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Le Congo
Le Congo est un fleuve d'Afrique équatoriale, qui doit son nom au pays (aujourd'hui divisé en deux Etats, la République du Congo et la République Démocratique du Congo ou RDC) qu'il arrose. Les Portugais le désignèrent sous le nom de Zaïre, par corruption des mots Nziari, Nzali, Njjali, Niadi, qui signifient simplement rivière. Ce nom fut reprit pour nommer l'actuelle RDC, sous la présidence de Mobutu.  Stanley a proposé de l'appeler Livingstone en l'honneur de l'explorateur anglais, mais cette proposition n'a pas été ratifiée par l'usage. Il naît dans le Shaba (Katanga), non loin de la frontière zambienne, coule au Nord-Ouest, au Sud-Ouest, puis à l'Ouest, reçoit l'Hogi, Ie Louimbi, le Bancora, et tombe dans l'Atlantique, par une embouchure de 4 km, après un cours total d'environ 4400 km. 
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Le Congo entre Ubundi et Kisangani.
Rapides  Ngaliema sur la Lualaba (Congo supérieur), entre Ubundi et Kisangani (RDC)
Photo : Monusco / Terese Hart (licence : Creative Commons).

Le Congo a deux crues : l'une en septembre et octobre provenant des pluies tombées au Nord de l'équateur, l'autre en mars et avril due à la montée des affluents coulant au Sud de la ligne équatoriale. L'eau du fleuve a une température moyenne de 28,3 °C, tandis que celle de l'Océan n'en a que 23,3 °C. Sa couleur, d'un brun rougeâtre, provient de la grande quantité de matières organiques qu'elle renferme. Les sondages opérés à l'embouchure du Congo démontrent clairement que le vaste chenal du fleuve se prolonge au fond de l'Océan jusqu'à une distance de 550 km. De chaque côté du courant, il s'est formé deux hautes montagnes sous-marines composées de débris et de vase, qui atteignent actuellement une hauteur moyenne de 1640 m. Le fleuve traverse le Congo-Kinshasa dans toute son étendue. Depuis le confluent de l'Oubangi jusqu'à Manyanga, la rive droite est au Congo-Brazzaville; la partie de la rive gauche, comprise entre Nokki et la mer, appartient à l'Angola.

On calcule que la ligne totale du cours navigable du fleuve et de ses tributaires atteint actuellement 13,000 km. A lui seul le Congo présente, entre les deux grandes séries de cataractes (cataractes du Congo moyen et Stanley Falls), une voie navigable de 1700 km et en outre, sur son cours inférieur et supérieur, près de 1000 km propres à la navigation. L'ensemble des lignes de parcours devient incalculable si l'on y ajoute les marigots, les lacs et les branches latérales; il n'y a probablement pas, disait déjà l'explorateur et missionnaire Baptiste Grenfell, un seul endroit du bassin qui se trouve à plus de 160 km d'une escale quelconque accessible par eau. Après l'Amazone, c'est le Congo qui, de tous les fleuves de la terre, présente le développement de voies navigables le plus considérable. 

L'exploration du Congo. - L'embouchure du Congo fut découverte par le marin portugais Diego Cam, en 1484; la détermination de son cours n'eut lieu que quatre siècles environ plus tard. Pendant ce long espace de temps des voyageurs de toute nationalité essayèrent de pénétrer dans le bassin supérieur du fleuve; ne pouvant remonter son cours à cause des chutes qui l'entravent à 200 km de la mer, ils partirent du littoral de points souvent très éloignés. Au XVIe siècle il n'y eut que le Portugais Duarte Lopez, qui visita la région du Zaïre. Au XVIIe, des missionnaires italiens parcoururent le royaume du Kongo, c.-à-d. le petit territoire situé non loin de la rive gauche du fleuve et qui avait San Salvador pour capitale. Le XVIIIe siècle n'avança en rien les connaissances géographiques relatives aux régions centrales de l'Afrique. Citons cependant le voyage de Jose de Lacerda qui, chargé en 1798 de reconnaître l'intérieur du Mozambique, atteignit le pays de Lounda où il fut massacré. Sauf le tracé de son itinéraire, tout fut perdu, notes, dessins, observations astronomiques. Quelques années plus tard, des « Pombeiros » ou noirs, chefs de caravanes et chasseurs d'esclaves, réussirent à traverser le continent, de l'Atlantique à l'océan Indien; on ne connaît pas exactement la route qu'ils suivirent : on sait seulement qu'ils parcoururent le bassin du Congo sur le versant méridional et rejoignirent le chemin de Lacerda dans la région des lacs pour descendre le Zambèze. Vers 1805, un Ecossais, Mungo Park, suivit la route du Soudan par l'ouest et fit connaître le Niger. Cette découverte donna lieu à deux suppositions l'une que ce fleuve devait déboucher dans le golfe de Bénin; l'autre qu'il parcourait tout l'intérieur et aboutissait à l'estuaire du Zaïre ou Congo. Cette dernière opinion qui dominait en Angleterre fit organiser en 1816 une expédition à la tête de laquelle on plaça le capitaine Tuckey avec mission de remonter le Congo aussi loin que possible et d'explorer l'intérieur du continent; les rapides du fleuve ayant arrêté la navigation, il tenta de se frayer une route sur la rive; mais la mort vint le surprendre et l'entreprise échoua. Depuis lors aucune tentative ne fut plus faite sur le Congo au delà du point où Tuckey était parvenu. En 1843, Graça suivit le cours du Coanza et atteignit Katendé vers le point de partage des eaux du Congo et du Zambèze. Quelques années après (1850, 1851 et 1855), Ladislas Magyar parcourut la même région et s'avança au Nord jusqu'à Yah Quilém sur le Kassaï.

