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Une chapelle est un petit édifice consacré au culte chrétien, parfois isolé de toute construction, mais parfois aussi annexé à un édifice plus considérable, monastère, église, évêché, château, hospice, collège, avec lequel il fait souvent corps. Le mot chapelle vient du latin capella, terme usité sous les rois mérovingiens pour désigner l'oratoire royal où était conservée, en temps de paix, la chape (capa) de saint Martin, laquelle, en temps de guerre, accompagnait l'armée et était gardée dans une tente spéciale. Fig.1. - Elévation de la chapelle Sainte-Croix de Montmajour. A l'origine du christianisme, les chapelles consistèrent soit en réduits creusés dans les catacombes de Rome pour recevoir les tombeaux des martyrs et abriter les réunions des fidèles, soit en cellules élevées dans les solitudes de l'Orient pour la célébration des offices par des religieux s'isolant du monde, et l'on conçoit que, dans ces conditions, les premières chapelles offrirent aussi peu de variété dans leurs dispositions que de richesse dans leur ornementation. Mais, à l'époque de l'expansion du christianisme, les chapelles s'élèvent au grand jour et de toutes parts, au-dessus des tombeaux des martyrs et des évêques, comme à l'emplacement de cultes païens locaux détrônés par la nouvelle religion, et aussi en commémoration d'événements publics ou privés, heureux ou malheureux, et de voeux ou de largesses de particuliers ou de corporations. Les chapelles furent alors construites sur des plans variés et brillèrent de toutes les splendeurs des arts de l'époque qui les voyait élever. Malgré les motifs différents qui décident de leur érection, les chapelles, se rattachant toutes au culte, subissent dans leur architecture, qu'elles soient isolées ou qu'elles fassent corps avec des églises, l'influence du style d'architecture religieuse dominant, et on peut, en renvoyant aux mots Baptistère, Eglise, Oratoire, répartir, d'après leur emplacement, les chapelles en trois divisions : chapelles isolées; chapelles annexées à divers édifices et saintes chapelles; chapelles faisant partie des églises et renfermées dans leur périmètre. Chapelles isolées. La chapelle de l'ancien collège des Jésuites, à Eu (Seine-Maritime), Cet édifice a été élevé en 1613 par Catherines de Clèves en mémoire de son défunt époux. Son architecture est inspirée par l'oeuvre de l'église mère des Jésuites à Rome, mélange de styles Renaissance et Louis XIII. Elle abrite les célèbres mausolées doubles de ses fondateurs. Ces formes élémentaires de chapelles, de toutes les plus communes, furent suivies pour les chapelles ou oratoires élevés jusqu'à nos jours dans les enceintes des couvents, des châteaux ou des cimetières et même quelquefois sur les ponts et dans les chapelles isolées construites à proximité des églises. Un certain nombre de ces chapelles offrent cependant quelques particularités monumentales : ainsi la chapelle de Planès, non loin de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales) se compose d'une coupole reposant sur une base triangulaire et sur trois culs-de four d'un diamètre moindre que les côtés du triangle; la chapelle de Sainte-Croix de Montmajour, près d'Arles, comprise dans l'enceinte du cimetière d'une ancienne abbaye, est formée de quatre culs-de-four ayant pour diamètres les côtés d'un carré intérieur dont les arcs portent une coupole également à base carrée et, surmontée d'un petit clocher; un porche rectangulaire accolé à une de ces niches sert d'entrée (V. fig. 1 et 2 le plan et l'élévation de cet édifice). Fig.2. - Plan de la chapelle Sainte-Croix de Montmajour. D'autres chapelles isolées offrent en plan comme une réduction d'église et comprennent une petite nef à une ou plusieurs travées et un transept dont les deux bras ainsi que le choeur et une abside sont terminés par des culs-de-four : telles sont, entre autres, les chapelles de Saint-Germain à Querqueville, près Cherbourg, de la Trinité (île Saint-Honorat de Lérins) et de Sainte-Croix à Munster (canton des Grisons). Enfin les cimetières avaient aussi, dans leur enceinte, de petites chapelles, véritables abris très ouverts sur les côtés et où se tenait le prêtre pour dire l'office des morts. Une de ces chapelles existait autrefois dans le charnier des Innocents à Paris (Albert Lenoir, Statistique monunumetale); la Bretagne en compte encore un certain nombre, et à Avioth (Meuse), un de ces petits édifices, de style gothique du XVe siècle, véritable bijou de pierre sculptée, est élevé sur une plate-forme haute de 1 m sur laquelle portent six colonnes recevant les clôtures latérales et les nervures des voûtes dont la toiture est surmontée d'une flèche ajourée. Le chevet de la cathédrale de Chartres avec ses chapelles absidales et (à gauche), une extension plus importante, la chapelle saint Piat. Chapelles annexées à divers édifices et saintes chapelles.
