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On désigne
sous le nom de nid (nidus des Latins) toute construction
faite par des Animaux, à l'aide de matériaux
variés, dans le but d'y déposer et d'y élever les
petits. La plupart des Oiseaux recourrent
à ce genre de construction. Mais beaucoup de Mammifères,
quelques Poissons même (Epinoches, par
exemple), parfois certains Mollusques,
surtout une grande quantité d'Insectes
fabriquent aussi des nids. Il est vrai que la plupart du temps ces constructions
ne sont pas seulement destinées à recevoir la progéniture.
A l'image des terriers que certains animaux (Castor, Loir, Taupe,
Hamster, Hérisson,
etc.) se creusent et qui leur servent d'habitation presque toute l'année
et que l'on appelle aussi parfois des nids, il s'agit d' abris qui sont
construits en dehors du temps de la reproduction pour se garantir par exemple
contre le froid et l'humidité, ou pour se dérober à
la vue de leurs ennemis. On y trouve cependant, presque toujours une chambre
particulière, distincte du reste de l'habitation, et qui constitue
le véritable nid. Nous parlerons dans cette page essentiellement
des nids proprement dits. Quant aux autres habitations et aux abris appelés
communément nids, on se contentera de les évoquer
seulement à propos des Insectes.
Les nids des OiseauxOn trouve, chez les Oiseaux, la plus grande variété du point de vue de la forme et de la nature des matériaux, comme aussi du fini artistique et du degré de confortable dont chaque espèce semble avoir besoin. Ces différences sont ordinairement en rapport avec l'organisation des divers groupes et le degré de précocité des jeunes au sortir de l'oeuf. Ici, en effet, comme chez les Mammifères, il existe des Oiseaux qui sont en état de courir dès leur naissance (praecoces), tandis que d'autres (altrices) sont incapables de se tenir sur leurs pattes et ont besoin pendant longtemps des soins de leurs parents. Le degré de perfection du nid est généralement en rapport avec ces besoins différents : les praecoces (Galliformes, Autruches, etc.) se contentent d'un trou creusé dans le sol; au contraire, c'est chez les altrices (Passériformes) que l'on rencontre les nids les plus parfaits et les plus artistement construits. Dans cette étude, nous commencerons par les nids d'Oiseaux les plus rudimentaires pour passer ensuite aux plus compliqués, à ceux qui dénotent le mode d'élaboration le plus délicat et le plus raffiné.- Le nid de la Mésange à longue queue (Aegithalos caudatus) est particulièrement élaboré : en forme de sac avec une petite entrée latérale, il est tissé de mousses, de lichens et même de toiles d'araignée. Nids construits
sur le sol.
Les Talégalles et les Mégapodes,
oiseaux de l'ordre des Galliformes qui habitent les régions chaudes
de l'Ancien monde, pondent à terre et ne couvent pas leurs oeufs.
Les uns, comme le Mégapode de Wallace
(des Moluques), enfouissent leurs oeufs dans le sable, comme les Tortues,
confiant l'éclosion à la chaleur d'un soleil tropical. Les
autres, qui habitent une région plus tempérée, comme
le Talégalle de Latham d'Australie,
construisent des amas de détritus végétaux, de véritables
tumuli, dans lesquels ils enfouissent leurs oeufs : la chaleur développée,
pendant l'été, par la fermentation
de cette espèce de fumier, suffit pour faire éclore les oeufs.
Ces tumuli ont jusqu'à 2 m de haut et 4 m à 4,50 m de diamètre.
L'oiseau, qui est de la grosseur d'une poule, construit ce monticule en
balayant et grattant le sol avec ses pattes à 10 à 50 m à
la ronde, et rejetant vers le centre les matériaux ainsi amassés,
feuilles mortes et. terreau; puis le tout est recouvert de feuilles et
de branches. On trouve les oeufs au centre, disposés en cercle ou
disséminés dans l'épaisseur du tumulus. Plusieurs
femelles y déposent leurs oeufs, et c'est le mâle, dit-on,
qui se charge de faire sortir les petits en ouvrant une brèche dans
les parois; il est plus probable que les petits s'en tirent comme ils peuvent.
