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La littérature
allemande compte parmi les littératures les plus intéressantes de
tous les temps, par la variété des écoles qu'elle embrasse et la diversité
des influences qu'elle a subies, plus encore que par le nombre de ses chefs-d'oeuvre.
Elle n'a pas la forte unité, le développement ferme et régulier de la
littérature
française; sa marche a été plus lente et plus inégale, soumise
à de brusques revirements et à des temps d'arrêt. De même que le peuple
allemand a été longtemps séparé en des groupes distincts et même hostiles,
plus ou moins fortement attirés par les régions voisines, de même la
littérature allemande a cherché tour à tour ses inspirations au Midi,
à l'Ouest, au Nord, avant d'entrer dans la voie où elle a fini par trouver
une originalité féconde.
Les dialectes
allemands qui ont laissé à différentes époques des documents dans
la littérature se sont généralement transmis jusqu'à nous avec des
altérations plus ou moins profondes. Seul le plus ancien de tous, la langue
gothique ( Les
langues
germaniques), a complètement disparu. Il était parlé, au moment
de l'invasion des Germains, non seulement
par les deux branches principales des Goths,
les Ostrogoths et les Wisigoths,
mais encore par les Hérules et les
Vandales.
Il a partagé la destinée de ces peuples, qui, après avoir porté les
premiers coups à l'Empire romain ,
furent eux-mêmes refoulés par des invasions nouvelles et ne firent, pour
ainsi dire, que frayer la route à leurs successeurs plus heureux, possesseurs
définitifs du sol. Mais le dialecte gothique a survécu grâce à une
oeuvre unique, la traduction de la Bible
faite par l'évêque Ulfilas au VIe siècle.
Ce qui reste de cette traduction suffit pour en faire apprécier le mérite.
Elle rend l'esprit, plutôt que la lettre de l'original; elle est très
supérieure aux traductions en haut-allemand entreprises par des moines
qui entendaient mieux le latin que les langues vernaculaires. Malheureusement
elle n'eut qu'une influence passagère. Elle est comme un monument auguste
et isolé, placé en dehors de la grande voie sur laquelle se développa
la littérature allemande.
Cette littérature, prise dans son ensemble,
depuis l'époque de l'ancien haut-allemand, peut se partager de diverses
manières. Au moins s'accorde-t-on à reconnaître le Moyen âge
a été une grande époque, et qu'elle jette son plus vif éclat au XIIIe
siècle avec les Minnesinger et les auteurs
des poèmes chevaleresques; l'autre grand moment est le XVIIIe
siècle, apogée, avec Lessing, Klopstock,
Herder,
Goethe,
Schiller
et tant d'autres, d'une évolution engagée dès la Réforme, avec Ulrich
de Hutten, Thomas Murner, Martin Luther, Hans
Sachs, Jean Fischart.
Le Moyen âge.
La littérature allemande reçut sa première
impulsion de l'affection des anciens Germains
pour des chants qui célébraient les aventures
fabuleuses et héroïques de leur histoire ou de leurs traditions. L'activité
littéraire chrétienne se manifesta au IVe
siècle par la traduction (probablement de l'évêque Ulfilas) de la Bible
en dialecte gothique ( Le Manuscrit
d'Argent ).
Des traductions métriques des livres sacrés apparurent au IXe
siècle dans l'ancien haut allemand et en bas allemand; les premières
(Krist) sous la forme de vers rimés, et les autres (Heland),
conservant les allitérations de la langue
primitive. Le Ludwigslied, chant triomphal en l'honneur de la victoire
remportée par le roi franc,
Louis
III, sur les Vikings, vers 880, fut
composé, dans l'ancien haut allemand, par un ecclésiastique. Plusieurs
poètes et chroniqueurs latins se rendirent célèbres à la même époque
et dans la période qui suivit.