© Photos : Serge Jodra, 2009 - 2010. L'ancien palais des rois dans la Cité (aujourd'hui Palais de justice) comptait, outre la Sainte-Chapelle construite sous saint Louis, plusieurs chapelles de beaucoup antérieures, dont une sous le vocable de saint Michel, et le Louvre de Charles V avait, outre l'oratoire du roi installé dans une tour, sa double chapelle haute et basse (cette dernière réservée aux gens du roi), chapelle à une seule nef et surmontée d'une flèche. Il en fut de même des autres palais ou châteaux royaux et des riches habitations seigneuriales, comme le château royal de Saint-Germain-en-Laye, la maison de Jacques Coeur à Bourges, qui a conservé telle quelle sa chapelle si originale avec les deux petits réduits ou oratoires destinés à Jacques Coeur et à sa femme, ou l'hôtel de Cluny à Paris, dont la chapelle n'est pas une des parties les moins intéressantes de cette demeure abbatiale. Fig.3. - Plan du premier étage de la chapelle de l'archevêché de Reims. Les évêchés ou palais épiscopaux, plus encore que les châteaux, comprenaient une chapelle dans leur enceinte et le plus souvent cette chapelle était enclavée dans la masse des bâtiments. Maurice de Sully avait fait construire, dans les bâtiments de l'évêché, à Paris une chapelle à deux étages qui ne fut démolie qu'après le sac du palais archiépiscopal en 1831, et l'archevéché de Reims possède encore la sienne, un des plus beaux exemples de chapelles doubles et dont la construction date du commencement du XIIIe siècle. Le rez-de-chaussée en partie souterrain et massif de cette chapelle est très simple, tandis que le premier étage, plus richement décoré et de plain-pied avec les appartements, offre au pourtour, suivant les traditions de l'école champenoise, un étroit bas côté ou galerie intérieure d'un heureux effet (V. fig. 3 et 4 le plan du premier étage et la coupe de cette chapelle). Fig. 4. - Coupe de la chapelle de l'archevêché de Reims. Comme les évêchés, les riches abbayes, les couvents et les monastères avaient tous leur chapelle qui était quelquefois une véritable église ouverte au public : c'est ainsi qu'à Paris l'ancienne abbaye ou prieuré de Saint-Martin-des-Champs (aujourd'hui le Conservatoire des arts et métiers) a conservé, à l'état de galerie d'exposition des machines, un remarquable spécimen de ces grandes chapelles-églises abbatiales; que l'on a démoli à la fin du XIXe siècle, les derniers vestiges de la chapelle-église du couvent des Bernardins en partie recouverts par le boulevard Saint-Germain et que, vers la fin du XVIIIe siècle, le couvent des capucins de la chaussée d'Antin, dont les bâtiments sont aujourd'hui affectés au lycée Condorcet, rue Caumartin, comprenait une chapelle-église, aujourd'hui la paroisse Saint-Louis d'Antin, construite en façade sur la voie publique, mais en communication avec le cloître du couvent auquel elle servait de chapelle.
Des exemples nombreux de semblables dispositions pourraient être cités en France et ailleurs, dans toutes les communions chrétiennes et même chez les Musulmans où la médersa ou collège dépend presque toujours d'une mosquée ou d'un tombeau servant de lieu de prières; et les séminaires ou les lycées, ainsi que les différents types d'établissements hospitaliers, le plus souvent aménagés, surtout en France depuis la Révolution, dans d'anciennes abbayes ou construits quelque peu à leur imitation, contiennent d'intéressantes chapelles parmi lesquelles les plus riches sont peut-être celles construites dans le monde entier par l'ordre des Jésuites et celles des nombreux collèges protestants qui composent, en Angleterre, les universités d'Oxford et de Cambridge. Dans les établissements hospitaliers élevés au XIXe siècle, les chapelles offrent parfois, comme dans certains couvents, une disposition particulière consistant en une ou plusieurs vastes tribunes de plain-pied avec les salles du premier étage, afin de permettre aux personnes âgées et aux infirmes de se rendre à la chapelle sans descendre et remonter les nombreuses marches d'un étage de rez-de-chaussée élevé et, dans les établissements pénitentiaires du système dit rayonnant, les chapelles, placées au centre des bâtiments cellulaires, ont en plan une forme polygonale ou circulaire et offrent des percées calculées de façon à permettre aux prisonniers de voir, au travers de l'entrebâillement de la porte de leur cellule, le prêtre qui officie sur un autel placé au centre. Fig. 5. - Plan de l'abside dde la cathédrale de Beauvais. Dans la Sainte-Chapelle du Palais, à l'encontre des traditions jusqu'alors acceptées, les reliques furent déposées dans la chapelle haute, celle de plain-pied avec les appartements royaux, tandis que la chapelle basse était ouverte au public. La Sainte-Chapelle du Palais est décrite dans une autre page de ce site; mais il faut rappeler la grande influence exercée alors en France par cette chapelle dont l'auteur, Pierre de Montereau, dut, quelques années plus tard, en élever une autre dédiée à la Vierge dans l'enceinte de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le château royal de Vincennes eut aussi sa sainte chapelle, commencée sous Charles VI et restaurée à l'époque moderne, et de riches abbayes, celle des Châalis, près de Senlis, celle de Saint-Germer, près de Beauvais, firent construire des saintes chapelles non loin de leurs vastes églises. Chapelles faisant partie des églises et comprises dans leur périmètre. Fig. 6. -Plan de la chapelle absidiale de la cathédrale de Canterbury. Cette tradition des chapelles rondes ne fut au reste jamais abandonnée, et au commencement du XVIIIe siècle, Paris voyait construire sur un plan circulaire et décorer avec une richesse extraordinaire la chapelle absidale de l'église Saint-Sulpice. Quoique, de nos jours, les chapelles faisant partie des églises soient moins nombreuses qu'au Moyen âge, les grandes églises comprennent toujours, quels que soient leur plan et leur style d'architecture, un certain nombre de chapelles dont les principales sont : la chapelle de la Vierge, généralement dans l'axe du choeur; les chapelles de saints protecteurs ou celles renfermant des autels privilégiés vers les transepts et enfin, à l'entrée, près du porche, les chapelles des fonts baptismaux et des morts : toutes ces chapelles (sauf celle des fonts) contiennent toujours un autel et assez souvent un confessionnal, et leur décoration picturale rappelle le vocable sous lequel elles sont consacrées. (Charles Lucas). Dans une chapelle de la basilique de Saint-Denis. |
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