Nid et oeufs de Colin de Virginie (Colinus virginianus). Les Oiseaux de haute mer (Mouettes, Goélands) nichent sur les rochers en nombreuses sociétés où l'on se vole entre voisins les matériaux destinés à rendre le nid moins dur. Les Cormorans (Graculus carunculatus) forment, au îles Malouines (Falkland) et Magdalena, des colonies de plusieurs milliers de couples; les nids sont de petits monticules rangés en quinconce et formés d'herbes desséchées, pétries avec de la terre détrempée et du guano. Les Fous (Suliformes), producteurs de guano, forment des colonies semblables sur les côtes du Chili et du Pérou. Plus nombreuses encore sont les colonies de Manchots qui vivent dans les mêmes parages, notamment aux Malouines. Les nids, symétriquement groupés au milieu des hautes herbes, à une distance souvent considérable de la mer, sont alignés le long des sentiers battus par le passage continuel de ces oiseaux incapables de voler. On y distingue des rues, des carrefours et des impasses, comme dans une grande ville, et, malgré cela, chaque oiseau venant de la mer sait retrouver son nid et son oeuf. Le nid de l'Eider à duvet (Somateria mollissima) est beaucoup mieux construit que celui des autres palmipèdes. C'est une charpente de bûchettes, de paille et d'algues que la femelle tapisse intérieurement à l'aide du duvet moelleux qu'elle arrache de sa poitrine. On sait combien ce duvet précieux est recherché par l'industrie et le commerce. Les Merles et les Traquets placent aussi leur nid au milieu des rochers, mais ce nid est déjà plus soigné; comme celui de la plupart des Passériformes, il est formé d'herbes sèches et de mousses entrelacées, capitonné à l'intérieur des plumes blanches du Lagopède, et l'oiseau y pond ses oeufs qui sont d'un bleu pâle et sans taches. Nids aquatiques.
Grèbe huppé et son nid. Nids en forme
de terrier.
Nids dans les
arbres creux.
Nids maçonnés.
Le nid si célèbre des Salanganes n'est en définitive qu'un nid de Martinet ou d'Hirondelle un peu perfectionné. C'est la Salangane de Linch (Collocalia Linchi) d'Indonésie, qui fournit presque exclusivement ces nids d'hirondelles si recherchés dans certains pays orientaux. On les trouve dans des cavernes creusées dans les falaises, et où l'on n'entre qu'à marée basse. L'oiseau colle sa salive sur la roche abrupte un grand nombre de fois, traçant un demi-cercle; cette salive, en se desséchant, forme une saillie qui s'épaissit peu à peu par de nouvelles additions et finit par prendre l'apparence d'un de ces vide-poche qu'on accroche aux murs d'une pièce. D'autres espèces (Coll. fuciphaga, par exemple) mélangent à leur salive des matières végétales, mais le véritable nid comestible doit être formé exclusivement de la salive de l'oiseau. La récolte des nids est difficile et périlleuse : il faut se servir d'échelles de corde et de câbles garnis de noeuds. Une seule grotte fournit annuellement, en trois récoltes, 300.000 nids. D'autres oiseaux du groupe des Martinets et de celui des Oiseaux-Mouches accrochent leur nid, également en forme de vide-poche, à des feuilles de palmier. Souvent la partie inférieure de ces nids se prolonge en une sorte de pendentif formé de détritus végétaux englobes dans des toiles d'araignées et dont le rôle est de donner au nid plus de stabilité, lorsque la feuille qui le porte est agitée le vent. Nids placés
sur les arbres.