Au XIIe
siècle, la poésie passa des monastères
et des écoles religieuses aux palais des princes et aux châteaux
des nobles. Heinrich von Veldelre fut le premier à introduire l'amour
dans son poème héroïque Eneit; il est regardé comme le créateur
des chants héroïques, bien qu'il fut surpassé par Wolfram
von Eschenbach, Les autres maîtres en l'art des ménestrels
furent Gottfried de Strasbourg, Hartmann von der Aue
et Konrad de Wurzbourg. Leurs poèmes héroïques les plus longs traitaient
principalement des exploits de Charlemagne
et des histoires d'Arthur
et de la Table Ronde ;
l'amour formait toujours le thème de ces chants. Walter von der Vogelweide
fut le plus enthousiaste des poètes lyriques; après lui, il faut placer
Heinrich von Ofterdingen, Reimar der Alle, Heinrich von Morungen, Gottfried
von Neiten et les bardes autrichiens Nithard et Tanhaeuser. Les ménestrels
constituèrent ce que l'on appelle l'école poétique de Souabe, parce
que leurs chants etaient, pour la plupart, composés en dialecte souabe.
L'événement dominant de l'ère des ménestrels
fut l'apparition du lai des Nibelungen ,
personnifiant les légendes de la période
des migrations nationales. Quelque temps après parut l'Heldenbuch
(Livre des Héros)
consistant en une collection de fragments des mêmes légendes mélangées
avec les traditions des croisades .
Le XIIIe siècle fut marquée par le commencement
de la poésie didactique et des écrits
historiques. Utrich von Lichtenstein (1275) dans son fameux poème Frauendienst
(Dévotion à la femme) déplore la décadence de la chevalerie;
la poésie abandonnait en effet les châteaux
pour la maison du bourgeois ou la chaumière de l'artisan; et au lieu des
nobles Minnesanger on eut des chansonniers plébéiens appelés Meistersaenger.
Au XIVe
siècle, l'Allemagne
posséda plusieurs théologiens mystiques, disciples de Meister
Eckart. Le plus connu est Johann Tauler (1290-1361) dont les sermons
et les écrits préparèrent les esprits à une réforme religieuse des
XIVe et XVe
siècles ne produisirent d'autre bonne poésie que les chants animés de
Halbsuter et de Veit Weber, célébrant les victoires de la Suisse
sur l'Autriche
et la Bourgogne .
Au XVe siècle, Hegius, Langius, Dringeberg,
Reuchlin
et Agricola élevèrent la philosophie
à un haut degré de splendeur; Purbach et son adepte Regiomontanus (Johann
Müller) s'illustrèrent comme mathématiciens,
au moment où l'invention de l'imprimerie
produisait une activité littéraire sans précédent.
Le XVIe
siècle.
Le XVIe
siècle vit inaugurer une ère nouvelle par la traduction que
Luther
fit de la Bible ;
le haut allemand, tel que l'employa le
chef de la réforme, sembla un idiome si pur qu'il est resté depuis le
seul qu'aient employé les écrivains. En même temps que Luther brillaient
des philosophes tels que Zwingle, Johann Arnd,
Melanchthon,
Ulrich von Hutten, Bugenhagen et Bullinger; dans les sciences qui auraient
cru s'abaisser en partant la langue vulgaire et qui employaient toujours
le latin, brillaient au premier rang Cornelius
Agrippa,
Theophraste Paracelse, Copernic,
Leonhard
Fuchs, Conrad Gesner et Agricola.
Dans le champ de l'histoire, on admirait
Sebastian Frank, Sebastian Münster, Tschudi et Aventinus.
Les écrits d'Albrecht Dürer développaient des
vues originales sur les beaux-arts
dans leurs rapports avec les sciences mathématiques .
Les traductions du Tasse,
de l'Arioste, de Boccace
et de plusieurs poètes et romanciers italiens
ne purent faire oublier les anciennes histoires de la chevalerie; on fit
même de ces dernières des collections appelées Volksbucher (
= Livres pour le peuple), recueils dont un, le Buch der Liebe (
= Livre d'amour), resta longtemps populaire. Parmi les satirnbanques et
les fabulistes, on cite Sebastian Brant (Narrenschif = Navire
des sots, Nef des fous), Thomas Murner (Narrenbeschwaerung,
Conjuration
des fous), Alberus et Burkard Waldis; enfin Johann Fischart, surnommé
le Rabelais allemand. Parmi les Volksbucher
dont nous avons parlé se trouvait Till Eulenspiegel (Till l'Espiègle),
relatant les boutades, farces, plaisanteries, aventures et mésaventures
d'un vagabond.
Les Volkslieder, ou chants populaires
de cette période, ont été assemblés pour la première fois par Herder.