La première exploration vraiment décisive dans une contrée appartenant au Congo par la direction de ses eaux est celle que firent Burton et Speke en 1857 et 1858 au lac Tanganyika. Livingstone, qui depuis 1840 parcourait comme missionnaire les contrées situées entre le Zambèze et la colonie du Cap, entreprit en 1866 un voyage vers l'intérieur en partant de Zanzibar. Il trouva le lac Mweru (Moéro), découvrit le lac Bangweulu (Bangouéolo) et gagna le Tanganyika, puis il suivit le Loualaba et vit le premier le lac Landji. Revenu vers le Sud au lac Bangouéolo, il y mourut en mai 1873, ignorant à quel bassin appartenaient les eaux dont il avait suivi le cours. Le premier voyageur qui entra par le Nord dans le bassin du Congo fut Schweinfurth. Il détermina la ligne, de faîte qui sépare les eaux du haut Nil de celles du Congo et découvrit l'Ouellé en 1870. De 1873 à 1875, un voyage remarquable fut effectué dans les régions du Congo supérieur par le lieutenant de la marine anglaise Verney Lowett Cameron. Parti de Zanzibar, il atteignit le Loualaba à Nyangoué. Arrêté à cet endroit par les prétentions d'un chef du pays, il ne voulut pas entreprendre la descente de la rivière et il tourna vers le Sud à travers l'Ouroua, passa près des sources du Zambèze et, marchant vers l'Ouest, il arriva à Katombéla, petit port au nord de Bengouéla. Il avait parcouru 5500 km dont 1900 km en pays non exploré avant lui. Enfin Stanley, qui cinq années auparavant avait retrouvé au bord du lac Tanganyika Livingstone que l'on croyait perdu, partit de Zanzibar en septembre 1874 vers l'intérieur. En 1876 il se trouva au Loualaba; un peu au delà de la ville arabe de Nyangoué, laissant aller ses embarcations au fil de l'eau, il descendit vers l'inconnu. Il traversa ainsi tout le centre de l'Afrique au milieu de dangers incessants que lui présentaient le fleuve et l'hostilité des populations indigènes et arriva le 12 août 1877 à l'embouchure du Congo, après avoir parcouru, en deux ans et huit mois, par terre et par eau, une distance de 11,517 km. Depuis cette date mémorable, une légion de voyageurs, la plupart au service de l'Etat indépendant du Congo (anc. Congo Belge), s'occupent d'achever l'exploration du fleuve en étudiant son cours dans ses détails et en remontant ses grands affluents jusqu'à leur point extrême de navigabilité.

Au point de vue de la configuration, le bassin du Congo ressemble assez exactement à une dame-jeanne vue en coupe : la partie renflée représente tout le territoire intérieur parcouru par le fleuve et ses innombrables embranchements, et le goulot la bande étroite de terrain à travers laquelle il coule depuis ses dernières chutes jusqu'à la mer. Les géologues expliquent cette structure curieuse de la manière suivante. Aux époques secondaires et tertiaires, un vaste lac s'étendait sur tout le centre équatorial de l'Afrique. Ce lac, où se concentraient les eaux de cette immense région, était entouré d'un bourrelet de montagnes qui; du côté de l'Atlantique, constituait un barrage relativement peu élevé. Comme les eaux pluviales tombent plus rapidement qu'elles ne s'évaporent, le niveau de ce antesque réservoir, dont on évalue la superficie à millions de km², a monté insensiblement jusqu'au moment oie atteignant la crête des hauteurs côtières, la masse d'eau s'est précipitée vers l'Océan en énormes cataractes par une gorge de cette crête qui, gréee à la force du torrent, est allée s'élargissant et s'approfondissant pendant des siècles. Actuellement cette gorge atteint une profondeur variant de 200 à 550 m. et caque année encore le lit du fleuve s'y régularise et s'y creuse dans les endroits oie la dureté des roches l'entrave. Au fur et à mesure de l'écoulement des eaux l'ancien lac s'est asséché et aujourd'hui nous le voyons sillonné par un grand réseau de rivières qui en draine le fond et les abords. Le bassin intérieur du Congo est devenu un vaste plateau de plaines immenses d'une altitude moyenne de 800 m au-dessus de la mer. 

