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Georges Léopold
Chrétien Frédéric Dagobert Cuvier, est un zoologiste
et paléontologiste français, né à Montbéliard,
dans une famille protestante, le 24 août 1769, mort à Paris
le 13 mai 1832.
Son père avait servi en France dans
un régiment suisse et vivait de sa pension à Montbéliard,
alors au duc de Wurtemberg; il était décoré de l'ordre
du Mérite militaire, remplaçant celui de Saint-Louis pour
les officiers qui n'étaient pas catholiques. Ses parents destinaient
le jeune Cuvier au préceptorat ou à l'état ecclésiastique.
Il témoigna d'une grande précocité de l'intelligence
et occupa le premier rang au gymnase de sa ville natale; un parent lui
enseigna le dessin et il y devint de première
force; on raconte qu'il coloriait avec une grande exactitude les figures
de Buffon, simplement d'après les descriptions;
c'est ce genre de travail qui fit naître en lui le goût de
l'histoire naturelle.
Georges Cuvier (1769-1832). Quoi qu'il en soit, ses succès en tous genres attirèrent sur lui l'attention de la belle-soeur du duc de Wurtemberg qui lui obtint, en 1784, une bourse à l'académie Caroline de Stuttgart que l'empereur Joseph II venait d'ériger en université. Là il étudia la philosophie pendant deux ans, puis choisit l'étude de la science administrative à laquelle se rattachait l'enseignement théorique et pratique de l'histoire naturelle. Un de ses professeurs lui fit cadeau d'un Systema naturae qui constitua quelque temps toute sa bibliothèque; il rédigea un journal, Diarium zoologicum, de ses observations d'histoire naturelle et avec Pfaff, Autenrieth, Jaeger, etc., fonda une sorte d'académie d'histoire naturelle qu'il présida. Il revint à Montbéliard en avril 1788, mais sans aucun espoir d'emploi. Peu après, en 1791, il entra comme précepteur dans la famille d'un gentilhomme protestant de la haute Normandie, le comte d'Héricy, qui habitait Caen et passait la belle saison au château de Fiquainville, près de Fécamp et de Valmont. Il eut ainsi l'occasion d'étudier la faune maritime et d'enrichir ses connaissances en histoire naturelle; il profita aussi de sa position pour étudier les dates, les généalogies, le blason, l'histoire, et fit, dans des réunions soi-disant populaires à Valmont, où l'on ne parlait guère que d'agriculture, la connaissance de l'agronome Tessier, de l'Encyclopédie, qui s'était réfugié à Fécamp et y dirigeait un hôpital militaire. C'est grâce à Tessier que Cuvier fut mis en relation avec Geoffroy Saint-Hilaire, auquel il envoya ses cahiers d'études et ses manuscrits. Celui-ci, alors âgé de vingt-deux ans, s'enthousiasma pour Cuvier, crut découvrir en lui un nouveau Linné et l'engagea vivement à venir à Paris; il y vint en effet en 1795 avec son élève. Les circonstances le favorisaient singulièrement; l'étude de la zoologie était alors fort négligée à Paris. Millin, directeur du Magasin encyclopédique, Jussieu, Lacépède, Lamarck aidèrent Cuvier de leur influence; cependant Lamarck ne voulut pas de lui pour aide. A ce moment la chaire d'anatomie comparée du Muséum était occupée par le chirurgien Mertrud qui était âgé et peu préparé à l'enseignement dont on l'avait chargé. Cuvier, quoique fort peu versé dans l'anatomie humaine et guère plus dans l'anatomie comparée, science qu'il devait plus tard porter si haut, lui fut adjoint comme suppléant en 1795. C'est aussi en 1795 qu'il devint membre de la Société d'histoire naturelle et, ce qui est extraordinaire pour un jeune savant qui n'avait presque rien publié, il fut nommé le 30 décembre de la même année, grâce à Lacépède, membre de l'Institut qui venait d'être organisé; quelques années après, il fut désigné pour être l'un des quatre inspecteurs généraux et sous le Consulat fut élu secrétaire perpétuel de la première classe de l'Institut (1803). En 1796, il fut nommé professeur d'histoire naturelle à l'Ecole centrale du