Nid de Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus). C'est par suite d'une protection qu'on a vu se développer en France des héronnières qui rassemblent des nids de Hérons cendrés qui sont placés sur des ormes et des frênes, à la fourche des branches les plus élevées, et formés de branches et de brindilles entrelacées, sans revêtement intérieur de feuilles ni de plumes. Le nid de la Cigogne est peu différent : on connaît l'habitude qu'a cet oiseau de le bâtir sur les cheminées des maisons des grandes villes, notamment en Alsace, où les couples reviennent fidèlement chaque année et sont l'objet d'une protection toute spéciale. Le nid de l'Ombrette africaine (Scopus umbretta) est beaucoup plus volumineux que les précédents : on en voit de 2 à 3 m de circonférence sur 1 m d'épaisseur : c'est une masse informe de branches et de débris d'ossements cimentés de terre, qui pèse souvent jusqu'à 100 kg, et qu'on s'étonne de voir occupée par un oiseau de la grosseur d'une poule; à l'intérieur est une vaste chambre, bien close en dessus, et munie d'un couloir de 15 à 20 cm d'ouverture : ce nid est souvent occupé par cinq ou six couples qui vivent en bonne intelligence. Des nids plus délicats et plus raffinés sont ceux que bâtissent, au milieu des branches, la plupart des petits Passereaux : les parois sont formées de tiges de Graminées, de racines, de mousses et de lichens, de crins solidement entrelacés, et l'intérieur est capitonné de plumes, de laine, de coton, de duvet végétal. Tel est le nid du Pinson, qui a la forme classique d'une coupe hémisphérique, et qui est un des plus soignés que l'on puisse voir. Celui du Troglodyte est en forme de boule avec une ouverture latérale. D'autres ont l'apparence d'un cornet et sont formés de feuilles rapprochées et littéralement cousues ensemble, au moyen d'une racine flexible que l'oiseau a passée dans des trous percés avec son bec : tel est le nid de la Fauvette Couturière à longue queue (Orthotomus sutorius) de l'Inde. Nids suspendus.
Nid de Loriot. Les Républicains sociaux (Philetairus socius), voisins des précédents et qui ressemblent au Moineau, forment dans l'Afrique australe des colonies encore plus nombreuses et qui semblent ne former qu'un seul nid. En effet, des centaines de nids sont reliés ensemble; comme les cellules d'une ruche d'Abeilles; on aperçoit de loin des Mimosas dont les branches sont surchargées d'un vaste toit de chaume : c'est l'habitation d'une colonie de Républicains. La colonie s'agrandit par la périphérie où se trouve l'entrée des nids, les nouvelles demeures masquant les anciennes. De petits Perroquets s'y introduisent en parasites, s'épargnant ainsi la peine de construire eux-mêmes un nid. Berceaux de plaisance.
L'Amblyornis des monts Arfak (Nouvelle-Guinée) construit une véritable cabane précédée d'une pelouse semée de fleurs que l'oiseau apporte et pique une à une dans l'herbe, et qu'il renouvelle dès qu'elles sont fanées. D'où le nom d'Oiseau jardinier que lui donnent les habitants. Les nids dans d'autres classes d'animauxLes nids des Mammifères.Les nids des Rongeurs. Les Oiseaux ne sont pas les seuls Vertébrés qui construisent des nids : beaucoup de Mammifères, particulièrement dans l'ordre des Rongeurs, bâtissent des nids qui sont quelquefois aussi artistiques que ceux des Oiseaux. Tel est le nid du Rat nain (Mus minutus), qui vit en France et qui se rencontre au voisinage des champs de blé. Ce nid, de la grosseur du poing, est sphérique avec une étroite ouverture sur le côté : il est formé de tiges de Graminées étroitement entrelacées, qui relient entre eux trois ou quatre brins de chaume et se trouve ainsi suspendu à 60 on 80 cm du sol : les habitants n'y ont accès qu'en grimpant le long des tiges de chaume. L'Hesperomys vulpinus, grand Rat du Sud du Brésil et de l'Argentine, qui vit dans les terrains marécageux, construit un nid beaucoup plus volumineux, suspendu sur pilotis au-dessus de l'eau. Ce nid, d'après Burmeister, est caché au milieu des joncs, qui ont dans ce pays jusqu'à 3 m de haut; le nid est ovale, d'une cinquantaine de centimètres de diamètre, soutenu par des tiges de jonc à 30 ou 40 cm au-dessus de l'eau; il est formé de joncs coupés en morceaux et entrelacés, compact à sa partie inférieure, à claire-voie dans la partie supérieure, et présente une ouverture latérale : le fond est garni de joncs secs rongés formant un moelleux tapis. Pour entrer et sortir, les habitants de ce nid se mettent à la nage à l'approche d'un ennemi, les parents se jettent il l'eau et vont se cacher au loin pour détourner du nid l'attention des chasseurs. D'autres Rongeurs qui habitent ordinairement des terriers, le Campagnol des champs (Microtus arvalis), par exemple, construisent leur nid, non dans ce terrier, mais à la surface du sol, sans doute pour que les petits aient plus d'air pendant les premières semaines de leur existence. Le nid de la Souris domestique (Mus musculus) est aussi très soigné, car les petits naissent nus et aveugles et ont longtemps besoin des soins de la mère; mais, dans nos habitations, celle-ci trouve facilement des matériaux tout préparés et s'épargne souvent le travail d'une construction compliquée : c'est ainsi qu'un nid de cette espèce fut trouvé dans une bouteille de verre vide couchée sur une étagère, et dont les habitants s'étaient contentés de tapisser l'intérieur avec du foin : toute la petite famille entrait et sortait par le goulot. Les
nids des Marsupiaux.