La longueur totale du fleuve depuis la source du Loualaba jusqu'à l'Atlantique est d'environ 4600 km.

Pour plus de facilité et de clarté dans la description, nous diviserons le bassin du Congo en cinq sections comme suit : le Congo inférieur, de l'embouchure jusqu'à Vivi près des chutes de Yellala; la région des cataractes du Congo moyen, de Vivi à Kinshasa sur le Pool Malebo ( anc. Stanley Pool); le moyen Congo entre Kinshasa et les Stanley-Falls; la région des cataractes du Congo supérieur qui comprend la série des Stanley-Falls ; le Congo supérieur, des Stanley-Falls aux sources du fleuve. On divise souvent aussi en Bas-Congo, de l'embouchure à Kinshasa, et Haut-Congo, en amont de Kinshasa.
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-Congo : Brazzaville, Kinshasa et le Pool  Malebo (Stanley-Pool).
Brazzaville, Kinshasa et le Pool  Malebo (Stanley-Pool). Images : Nasa.

Congo supérieur.
Dans son cours supérieur le Congo reçoit un si grand nombre d'affluents et a des ramifications si multiples que. pendant longtemps, les géographes n'ont pas été d'accord sur la région où le fleuve prend véritablement sa source. On sait depuis les explorations du Dr Reichard et de Capella et Ivens, que le Loualaba (Lualaba), coulant près de Sibouri dans le Katanga (Shaba) et ayant sa source vers 42° 30' de latitude Sud, non loin de la frontière avec la Zambie,doit être considéré comme la branche maîtresse du grand fleuve africain. Le fleuve, se dirigeant vers le Nord-Est, traverse d'abord le lac Oupemba, puis un long chapelet de lacs plus petits pour aboutir enfin au lac Landji où il se rencontre avec le Louapeula venant du Sud-Est. Le Loualaba parcourt une plaine d'une grande fertilité. Sa largeur varie entre 300 et 500 m. Depuis les hauteurs du Katanga jusqu'aux rapides situés à peu de distance en aval de Nyangoué, il roule paisiblement ses eaux sans le moindre obstacle et développe une voie navigable de plus de 800 m. 
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Carte du Congo supérieur.
Cours supérieur du Congo.

En quittant le lac Landji, le fleuve porte le nom de Congo; il se dirige d'abord vers le Nord, ensuite vers le Nord-Ouest jusqu'à Nyangoué. Dans cette partie de son cours, il est déjà large, mais peu profond et parsemé de nombreuses îles et de bancs de sable. Le paysage très riant se compose de collines, de plaines, de vallées couvertes d'herbes et semées de bouquets d'arbres et de nombreux villages. Des montagnes assez élevées se dessinent au loin. Un peu en aval de Nyangoué, le fleuve s'élargit considérablement et forme sur un parcours de 4 km de petites chutes et des bouillonnements, appelés Wester Falls, qui n'entravent pas complètement la navigation. A deux jours d'aviron des Wester Falls,on rencontre les rapides d'Oukassa, au milieu desquels s'élèvent deux îlots rocheux très rapprochés. Depuis Nyangoué jusqu'aux Stanley Falls où finit la partie supérieure du fleuve, les rives sont genéralement boisées. Le palmier y croît en abondance.

Stanley Falls ou Cataractes du Congo supérieur.
Les Stanley Falls se trouvent à peu près sous l'équateur, à l'endroit ou le fleuve commence à s'incliner pour prendre son cours vers le Nord-Ouest. Ce sont sert chutes dont les cinq premières, très proches l'une de l'autre, constituent plutôt des rapides produits par des rampes et des filons de roches volcaniques obstruant le lit du fleuve. Ils sont dangereux surtout le long de la rive gauche. Sur la rive droite se trouvent des chenaux dans lesquels les indigènes passent sans trop de difficultés. De la cinquième à la sixième chute, qui est franchissable quand les eaux sont hautes, s'étend une voie navigable longue de 35 kilomètres. Au delà de la sixième, la navigation est praticable sur une distance de 40 kilomètres. La septième chute est un peu en amont de l'île de Ouane-Rousari située près de la rive droite dont elle est séparée par un bras du fleuve large d'environ 20 m et navigable en temps ordinaire pour les canots. La rive gauche est éloignée de 634 m de cette île. Avec les rapides qui l'avoisinent, cette dernière chute empêche tout passage sur une étendue de 4 kilomètres. Toute la région des Stanley Falls est d'une grande beauté au point de vue de la flore dont les spécimens sont aussi variés par la forme que par la couleur.

