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Paracelse

Philippus Aureolus Theophrastus Bombast von Hohenheim, dit  Paracelse a Ă©tĂ© un cĂ©lèbre mĂ©decin et alchimiste, nĂ© près d'Einsiedeln, canton de Schwitz (Suisse), le 17 dĂ©cembre 1493, mort Ă  Salzbourg le 24 septembre 1541. Sa famille Ă©tait originaire du château de Hehenheim, près de Stuttgart, et celui-ci avait dès 1409 passĂ© en des mains Ă©trangères. Le père de Paracelse Ă©tait mĂ©decin de l'abbaye d'Einstedeln, et sa mère, avant son mariage, Ă©tait surveillante Ă  l'hĂ´pital annexĂ© au couvent. Quant au nom de Paracelse, il n'est probablement que la traduction de Hohenheim, plutĂ´t que d'indiquer une vaniteuse prĂ©Ă©minence au-dessus de Celse. Le plus souvent, d'ailleurs, il signait Theophrastus ex Hohenheim Eremita (Ă©pithète indiquant son lieu de naissance). Quelquefois le prĂ©nom d'Aureolus-Philippus lui est attribuĂ©. 

En 1502, le père de Paracelse émigra avec sa famille à Villach, en Carinthie, et c'est là qu'il lui inculqua les premières notions de médecine, d'alchimie et d'astrologie. En 1506, Paracelse alla étudier à Bâle, où il eut pour maître Tritheim, puis il fit un assez long séjour auprès de Sig. von Fuggeri dans le Tyrol. Il visita ensuite les plus célèbres universités d'Allemagne, de France et d'Italie, puis étudia la métallurgie en Saxe, visita l'Espagne et l'Angleterre, se fit enlever par les Tatares en Pologne et pratiqua l'alchimie chez eux, parcourut l'Égypte, se fit initier à divers mystères à Constantinople, etc. Il demanda leurs secrets aux barbiers, baigneurs, bonnes femmes, magiciens, astrologues, zinzares, bourreaux, etc., aussi bien qu'aux plus savants médecins. Il servit, paraît-il, dans l'armée danoise sous Christian II

Ces pĂ©rĂ©grinations ont dĂ» beaucoup nuire Ă  ses lectures, aussi dĂ©testait-il cordialement les classiques; tels que Galien, Avicenne, etc. Quoi qu'il en soit, il fut nommĂ© en 1526 mĂ©decin pensionnĂ© Ă  Bâle, grâce Ă  son compatriote Hausschein (Oekolampadius), et l'annĂ©e suivante devint professeur Ă  l'universitĂ© de cette ville. Il inaugura son enseignement en langue allemande, après avoir fait un feu de joie des ouvrages d'Avicenne, d'Averroès, de Rhazès, le Galien, etc.; il imitait Luther qui, quelques annĂ©es auparavant, avait brĂ»lĂ© la bulle du pape sur la place publique de Wittemberg. 

Hippocrate, sur les aphorismes duquel il publia des commentaires, avait sans doute trouvé grâce devant Paracelse, qui se posait en réformateur de la médecine. Il prétendait faire révolution en médecine et dans la science. Il opposait aux quatre éléments d'Aristote les trois principes des mixtes (sel, soufre, mercure), admis par Basile Valentin établissait une harmonie mystérieuse entre le sel, le corps humain et la terre; entre le mercure, l'âme et l'eau; entre le soufre, l'esprit et l'air il prétendait posséder la panacée universelle, et avoir trouvé le secret de prolonger la vie.

Paracelse a une singulière idée de la puissance de l'intelligence humaine. Voici comment il raisonne :

