| Rue des Carmes, à Paris (Ve' arrondissement). - Cette rue commence au boulevard Saint-Germain et finit aux rues de l'Ecole-Polytechnique et de Lanneau, dans le prolongement de la rue Valette (anc. rue des Sept-Voies). Bâtie vers 1250 sur le clos Bruneau, qui faisait partie de la seigneurie de Garlande, dont on a fait Galande, cette voie publique a porté pour cette raison le nom de rue du Clos-Bruneau. Dans les lettres-patentes de Philippe-le-Long, du mois de décembre 1317, et dans le Censier de l'archevêché de 1372, elle est indiquée sous la dénomination de rue Saint-Hilaire, parce qu'elle aboutissait à l'église ainsi appelée. Elle doit son nom actuel aux religieux carmes, qui vinrent s'y établir en 1318. Une décision ministérielle, à la date du 3 vendémiaire an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Dans cette rue étaient situés : Le couvent des Carmes. Ces religieux, qui disaient avoir pour fondateurs les prophètes Élie et Élisée, étaient venus d'Orient, à la suite de saint Louis, et avaient été établis d'abord rue des Barrés; ils furent transférés à la place Maubert par Philippe-le-Bel. Leur église, qui datait de 1353, était un monument précieux, surtout par ses chapelles, véritables bijoux d'architecture; elle renfermait de nombreuses sépultures, parmi lesquelles celle du libraire Corrozet, le premier historien de Paris. Leur cloître était le plus charmant asile que jamais l'art ait ouvert à la méditation: il était décoré de curieuses peintures et d'une chaire où la pierre avait pris sous le ciseau de l'artiste les formes les plus délicates et les plus variées. Ce couvent, supprimé en 1790, servit de manufacture d'armes pendant la révolution et a été détruit en 1811. Sur son emplacement on construisit un beau marché qui donnait sur la place Maubert. Le collège de Dace. Fondé en 1275 par un Danois pour les écoliers du royaume de Dace (Danemark), il fut vendu en 1384 au collège de Laon. En vertu d'un arrêt du 9 août 1386, les carmes en firent l'acquisition pour l'agrandissement de leur couvent. Le collège de Presles, situé au n° 6. Guy, chanoine de Laon, et Raoul de Presles, secrétaire de Philippe-le-Bel, avait fondé en 1314, dans la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, un collège destiné à recevoir les pauvres écoliers des diocèses de Laon et de Soissons. L'imprévoyance des deux fondateurs, amena en 1323 la division de cet établissement en collèges de Laon et de Presles, ou de Soissons. Ce dernier fut transporté alors dans la rue des Carmes, nommée à cette époque rue Saint-Hilaire. Lors du massacre de la Saint-Barthélémy, le célèbre professeur Pierre Ramus ou la Ramée, protestant, se cacha, pour éviter la mort, dans les caves du collège de Presles. Découvert, il voulut racheter sa vie; les assassins touchèrent le prix de sa rançon et le poignardèrent ensuite. Son cadavre fut traîné dans la boue par les écoliers, qui lui firent subir toutes sortes d'outrages. Presque tous les historiens accusent Charpentier d'avoir guidé lui-même les assassins, pour se venger de Ramus, qui avait voulu l'éloigner du collège de France, comme incapable de professer. Le collège de Presles, qui contenait en superficie 369 m², fut réuni en 1764 à celui de Louis-le-Grand. Devenu propriété nationale , l'ancien établissement fondé par le secrétaire de Philippe-le-Bel fut vendu le 3 thermidor an IV. Le collège des Lombards, situé n° 23. Il fut fondé en 1334, par André Chini, Florentin, évêque de Tournai, depuis cardinal, auxquels s'adjoignirent trois autres Italiens. Ce collège s'appelait alors la maison des pauvres Italiens de la charité de la bienheureuse Marie. Les bâtiments tombaient en ruine, lorsque deux prêtres irlandais conçurent le projet de les faire reconstruire en faveur des prêtres et étudiants de leur nation. Dans le testament d'un nommé Patrice Maginn, du 3 juillet, 1683, il est dit : « Conjointement avec le sieur Malachie Kelli, j'ai obtenu des lettres-patentes du roi, des mois d'août 1677 et mars 1681, vérifiées en la cour les 9 février 1681 et 19 août 1682, pour rebâtir et rétablir le collège des Lombards, afin d'y donner retraite à ceux de notre pays qui étudieraient en l'Université, et se rendraient capables d'aller porter la foi dans ledit pays , etc. » Le collège des Lombards dépendit ensuite de la maison des Irlandais, Anglais et Écossais réunis. (L.). - L'église saint Ephrem (paroisse syriaque catholique), rue des Carmes. © Photo : Serge Jodra, 2010. | |