Congo moyen, dit aussi Haut-Congo. 
A partir des Stanley Falls, le Congo coule pendant 384 km vers le Nord-Ouest. Il prend pendant 2°30 de longitude, la direction de l'ouest un peu en aval de Kisangani, franchit l'équateur une seconde fois, tourne à 430 m d'altitude par 90 de latitude Nord vers le Sud-Ouest et enfin se dirige vers le Sud à la hauteur de Bolobo. Pendant les 1000 km que suit son cours, au Nord de la ligne équinoxiale, la différence de niveau de ses eaux n'est que de 81 m, l'altitude de la station des Falls étant de 490 m, celle de Mbandaka (anc. Equateurville) de 409 m. Sur cette pente insensible le courant est peu rapide et c'est au milieu d'une végétation extraordinairement exubérante que le Congo, parsemé d'innombrables îles dont l'une ne mesure pas moins de 100 km de longueur, charrie ses eaux tranquilles entre deux rives généralement basses, distantes à certains endroits de 35 km. 
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Carte du Congo moyen.
Cours moyen du Congo, en amont du confluent avec l'Oubangui.

Passé l'équateur, vers 14° de longitude Est, commence sur la rive gauche une région marécageuse présentant d'immenses plaines herbues entrecoupées de flaques d'eau et limitées au loin à l'intérieur par une ligne de basses collines. A Bolobo le paysage se ranime. De nombreux villages entourés de plantations de bananiers s'étendent en chaîne presque ininterrompue sur une distance de 20 km et forment une vaste agglomération de population. 

Un peu en amont du confluent du Kassaï, le Congo franchit les premiers contreforts des montagnes côtières; aux environs de Msouata il roule ses eaux entre des rives à pic élevées parfois de 200 m et couvertes de forêts alternant avec d'immenses pelouses vertes. Puis le fleuve s'épanche brusquement à une altititude de 310 m. en une sorte de lac connu sous le nom de Pool Malebo et ayant une superficie d'environ 250 km². Une grande île (M'Bamou) longue d'environ 22 km en occupe le centre et crée ainsi deux bras principaux dont chacun renferme plusieurs îlots de sable ou de rochers. Navigable en toute saison, le bras méridional a une ligne de cote de 38 km qui est à la République Démocratique du Congo (Congo-Kinshasa); le bras septentrional, une rive de 20 km très montagneuse qui appartient à la République du Congo (Congo-Brazzaville). Le lac y est bordé de falaises aux aspérités blanches que Stanley a nommées Dover Cliffs à cause de leur ressemblance avec les roches de la côte anglaise de Douvres. La rive gauche présente des terrains plats. Aussi loin que la vue peut porter, on n'aperçoit que des bois ou des bas-fonds fertiles recouverts d'herbes abondantes fermés à l'horizon par un hémicycle de collines.

Cataractes du Congo moyen.
Immédiatement après son issue du Pool Malebo, le fleuve arrive à la chaîne côtière et s'engage dans cette gigantesque gorge dont nous avons expliqué l'origine plus haut et à travers laquelle il roule impétueusement ses eaux vers l'Océan en formant trente-deux chutes sur une étendue de 350 km et sur une pente dont la différence de niveau est d'environ de 300 m. Ce sont ces cataractes connues aujourd'hui sous le nom de rapides de Livingstone qui ont, pendant quatre siècles, barré le passage à toutes les explorations ayant pour but d'atteindre le bassin intérieur du fleuve; un chemin de fer, établi sur la rive gauche, contourne aujourd'hui cet obstacle et met le Haut-Congo ou Congo moyen en communication directe avec la côte. Dans cette région, le fleuve, quoique large à certains endroits de 2006 m, est très tortueux; il y emprunte un aspect de sauvage grandeur à ses rives abruptes, dénudées, presque inaccessibles, formées de roches stratifiées rougeâtres qui dominent ses eaux rugissantes d'une hauteur moyenne de 200 m. A l'exception d'un bief navigable de 175 km entre Isanghila et Manyanga, tout son cours est obstrué par des bancs de sable et des blocs immenses.

