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Strauss

Johann Strauss est un compositeur autrichien de musique de danse, né à Vienne le 14 mars 1804, mort à Vienne le 25 septembre 1849. Cet artiste montra de bonne heure un goût très vif pour la musique, et malgré l'opposition de ses parents, qui voulaient faire de lui un ouvrier relieur, il devint assez vite un très bon violoniste.
Il se fit d'abord engager dans quelques orchestres renommés de sa ville natale, puis, après avoir écrit ses premières compositions, soucieux de les faire interpréter à sa guise, il réunit à son compte une troupe instrumentale dont la vogue devint promptement universelle et considérable. Sa rare fécondité lui permit de conserver sa popularité jusqu'à sa mort. 

Si les Viennois ont goûté vivement les valses et polkas de leur compatriote, l'étranger ne les apprécia pas moins. Ces oeuvres prirent place au programme de tous les orchestres de danse, et dans les nombreuses tournées entreprises par lui en Allemagne, en Hongrie, en Belgique, en Russie, et France et en Angleterre, Strauss et ses musiciens ont trouvé toujours un accueil enthousiaste.

Il est juste de dire que les danses de Strauss, ses valses surtout, outre le charme d'une grande originalité et d'une distinction réelle, ont encore ce mérite d'être fort bien écrites, harmonisées et instrumentées avec un soin que les compositeurs de ce genre ignoraient complètement avant lui. Dans cette branche  de l'art, on peut dire qu'il a créé des chefs-d'oeuvre, lesquels d'ailleurs, pour certains, sont encore populaires aujourd'hui.

Les trois fils de ce musicien, Johann (1825), Josef (1827), Eduard (1835) se sont également livrés à la composition, bien que leur père ait tout fait pour les en détourner. Johann Strauss, l'aîné, a joui également d'une grande réputation, qu'il mérite, d'ailleurs, et ses ouvrages ne le cèdent guère à ceux de son père. Il a écrit aussi plusieurs opérettes, dont l'une, la Reine Indigo, a été représentée avec succès en 1875, à Paris, sur la scène de la Renaissance. (H. Q.).

David Friedrich Strauss est un théologien et littérateur, né à Ludwigsbourg (Württemberg) en 1808, et mort en 1874. Après avoir fait ses premières études au petit séminaire de Blaubeuren, où il eut pour maîtres Kern et Bauer, il entra (septembre 1825) au séminaire supérieur de Tubingue. Il semble n'y avoir ressenti aucune influence de l'enseignement aride et suranné de ses professeurs; mais ses inclinations naturelles et ses études personnelles déterminèrent dans ses sentiments et dans sa pensée des évolutions qui éliminèrent l'orthodoxie positive, dont il avait été imbu en son enfance et en sa première jeunesse, et qui le montrent épris successivement du romantisme en vogue à cette époque, du mysticisme doctrinaire de Schelling, de la théosophie du Boehme, de la théologie sentimentale de Schleiermacher, et finalement de la phénoménologie et de la dialectique de Hegel, qui identifie la religion et la philosophie, et les présente toutes deux comme ayant le même objet : Dieu, c.-à-d. l'absolu, imaginé par la religion, sous la forme du symbole, et conçu par la raison, dans la philosophie. Il aboutit ainsi à cette conclusion, que la religion procède de l'intelligence, et que son contenu n'a de réalité que par sa conformité à la logique. 
Parvenu au terme de son éducation académique, il passa avec distinction l'examen final et fut placé comme vicaire dans un village, à peu de distance de Ludwigsbourg. Le caractère simple et pratique de sa prédication et l'agrément de sa diction lui valurent beaucoup de succès. Mais sa correspondance avec son ancien condisciple, Christian Moercklin, vicaire et hégélien comme lui, atteste le malaise produit en lui par ses doutes et ses soucis sur la possibilité de concilier, dans l'exercice du ministère pastoral, les exigences du dogme ecclésiastique avec celles de la sincérité de la science. 

Après neuf mois de vicariat, il fut appelé par l'autorité scolaire, comme professeur suppléant, au petit séminaire de Maulbronn. Il s'acquitta de ces fonctions, à la satisfaction de ses supérieurs et de ses élèves; mais elles n'étaient que provisoires. Quand elles eurent pris fin, Strauss se rendit à Berlin (novembre 1831), espérant trouver dans l'enseignement de Schleiermacher et de Hegel la solution des problèmes qui le tourmentaient. Il n'avait assisté qu'à quelques leçons de Hegel, lorsque ce maître mourut, frappé par le choléra. Dès lors, il donna sa principale assiduité au cours et aux prédications de Schleiermacher.