Les Meistersaenger même brillaient d'un
éclat nouveau sous la plume de Hans Sachs;
l'art dramatique s'enrichit des oeuvres de Jakob Ayrer
(mort en 1605) et d'Andreas Gryphius (1616-1664).
Le XVIIe
siècle.
En passant des Meistersaenger aux érudits,
la poésie perdit en simplicité, en naturel
ce qu'elle gagna en perfection; bientôt on ne s'étudia plus qu'à imiter
les Italiens et les Français.
Cette nouvelle période fut riche en talents de toute sorte; nous citerons,
parmi les poètes; Friedrich von Spee (mort en 1635), Georg Rudolph Weckherlin
(1584-1651), Martin Opitz, chef de la première
école silésienne (1597-1639), Paul Flemming
(1609-1640), Simon Dach (1605-1659), von Zesen (1619-1689),
Halsdaerfer, Christian Weise, Friedrich von Logau (1604-1655), Günther
(1695-1723), Neukirch (1665-1729), Wernike de
Hambourg (mort vers 1720) et Brockes de Hambourg (1680-1747); citons encore,
parmi les poètes moins purement nationaux, Hofmannswaldau (1616-1679),
Lohenstein (1635-1683), Canitz (1634-1690), Besser (1654-1729) et Koenig
(1688-1744). Les nouvellistes qui obtinrent le plus de succès furent Buchcholx,
von Zesen, Ziegler, Klipphausen, Lohenstein et le duc Anton Ulrich de Brunswick.
Parmi les prosateurs, von
Pufendorf en philosophie politique, Kepler
(auteur latin) en astronomie, et Gottfried Arnold en histoire ecclésiastique,
méritent une mention toute particulière; on ne peut oublier Spener, créateur
du piétisme protestant. Le latin
dominait encore dans les écoles et dans les écrits philosophiques, si
bien que Jakob Boehme (1575-1624) fut pendant
longtemps le seul à employer la langue de son pays. Leibniz
(1646-1716) préférait le français
lorsqu'il ne faisait pas usage du latin; Wolf (1679-1754)
écrivait en allemand. Christian Thomasius
(1655-1728) substitua la langue nationale au latin dans l'instruction et
fonda la première publication périodique allemande Ã
Leipzig
(1688-1690).
Le XVIIIe
siècle.
Le XVIIIe
siècle vit naître plusieurs écoles littéraires.
Gottsched
(1700-1766) voulut faire de l'allemand
la langue des écoles, à l'exclusion de toute autre, et soutint les règles
classiques de composition admises par Racine et
Corneille.
Bodmer
(1698-1783) et Breitinger de Zurich (1701-1776),
admirateurs de Milton, créérent l'école suisse,
opposée aux classiques; plus tard, un certain nombre d'adeptes de Gottsched
l'abandonnèrent et fondèrent le Bremer Beiträge, célèbre publication
périodique éditée par Gaertner (1732-1791);
avec eux commença la seconde école saxonne. L'école de Halle
avait des rapports avec l'école suisse. Parmi les poètes de cette période
on remarque Rabener (1744-1771), Zachariae
(1726-1777), Gellert (1715-1769), Kaestner,
Giseke, Johann Elias Schlegel, Johann Adolph
Schlegel (1721-1793), Fuchs, Cramer, Ebert, Kleist (1715-1759), Ramler
(1725-1798), Gleim (1719-1803), Salomon
Gessner, de Zurich (1730-1787), Hagedorn
(1708-1754), Albrecht von Haller (1708-1777),
Klopstock
(1724-1803) et Wieland (1733-1813).
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La versification
allemande
La rime est le caractère
des plus anciennes poésies de l'Allemagne ,
qui consistaient en chants d'église et en chants populaires; elle est
aussi accompagnée d'allitérations, comme on le voit dans la prière de
Wessobrunn et le chant d'Hildebrand. La mesure de l'ancien vers allemand
ne reposait ni sur la quantité des syllabes, comme en grec
et en latin, ni sur leur nombre, comme dans
presque toutes les autres langues vivantes; elle consistait uniquement
dans bien qu'elle n'eût pas en réalité une durée plus longue que les
autres; elle ne se distinguait des brèves que par l'élévation de la
voix. Toute syllabe qui n'avait pas l'accent était regardée comme brève.