Congo inférieur.
A Vivi, situé en aval non loin de la dernière cataracte, communément appelée chute de Yellala, le Congo redevient navigable sur une distance de 180 km et le demeure jusqu'à Banana où il se jette dans l'Océan. Un peu en amont d'Icongoulou le fleuve s'est creusé dans la rive droite une espèce de bassin circulaire de 2 km de diamètre où la violence du courant produit des tourbillons fort dangereux. Cet endroit a été qualifié de "chaudron de l'enfer". De Vivi jusque près de Boma, le Congo coule enserré entre les montagnes et n'a parfois pas plus de 800 m de largeur. Le long des rives, des mamelons aux croupes recouvertes d'une herbe maigre se succèdent les uns aux autres, souvent aussi le sol à nu montre une argile rouge et ferrugineuse. A Boma, le paysage change. Les rives rocheuses disparaissent pour faire place à des terres basses, à des plaines d'alluvions couvertes d'herbages entrecoupées de bouquets de palmiers élevés et de baobabs. A cet endroit commence l'estuaire du Congo. Sa largeur y devient brusquement considérable; un peu plus bas il se divise en deux grandes branches entre lesquelles se trouvent de longues îles, notamment l'île de Matteba qui a une superficie d'environ 100 km²; devant Ponta da Lenha, le bras principal n'a que 700 m, mais il s'élargit plus loin et jusqu'à son entrée dans l'Océan n'a nulle part moins de 3000 m; il se jette dans l'Atlantique par une seule bouche large de 20 km entre deux longues pointes : la Pointe française à droite et Shark Point à gauche. 
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Carte du Congo inférieur.
Cours inférieur du Congo

Le volume d'eau qu'il verse à la mer a été évalué à l'époque des crues à 100 000 mètres cubes à la seconde. A l'embouchure la force du courant est tellement grande qu'à 15 km en mer on recueille encore de l'eau douce. Mais c'est bien au delà que se fait sentir le courant : les marins le reconnaissent plusieurs jours avant d'être en vue du continent africain au changement de couleur et à la moindre densité de l'eau. A la distance de 450 km le flot prend déjà une teinte brunâtre et à plus de 360 km, on rencontre fréquemment des troncs d'arbres charriés et des îles de roseaux entrelacés. La profondeur devant Boma est de 6 à 20 m; vers l'embouchure elle est de 10 à 20 m dans la passe qui conduit au port de Banana. Les bâtiments de mer peuvent sans difficulté remonter le Congo jusqu'à Matadi, point de départ de la voie ferrée qui aboutit au Pool Malebo. La marée dans le port de Banana monte régulièrement et produit un courant ascendant d'une vitesse de 2 noeuds à 2,5. La hauteur moyenne est de 1,80 m à 2 m. L'eau de mer remonte jusqu'à Ponta da Lenha où il y a encore une marée de 53 centimètres.

Les affluents du Congo

Dans son cours supérieur, le Congo est alimenté par un grand nombre de rivières dont les plus importantes sont des affluents de droite tels que la Loufira, le Louapoula. 

La Loufira a ses sources dans la partie méridionale du Katanga, forme à Djouo une chute d'eau de 100 m de large et de 25 m de haut et contourne les monts Koni dans une région très boisée. 

Le Louapoula prend sa source au Sud-Est du lac Tanganyika dans les monts Tchingambo. Il porte le nom de Tchambezi depuis ses sources jusqu'au lac Bangouéolo dont il sort par la partie Sud-Ouest, puis se dirige vers le Nord et rejoint le lac Moéro qu'il quitte à Mpouelo. Coulant vers le il se fraye un passage à travers les terrasses des montagnes de grès et descend de cascade en cascade à travers les monts Mitoumba et Viano et se jette dans le Loualaba près du lac Landji. On a longtemps cru, d'après Livingstone qui n'a jamais vu le Loualaba supérieur, que le Louapoula était la maîtresse branche du Congo, celle qui devait être considérée comme le cours initial du fleuve. Les explorations ultérieures  ont appris que le Louapoula doit abandonner ce rôle au Loualaba. Le Dr Reichard donnait une description enthousiaste de la contrée parcourue par le Louapoula : 

«Le paysage paradisiaque, disait le voyageur, qu'aucune plume ne saurait décrire, nous arracha des cris de joie. Des centaines d'îles, couvertes d'une flore tropicale luxuriante, émergent du fleuve, dont les eaux sombres, quoique limpides, coulent entre des rives bordées de forêts vierges composées de palmiers, de colamus, de pandanus et de lianes de toutes espèces. » 
Le lac Landji reçoit à droite la Loukouga qui lui porte le trop-plein du lac Tanganyika situé à une altitude de 814 m. 

