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Rats, Hamsters, Campagnols, Gerbilles |
Linné
avait compris, sous la dénomination générique de Mus,
la plus grande partie des Mammifères Rongeurs
connus de son temps. Ces animaux ont, en effet, avec la Souris ou le Mus
des anciens, un grand nombre de points de ressemblance. Toutefois, les
progrès des connaissances n'ont plus permis aux zoologistes ultérieurs
de confondre sous une même dénomination tant d'espèces
qui, bien que semblables entre elles sous beaucoup de rapports, diffèrent
au contraire d'une manière sensible par la disposition de leur squelette,
par celle de leurs dents molaires ou incisives,
par la forme de leurs organes des sens et même
par leurs habitudes. Les Mus de Linné ont donc été
divisés à mesure qu'on les a mieux connus, et le nombre des
genres qu'on a fondés à leurs dépens
est aujourd'hui considérable. La plupart sont englobés aujourd'hui
dans la superfamille des Muroïdés, ou Rongeurs de la
famille des Rats
Les caractères de ce groupe sont les suivants : incisives inférieures comprimées; pas de prémolaires; arrière-molaires pourvues ou non de racines, à couronne tuberculeuse ou présentant des replis anguleux d'émail; pouce ordinairement rudimentaire; queue généralement grêle, presque nue ou écailleuse. Taille moyenne ou petite; moeurs assez variées, le plus souvent terrestres; régime omnivore chez les formes à molaires, tuberculeuses; granivore ou herbivore chez celles dont les molaires ont des replis anguleux. Les Muroïdés sont eux-mêmes divisés en plusieurs familles, dont les principales sont celle des Rats proprements dits et des Gerbilles (Muridés), celle des Campagnols et des Hamsters (Cricétidés) et celle des Nesomyidés (Rats et Souris de Madagascar et d'Afrique). Leurs molaires, en général au nombre de trois paires, leurs yeux, leurs oreilles et leurs membres assez semblables à ceux du Rat, leur queue plus on moins longue, tels sont les principaux caractères qui peuvent servir à les faire reconnaître et auxquels il faut joindre la forme de leur tête et surtout celle de leur trou sous-orbitaire, lequel est médiocre, allongé verticalement et fort différent de celui des Sciuriens qui est fort petit, aussi bien que de celui des Porcs-Épics, Échimys, Chinchillas, Cabiais, etc., qui est au contraire fort ample. Une fraction de la série des Muroïdés a reçu en propre le nom de Rats ou Murinés, et quoiqu'on l'ait elle-même partagée en beaucoup de genres, elle réunit des espèces qui ont entre elles une véritable analogie, et qu'on ne peut, en général, confondre avec les Hamsters (Cricétinés), ni avec les Campagnols (Arvicolinés), ni avec les Gerbilles (Gerbillinés), et cependant certaines d'entre elles semblent se rapprocher de l'un ou de l'autre de ces trois groupes. Les groupes que nous venons de citer ne sont pas les seuls qui ressemblent aux Rats par leur extérieur; certains Rongeurs appartenant à des familles fort différentes de la leur, et même des Mammifères d'un tout autre ordre, comme les Musaraignes, pourraient être confondus avec eux si on ne tenait compte que de la physionomie extérieure. Quand on veut caractériser avec précision l'espèce de ces animaux, il est donc indispensable d'observer leur crâne, et c'est pour n'avoir pas été décrites sous le rapport du crâne et des dents que les espèces dénommées par les auteurs du XVIIIe siècle (Molina , d'Azara , et quelques autres), ont été si difficilement reconnues par les naturalistes du siècle suivant. Les Muroïdés habitent toutes
les régions zoologiques à l'exception de la Polynésie
où les espèces que l'on rencontre ont dû être
transportées involontairement par l'Humain. Ils représentent
le type le plus commun et le plus généralisé des Rongeurs,
et celui qui cause le plus de dégâts en raison de la variété
des espèces et de leur nature prolifique et migratrice. Les types
omnivores (Muridés) sont surtout nuisibles dans les habitations
humaines, les greniers et les magasins, en détruisant les denrées
de toute espèce que l'humain y amasse pour son usage; ce sont eux
aussi que l'humain transporte avec lui sur ses navires, et qui ont émigré
ainsi sur tous les points du globe. Les types granivores et herbivores
(Cricetinés, Arvicolinés) sont surtout nuisibles aux cultures
et sont moins portés à devenir les commensaux de l'Humain
aussi n'émigrent-ils pas, et, par suite, peuvent-ils être
considérés comme caractéristiques des régions
où ils vivent à l'époque actuelle.