Les nids des Reptiles.
Les nids des Poissons.
Les nids des Arthropodes
(Insectes, Araignées).
La plupart des Hyménoptères fouisseurs creusent leurs terriers dans le sol, et y accumulent des chenilles ou des Insectes, des Araignées, qu'ils paralysent par un coup d'aiguillon. Ils divisent ce terrier en logettes; dans chaque loge approvisionnée est pondu un oeuf. Il est d'autres Hyménoptères qui, communément appelés Abeilles solitaires, aménagent de pareils nids, mais les approvisionnent avec du miel. Les Mégachiles revêtent les parois de ces nids avec des feuilles découpées, les Anthocopes avec des pétales de fleurs, les Anthidium avec des bourres soyeuses, etc. Certains de ces Insectes construisent pour chacune de leurs larves un étui avec le parenchyme d'une feuille, étui fermé à chaque bout par un opercule découpé. D'autres s'installent dans les trous des vieux arbres, dans les tiges sèches des ronces, etc. Il est toute une catégorie de Guêpes et D'Abeilles solitaires, de Sphégiens, qui se construisent de véritables nids en terre gâchée appliqués contre les murs, les rochers, dans les creux des arbres, etc. Les Euméniens, les Pelopées, les Chalicodomes nous en fournissent de curieux exemples. On remarquera que c'est toujours la femelle qui construit seule son nid, chasse et défend la demeure. Il en est de même pour les nids des Hyménoptères sociaux, Abeilles, Bourdons et Guêpes. Chacune de ces colonies est, à l'origine, l'oeuvre d'une femelle, qui a passé l'hiver dans une retraite après la dispersion de la cité animale dont elle faisait partie. Cette femelle construit d'abord quelques cellules, où elle pond, élève, nourrit au jour le jour les larves qui éclosent. Celles-ci deviennent nymphes, puis insectes parfaits; ce sont des femelles stériles, neutres ou ouvrières, qui se mettent aussitôt à l'oeuvre pour aider la mère guêpe, abeille ou bourdon, dans son oeuvre, et le nid va en augmentant de proportions à mesure que la population s'accroît. Les nids des Bourdons sont un assemblage de cellules en cire peu régulières, avec des réservoirs à miel; ces nids sont ordinairement disposés sous les mousses, enfouis dans la terre, etc. Les nids des Guêpes ou guêpiers sont souterrains ou aériens. Les nids aériens sont accrochés dans les arbres, mais ordinairement suspendus à l'abri de la pluie et du vent, sous quelque rocher en saillie, un toit, etc. Tous sont faits d'un épais carton grisâtre, qui atteint parfois une vraie perfection de solidité et de finesse. Chaque nid comprend des gâteaux d'alvéoles hexagonales superposés et ordinairement verticaux, de telle sorte que les ouvertures de ces alvéoles regardent le sol, disposition qui a l'avantage de tenir les larves à l'abri de la pluie et du soleil. Les Abeilles font leurs alvéoles en cire, et leurs gâteaux restent exposés à l'air libre comme chez beaucoup d'espèces indiennes ou sont cachés dans quelque trou d'arbre ou de rocher communiquant avec l'extérieur par un très petit orifice, muni par les insectes d'un tuyau de cire vernissé qui se dresse au dehors (Trigona). Les nids les plus gigantesques que construisent les insectes sont les termitières, dont certaines se dressent sur le sol en monticules plus hauts qu'un Humain. Les nids des termites remplissent souvent aussi d'énormes arbres creux, dont l'intérieur n'est plus qu'un amas de conduits et de loges, où vivent des milliers d'Insectes. Les Hyménoptères du groupe des Fourmis vivent souvent de semblable manière, mais beaucoup construisent des nids extérieurs soit en bouse de vache comme tant de Pheidoles indiennes, soit en feuilles agglutinées avec une espèce de soie et formant une bourse suspendue aux branches (Oecophylla), etc. (E. Trouessart / NLI). |
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