En 1832, Strauss revint à Tubingue, où il avait reçu précédemment le titre de docteur en philosophie. II y fut nommé répétiteur au séminaire. Ses conférences curent un grand succès. Mais lassé des difficultés que les professeurs titulaires lui suscitaient, il interrompit son cours pour se livrer à l'étude des questions qui agitaient sa pensée. La plus troublante se rapportait à l'incarnation de Dieu dans l'homme. Suivant la doctrine hégélienne, Dieu est devenu homme; et l'homme, au plus haut point de son développement, arrive à la conscience de son unité avec Dieu. Mais Dieu s'est-il incarné dans un individu, dans Jésus de Nazareth, par exemple? Cette incarnation spéciale n'est-elle pas la forme symbolique, la représentation figurée de la vérité, plutôt que la vérité elle-même? Hegel avait laissé la question indécise. Ce fut en en cherchant la solution que Strauss conçut l'idée et le projet d'une dogmatique nouvelle, dans laquelle il montrerait comment les données bibliques se sont lentement transformées en dogmes et comment ces dogmes, détruits par la critique, peuvent être reconstruits par la philosophie. Il se proposait d'accomplir entièrement cette tâche; mais pour commencer il se borna à l'étude de la question centrale, et il entreprit d'écrire une Vie de Jésus d'après la méthode projetée. La première édition de cet ouvrage parut en 1835-1836.

Considérant que l'histoire de la plupart des peuples a commencé par des mythes, Strauss a introduit cette notion du mythe dans le Nouveau Testament. Il voit dans les miracles de Jésus, par exemple, le reflet de la foi au surnaturel, qui animait l'Eglise au Ier siècle. Les quatre Evangiles, ne provenant pas de témoins oculaires, ne rapportent que des faits altérés par la tradition. Les récits de ces faits se contredisent fréquemment d'un Evangile à l'autre. Comme ils racontent presque toujours des miracles, ils ne sont pas historiques, mais mythiques. Ces mythes ne sont pas des fables inventées à plaisir; ils sont le revêtement poétique d'une idée religieuse : le produit de l'imagination de certains Juifs qui, dans leur attente fiévreuse du Messie, crurent l'avoir trouvé et donnèrent au personnage historique une forme adaptée à leurs préjugés, à leurs espérances et à leurs passions. A l'exception des discours contenus dans les trois premiers Evangiles, l'histoire évangélique est composée de mythes. Jésus de Nazareth est un disciple de Jean-Baptiste, qui a cru être le Messie, qui a espéré fonder un royaume par des moyens surnaturels, et qui a placé la loi morale au-dessus de la loi mosaïque. Tout le reste est imaginaire. Au reste, ce n'est pas la foi à ces faits extérieurs qu'il importe de conserver, comme si le salut de l'humanité en dépendait. L'idée du Christ reste; la philosophie elle-même en reconnaît l'éternelle vérité. Seulement, ce Christ, Homme-Dieu et Dieu-Homme, ne s'est pas incarné dans un individu nommé Jésus. C'est l'humanité qui est le Dieu incarné. C'est elle qui est l'enfant de la mère visible et du père invisible, de la nature et de l'esprit. Elle fait des miracles, car dans le cours des siècles elle soumet toujours davantage les éléments; elle est sans péché, car son développement dans l'ensemble est pur, la souillure des individus n'atteignant pas l'espèce; elle meurt, elle ressuscite, elle monte au ciel, car, en s'élevant au-dessus de l'existence personnelle, elle célèbre son union avec l'esprit céleste et éternel.

L'émotion produite par cette doctrine fut immense; et la réprobation y dominait, traduite non seulement par des injures et des malédictions, mais par des mesures répressives. Même avant la fin de la publication de la première édition dé la Vie de Jésus, Strauss fut destitué de ses fonctions de répétiteur au séminaire de Tubingue, et envoyé comme professeur au gymnase de Ludwigsbourg. D'autre part, il dut reconnaître comme irréfutable la critique qui lui. reprochait de rendre inexplicable la foi des premiers chrétiens. En effet, le peu qu'il laissait subsister des Evangiles est insuffisant pour motiver cette foi, telle qu'elle est exprimée dans des documents incontestables, comme certaines épîtres de saint Paul. Il se trouva ainsi amené à faire, dans là deuxième et la troisième édition, des concessions considérables sur la valeur et la puissance qu'il convient d'attribuer au fondateur de l'Eglise chrétienne. En outre, dans une dissertation sur les Eléments permanents et les éléments passagers dans le christianisme (1838), il professait que même après qu'on a rejeté les dogmes traditionnels, le Christ reste le génie le plus haut de l'humanité, dépassant immensément tous les autres génies, par l'harmonieuse perfection de sa vie spirituelle. Lui seul a pu dire : " Mon père et moi, nous sommes un".  Il fut arrêté sur cette voie, par une déception qui lui démontra l'impossibilité de vaincre les répulsions qu'il avait suscitées. En 1839, les chefs du parti libéral à Zurich le firent nommer à la chaire de dogmatique et d'histoire ecclésiastique, mais les protestations soulevées par cette nomination furent si vives et si résolues que le gouvernement se trouva forcé de le mettre à la retraite, avant qu'il eût pris possession de sa chaire. Il lui donna comme compensation une pension qui lui fut servie pendant trente-cinq années.

