qui décore la façade principale est l'oeuvre de David d'Angers. A l'intérieur, la décoration picturale a été confiée aux peintres les meilleurs : Cabanel, Jean-Paul Laurens, Puvis de Chavannes, etc. C'est encore Soufflot qui, en 1771, construisit les deux façades symétriques des deux bâtiments de l'École de droit et de la Mairie actuelle du Ve arrondissement. La décoration de la place exigeait, paraît-il, cet accompagnement; mais, autant nous admirons le Panthéon, autant nous les trouvons froides. L'église Saint-Étienne-du-Mont occupe le fond de la place Sainte-Geneviève. Avant l'ouverture de la rue Clovis, en 1807, Ses bâtiments faisaient corps avec l'abbaye; c'était depuis le XIIe siècle la paroisse des habitants de la montagne Sainte-Geneviève. Devenue insuffisante et à demi en ruine, au XVIe siècle, on la reconstruisit de fond en comble. Les travaux commencé, en 1517 ne furent achevés qu'en 1628. Le monument est une des plus pelles manifestations de l'art français au temps de la Renaissance; il offre une autre particularité, c'est d'être resté le seul, dans tout Paris, à posséder un jubé, sorte de galerie séparant la nef du choeur. On conserve dans cette église la châsse de sainte Geneviève. - Façades de Saint-Etienne du Mont et Sainte Geneviève, par Angelo Garbiza (XIXe s.). La deuxième section du quartier, du côté de la place Maubert, est encore encombrée de ruelles, et sa population est bien différente de celle de la première section ou dominent les professions libérales. On y retrouve plusieurs maisons à pignons. Il y a, quai de Montebello, un reste de constructions de l'ancien Hôtel-Dieu. Au n° 3 de la rue des Prêtres-Saint-Séverin, le cloître' gothique de l'ancien cimetière Saint-Séverin existe encore; de vieilles maisons sont à examiner rue Saint-Jacques et, dans son prolongement, rue du Petit-Pont, et de même le n° 14 de la rue Saint-Julien-le-Pauvre. A l'angle de la rue de l'Hôtel-Colbert et de la rue de la Bûcherie se voient les bâtiments de l'ancienne Ecole de médecine. Il y a dans ce quartier aussi des restes d'anciens collèges, et aux nos 2 et 4 de la rue Valette des vestiges de l'église de Saint-Hilaire du Mont.
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