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Eglise et abbaye Sainte-Geneviève, à Paris (Ve' arrondissement). - L'église Sainte-Geneviève, à laquelle le Panthéon a succédé, fut élevée en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul par Clovis, à son retour de la bataille de Vouglé, et sur la prière de sa femme. L'emplacement choisi était le sommet de la principale éminence qui dominait l'ancien Paris et où se trouvait, du temps des Romains, un cimetière. Clovis y fut enterré, ainsi que Clotilde, et, après lui, sainte Geneviève, plusieurs princes de sa famille, plusieurs évêques de Paris, etc. Son tombeau était au milieu du choeur, orné de sa statue; on y lisait cette inscription, qui datait de 1177: Ce tombeau, restauré dans le XVIIesiècle par les soins du cardinal-abbé de La Rochefoucauld, fut transféré en 1816 à l'église abbatiale de Saint-Denis. La basilique des saints apôtres, ornée à l'envi des plus beaux privilèges par les rois et les papes, soumise immédiatement au Saint-siège, devint rapidement l'une des plus fameuses de la Gaule. C'est là que, en 577, Chilpéric Ier et Frédégonde firent condamner l'évêque de Rouen, Prétextat, qui avait marié Brunehaut et Mérovée. Plusieurs autres conciles y furent tenus dans les VIeet VIIe siècles; et à cause de la vénération inspirée par le tombeau de sainte Geneviève, le nom de cette touchante patronne de Paris prévalut sur celui de saint Pierre et de saint Paul. Les Vikings la brûlèrent en 857 : « Elle était, dit un contemporain, décorée au dedans et au dehors de mosaïques, ornée de peintures. Les barbares la livrèrent aux flammes; ils n'épargnèrent ni le saint lieu, ni la bienheureuse Vierge, ni les autres saints qui y reposent. »Cependant la basilique fut plutôt dévastée que détruite : on la répara grossièrement, et elle resta dans ce délabrement jusqu'en 1185, où l'abbé Étienne de Tournay la fit presque entièrement rebâtir. Depuis cette époque, des réparations peu importantes y furent faites, et, à l'époque de sa destruction, elle offrait un modèle précieux des architectures mêlées des VIIe et XIIe siècles. Sa façade se composait simplement d'une grande muraille presque nue, surmontée d'une espèce de fronton triangulaire; elle était percée de trois petites portes et ouverte par une fenêtre en forme de rose. Elle datait, au moins dans sa partie inférieure, du VIIe siècle, ainsi que les murailles latérales et une partie de la crypte. Cette crypte était peuplée de tombeaux : au milieu d'eux était celui de sainte Geneviève, tombeau vide, car les reliques de la vierge de Nanterre étaient renfermées dans une châsse d'or exposée derrière l'autel. Cette châsse était elle-même un monument : elle datait du XIIIe siècle et avait été restaurée au XVIIe dans un style assez lourd; ornée de douze statues d'or, elle était élevée sur quatre grandes colonnes de marbre et portée par quatre statues de vierges armées de flambeaux. - L'Abbaye sainte-Geneviève, à Paris, au XVIIIe siècle. Dans les grandes calamités, quand les rois étaient malades, ou bien quand la pluie ou la sécheresse faisait craindre une mauvaise récolte, on découvrait ou bien on descendait cette précieuse châsse, et on la promenait dans Paris avec la plus grande pompe. C'était le clergé de Notre-Dame portant les reliques de saint Marcel, cet autre patron de Paris, qui venait chercher la sainte et allait de même la reconduire après la cérémonie. Tous les corps de l'État, le clergé, la magistrature, les métiers assistaient à ces processions solennelles, où il y avait une affluence incroyable et qui étaient ordinairement retracées dans des tableaux votifs : le plus remarquable de ces tableaux est celui de Largillière, qui représente la procession miraculeuse de 1694, la plus magnifique qui jamais fut faite; il existe encore dans l'église Saint-Étienne-du-Mont. La dévotion à sainte Geneviève était si ardente chez le peuple parisien et surtout chez les femmes, qu'elle dégénérait en idolâtrie : on n'abordait les reliques de la sainte qu'avec des pleurs, des soupirs, des sanglots, des transports de passion enthousiaste; on lui demandait par billets écrits des remèdes pour tous les maux, des consolations pour tous les chagrins; on faisait toucher à la châsse des draps, des chemises, des vêtements. On sait qu'en 1793 cette châsse fut détruite, martelée, envoyée à la Monnaie, et que les reliques de sainte Geneviève furent brûlées sur la place de Grève; mais la Commune de Paris, qui commit ce sacrilége, n'osa le faire que nuitamment, de peur d'une résistance populaire. Vers le milieu du XVIIIe siècle, l'église Sainte-Geneviève menaçait ruine; il fut résolu de la remplacer par un édifice digne de la patronne de Paris, et alors fut commencé le grand monument qu'on appelle aujourd'hui le Panthéon. La vieille église fut détruite en 1807, et l'on ouvrit sur son emplacement la rue Clovis. Il reste d'elle une tour, qui fait partie du lycée Henri IV (anc. lycée Napoléon) et qui date du XIIe siècle. L'abbaye. Les Génovéfains étaient justement renommés pour leur savoir, leurs travaux théologiques, leur piété et leur penchant pour les doctrines du jansénisme. C'est auprès d'eux que se retira le duc d'Orléans, fils du régent, pour s'y occuper d'ouvrages de controverse et de pratiques religieuses. Leur bibliothèque était aussi remarquable par la beauté de l'édifice que par le choix des livres : elle avait été formée par les pères Fronteau, Lallemand et Du Molinet, sous les ordres du cardinal de La Rochefoucauld, et renfermait en 1790 quatre-vingt mille manuscrits, avec une belle collection d'antiquités et de médailles. L'abbaye Sainte-Geneviève ayant été abolie en 1790, ses bâtiments servirent pendant plusieurs années à des assemblées populaires. C'est là que se tint, en 1796, le club du Panthéon, où se réfugièrent tous les débris des factions révolutionnaires, où les doctrines de Babeuf trouvèrent un auditoire, et qui fut fermé par les ordres du Directoire. La plus grande partie de ces bâtiments est occupée aujourd'hui par le lycée Henri IV. Quant à la bibliothèque, elle était restée jusqu'à ces dernières années dans la belle galerie des Génovéfains; mais, sous prétexte que ce local, si magnifique, si regrettable, menaçait ruine, elle vient d'être transférée dans un vaste édifice construit à grands frais sur l'ancien collège Montaigu. Cette bibliothèque renferme aujourd'hui deux cent cinquante mille volumes. (Th. L.). |
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