Le
Minnesinger,
dit J. Grimm, se bornait à déterminer le nombre
des arsis qu'il voulait donner à son vers, et s'inquiétait peu
du nombre des syllabes faibles; mais comme il se gardait également de
mettre dans les thésis des syllabes accentuées, il s'ensuivait
que le vers était tantôt iambique ou trochaïque, tantôt dactylique
ou anapestique. Dans les strophes des
Niebelungen,
chaque vers compte six arsis. L'emploi des rimes plates, et la césure
féminine qui divise le vers en deux hémistiches, lui donnent une grande
analogie avec le vers alexandrin,
surtout dans les poètes souabes. La rime des anciens proverbes et des
vieilles maximes se trouve quelquefois au commencement du vers; elle porte
alors Ie nom de rime initiale.
Quand le haut allemand
fut devenu la langue littéraire de l'Allemagne,
Opitz,
Klopstock
et ses successeurs, régularisèrent la métrique, qui repose aujourd'hui
sur des principes assez précis; mais il est difficile de la ramener Ã
des règles invariables, parce que l'accent d'une même syllabe peut changer
suivant l'importance que le poète attache au mot. Cependant, grâce Ã
la métrique nouvelle, certaines syllabes qui étaient brèves sont devenues
douteuses, et peuvent être employées comme longues; cette innovation
a permis à la versification allemande d'employer le spondée, pied qui
lui manquait totalement. (H.). |
Une nouvelle direction fut donnée à la
littérature par Lessing (1729-1781), qui fit
disparaître l'influence française. Sa tragédie
'Emilia Galotti, sa comédieMinna
von Barnhelm et son drame philosophique
Nathan der Weise sont des modèles de composition dramatique. D'autres
auteurs exercèrent également une grande influence sur la littérature
de leur époque; ce sont : Herder (1744-1803)
et Winckelmann (1717-1768). Le critique et
commentateur Heyne propagea Ã
Göttingen
les théories de Winckelmann et bientôt après 1770, la,jeunesse fonda
une union poétique dont les principaux membres furent Bürger
(1748-1794), Voss (1751-1826), Hoelty (1748-1776), les deux Stolberg, Claudius,
Miller, Hahn, Cramer, Gotter
et Boje. D'autres poètes célèbres furent Pfeffel (1736-1809), Klinger
(1753-1831), Schubart (1739-1791), Heinse (mort
en 1803), Lenz (1750-1792), Müller (1750-1823)
et surtout Schiller et Goethe;
à cette période appartient le philosophe Kant
(1724-1804) qui fut suivi de Fichte (1762-1814),
Hegel
(1770-1831) et Schelling (1775-1834); d'autres
philosophes éminents furent Lessing, Herder,
Mendelssohn
et Hamann.
Parmi les autres prosateurs nous citerons
Engel
et Jacobi, Reinhold
et Barth; Alexander Gottlieb Baumgarten (écrivain
latin), Meier, Sulzer, Abbt,
Garve,
Liscow, Lavater,
Zimmermann,
Lichtenberg;
les historiens Dohm, Moeser, Schroeckh, Schloezer,
Beck,
Spittler, Mosheim et
Johannes von Müller (1759-1809);
Georg Forster, professeur et ami d'Alexander von
Humboldt; le publiciste Friedrich Karl von Moser; le professeur
Basedow,
auquel succéda Pestalozzi; Campe, auteur de livres
pour les enfants; Nicolai (roman satirique
Sebaldus
Nothanker); le philologue Adelung; l'archéologue
Boettiger;
le biographe Sturz; les théologiens
Reimarus,
Jerusalem, Spalding, Michaelis, Rosenmüller et Ernesti;
l'historien Eichhorn; enfin Blumenbach,
Bloch,
Herschel,
Euler,
Vega et plusieurs autres brillèrent dans les diverses branches de l'enseignement
et des sciences. Jean Paul Friedrich Richter (1763-1825) est considéré
comme l'un des plus puissants écrivains de son siècle. Novalis (von Hardenberg,
1772-1801) fut le chef de la nouvelle école dite romantique, à laquelle
appartint notamment son contemporain Wackenroder (1772-1798).
Le XIXe
siècle.