En deçà des chutes de Nyangoué, les affluents principaux sont : La Louama qui vient de l'Est en traversant le pays de Manyéma, l'Elila, l'Ourindi, la Lohoua qui à sa bouche mesure 900 m, c.-à-d. une largeur presque égale au Congo même, enfin la rivière Léopold. 

Dans la région du Congo moyen, les affluents ont une importance considérable : la plupart sont navigables sur des centaines de kilomètres. Les uns qui descendent du Nord touchent aux confins du Soudan ou prennent leur origine dans la région des grands lacs, sur le versant occidental du bassin du Nil; les autres, qui viennent du Sud, couvrent de leur immense réseau tout le plateau central du continent et étendent leurs ramifications jusque près des sources même du Zambèze. Presque tous aboutissent à un point unique : le Pool Malebo. 

Le Congo reçoit à droite : la Mboura, un peu en aval des Stanley-Falls. Non loin de son confluent cette rivière se bifurque en deux branches : la Leindi et le Loképo. Les rives de ces cours d'eau sont couvertes de forêts impenétrables où les perroquets et les singes pullulent. Les éléphants y sont aussi très nombreux. 

L'Arouhouimi, dont les sources les plus élevées se trouvent à quelques kilomètres du lac Albert nyanza. Dans cette région où il coule à travers un pays de savanes richement peuplées, il est désigné sous le nom de houri. Un peu à l'Ouest de 29°40, de longitude commencent de vastes forêts qui continuent jusqu'à son confluent. Ses eaux sont grossies par quatre rivières principales : l'Ihourou venant du Nord-Est; 

le Linda prenant son origine au Sud; le Népoko descendant du Nord-Est, et la Loulou qui traverse un district très riche en mines de toute espèce. L'Arouhouimi est entravé par une suite de rapides dont les deux derniers sont à Yambouya où Stanley établit son camp pendant son expédition à la recherche d'Emin-Pacha. A son confluent il atteint 1550 m de largeur. Sa longueur totale est de 1300 km. La pente sur laquelle zigzague son cours représente en moyenne 2,50 m par kilomètre; aussi son débit à l'époque des pluies est-il de plus de 4000 mètres cubes par seconde. 

L'Ilimbiri, connu sous les noms d'Oukéré, de Loïka et surtout de Roubi. Son cours a été remonté jusqu'à la chute de Loubi en aval de laquelle il reçoit les eaux du Roukitti, et immédiatement en amont celles de la Tinnda. Deux autres rivières l'alimentent, le Toré et le Riketti. Les sources se trouvent à peu de distance de l'Ouellé. 

 La Mongalla qui est le premier affluent en amont de la station de Bangala. C'est un cours d'eau sinueux formé de trois branches principales : l'Ibanza, l'Ebala et le Monaï. Les deux premières rivières ont des eaux blanches, la troisième roule des eaux d'un noir intense. La Mongalla étend son bassin supérieur jusque près de l'Ouellé. Le pays qu'elle parcourt renferme des terres basses, fertiles et est très salubre.

L'Oubangui. Ce puissant tributaire est principalement alimenté par la rivière Ouellé que Schweinfurth découvrit en 1870 dans le pays des Niam-Niam. Pendant longtemps les voyageurs qui parcoururent cette région se sont demandé où l'Ouellé versait ses eaux dans le Congo. La question donna lieu à beaucoup de controverses et à de nombreuses hypothèses. Une exploration entreprise à la fin de 1887 par le capitaine Van Gele résolut le problème. L'officier belge s'avança jusqu'au 21°35 de longitude Est. Le point extrême atteint par l'explorateur Bunker sur l'Ouellé étant 22° 35, il est peu douteux que cette rivière ne se jette par l'Oubangui dans le Congo. 