Panthéon, place qu'il abandonna en 1800, puis membre de la Commission des arts et de la Société philomatique; en 1804, il remplaça Daubenton dans la chaire d'histoire naturelle du Collège de France; en 1802, il fut nommé titulaire de celle d'anatomie comparée du Muséum; enfin, il fit, pendant plusieurs années, un cours d'histoire naturelle à l'Athénée. Cuvier avait alors une trentaine d'années; c'était une fortune sans exemple et qui ne peut guère s'expliquer que par la pénurie de zoologistes à cette époque; comme le fait remarquer de Blainville, du reste peu bienveillant pour Cuvier, Millin, qui aurait pu lui disputer ses places, s'était lancé dans l'archéologie; Pinel qui avait fait, lui, de l'anatomie comparée, s'était tourné du côté de la médecine; Bichat ne s'occupait que d'anatomie appliquée à la pathologie; les autres naturalistes français, CI. Richard, Bruguière et Olivier étaient absents de France, le premier à Cayenne, les deux autres en Iran, et les absents ont toujours tort. Il faut dire cependant que Cuvier était déjà connu par quelques essais d'application de la méthode naturelle de classification aux animaux, d'où naquit, en 1816, son célèbre Règne animal, et par des travaux d'anatomie comparée et de paléontologie, sciences qu'il fit beaucoup progresser grâce à l'application du principe si fécond de la subordination des caractères et dont il peut être considéré comme le créateur, sans oublier pour cela les mérites de Vicq d'Azyr, de Blumenbach, de Camper, de Pallas, de Soulavie, etc. Cuvier cumulait donc un grand nombre d'emplois et, ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est qu'il put, grâce à une extrême activité, toujours suffire à des tâches si variées. Lié avec Bonaparte, il fut nommé par lui inspecteur général de l'instruction publique lors de l'avènement du Consulat et eut pour mission d'organiser les lycées de Bordeaux, de Marseille et de Nîmes; il se démit de ses fonctions en 1803. En 1808, il devint membre du conseil supérieur de l'Université après avoir remis à l'empereur un rapport sur le progrès des sciences, et contribua, grâce à sa nouvelle situation, à la création de la faculté des sciences de Paris; en 1809-1810, il reçut, avec Coiffier et Balbe, la mission d'organiser les universités de Gênes, de Pise, de Parme, de Sienne, de Florence et de Turin; en 1811, il se rendit en Hollande avec une mission analogue; en 1813, à Rome. En 1818, Cuvier refusa le ministère de l'Intérieur et devint membre de l'Académie française et peu après membre de l'Académie des inscriptions. Sous la seconde Restauration, il présida deux fois la commission de l'instruction publique qui dépendait du ministre de l'Intérieur; en 1824, lorsque Frayssinous fut nommé grand maître de l'Université, Cuvier fut chargé des fonctions de grand maître à l'égard des facultés de théologie protestante rattachées au ministère de l'intérieur; enfin, en 1827, il devint directeur pour les cultes non catholiques à ce même ministère. Rappelons qu'on doit à Cuvier l'établissement des comités cantonaux pour l'instruction primaire (1816), des concours d'agrégation pour le recrutement des corps enseignants et l'introduction dans l'enseignement secondaire classique des cours d'histoire, de langues vivantes et d'histoire naturelle. Cuvier remplissait encore d'autres fonctions
officielles; il fut nommé en 1813 maître des requêtes
au conseil d'Etat; en 1814, conseiller d'Etat; en 1817, président
du
Le dernier épisode remarquable de
sa vie, ce fut sa lutte mémorable avec Geoffroy Saint-Hilaire, en
1830. Nous y reviendrons plus loin.
Georges Cuvier. Les oeuvres de CuvierLes publications de Cuvier se rapportent à diverses branches de l'histoire naturelle et comprennent : 1° des travaux historiques ; 2° des recherches d'anatomie; 3° des recherches paléontologiques; 4° des travaux de zoologie proprement dite et de classification des animaux.Travaux historiques.