La période romantique inaugurée par
Novalis, s'est poursuivie au XIXe siècle
avec August Wilhelm von Schlegel (1762-1843),
traducteur de Shakespeare, et distingué
dans plusieurs genres; son frère Griedrich von Schlegel (1772-1829), historien
de littérature ancienne et moderne; Ludwig Tieck (1773-1853), La Motte
Fouqué (1777-1843), Chamisso (1781-1838), Tledge
(1752-1841), Platen (1796-1835) et Werner (1768-1823)
Cette époque comprend les poètes lyriques
Schenkendorf (1783-1817), Stagemann (1763-1840), Kosegarten (1758-1818),
Baggesen
(1764-1826), Matthison (1761-1831), Mahlmann (1771-1826), Salis
(1762- 1834) et Eichendorff (1788-1857). Parmi les romanciers, on cite
d'abord J. T. Ilermes (1738-1824), Hippel (1741-1796), Musaeus
(1735-1787), et ensuite
Lafontaine (1759-1831),
Thümmel (1738-1817), Jung-Stilling (1740-1817), Knigge 1752-1796) et Immermann
(1796-1840).
Les femmes auteurs de cette période sont
Bettina von Arnim (1785-1859), Rahel, femme de Varnhagen
von Ense (1774-1833), Augusta von Paalzow, Ida von Hahn-Hahn, Amalie
Schoppe, Johanna Schopenhauer, Friederike Brun et Talvi (Mme Robinson).
La guerre nationale contre Napoléon fit éclore
les chants enthousiastes d'Arndt (1769-1860) et
de Koerner (1791-1813). Les autres poètes nationaux
furent Wilhelm Müller (1794-1827), Rückert (1789-1866) et Uhlandd
(1787-1862), chef de l'école moderne de Souabe ,
à laquelle appartenaient Hebel (1760-1826), Justinus
Kerner,
Gustav Schwab, l'historien et critique Pfizer, Karl Meyer et Moerike.
Une nouvelle direction fut donnée à l'activité littéraire par l'excitation
qui précéda et suivit la révolution française de 1830. Boerne (1786-1837)
et Heinrich Heine (1800-1856) se mirent à la tête
du mouvement; ce dernier devint, en peu de temps, l'idole de la nouvelle
école appelée
Jeune Allemagne, école à laquelle appartenaient
Gutzkow (né en 1811), Laube (1806), Gustav Kühn (1806) et Mundt (1808).
Les écrits du baron Sternberg (1806) et du prince Pückler-Muskau (1785-1871)
donnent une idée des opinions qui régnaient alors en Allemagne .
La liste des auteurs de romans
historiques fut ouverte par Meissner (1753-1807), qui eut pour successeurs
Karoline von Pichler (1769-1843), Tromlitz (von Witzleben, (1773-1839),
Van der Velde (1779-1824), Karl Spindler (1796-1855), Koenig (1790-1869),
Zschokke (1771-1848), Heinrich Stelfens (1773-1845), Berneck ou Bernd von
Guseck (1803), Mügge (180-1861), Heller (1813-1871), Luise Mühlbach (Mme
Mundt, 1814-1873) et Willibald Alexis (Wilhelm Baering, 1797-1871). Hauff,
Clauren et Hacklaender, (fondateur et directeur du journal Ueber Land
und Meer) sont également des romanciers populaires. Parmi ceux des
dernières décennies du XIXe siècle,
la première place est occupée par Freytag, Spielhagen et Auerbach. Alfred
Meissner (petit-fils du romancier déjà nommé), Max Ring, Edmond Hoefer,
Fanny Lewald, Levin Schücking, Karl van Holtei, E. Marlitt (Eugénie John),
Paul Heyse et plusieurs autres se sont illustrés par des travaux littéraires
d'imagination.
A la même époque, les poètes les
plus célèbres sont Hoffmann von Fallersleben, Herwegh, Diagelstedt, Prutz,
Kinkel, Freiligrath, Grabbe, Gottschall, Emanuel Geibel, Hedwilz, Paul
Heyse, Wolfgang Müller, Max Waldau, Gerokt, Bodenstedt, Baettger, Simrock,
Kugler, Keller, Schefer et Hemmer. Une pléiade de poètes viennois se
groupa autour d'Anastasius Grün (comte d'Auesperg, 1806-1876), le plus
grand poète lyrique de l'Autriche .
