| Église et abbaye Saint-Germain des Prés, à Paris. - Sur le site de l'église actuelle, il y eut tout d'abord l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, célèbre monastère, qui occupait jadis une partie du faubourg Saint-Germain actuel, et fut fondée vers 543 par le roi Childebert Ier. Il eut pour premier abbé Saint Germain, évêque de Paris. L'église Saint-Germain-des-Prés, qui dépendait de l'abbaye, fut bâtie elle aussi, comme le cloître, à la même époque et porta d'abord le nom de Saint-Vincent et Sainte-Croix. C'est le plus ancien des monuments religieux de Paris. Elle fut construite sur l'emplacement d'un ancien temple consacré à Isis, pour y placer la tunique de Saint-Vincent et une croix qu'il avait rapportées de sa campagne au delà des Pyrénées contre les Wisigoths, et la dédicace fut faite par l'évêque Saint Germain en 558. Ce prélat fit bâtir, au midi de l'édifice, un oratoire sous l'invocation de Saint-Symphorien, où plus tard lui-même fut inhumé. - L'ancienne abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Dans plusieurs actes des VIIe et VIIIe siècles, l'église est encore désignée sous le nom de Saint-Germain et Saint-Vincent. Elle était alors décorée de mosaïques d'or, et sa couverture était en métal. En 754, le corps de Saint Germain, exhumé de l'oratoire, fut déposé dans l'église, qui bientôt ne fut plus désignée que sous le seul nom de Saint-Germain. Ravagée par les Vikings en 845, 856 et 861, reconstruite par l'abbé Gozlin, puis encore livrée en proie aux pirates, elle ne se releva de ses ruines qu'aux XIe et XIIe siècles, et le pape Alexandre III, qui la consacra en 1103, déclara qu'elle ne relèverait que du saint-siège. - L'Eglise de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. L'architecture de l'église Saint-Germain-des-Prés marque une époque fort intéressante dans l'histoire de l'art, celle où, à côté du plein cintre roman, commence à poindre l'ogive. L'édifice est en forme de croix; l'extrémité orientale est circulaire, et autour du rond-point rayonnent cinq chapelles également circulaires. Les transepts, qui sont fort courts, datent du XIIIe siècle. Les piliers de la nef sont carrés, et flanqués, sur chaque face, d'une colonne engagée; les arcades en plein cintre qui les unissent sont ornées d'un tore élégant sur l'arête. Sur les chapiteaux, d'un travail assez barbare, on a représenté des figures entières, des monstres et des plantes exotiques. Cette partie-là est évidemment la plus ancienne. Dans le choeur, les fenêtres de la claire-voie sont à ogives; les colonnes de la galerie du premier étage sont couronnées par un entablement horizontal; les colonnes du rond-point supportent des ogives, tandis que les autres arcades du choeur présentent des pleins cintres. L'édifice fut réparé en 1653 : ce fut alors qu'on pratiqua des ailes sur les deux côtés, et qu'une voûte remplaça le vieux lambris qui couvrait les murs. Au XIXe siècle, l'église Saint-Germain-des-Prés a subi une nouvelle et entière restauration-: Flandrin a peint à la cire divers sujets sur les murailles du choeur; les piliers et les voûtes ont reçu une peinture polychrome, qui rappelle la décoration de la Sainte-Chapelle; la flèche a été reconstruite en entier; enfin on a repris en sous-oeuvre la tour, que les archéologues regardent comme un débris de l'édifice élevé du temps de Childebert. (B.). - Le portail méridional de l'église Saint-Germain-des-Prés et, à droite, la chapelle de la Vierge, avec une sculpture de Picasso, en hommage à Guillaume Apollinaire, Ci-dessous, l'intérieur de l'église : la nef et une chapelle latérale.© Photos : Serge Jodra, 2010.-- | |