Enfin, dans les Annales du Muséum (1803, t. II), Cuvier a donné un article historique sur les collections du Muséum. Avant la nomination de Cuvier, le Muséum ne possédait que quelques pièces anatomiques éparses, les unes provenant des dissections entreprises par les anciens académiciens, les autres dues à Daubenton, d'autres encore rapportées de Hollande par les armées françaises, etc. De 1798 à 1803, Cuvier porta le nombre des préparations qui servaient à ses travaux et à ses démonstrations de 102 à 2998; en 1833, peu de temps après sa mort, le nombre en était de 13,313. Blainville, qui lui succéda, ne sut pas maintenir les collections réunies par Cuvier à leur véritable niveau, et c'est à lui qu'il faut attribuer leur décadence, du reste purement momentanée. Travaux d'anatomie.
Reprenons l'exemple ci-dessus; il fait voir clairement que dans un organe une modification ne se produit jamais isolément, mais est toujours accompagnée d'autres modifications dans d'autres organes. Si la respiration s'accomplit dans un organe spécial, le sang devra y affluer, grâce à un système développé de vaisseaux; si celui-ci fait défaut, ce n'est plus le sang qui va rechercher l'air, c'est l'air qui vient chercher le sang. Il y a donc une corrélation évidente entre les modifications qui se présentent ici dans l'appareil respiratoire et l'appareil circulatoire et en général dans tous les organes; en d'autres termes, une modification dans l'une des parties d'un organisme entraîne des modifications de toutes les autres parties. Une loi lie ces modifications entre elles, c'est la loi de la corrélation des parties, qui donna à Cuvier des résultats si remarquables, surtout en paléontologie. Physiologiquement, cela veut dire que si une fonction se modifie, les autres fonctions se modifient corrélativement; en d'autres termes, il n'y a harmonie physiologique que là où il y a harmonie anatomique. Il y a donc des conformations d'organes qui s'appellent et des conformations d'organes qui s'excluent; donc, comme dit Cuvier, « celui qui posséderait rationnellement les lois de la physiologie pourrait refaire tout l'animal en commençant par l'un des organes-». Nous verrons plus loin ce que cette dernière proposition présente d'excessif (Leçons d'anatomie comparée, 2e édition publiée par Duméril, Laurillard et Davernoy; Paris, 1835-1845, 9 volumes). Cuvier a, de plus, introduit dans l'anatomie comparée une foule de faits de détail fort intéressants; citons entre autres la description du larynx des oiseaux, la disposition des narines et celle de l'oreille interne chez les cétacés, l'existence de rates multiples chez les marsouins, les dispositions diverses de l'encéphale chez les animaux à sang rouge, puis des recherches sur la formation des dents, sur l'ostéologie des grands mammifères, la tête osseuse des vertébrés, des observations sur les Reptiles douteux (Paris, 1807, avec planches) pourvus à la fois de poumons et de branchies, enfin un grand nombre de travaux anatomiques sur les invertébrés, en particulier sur les mollusques, entre autres : Mémoire pour servir à l'histoire et à l'anatomie des mollusques (Paris, 1816, avec planches). Travaux paléontologiques.