L'Ouellé est constitué par une infinité de filets d'eau et de petits ruisseaux qui descendent de la région montagneuse avoisinant l'Albert nyanza. Appelé Kibali dans la partie supérieure de son cours, il traverse à 1200 m d'altitude un pays fort beau qui, par places, affecté l'aspect d'un parc avec ses palmiers, ses dattiers, ses bananiers, ses hauts acacias, et ailleurs présente des prairies et des champs cultivés de sorgho, de fèves, de courges, de légumes variés. Dans son cours moyen, il porte le nom d'Ouellé Makoua et reçoit de nombreuses rivières dont les deux principales sont le Bomokandi et le M'Bomou; avant de former l'Oubangui, le cours d'eau que les habitants de la région appellent Doua atteint une largeur de 2500 m vers 20°40 de longitude. Il est tout parsemé d'îles dont les plus grandes sont habitées. Sur les rives, la population est très compacte. Les vivres existent en abondance, le bétail consiste en moutons et chèvres d'une grande beauté. Vers 19°, la rivière qui a coulé jusqu'ici vers  l'Est prend brusquement une direction Sud-Est et franchit, sur une étendue de 40 km, une demi-douzaine de rapides dont le dernier se trouve à la hauteur du village de Songo. Ici l'Oubanghi n'a qu'une largeur de 800 m; à sa bouche les rives sont distantes d'environ 11 km; il a un débit de 1500 m. c. à la seconde. A partir de Songo, il reçoit trois cours d'eau : le Lobay, l'Ibenga, à droite et le Nghiri à gaucho. Le confluent de l'Oubangui est caché au milieu d'un labyrinthe d'îles et de canaux, à telle enseigne qu'en suivant la rive gauche du Congo, même le chenal central du fleuve, il est Impossible de deviner que sur la rive opposée s'ouvre l'immense delta d'une rivière dont la longueur peut être estimée à 2400 km. Cette circonstance explique comment la découverte de l'Oubangui a, à cinq reprises différentes, échappé à Stanley qui, dans ses livres, ne mentionne son existence que d'après les rapports des habitants. 

La Sanga se jette dans le Congo sous 15°20 de longitude Est. Cette rivière a été remontée, et explorée par Cholet jusqu'à 2°50 de latitude Nord où elle reçoit sur sa rive droite un affluent considérable, le Ngako, descendant du Nord-Ouest. et coulant entre des rives élevées et rocheuses. La Sanga a un débit de 1800 m. c. à la seconde et est navigable sur une distance de 450 km. Ses rives très peuplées offrent des alternatives de forêts et de savanes. - La Likouala ou Sécoli, « fleuve de Sel », ainsi nommé par les habitants à cause des nombreuses salines qui existent sur ses rives. Ce cours d'eau vient de l'Ouest et a pour principaux affluents l'Ambili, le Lebai et la Licona. Dans sa partie inférieure, il traverse de vastes plaines herbeuses, peuplées d'un nombre extraordinaire d'animaux. Sur terre existent d'immenses troupeaux de boeufs sauvages et d'antilopes ainsi que des éléphants; sur l'eau, des hippopotames entravent souvent la navigation par leur nombre. La Likouala a 1 km de largeur à son confluent. 
La Bosaka descend du Nord. Son cours est lent et son débit ne dépasse pas 1000 m c. à la seconde.

L'Alima, dont le delta mesure près de 25 km à sa base, est une belle rivière limpide dans la saison sèche, noirâtre pendant les pluies. Sa largeur varie entre 150 et 300 m. Sa profondeur est toujours supérieure à 5 m, son courant est d'environ 2 noeuds. Elle est extrêmement sinueuse, ses rives sont boisées et marécageuses. L'Alima ne reçoit que deux affluents importants : le Leketi et le Mpama. Elle a environ 500 km de longueur dont 300 sont navigables par les embarcation d'un faible tirant d'eau. 

Le Mpaka, débouchant en amont de Bolobo par 15° de longitude, vient en droite ligne de l'Ouest. Sa navigabilité se termine par des chutes situées à 200 km du confluent. La vallée qu'il parcourt n'est presque pas habitée. 

Le Lawson ou Lefimi.

Dans la région du Congo moyen les affluents de gauche (à partir de Sanley Falls sont les suivants : Le Lomami qui depuis la latitude du lac Oupemba jusqu'à sa bouche, c.-à-d. sur un parcours de 1100 km, coule parallèlement au Congo et n'en est à certains endroits pas distant de plus de 150 km. Cameron a vu la source de cet important cours d'eau en 1874 sous 9° de latitude Sud. Stanley découvrit son confluent dix ans plus tard sous 1° de latitude Nord. Sa longueur est d'environ 1600 kil; sa largeur moyenne est de 250 m et sa profondeur de 2 à 5,50 m. Il a un courant de 2,5 à 3 milles à l'heure. Ses rives, qui forment de nombreux méandres, sont couvertes d'épaisses forêts vierges et habitées par des tribus très farouches et très guerrières. Le Lomami est d'une navigation facile; les bateaux peuvent le remonter jusqu'aux rapides de N'Goni situés à la hauteur de Nyangoué que l'on peut atteindre en quelques jours de marche. A son confluent il a une largeur de 900 m.