Les MuridésLes Murinés.Les Murinés (Murinae) comprennent les véritables Rats et notamment les espèces d'Europe que nous connaissons sous ce nom et qui constituent les genres Rattus (Rats proprement dits) et Mus (Souris). Les
Rats noirs.
Les animaux des genres Rat et Souris s'apprivoisent
assez facilement et deviennent même très familiers. La reproduction
en captivité permet de sélectionner des sujets albinos, dont
la belle couleur blanche fait ressortir le rouge brillant de l'oeil. Les
Rats blancs et les Souris blanches apprennent à faire quelques exercices;
ils arrivent à vivre dans une cage semblable à celle de l'Ecureuil,
mais plus petite. Il faut les y tenir dans une grande propreté,
autrement ils répandent une odeur très désagréable.
Les
Mulots.
Parmi les sous-espèces de Mulots, on citera le Rat islandais [anc. Mus islandicus Threnemann (Reise nach Island, pl. 8)], caractérisé par des oreilles assez grandes, en partie cachées sous les poils; queue de la longueur du corps, presque nue, écailleuse, brune en dessus, blanche en dessous; dos brun-gris; flancs garnis de poils blancs et gris mêlés; ventre gris ou blanc. Le Rat à queue bicolore (Musculus dichrurus Rafinesque) est également un Mulot (Apodemus sylvaticus). Longueur totale, 20 cm. Pelage fauve mélangé de brunâtre en dessus et sur les côtés; tête marquée d'une bande brunâtre; ventre blanchâtre; queue de la longueur du corps, brune en dessus, blanche en dessous, annelée, ciliée et un peu carrée. Habite la Sicile, vit dans les champs, et tombe en léthargie pendant l'hiver. L'Apodemus agrarius ou Rat agraire [Mus agrarius Pallas, Selys (Microm., p. 67)] représente, quant à lui, une espèce distincte. Il est de la taille de l'A. sylvaticus, mais à oreilles beaucoup plus courtes, arrondies; queue un peu plus longue que la moitié du corps, velue; pelage d'un fauve jaunâtre en dessus, avec une ligne dorsale noire, étroite, allant de la tête à la queue; dessous du corps blanc, tranchant avec le dessus. Longueur totale : 16 cm, dont 6,5 cm pour la queue. Il vit dans les champs cultivés et cause de grands dégâts par son extrême multiplication. On dit qu'il répand une odeur très forte. Ce Mulot habite la Russie européenne et asiatique jusqu'au Iénisséi. On le trouve aussi en Silésie et aux environs de Berlin. C'est le Sitnic de Vicq-d'Azyr. Le
Phloeomys.
Les
Surmulots.
Les
Souris.
Le
Rats des moissons.
Ainsi que l'indique l'un de ses noms, ce Muriné est de petite taille, c'est même le plus petit des Rats de France. Il est aussi gracieux de forme que de couleurs, et la manière dont il dépose ses petits n'est pas moins intéressante. Il entrelace plusieurs tiges de blé sur pied, et établit, vers le milieu de leur hauteur, un nid qui rappelle celui de quelques Oiseaux, et en particulier de plusieurs Pouillots et Mésanges. Ce nid est recouvert, très artistement tressé et oscillant au gré des plantes qui le supportent. C'est par allusion à cette habitude que Hermann a donné au Rat nain le nom de Mus pendulinus. Ce genre, qui est voisin du Mulot, mais bien plus petit (sa taille est de moitié moins grande que celle de la Souris), a reçu plusieurs, comme on l'a vu, autres noms qui font double emploi avec les précédents. Hermann en a fait à tort deux autres espèces sous les noms de M. soricinus et parvulus; Shaw et quelques autres l'ont décrite sous le nom de Mus avenarius, qui rappelle l'habitude qu'elle a de vivre dans les blés, on l'a aussi appelée Mulot nain et M. avenarius. Selys a très bien établi ces détails de synonymie. Gloger a décrit avec soin le nid du Rat nain. On l'a trouvé en Angleterre, en France dans des régions fort éloignées les unes des autres (Anjou, Région parisienne, Alsace, etc.), en Belgique, en Allemagne et jusqu'en Russie, en Sibérie et en Crimée. Selys en cite une variété isabelle prise près de Liège. Les Gerbillinés.