Dans une quatrième édition de la Vie de Jésus, Strauss retira toutes les concessions qu'il avait faites. Puis, il publia un ouvrage dénonçant sa rupture avec la théologie, et sa renonciation à toute prétention de concilier la science et la religion : la Dogmatique chrétienne dans son développement historique et dans sa lutte avec la science moderne, destinée à démontrer que, la religion n'est qu'une forme inférieure de la pensée, qui ne peut plus satisfaire les esprits cultivés. Cette première partie de la vie et de l'activité de Strauss est la seule qui, par le retentissement et l'effet produits, tienne une place réellement importante dans l'histoire des évolutions de la pensée religieuse au XIXe siècle. 

Pour le reste, il nous paraît suffisant de citer les titres des principaux ouvrages auxquels il appliqua ses éminentes facultés de dialecticien et d'écrivain : le Romantisme sur le trône des Césars ou Julien l'Apostat, dirigé contre les entreprises de Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse, pour ramener l'Allemagne aux institutions et aux formes du Moyen âge; Vie de Ulrich de Hutten; Préface aux dialogues satyriques de Hutten; Nouvelle vie de Jésus, remaniée pour le peuple allemand; le Christ de la foi et le Christ de l'histoire; l'Ancienne et la Nouvelle Foi.

Dans ce dernier livre, Strauss professe la négation complète de toute espèce de religion fondée sur la foi en un Dieu personnel; il enseigne que la science permet enfin de concevoir le développement des choses, sans qu'il soit besoin de faire intervenir une volonté créatrice. Mais, si le Dieu personnel s'en va, l'univers, c.-à-d. la matière en mouvement s'élevant par des combinaisons variées, à des formes toujours supérieures, l'univers reste : il a droit à notre vénération, par son unité, sa majesté et sa beauté. Dans le monde ainsi conçu, l'homme, doué d'une aptitude morale, doit s'efforcer de réaliser l'idéal qu'il a de lui-même, et d'en favoriser la réalisation chez les autres; il doit étudier la nature et régner sur elle. La politique, la science et, l'art prendront désormais la place des oeuvres pies. (F.-H. Vollet).

Louis Strauss est un économiste belge, né à Bruxelles en 1814. Après avoir fait ses études à l'institut supérieur de commerce d'Anvers, il devint consul de Belgique successivement en Allemagne, en France, en Amérique, en Chine et au Japon. Il rapporta de ses voyages des études économiques très intéressantes et très documentées dont la publication obtint un vif succès. 

Rentré dans son pays en 1872, il abandonna la carrière consulaire, et fut président de la section économique de la Chambre de commerce d'Anvers. Il a été également directeur de la Revue économique.

Les principaux ouvrages de Strauss sont : les Etats-Unis (Bruxelles, 1867 , in-8); le Canada au point de vue économique (ibid., 1867, in-8) : l'Avenir de la Hongrie (Anvers, 1869, in-8); la Californie (Bruxelles, 1870, in-8); la Chine, son histoire, ses ressources (ibid., 1874, in-8).

Richard Strauss est un chef d'orchestre et compositeur allemand né à Munich le 11 juin 1864, et mort à Garmish-Partenkirchen en 1949. Son père était un musicien de la chapelle royale et lui-même fit ses études sous la direction du maître de cette chapelle, W. Meyer. Richard Strauss renouvela les prodiges de précocité attribués à Mozart et à quelques autres. Sa première symphonie pour orchestre était exécutée en 1881 sous la direc-. tion de Hermann Lévi, et quelques autres de ses compositions, vers la même époque, prenaient place au répertoire de grands orchestres allemands. Lui-même en 1886 était nommé troisième chef d'orchestre de la cour et du théâtre de Munich, qu'il dirigera en premier après la mort d'Hermann Lévi. 

Richard Strauss est certainement un des maîtres les plus intéressants de l'école allemande. Outre beaucoup de musique de  chambre et d'orchestre d'une forme plus ou moins classique, il a écrit plusieurs grands poèmes symphoniques, genre qu'il semble estimer particulièrement. Ces oeuvres, d'intention profonde et souvent extra-musicales, peuvent être jugées différemment, car leur extrême complexité, leurs grandes dimensions en rendent sans aucun doute l'intelligence laborieuse. Elles n'en sont pas moins très remarquables par leurs qualités techniques, mais surtout comme documents des tendances contemporaines de l'art en Allemagne et de son évolution vers les formes libres renouvelées de Berlioz, au moment en France au contraire où, plusieurs compositeurs de talent s'efforcent à ramener la musique symphonique dans les voies strictement classiques.

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