« La mesure de notre sagesse dans ce monde, est de vivre comme les anges dans le ciel; car nous sommes des anges. Or, il s'agit de savoir ce que peuvent les anges (quidnam possint angeli) ? Ils peuvent tout; car c'est en eux qu'habite toute la sagesse de Dieu, toute la science de Dieu. Les anges possèdent donc toutes les connaissances de Dieu. Ils sont purs et innocents dans le ciel comme sur la Terre; ils ne dorment jamais, ils n'ont pas besoin d'être réveillés. L'homme dort parce qu'il est corporel. Aussi faut-il l'exciter et le réveiller pour la science des anges, c'est-à-dire pour la science et la sagesse de Dieu. Les sciences de Dieu sont : La médecine, la géomancie, l'astronomie, la pyromancie, la chiromancie, la magie, la malédiction, la bénédiction, la nécromancie, l'alchimie, la transmutation, la réduction, la fixation et la teinture. Toutes ces sciences se trouvent dans la nature. Les anges sont des médecins (angeli sunt medici). Ils peuvent voler, marcher sur les eaux, traverser des mers, se rendre invisibles, guérir toutes les maladies, ensorceler, etc. Si les anges ont toutes ces facultés, il est nécessaire que ces facultés se trouvent également dans les plantes, dans les semences, dans les racines, dans les pierres, etc. Car Dieu a versé ses forces (transfudit vires suas) dans les plantes, dans les pierres, dans les graines. C'est là qu'il faut les chercher (ex his illae petendae ). Les anges les possèdent, renfermées en eux-mêmes. L'homme les a au dehors de lui, dans la nature; c'est là qu'il doit se les approprier (in illa eas assumat). »
Des cures heureuses et la guerre qu'il fit Ă  bien des abus lui attirèrent l'inimitiĂ© de ses collègues et confrères, et il dut quitter sa chaire au printemps de 1528. Il finit par se retirer Ă  Esslingen, près de Stuttgart; lĂ  aussi il fut en butte Ă  des persĂ©cutions et, menacĂ© de prison, il s'enfuit et commença une vie errante et misĂ©rable; qu'il termina en 1541 Ă  Salzbourg, tuĂ© par ses ennemis, suivant quelques auteurs, ou simplement dans la misère, selon d'autres. 

On a dit beaucoup de mal de Paracelse, et d'autres l'ont exaltĂ©. On lui a reprochĂ© d'avoir menĂ© une vie de libertinage, mais il faut tenir compte des moeurs de soit Ă©poque. Sans doute, il Ă©tait d'un abord un peu rude, mais avait une haute idĂ©e de sa dignitĂ© de mĂ©decin; il n'Ă©tait pas aussi charlatan que l'ont dit ses ennemis; il faisait mĂŞme la guerre aux charlatans aussi bien qu'aux pĂ©dants et aux ignorants, et il les eut naturellement tous contre lui. On l'a accusĂ© de sorcellerie et d'athĂ©isme; ici encore on est allĂ© trop loin; dans ses Ă©crits authentiques, il s'est montrĂ© croyant et ennemi des oeuvres soi-disant diaboliques. Cela n'empĂŞche qu'il a cru Ă  l'alchimie; croyant Ă©galement Ă  la magie et  Ă  l'astrologie, il expliquait les maladies par l'influence des astres. il Ă©tait de son temps, et il Ă©tait nĂ©oplatonicien en philosophie. De lĂ  ses idĂ©es sur le microcosme et le macrocosme, etc., sur l'existence dans le corps humain de l'archĂ©e, qui est en somme l'analogue de la force vitale des vitalistes
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Paracelse.
Paracelse (1493-1541).

Abstraction faite des propriétés occultes qu'il prêtait à certaines substances, on peut dire que Paracelse a pour ainsi dire créé la doctrine moderne des spécifiques. De même, il préluda aux théories humorales de l'avenir, et, en somme, il a ouvert à la médecine des voies nouvelles. Les magnétiseurs le considérèrent également commee l'un de leurs précurseurs, et non sans quelque raison. Il croyait au surnaturel et s'efforçait de le prouver par des arguments d'ordre naturel; bref, il s'était fait le vulgarisateur du monde métaphysique.

Paracelse une fois mort, le nombre des partisans de ses doctrines médicales s'accrut de jour en jour, surtout en Allemagne, et même en France. Ambroise Paré et Fernel adoptèrent quelques-unes de ses idées. La Faculté de Paris, cependant, ne voulut pas entendre parler des préparations chimiques qu'il avait introduites dans la thérapeutique, et particulièrement de l'antimoine.

L'énumération de ses ouvrages n'aurait pas grand intérêt; il a écrit sur les préparations médicamenteuses, la médecine pratique en général, le syphilis, la chirurgie; les impostures des médecins, la nature des choses (où il est question de l'homunculus), la peste, la philosophie et l'astrologie, etc. Mais plusieurs de ces ouvrages ne sont pas authentiques, on est même loin d'être d'accord sur ce sujet. Quoi qu'il en soit, il a été publié une série d'éditions des oeuvres complètes de Paracelse, depuis l'édition de Bâle de 1575-1589 en 10 vol. jusqu'à celle de Genève de 1658 en 3 vol. Son style est passablement extravagant. Mais les ouvrages non authentiques qui lui sont attribués sont caractérisés par un style encore plus extravagant et enflé, qui a fait adopter par les Anglais le mot bombast comme synonyme de pathos, d'enflure, etc.

On peut consulter sur ce singulier personnage Paracelse et l'Alchimie au XVIe siècle de F. Franck, 1853, et les Études sur Paracelse, du Dr. Cruveilhier, 1857. (Dr L. Hn).

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