Les Gerbilles (Gerbillus, Desmar) sont un genre de Mammifères, établi par Desmarest pour quelques Rongeurs à longues jambes postérieures. Détaché de celui des Gerboises auxquelles il ressemblent d'ailleurs, ce genre a été adopté par Iliger sous le nom de Mériones. Mais on distingue aujourd'hui les Gerbilles vraies (Gerbillus) et Mériones (Rats des sables). Les Gerbilles ont constamment cinq doigts aux pattes postérieures; quatre doigts et un rudiment de pouce aux antérieures : du reste, le système dentaire des Murinés; la tête allongée; des yeux grands; la queue longue et velue. On en trouve plusieurs espèces dans les contrées chaudes et sablonneuses de l'ancien continent. Ces animaux ne marchent et ne courent qu'en sautant et avec beaucoup de vitesse. L'espèce type de ce genre, la G. d'Egypte (G. Egyptius, Desm.; Dipus pyramidum, Et. Geoff.; Mus longipes, Lin.), est longue de 10 cm à 12 cm du bout du museau à l'origine de la queue, celle-ci plus longue que le corps; la tête allongée; comme celle des Rats, les oreilles arrondies, la lèvre supérieure fendue et garnie de fortes moustaches; la queue presque nue porte à son extrémité une petite mèche de poils; pelage coloré en dessus de roux et de brun, blanc sale en dessous. Cette espèce a été trouvée par Et. Geoffroy près des Pyramides de Gizeh. La Gerbille des Indes (G. indicus, Desm.), de la taille d'un Loir, est fauve en dessus, blanchâtre en dessous; c'est l'Hérine de Fr. Cuvier. Nous citerons encore la Gerbille des tamarix (G. tamariscinus, Désm.), la Gerbille du Canada (G. canadensis, Desm.), etc. Deomyinés.
Le Rat du Caire. - Gris-cendré plus foncé en dessus qu'en dessous; longueur du corps et de la tête : 10 cm; de la queue, également 10 cm. Habite l'Égypte. Les CricétidésLes Cricétinés.Les Cricétinés sont un groupe des Muroïdés dans lequel on recontre les Hamsters et les genres qui lui sont apparentés et qui vivent principalement en Amérique. Les
Hamsters.
Le Hamster commun ou Marmotte d'Allemagne (Cricetus vulgaris, Cuv., Desmar.; Mus cricetus, Lin.) a une longueur totale de 25 cm, la queue comprise pour 4 mm. Il est gris roussâtre en dessus, noir aux flancs et au-dessous, trois taches blanchâtres de chaque côté; les quatre pieds blancs; une tache semblable sous la gorge et une sous la poitrine. On en rencontre de tout noirs. Cet animal emmagasine de grandes quantités de grains dans son trou qui a quelquefois jusqu'à 2,30 m de profondeur; cette espèce de terrier est composé de deux trajets : l'un oblique pour rejeter la terre et l'autre perpendiculaire qui sert d'entrée et de sortie à l'animal; il a, de plus, plusieurs excavations circulaires communiquant ensemble par des conduits horizontaux. C'est là qu'après avoir fait ses provisions et bouché les ouvertures, il s'engourdit pendant la mauvaise saison. Indépendamment des grains qu'ils dévorent en très grande quantité, ils mangent aussi des racines et même de la chair. Le Hamster habite toutes les contrées tempérées et septentrionales de l'Europe et de l'Asie. Genres
de l'Amérique septentrionale.
Neotoma fuscipes. Photo : B. Moose Peterson (USFWS). Genres
de l'Amérique méridionale.
Oxymycterus. - Sans contredit les Muroïdés les plus différents de ceux des autres parties du monde. Leurs molaires sont didymes ou subdidymes, et décroissantes en volume d'arrière en avant; leur crâne étroit, allongé et bien différent de celui des autres Rats, rappelle jusqu'à un certain point celui des Hydromys. Leurs pieds ont cinq doigts en avant et en arrière, et leurs ongles sont forts, fouisseurs et presque aussi développés que ceux des Ascomys; leur queue est moins longue que le corps et garnie de poils courts. Exemples d'espèces : Oxymyctère Nasique, Oxymycterus nasutus Waterhouse; Oxymyctère Scalops, Ox. scalops P. Gervais.Les caractères des autres genres, quoique démontrables par la description, et surtout par l'iconographie, sont moins saillants et nous ne nous y arrêterons pas. Voici les noms de ces genres : Phyllotis, Waterhouse (Proceedings, 1831, et Voyage du Beagle) : Phyllotis Darwinii (id. ibid.), du Chili; Phyllotis xanthopygus ( id. ibid. ), de Santa-Cruz; Phyllotis griseo-flavus ( id. ibid. ), du Rio-Negro.Un caractère remarquable de ces animaux, et en général de beaucoup de Rats de l'Amérique du Sud, c'est leur tendance à ressembler, par la forme de leurs molaires et un peu aussi par plusieurs autres caractères, aux Campagnols et surtout aux jolis Rongeurs du groupe des Octodontides, qui est propre à la même partie du globe, ainsi, dans chaque grande contrée zoologique, les espèces de la famille des Rats semblent relever d'un type spécial, et lorsqu'elles s'éloignent des caractères communs à la famille elle-même, c'est pour ressembler à d'autres animaux du même pays, mais d'un groupe différent : aux Campagnols, en Europe et dans l'Amérique du Nord; aux Gerbilles ou aux Loirs, en Inde et en Afrique; aux Octodontides, dans l'Amérique méridionale. Les Arvicolinés.