Autour de cette étoile gravitaient Lenau et Karl Beck, Alfred Meissner
et Moritz Hartmann.
La littérature dramatique est tombée
des hauteurs où elle s'était élevée avec Lessing,
Goethe et Schiller, Néanmoins les auteurs sont
nombreux; nous citerons : Gerstenberg (1737-1823),
Cronegk, Leisewitz, Weisse, Iffland (1759-1814),
Werner,
Müllner (1774-1829), Howald (1778-1845), Grillparzer (1790-1872, Kotzebue
(1761-1819), Friedrich Halm (Münch-Bellinghausen), Maltitz, Eichendorff,
Julius Mosen, Gutzkow,.Laube, Hebbel, Griepenkerl, Prutz, Brachvogel, Charlotte
Birch-Pfeifer (1800-1868), Karl Immermann, Beer, Raupach (1784-1852), Eduard
Duller (1809-1853), Hacklaender, Benediz, Feldmann, Toepper, Albini, Gustav
Freytag, Bauernfeld, Paul Heyse, Wilhelm Jordan,
Kruse,
Mosenthal, Weilen, Wilbrandt, Gustav von Putlitz et Schauffert.
Toutes les autres branches de la littérature
sont tombées dans la décadence depuis que l'Allemagne a tourné son énergie
du côté de l'art militaire; elle a recherché une gloire d'un tout autre
genre. Les esprits les plus éminents se vouent surtout à l'enseignement
et aux recherches scientifiques.
Alexander von Humboldt
(1769-1859) a donné une vive impulsion à toutes les branches du savoir
humain, principalement aux sciences naturelles. En même temps, un autre
grand mouvement était imprimé aux recherches historiques par Niebuhr
(1776-1831), Schlosser (1776-1861),
Heeren (1760-1842),
Raumer
(1781-1873), Leopold von Ranke (né en 1793), Dahlmann (1785-1860) et Gervinus
(1803-1871).
Parmi les noms distingués dans les recherches
sur les antiquités orientales et égyptiennes, on cite Bunsen,
Lepsius,
Brugsch,
et
Ebers; dans l'histoire ancienne Boeckh,
Karl
Otfried Müller, Duncker, Droysen, Mommsen, Kortüm, Adolph Schmidt,
Plass, Wachsmuth, Tillmann, Flathe, Manso, Abeken, Schwegler, E. Curtius,
Lassen, Jahn, Hermann, Teuffel et Movers; dans l'étude du sanscrit,
Roth, Boehtlingk, Benfey, Fick et A. Weber; dans l'histoire du Moyen âge,
Rühs, Rehm, Wilken, Leo, Hammer, Fallmerayer, Aschbach, Lappenberg, Dahlmann,
Schaefer, Roepell, Kriegk, Griesebach et Gregorovius; dans l'histoire et
la littérature orientales, Joseph von Hammer-Purgstall, Flügel, Plath,
Radeloff, Ewald et Noeldeke; dans l'histoire moderne, Dohm, Saalfeld, Bülau,
Münnich, Heusser, Sybel et Treitschke; dans l'histoire des mouvements
moraux, intellectuels, économiques et politiques, Wachsmuth (1784-1866),
Scherr, Klemm (1802-1869) et Henne-am-Rhyn. Les récits d'explorations
rédigés par Johann Georg Adam Forster (1754-1794),
compagnon de Cook dans son second voyage autour
du monde, ayant obtenu un grand succès, furent suivis de plusieurs autres
qui créèrent un genre nouveau, la littérature de voyages, à laquelle
Humboldt donna une grande impulsion.
L'Allemagne a donné le jour à un nombre
considérable de voyageurs qu'il faut renoncer à nommer tous; nous citerons
seulement Lichtenstein (1780-1897), Martius (1794-1868), G. H. von Schubert
(1780-1860), Rüppel (né en 1794), Moritz Wagner (1813), Froebel (1806)
et Ida Pfeiffer (1797-1858). Parmi les plus
célèbres explorateurs de la fin du XIXe
siècle, on ne peut se dispenser de rappeler Gützlaff (en Chine ),
Siebold
(au Japon ),
Barth,
Vogel,
Nachtigal,
Gerhard
Rohlfs, Sweinfurth et Heuglin (en Afrique ),
les frères Schlagintweit (Asie centrale ),
Bastian
(Sud-Est de l'Asie) et Leichhardt (Australie).