Le Loulongo forme un delta dont la grande branche Sud est navigable pour les bateaux à vapeur. Près de son embouchure la rivière coule à travers un pays plat, boisé, souvent marécageux. En remontant son cours, on rencontre une série de charmants et pittoresques villages dont les huttes épaisses, mais grandes et spacieuses, s'abritent sous de larges feuilles d'innombrables bananiers entourés de vastes champs de manioc. La population y a longtemps été victime de la traite esclavagiste qui a sévi ici dans toute sa force. Les habitants des villages de l'équateur s'y approvisionnaient d'esclaves qu'ils revendaient ensuite contre de l'ivoire aux habitants de l'Oubangui. 
Le Loulongo reçoit sur sa rive droite une rivière importante, le Lopori, qui a tue direction parallèle à celle du Congo et drainé la région située immédiatement au Sud du fleuve.

L'Ikelemba, cours d'eau très tortueux d'une longueur d'environ 250 km. Ses bords sont boisés et habités par une population de pêcheurs. 

La Tchouapa ou Rouki appelé Black River par Stanley à cause de ses eaux dont la couleur noire contraste vivement avec celles du Congo qui sont d'un brun blanchâtre. A soit confluent, elle a une largeur de 800 m, qui, après quatre heures de navigation, se réduit à 600 m. La Tchouapa vient en ligne droite de l'Est et est navigable jusqu'à Bokoukou; son principal affluent est la Boussera qu'elle reçoit sur sa rive gauche. Les populations riveraines excellent dans la fabrication des ouvrages de poterie et travaillent très bien le fer.

L'Irébou, rivière de peu d'étendue par laquelle s'écoule le trop-plein des eaux du lac Matoumba. 

Le Koua qui est constitué par la réunion de trois grandes rivières, le Mfini, le Kassaï et le Kouano.

Le Mfini débouche au village de Moutchié où il a une largeur de 700m. Il prend sa source près de celle de la Boussera (affluent de gauche de la Tchouapa) et dans son cours supérieur où les habitants de la région le nomment Loukényé ou Ikatta, il serpente à travers la forêt primaire qu'habitent des légions de volatiles de toute espèce. Coulant dans une direction générale Est-Nord-Est, il tourne brusquement vers le Sud-Est après avoir reçu les eaux du lac Maï-Ndombe (anc. lac Léopold II). 

Le Kassaï (Kasai) naît par environ 12° de latitude Sud., au pied des monts Mossamba, non loin de la région où le Zambèze prend son origine. Sous le nom de Kassabi, il coule vers l'Est jusque près du village de Katendé ou Livingstone le traversa en 1854, puis se dirige tout droit vers le Nord. A Kibassa, au-dessous des chutes de Maï-Mounéné, il a 300 m, de largeur. Au 6° parallèle où il se précipite d'une hauteur de 6 m, le Kassaï a la même dimension, mais immédiatement en aval il devient navigable et s'élargit en un superbe bassin encadré de bois épais aux arbres gigantesques. Après son confluent avec la Louloua, la rivière prend un aspect grandiose. Son cours est parsemé d'îles et ses rives présentent une continuité de forêts où abondent les palmiers Mais et les lianes à caoutchouc. A partir du mont Pogge, mamelon en forme de cône de 150 m de haut, le paysage change : le Kassaï coule au milieu de larges plaines ondulées couvertes d'herbes. Sa largeur dans cette région varie de 2000 à 6000 m. A gauche, le Kassaï est alimenté par le Rouembo, le Tchihoumbo, le Louatchim, la Tchikapa et la Louangé. A droite, il reçoit la Louloua et le Sankourou (Loubilach dans son cours supérieur) qui ont à leur tour une multitude de sous-affluents dont le réseau affecte assez bien sur la carte la forme d'une queue de cheval. Ce sont le Loukochi, la Louise, le Kalandji et le Luebo pour la Louloua, et le Louboudi, le Lomami et le Loubi, appartenant au bassin du Sankourou.
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Cours du Kassaï.
Le cours du Kassaï.

Le Kouango, à son embouchure, présente une largeur de 350 m. A environ 10 km en amont, il reçoit sur sa rive droite, venant du Sud-Est, le Djouma, immense cours d'eau constitué probablement par la réunion des rivières Wambou, Saïa et Kouilou qui, dans leur partie supérieure, ont été traversés par des explorateurs allemands. Le Kouango est navigable jusqu'aux chutes de Kikoundji situées par 5°8 de latitude Sud. Il forme depuis sa source jusqu'au parallèle de Nokki la limite entre l'Angola et la RDC. Dans la région du Congo inférieur, le fleuve ne compte que quatre affluents principaux: le N'kissi, le Kouilou, la Loufou et le M'pozo débouchant sur la rive gauche et qui ne sont pas navigables. (H. Droogmans).

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