Les
Campagnols.
Campagnols agrestes. Le Rat d'eau (genre Arvicola) est un peu plus grand que le Rat commun, gris brun foncé, la queue de la longueur du corps, habite au bord des eaux, et creuse dans les terrains marécageux pour chercher des racines; il mange aussi de petits Poissons; il nage et plonge mal. Les
Ondatras.
Les
Lemmings.
Le Lemming de Norvège a un corps ramassé, long de 12 cm, une tête courte et large, des jambes courtes et fortes et de poils rudes, hérissés; ses pieds de devant sont pourvus de griffes très longues, fortes et destinées à fouir; ses pieds de derrière son courts, larges, armés de griffes; sa queue courte est couverte de poils épais. Sa couleur en dessus, est rougeâtre et brunâtre, avec de points noirs; en dessous, elle est d'un blanc jaunâtre. Son habitat naturel est la région montagneuse de la Laponie et de la Norvège d'où il descend, à des intervalles irréguliers en troupes immenses, qui dévorent sur leur chemin toute la verdure et qui commettent autant de dégâts que les sauterelles. Les Lemmings se nourrissent de plantes, de graines, de racines et de toute matière végétale qui se trouve sur leur chemin. L'espèce américaine la mieux connue est le Lemming de la baie d'Hudson, animal circumpolaire, inoffensif, vivant dans des terriers ou sous des pierres, se nourrissant de racines et de substances semblables. Les NésomyidésOn a rangé dans la famille des Nesomyidés des Rats et des Souris habitant Madagascar et l'Afrique.Nesomyinés.
Hypogeomys antinema, le plus grand genre de la sous-famille des Nesomyinés, a plus de 33 cm de long, est de couleur fauve, avec les oreilles, la queue et les pattes bien développées malgré ses habitudes souterraines. Brachytarsomys albicauda présente un pelage soyeux avec une longue queue et des pattes courtes. L'Eliurus myoxinus est une petite espèce à formes de Loir, à oreilles courtes et nues, munie d'une longue queue, écailleuse dans son premier tiers, touffue à son extrémité : le pouce est rudimentaire aux pattes antérieures, mais bien développé aux postérieures. Cricetomyinés.
Cricetomys, Waterhouse; Cricetomys Gambocenus id. (Proceedings, 1840, p. 2), Mus Goliath Ruppel (Museum Senkenb. , t. III, pl. 9 ) joint aux caractères généraux des Rats la présence d'abajoues. Sa couleur et sa forme rappellent le Surmulot, mais il est double en grosseur. On l'a rapporté du Sierra-Leone. Dendromyinés.
Le Dendromys mesomelas est de la taille de la Souris, gris cendré avec une ligne dorsale noire, il habite l'Afrique australe. Le Deomys ferrugineus du bassin du Congo, de la taille du Rat noir, a les pattes postérieures allongées. Les genres Limacomys, Steatomys et Malacothrix sont aussi du Sud de l'Afrique. Le Steatomys opimus du Congo devient très gras, et les habitants du pays le recherchent pour s'en nourrir. Le genre Malacothrix doit son nom au pelage long et soyeux des espèces qui le composent. PaléontologieLes Muroïdés les plus anciens que l'on connaisse sont des Cricetidés, tel est le genre Cricetodon (Eocène et Miocène), représenté en Amérique par Eumys (Miocène inférieur) et de nombreuses formes se rattachant à Hesperomys. Les Hamster étaient beaucoup plus répandus en Europe au Pliocène et même au Pleistocène que de nos jours (Cricetus augustidens de Perpignan; C. songarus fossilis d'Angleterre).Trilophiomys, qui se rattache aux Campagnols, est du Pliocène du Sud de la France; Myodes et Cuniculus (les Lemmings) se sont avancés, à l'époque glaciaire, jusque dans le Sud de la France. Les véritables Rats (Murinés) ne se montrent pas avant le Pliocène : Mus musculus (Souris), et d'autres espèces, qui elles sont éteintes, se trouvent dans les dépôts glaciaires d'Europe. Anomalomys, décrit par Gaillard, est un type miocène du Sud de la France, ayant des affinités surtout avec les Cricetidés; et notamment avec les Brachyuromys de Madagascar. (E. Trouessart). |
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