Parmi ceux qui se sont illustrés dans
le champ des sciences et de la philosophie ;
nous ne nommerons que les plus célèbres: Schleiermacher,
Wilhelm
von Humboldt, Schopenhauer,
Nietzsche,
D.F.
Strauss,
Ritter,
Bopp,
Grimm,
Liebig
et Haeckel.
(T.).
La littérature
allemande depuis 1900.
Début
du XXe siècle et
expressionnisme (1900-1933).
L'expressionnisme,
qui s'étend approximativement de 1910 à 1924, est un mouvement littéraire
et artistique qui reflète les bouleversements sociaux et les angoisses
existentielles de l'époque. Les auteurs expressionnistes cherchent Ã
exprimer des émotions intenses et des visions apocalyptiques. Franz
Kafka, qui écrit en allemand, développÃe un style unique. Ses Å“uvres
les plus célèbres sont La Métamorphose (1915) et Le Procès
(1925). Georg Trakl, figure clé de l'expressionnisme, s'illustre avec
pour des poèmes sombres et lyriques comme ceux que l'on trouve dans Sebastian
im Traum (1915). Gottfried Benn est un poète et essayiste qui expriment
le nihilisme et la désillusion dans ses œuvres
République
de Weimar et Neue Sachlichkeit (1918-1933).
La République de
Weimar voit l'émergence de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité),
un mouvement qui privilégie une approche réaliste et critique des réalités
sociales. Bertolt Brecht, dramaturge et poète,
développe le théâtre épique avec des oeuvres comme L'Opéra de quat'sous
(1928) et Mère Courage et ses enfants (1941). Erich Kästner se
fait connaître avec des romans critiques et des livres pour enfants comme
Emil
und die Detektive (1929). Alfred Döblin décrit la vie urbaine avec
un réalisme saisissant dans son roman Berlin Alexanderplatz (1929),
une œuvre majeure de cette période,
Nazisme
et exil (1933-1945).
Avec la montée
du nazisme, de nombreux écrivains allemands sont persécutés, censurés
ou forcés à l'exil. Cette période voit une production littéraire en
exil, souvent marquée par la dénonciation du régime nazi et la nostalgie
de la vie laissée derrière soi Thomas Mann,
exilé aux États-Unis, publie Joseph et ses frères (1933-1943)
et Doktor Faustus (1947). L'Autrichien Stefan Zweig, également
en exi, marque aussi cette période avec Le Monde d'hier (1942).
Anna Seghers décrit la vie des réfugiés en fuite. dans son roman Transit
(1944)
Après-guerre
et division de l'Allemagne (1945-1989)
La division de l'Allemagne
en RFA (Allemagne de l'Ouest) et RDA (Allemagne de l'Est) entraîne des
développements littéraires distincts. En Allemagne de l'Ouest, Heinrich
Böll , prix Nobel de littérature en 1972, critique la société d'après-guerre
dans des œuvres comme Billiards à moitié dix (1959); Günter
Grass, prix Nobel de littérature en 1999, se recommande pour Le
Tambour
(1959), une fresque de l'histoire allemande. En Allemagne de
l'Est, Christa Wolf , avec son roman Trame d'enfance (1976) aborde
les thèmes de la mémoire et de l'identité; Heiner Müller, dramaturge
important, se fait connaître avec des pièces comme Hamletmachine
(1977).
Réunification
et littérature contemporaine (depuis 1990).
Après la réunification
en 1990, la littérature allemande se diversifie. Elle aborde les thèmes
de la mémoire historique, de la migration et de la mondialisation.
W.G. Sebald, avec des oeuvres comme Les Anneaux de Saturne (1995)
sonde la mémoire et l'histoire. Herta Müller,
prix Nobel de littérature en 2009, écrit sur la dictature roumaine
et l'exil, comme dans La Convocation (1997). Daniel Kehlmann s'est
fait connaître avec Les Arpenteurs du monde (2005), qui relate
les aventures des scientifiques
Humboldt et
de Gauss. |
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