La loi de corrélation des organes permit à Cuvier de reconstituer un grand nombre d'animaux fossiles. Mais il serait évidemment antiscientifique de vouloir pousser trop loin les conséquences des principes généraux, si utiles à la science, qu'il a formulés. Les panégyristes de Cuvier se sont laissés entraîner à l'exagération, à l'hyperbole, d'où un certain ridicule qui a rejailli sur les travaux les plus sérieux de l'éminent zoologiste, d'où une réaction que ses ennemis et ses détracteurs se sont empressés de mettre à profit. Blainville n'était pas, à vrai dire, l'ennemi de Cuvier, mais à la suite de dissentiments il fut amené à lui faire une guerre plus ou moins ouverte. Voici le titre du principal ouvrage que Cuvier a consacré à l'étude des animaux fossiles : Recherches sur les ossements fossiles des quadrupèdes, où l'on a rétabli les caractères de plusieurs animaux dont les révolutions du globe ont détruit les espèces (Paris, 1812, 4 volumes; 2e édition très augmentée, Paris, 1821 et années suivantes, 7 volumes, avec 300 planches). Ici se rattachent : Description géologique des environs de Paris, avec A. Brongniart (Paris, 1822, 2 cartes et 16 planches; 3e édition, 1835) et Discours sur les révolutions de la surface du globe et sur les changements qu'elles ont produits dans le règne animal; nouvelle édition avec des notes et un appendice, d'après les travaux récents de MM. Humboldt, Flourens, Lyell, Lindley, etc., rédigé par le Dr Hoefer (Paris, 1854, avec 6 planches et 2 tableaux). Nous avons vu plus haut que Cuvier a mis
hors de doute la succession des époques géologiques par la
considération des espèces fossiles qui y vivaient, et s'il
a cru prouver en même temps, sous certaines réserves toutefois,
que l'existence de l'homme ne remonte pas à plus de six mille ans,
cela tient surtout à ce que les matériaux d'une étude
sérieuse à ce sujet lui faisaient défaut.
Travaux de zoologie
systématique.
Planches du Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux. L'embryologie étant encore trop peu avancée à l'époque de Cuvier, il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'il considérât le classement d'un animal comme dépendant uniquement du plan de structure qui se révèle en lui. L'induction ne pouvait guère le mener plus loin. Il ne faut pas s'étonner que, ne se basant que sur des faits d'observation pour arriver à des propositions générales, il ait combattu les idées de Geoffroy Saint-Hilaire sur l'unité de type ou de composition organique, les rejetant avec toutes les généralisations antérieures dans le domaine des rêves métaphysiques. C'est sur cette conception théorique de l'unité de composition ou de plan, identifiée ensuite avec la théorie des analogues, que porta la fameuse discussion qui eut lieu en 1830, entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire. Goethe s'intéressa vivement à cette discussion dans laquelle il se plaint que Cuvier ait mis presque en accusation la philosophie de la nature, ajoutant que Geoffroy Saint-Hilaire pouvait compter sur l'adhésion de tous les défenseurs de cette philosophie. Cuvier, créateur de l'anatomie comparée
et de la paléontologie, a exercé,
sur les progrès de la zoologie, une influence considérable,
qui n'a pas peu contribué à transformer cette science. On
peut bien lui reprocher d'avoir, dans quelques circonstances, laissé
les croyances religieuses empiéter sur le domaine scientifique;
mais il faut reconnaître que, généralement, il s'en
est tenu aux faits observés par lui et que, s'il a formulé
des lois générales, c'est en procédant par induction
légitime qu'il y est arrivé et qu'il s'est en somme peu livré
aux spéculations métaphysiques. (Dr L. Hahn).
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Frédéric Cuvier, frère du précédent, est né en 1773, et est mort à Strasbourg en 1838. Il a été directeur en chef de la Ménagerie du Roi, inspecteur général des études, et membre de l'Académie des sciences. II a publié, avec Geoffroy Saint-Hilaire, l'Histoire naturelle des Mammifères (1819-1828), et a fourni d'excellents articles au Dictionnaire des sciences naturelles, aux Annales du Muséum. On cite avec éloge ses recherches sur l'instinct et l'intelligence des animaux. |
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