|
Mercure,
Mercurius, est le dieu du négoce et protecteur des marchands
dans la religion romaine, identifié
peu à peu avec l'Hermès des Grecs
dont les aspects sont beaucoup plus variés. Les Romains en ont fait
par ailleurs le père de leurs dieux Lares.
Son culte paraît dater de l'expansion commerciale de Rome
sous les Tarquins, et être dans un rapport étroit avec le
commerce des céréales; à Cumes,
en Campanie et en Sicile,
où était le grenier des Romains, Mercure est fêté,
tout comme à Rome, en compagnie de Cérès,
et sa religion rattachée à l'influence des livres
sibyllins.
Rome, dans ses premiers temps, n'avait
ni pensé, ni beaucoup tenu à avoir un commerce
indépendant : la fondation même d'Ostie, sous Ancus
Martius, n'indique que le désir très prononcé
d'occuper l'embouchure du Tibre.
-
Statuette
de Mercure, au musée de Rouen.
Dessin
de Chevignard.
Ce fut seulement aux Tarquins que Rome
dut, sous ce rapport, une vive et forte impulsion, comme le prouve le premier
traité de commerce conclu entre Rome et Carthage.
De là vient l'absence complète d'un dieu, soit de la mer,
soit du commerce, parmi les dieux nationaux de Rome. Cependant, un immense
commerce grec s'était établi sur les côtes de la mer
Méditerranée
et de la mer Tyrrhénienne,
et force fut à l'Italie, soit
romaine, soit étrusque, quand elle prit part à ce commerce,
d'emprunter à la Grèce,
avec les avantages de sa mythologie, ses ressources, sa terminologie et
ses dieux.
C'est peu de temps
après l'expulsion des Tarquins, en 495 av. J.-C., qu'on ouvrit à
Rome le premier temple de Mercure, le jour des ides de mai,
et cela à la suite d'une disette qui avait fait consulter les oracles
de la Sibylle. Cette dédicace fut l'occasion
du règlement de l'annone ou taxe officielle des grains, et de l'institution
du collège des Marchands (Mercatorum collegium ou mercuriales).
A partir de ce moment, le dieu devint celui de tous les marchands et boutiquiers
sans distinction. A mesure que le commerce s'étendit à
Rome, son dieu prit aussi une plus grande importance. Toutes les rues marchandes
eurent leurs statues, leurs chapelles, et même leurs surnoms particuliers
de Mercure.
Le vieux temple principal était
situé vers l'extrémité sud du cirque Maxime, devant
la porte Capène, où on en a retrouvé des vestiges.
Les marchands sacrifiaient le jour des ides de mai à Mercure et
à Maïa sa mère; en même
temps, par un usage, ils croyaient s'assurer plus infailliblement encore
la faveur de ce dieu de la ruse et de la tromperie, si nécessaire
au succès de leur négoce. Près de ce temple
de Mercure était une source qui lui était consacrée,
le marchand y puisait de l'eau, trempait dans cette eau une branche de
laurier, en arrosait sa tête et ses marchandises, et priait Mercure
d'écarter de lui-êème et de son étalage l'odieux
de toutes les fautes qu'il avait pu commettre.
Dès le IIe
siècle avant notre ère, l'influence des idées grecques
altéra en l'amplifiant la signification primitive du Mercure des
Romains; mais il fut populaire, surtout comme dieu du négoce. Chez
Plaute, dans le prologue de l'Amphitryon,
Mercure est encore tout simplement le dieu du commerce. Plus tard, chez
Horace et chez Ovide,
le sens plus large et plus délicat de l'Hermès
grec anoblit la conception de Mercure. En même temps que ce dieu,
son attribut ordinaire, symbole des relations pacifiques, le caducée
s'était répandu en Italie
de fort bonne heure : cependant les Féciaux
n'en ont jamais fait usage.
Ce qu'il y a de singulier, c'est que, peu
en faveur à Rome, le symbole est devenu
au contraire fort commun avec le temps dans les provinces septentrionales
de L'Empire, et qu'aujourd'hui on
en retrouve beaucoup de monuments dans la Lorraine,
dans l'Alsace, dans les vallées du
Rhin
et de Danube,
où le commerce romain était
en grande activité. Nous savons aussi que l'artiste grec auteur
du colosse de Néron, Zénodore,
fit aussi aux Arvernes
une statue fort précieuse de leur Mercure. De façon générale,
Mercure était célèbre dans la
Gaule entière; il n'est d'ailleurs pas
de province dans ce pays où les hommages à Mercure, inscriptions,
bas-reliefs, petits bronzes,
etc., ne se chiffrent par centaines. Il est vrai que ces monuments
peuvent souvent s'attribuer aux cultes indigènes, sur lesquels la
mythologie romaine exerça une grande influence. On ne sait, cependant,
avec quel dieu celtique il convient surtout d'identifier le Mercure des
Romains. La difficulté même du problème prouve combien
fut profonde l'action de la religion des Romains sur celle des Gaulois,
puisqu'elle élimina, peu s'en faut, jusqu'au souvenir précis
du dieu indigène. (L. Preller / J.-A. H.).
|
Il
est surtout représenté comme dieu du lucre et du commerce;
une bourse figure alors au nombre de ses attributs. Il n'y a qu'un très
petit nombre d'oeuvres où on l'ait représenté comme
protecteur des troupeaux ou inventeur de la lyre. Parmi les plus célèbres
figures de Mercure, il faut citer celle qu'on nomme improprement l'Antinoüs
du Belvédère, et le bronze
découvert à Herculanum.
B. |
|
|